Bilan Saison 3


Bien que jugé complètement passée de mode aujourd'hui, la sitcom traditionnelle multi-caméras peut se révèler une source de joie incroyable. Surtout quand elle est aussi bien faite que News Radio qui acquière avec cette troisième saison, encore plus de folie et de maitrise. Les épisodes sont moins maladroits, les personnages sont bien définis et on est quasiment assuré de passer un bon moment en leur compagnie.

Nous sommes dans la saison 1996-1997, et tandis que ER, Seinfeld et Friends dominent les audiences de NBC (qui regrette toujours cet âge d'or inégalé depuis), News Radio commence à avoir son public de fidèle et des critiques élogieuses. Seulement, NBC en veut toujours plus et l'oblige à avoir des guest-star, des intrigues plus spectaculaires et même un mariage ! Du coup, les scénaristes s'amusent à contourner ces règles et à se moquer des exigences du network : Jerry Seinfeld joue son propre rôle dans un style précurseur de Curb Your Enthusiasm, le mariage en question est seulement évoqué dans le cinquantième épisode de la série qui joue sur les non-événements et l'épisode "Injury" censuré lors de la deuxième saison car le mot "pénis" y est répété de manière trop intensive, finit par être calé en fin de saison comme si de rien n'était. Avec l'épisode "Space", la série inaugure également un pari osé, celui de placer son univers dans un monde différent en assumant complètement son délire et en le réussissant haut la main, de manière loufoque et originale. News Radio s'affirme alors peu à peu comme un modèle d'utilisation du cast et de l'espace, parvenant à puiser de l'humour à n'importe quelle source et de manière toujours inventive, malgré un cadre limité.

Quand on a un acteur comique de la trempe de Phil Hartman, on peut tout se permettre et Bill McNeal prend vraiment son envol cette saison avec des épisodes comme "Massage Chair" ou "The Real Deal", qui lui laisse carte blanche pour nous faire son numéro toujours excellent. On ne se lasse jamais de Bill, qui parvient toujours à nous surprendre tout en étant toujours le même. Ses répliques cultes sont innombrables et comme en témoigne les bétisiers que l'on peut trouver sur le net, Hartman n'hésite pas à improviser et à créer l'hilarité général sur le plateau. Juste pour le plaisir, une réplique de Bill McNeal : 
"Dave, haven't you ever heard the expression, "When life gives you lemons, make lemonade, and then throw it in the face of the person who gave you the lemons until they give you the oranges you originally asked for?" 
Dans un autre registre, Dave Foley continue d'être une tête d'affiche attachante, dont les tentatives pour aider ses employés et dont la romance avec Lisa sont toujours aussi maladroites et, forcément, touchantes (un exemple parfait : "Arcade"). Pour le reste, tout le monde est à son meilleur et fait ce qu'il sait faire de mieux : Matthew est l'éternel bouffon gaffeur et dont on ne se lasse jamais de voir tomber, Lisa est belle, intelligente et adorablement arrogante, Catherine s'affirme comme le faire-valoir parfait de Bill, Beth est toujours imprévisible et essentiel à la dynamique du show et Joe répare tout et se révèle à l'occasion un ressort comique efficace. J'en oublierais presque Stephen Root qui continue de faire de Jimmy James un personnage culte et aux multiples facettes, qui commence la saison en voulant être Président et qui ne cessera de s'inscruster dans les intrigues pour nous surprendre. Pour leur rythme fou et leur timing comique parfait, "Complaint Box", "The Real Deal" et "Arcade" resteront mes épisodes favoris de la saison.

Devant News Radio, je comprends mieux le message livré par J.D. dans Scrubs, dans cet épisode de la quatrième saison qui rendait hommage aux sitcoms de ce genre. Rien de mieux après une mauvaise journée de s'aérer l'esprit dans les studios de WNYX. Je ris toujours de bon coeur et j'apprends un tas de trucs sur l'art de faire rire et de boucler des scénarios ficelés et efficaces tout en gardant beaucoup d'humanité.

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