2.12 Lune de Miel


BILLY - S02E12 Lune De Miel par billylaserie

Résumé : Le jour du mariage de Billy et Sarah, des intrus viennent gâcher la célébration. Le jeune marié retrouve alors une vieille connaissance avec qui il rattrape le temps perdu...

Commentaires : Avant même d'écrire le script de la série, j'avais quasiment toutes mes idées en tête. Les personnages se baladaient avec moi depuis des mois et dès que je me retrouvais seul et au calme, j'en profitais pour les faire vivre dans mon esprit. Il me suffisait d'être dans le train ou de chercher le sommeil, et j'imaginais déjà le genre de conversations que pourraient avoir Billy et Sal, je construisais un passé pour Henry et je tâchais de voir ce qui allait bien pouvoir arriver à Sarah, etc... Je connaissais bien la véritable histoire du Kid et je prenais le temps de l'adapter à ma façon, avant de la coucher sur papier pour de bon. Comme je me relis jamais, c'était important que tout soit bien claire avant d'écrire, même si je me réservais quelques surprises en fonction d'idées spontanées ou du casting. 

Et dès le début, je savais que je voulais un mariage, je savais que je voulais qu'il se retrouve au milieu de la seconde saison et je savais que c'était le moment parfait pour que Garrett capture Billy. Et dès le début, je savais aussi que je voulais un épisode qui serait un long dialogue entre le Kid et le shérif car c'est eux le couple au centre du récit. Les deux personnages principaux. Leurs rencontres dans la première saison avaient donnés lieu, selon moi, à des scènes très fortes. J'avais réussi à les séparer pendant longtemps pour que chacun fasse sa route mais là, je ne pouvais plus résister, il était temps d'activer les retrouvailles. Alors en faisant d'une pierre deux coups, ce long dialogue s'est mélangé avec le mariage. Pour donner "Lune de Miel", un épisode dont je suis très fier. 


Après les coups durs récents et la mort des Frères Coe, je voulais offrir un peu de bonheur à nos héros. Ou plutôt un instant de repos, une trève. Regardez comme elle est adorable cette petite famille ! Seulement, pas le temps de se sentir trop confortable, les coups de feu résonnent déjà. Et là, je vous offre avec nos petits moyens une fusillade digne des plus grands westerns, mais en mode web-série à petit budget ! Je ne me suis jamais vraiment intéressé à l'action mais il fallait bien rentabiliser nos accessoires et exploiter la beauté du lieu. Au moins, on ne souffre pas des mêmes problèmes d'éclairage qu'à l'époque de la "Fusillade". Et je trouve que François n'a jamais eu autant la classe et l'allure d'un putain de hors-la-loi que lorsqu'il monte sur cette dune pour se rendre, et que Jean-Baptiste n'a jamais eu autant l'allure et la classe d'un putain de shérif que lorsqu'il pointe son arme sur lui. Sarah quand à elle, est belle comme tout, Tom est plus enfantin que jamais (le regard d'Aurélien quand il est congédié me tue à chaque fois !) et je veux Adrien et son bâton pour célébrer mon mariage...

C'était chouette de pouvoir, le temps de ces scènes, redonner à Billy sa place centrale. Après l'avoir rendu malade puis lui avoir donné des envies de retraite, on le retrouve aussi arrogant et enthousiaste que lors de la première saison. Juste un peu moins naïf. Il a beau prétexter des envies de famille et de vie bien rangé, c'est avec ce genre d'adrénaline qu'il se sent vraiment vivant. Jouer au plus malin et tromper la mort, c'est ce qui l'éclate vraiment, ce qui lui donne une raison de vivre finalement. Même si en vieillissant, c'est tentant de se reposer sur le confort et le calme, on regrette toujours plus ou moins les surprises de l'adolescence, quand tout était possible et que tout était comme la première fois. Quand Garrett interrompt son mariage, c'est comme si Billy renaîssait. Et attention, cela ne veut pas dire qu'il n'aime pas Sarah. Il a beau se la jouer nonchalant en lui balançant sa bague et en la pressant à fuir, il ne se rend pas vraiment compte de ce qu'il est en train de perdre. Mais voilà : pour vivre au présent, il faut faire des sacrifices.

