Bilan Saison 2


Après m'avoir accompagné tout l'été, la deuxième saison de Louie se termine sur une scène aussi drôle que bouleversante et capture toute l'essence de la meilleure comédie actuellement à l'écran. Bien que mettre le petit chef d'oeuvre de Louie C.K. dans la catégorie "comédie" est bien réducteur. Aucune étiquette ne peut décrire cette ovni, dont j'avais déjà dit beaucoup bien lors de la première saison et qui réussit l'exploit de se surpasser et de nous offrir une nouvelle poignée d'épisodes encore plus mémorables. 

Comme d'habitude mais jamais de la même manière, Louie C.K. aborde des thèmes aussi variés que la vie, la mort, l'amour, la paternité, la famille, le dépression, le suicide, la masturbation, la sexualité, le pet et l'humour de manière tour à tour brute, poétique, mélancolique, absurde, provocatrice, contemplative... Tout ce qui fonctionnait déjà dans ses spectacles trouve ici une parfaite représentation et on ne sait jamais ce à quoi on aura le droit en commençant un épisode, si ce n'est qu'on risque bien de s'en rappeler pendant des heures et de le trouver bien trop court. 

Non seulement son habilité à écrire des dialogues percutants est plus présente que jamais, non seulement son talent d'acteur est en net progression, mais on sent bien que cette année, Louie C.K. a pris un malin plaisir à jouer les réalisateurs. Il est comme un gosse à qui on a offert une caméra et qui décide de tout se permettre (merci FX pour la confiance et les moyens mis en place). Pour preuve, l'épisode "Duckling", d'une durée exceptionnelle de quarante minutes, qui suit le comédien jusqu'aux montagnes de l'Afghanistan, où il va supporter les troupes et prouver avec beaucoup de sensibilité que le rire est le meilleur des remèdes. Jamais moralisateur, son propos touche droit au coeur, aidé par une réalisation impressionante et un réalisme rarement vu sur une "simple" comédie du cable. Et ça vaut le coup puisque cet épisode, qui commence par la simple adoption d'une famille de canards et se termine par une trève entre afghans et soldats américains, est l'un des plus beaux moments que j'ai passé devant mon écran cette année.

Mais si je dois choisir un favori pour la saison, ce sera "Subway/Pamela". C'est probablement l'épisode le moins drôle de la saison mais clairement le plus marquant si l'on est un grand romantique comme je le suis. Parce que la déclaration d'amour maladroite de Louie à l'excellente Pamela Aldon, c'est quelque chose que j'ai vécu quasiment mot pour mot et je dois dire que j'en avais les larmes aux yeux. Je ne pensais pas que le comédien pouvait m'amener jusqu'à ce niveau d'émotion avec autant de simplicité, avec juste deux amis à l'amour non-réciproque qui se promène dans un marché aux puces. Et quand je vous parlais du nouveau talent de Louie C.K. pour la réalisation, il suffit de regarder le pré-générique consacré au métro new-yorkais, un court-métrage que chaque étudiant en cinéma devrait regarder. 

Il faut également louer les louanges de "Come On, God", un manifeste pro-masturbation où Louie pète (littéralement) à la gueule de la religion chrétienne tout en écoutant ses arguments, "Bummer/Blueberries" où la mort d'un sans-abri pousse Louie à se questionner sur l'existence et à attirer puis faire fuir une femme magnifique, "Oh Louie/Tickets", une satire de l'univers de la sitcom dont Louie C.K. a dû faire les frais (et su pervertir avec Lucky Louie) ainsi qu'une confrontation savoureuse avec l'archi-némésis Dan Cook, comédien rival qui prouve enfin qu'il est capable d'auto-dérision. Et "Eddie", où l'on suit une promenade nocturne de Louie et de son ami d'enfance suicidaire, un épisode sur l'espoir et la désilusion. 

En attendant la troisième saison (encore une fois, merci FX), il faut absolument découvrir Louie. Impossible de rester insensible face une série qui brasse autant de sentiments et qui le fait avec autant d'originalité. Du jamais-vu. À voir absolument.

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