J'avais déjà piqué à Urgences l'expression "le temps passe plus vite que nos rêves". Et comme il s'agit d'une oeuvre fondatrice pour moi, je me permets de la plagier une nouvelle fois lorsque Billy fait ses adieux à Sal. "Ne fais pas de bêtises !". "Comme quoi ?" "Comme te faire tuer". C'est mot pour mot ce que s'échangent Kovac et Carter alors que ce dernier laisse son ami dans une clinique du Congo. Mais rassurez-vous, mon inspiration vient aussi du western. Le face à face Garrett/Billy est visuellement une copie de l'une des scènes d'ouverture de "Pat Garrett & Billy the Kid", le film de Peckinpah. La manière dont ils se tiennent et dont ils s'observent et l'ambiance du bar mexicain. Le texte est de moi par contre. Une conversation décontractée mais des mots où on perçoit à quel point les deux personnages sont liés et à quel point ils ont fait une longue route depuis la dernière fois qu'on les a vu. 


La dernière fois qu'on les a vu, c'était Garrett qui buvait seul et avertissait Billy sur son avenir. Sur la manie qu'il a de ne jamais assumer ses responsabilités. Garrett semble donc avoir décidé d'assumer les siennes et de jouer son rôle de shérif jusqu'au bout. L'ironie du sort étant qu'il fait ça juste au moment où Billy avait décidé de grandir un peu... 

"Lune de Miel", c'est donc à la fois des retrouvailles mais aussi une nouvelle dissolution pour notre communauté. Les Régulateurs se retrouvent séparés et c'est reparti pour un tour. Le dernier. 

Anecdotes : La confrontation entre Billy et Garrett fut tourné dans notre bonne vieille ferme début août. C'était un moment clé pour chacun des personnages et les deux acteurs le savaient bien alors ils l'ont beaucoup préparés et ça donné un résultat qui m'a convenu très rapidement. Qui ressemblait en tout cas beaucoup à ce que j'avais dans la tête. C'était ce que j'essayais de faire en tant que metteur en scène improvisé : réussir à obtenir ce que j'avais dans la tête, à le communiquer à l'équipe. C'était parfois difficile et on a failli en venir aux mains avec Aurélien (non, je déconne) mais quand ça fonctionnait, c'était le bonheur. Et c'est grâce aux comédiens qui ont su me supporter et qui sont parvenus à s'approprier ce que j'avais écris pour eux. Me donnant ainsi une autre mission : s'approcher de ce que j'avais en tête tout en respectant ce qu'ils me proposaient. Parfois ça marchait, parfois non. Je pense que pour "Lune de Miel", ça a marché. 

Et mon dieu ce que c'était fun de tourner dans ses dunes. Quand j'étais gamin, c'est à cet endroit précis que je venais jouer au cow-boy des après-midi entiers. Cette dune, je la connais par coeur et je savais dès le début que je voulais tourner la scène ici. Rendre hommage à mon enfance (c'est ça au final Billy, vingt cinq personnes qui m'aident à rendre hommage à mon enfance). Et en leur donnant des flingues, des costumes et un lieu aussi beau, je leur ai offert l'occasion à eux aussi de jouer aux cow-boys comme des gamins. C'était un matin, très tôt, afin de ne pas attirer trop l'attention (nous n'avions pas d'autorisation). Nous avions donc quitté notre camping de bon matin avec tout l'attirail comme si nous partions au combat. Nous avons beaucoup ri lors du mariage, couru dans tous les sens lors de la fusillade et exploité au mieux le temps qui nous était imparti (la bise, Gandalf) et ce lieu magnifique que Visconti n'aurait pas renié. Comme quoi, la Vendée a du bon, surtout à travers l'oeil de grands gamins. 


Et je termine comme d'habitude en ruinant toute illusion : l'homme qui aide Garrett à menacer les Régulateurs (et qui essaye de vous donner l'impression qu'ils sont une vingtaine), c'était en réalité Kévin, alias Richard. Il était venu tourner sa scène dans "Demain est Si Loin" alors on lui a collé un poncho et il nous a rendu un beau service. Et vous allez me dire : qui pouvait bien tourner alors que Aurélien, Jean-Baptiste et moi étions occupés à jouer ? C'est la magie du cinéma et du champ/contre-champ les amis. En tout cas, niveau plaisir de tournage, "Lune de Miel" reste l'un des meilleurs souvenirs. 

Musique : J'ai de nouveau pioché dans la BO de "Requiem for Billy the Kid", de Claire Diterzi, pour illustrer la décontraction de ce mariage dans les dunes et de ce face à face au comptoir. Et pour donner un côté épique à la fusillade et amplifier le côté "western spaghetti", je ne pouvais pas trouver mieux que Calexico. Je voulais les placer depuis le début car l'album "The Black Light" m'accompagne depuis longtemps. Alors voilà, j'ai choisi "Frontera" et je ne le regrette pas. 

Stay tuned, un deuxième épisode sera à suivre dans l'heure qui vient...

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