Bilan de la série

Dylanesque : Vous aviez kiffé son bilan concernant Sherlock ? Gibet revient avec une ode au docteur House. Et continue de parler fort bien et avec son style bien à lui de séries que je ne chroniquerais jamais parce que j'ai pas envie de regarder. Je préfère le lire parler de House que de me coltiner House. Elle fait partie de mon quator maléfique avec Lost, Desperate Housewives et Grey's Anatomy. Faut dire que les médias français ont été bien lourds avec Hugh Laurie (n'achetez pas son album) et sa série et que depuis la fin d'ER, je refuse de refoutre les pieds dans un hôpital. Le Cook County ou rien. Gibet, mon ami, à toi. 

Gibet indaplace !

Je viens de regarder le final de House. Non, je n'ai pas pleuré. Oui, j'ai des petits yeux et l'oreiller est mouillé, mais je te promets j'ai pas pleuré.


Puisque la série touche à sa fin, je trouve que c'est le moment approprié pour dresser une sorte de bilan pas très rigoureux – autrement, y'aurait un trop fort contraste par rapport à Dylanesque - de ce qui a pu faire ses qualités et ses défauts. Dylanesque n'a pas, de son propre aveu, suivi la série en question : je ne lui en veux pas ; House n'est pas une grande série et je comprends qu'on puisse s'en foutre si on est pas secrètement amoureux de Hugh Laurie – ce qui n'est pas mon cas NON J'AI PAS PLEURÉ BORDEL !

La série reste jusqu'à la fin un formula show assez banal, malgré l'intelligence des dialogues et le charisme du personnage éponyme. C'est déjà un symptôme important : les grandes séries se reconnaissent à ce qu'elles finissent toujours par dépasser leur status quo et à raconter des trucs qui peuvent ne plus avoir aucun rapport avec le concept de base, parce qu'elles ont confiance en leurs personnages. Bien qu'il se soit passé des centaines de trucs entre deux, House n'a pas bougé d'un poil entre la saison 1 et la saison 8 ; il est diagnosticien génial au début, il est diagnosticien génial à la fin, avec les mêmes excès, et globalement la même team. Même dans les épisodes qui prétendent se concentrer sur les personnages, il y a un cas médical à résoudre. Par exemple, l'arc du cancer de Wilson de la fin de cette saison 8 mobilise totalement House. Pour autant, les scénaristes ne se disent pas « bon bah on va faire des beaux épisodes sur la relation House-Wilson, y'a assez de matière, on peut tenir 40 minutes là-dessus », ils foutent l'équipe de House qui bosse en parallèle.

La faute en revient peut-être à un format trop lourd. 23x40 minutes par saison, c'est beaucoup et ça oblige les scénaristes à diluer les arcs. La preuve : les épisodes les plus intenses sont systématiquement en début et en fin de saison, autrement dit les mecs entre deux gardent le matos sous le coude pour t'en mettre plein les mirettes au moment crucial. Autre preuve : la meilleure saison est aussi la plus courte. La saison 4, grève des scénaristes oblige, ne comporte que 16 épisodes.


Au début de la saison 4, House n'a plus d'équipe. Il décide d'établir une sorte de Survivor hospitalier pour choisir ses trois nouveaux assistants, jeu qui dure pendant 10 épisodes. Dans le reste de la saison, on retourne à la routine mais le trio House-Wilson-Amber nous fait tenir jusqu'au parfait final. La saison est très maîtrisée, il y a énormément de personnages mais chacun a sa place, tous les gimmicks et thématiques de la série sont présents mais sublimés par la dynamique ultra-feuilletonnante dûe à la compétition. Si vous voulez goûter à House sans vous coltiner toute la série, matez-vous la saison 4.

La pire saison est certainement la septième. La saison a tous les défauts des deux saisons précédentes, en particulier la fadeur des cas et l'aspect bouche-trou des petites histoires des employés de House, sauf qu'il n'y a plus la grosse tension House-Cuddy. Leur premier vrai baiser à la fin de la saison 6, je crois que ça a collé un orgasme à tous les shippers du monde, d'autant que les scénaristes ont su plutôt bien géré la relation sur la longueur. Mais une fois que c'est consommé, les mecs n'ont plus grand-chose à dire. L'amour, sans philosopher, c'est comme le café : très vite passé. Du coup, on a le droit à des épisodes carrément affligeants. Soit parce qu'ils sont complètement out of tone (genre l'épisode où on a accès aux peurs de Cuddy par l'intermédiaire de parodies de films... WHAT THE FUCK ?), soit parce que les scénaristes font faire absolument nawak à House (tiens, je me marie avec une pute ; tiens, je saute du balcon pour de rire). Le sommet étant le season finale particulièrement débile, qui fait monter la tension pour vraiment rien du tout... Au début, t'as un flash-forward sur Cuddy et Wilson dans des ambulances en mode blessés/désespérés, on nous laisse entendre que House a fait une huge mistake ; à la fin, on nous révèle que contrarié par Cuddy, il a foncé dans sa maison en voiture et que maintenant il est sur une plage ensoleillé kilou. Et les scénaristes ont l'air fiers d'eux ! House, il sourit sur la plage, il boit un cocktail ! C'est comme si les scénaristes te disaient « ouais, on s'est bien foutu de ta gueule ».

Après cette saison où les écriveurs font un peu trop les malins, on retourne à une formule plus humble. Y'a quelque chose de l'ordre du retour aux sources dans la saison 8. Une bonne partie de la saison consiste, comme les tous débuts de la série, à mettre un cas qui soulève une question morale, et à regarder comment chacun des personnages se positionne par rapport à ça. D'ailleurs, on a l'impression d'avoir déjà vu cinq fois chacun des problèmes de conscience posés par les nouveaux patients, mais bon.


Cette saison de conclusion est un peu nulle. Il y a pas mal de trucs difficiles à avaler, par exemple l'amitié entre Chase et Park (elle ne sait pas jouer), ou plus généralement tout ce qui tourne autour de Park (elle ne sait pas jouer), ou, encore pire, l'amour naissant entre House et la pute qu'il a épousée. Mais les derniers épisodes forment une conclusion satisfaisante aux personnages. Le passage de flambeau à Chase est bien négocié – dans les derniers épisodes, House, comme je le disais, n'est jamais à l'hôpital, mais Chase arrive très bien malgré ça à gérer les cas les plus intéressants de la saison – et honore un des personnages secondaires les plus cools de la série. Quant à House, on se rend compte de manière tout à fait surprenante – et jubilatoire - que la série, après avoir passé son temps à l'excuser, finit par lui donner tort. Wilson lui en met plein la tête, le fait plier à chaque épisode, et ça fait plaisir. House doit même faire face aux conséquences de ses actes ! Et après 8 saisons entières de « People don't change », House s'avoue vaincu par un « I can change » et, sitôt dit, se bute admnistrativement pour accompagner son BFF jusqu'à la mort. Vlam.

Du coup, je quitte la série avec regret. Parce que j'ai très envie de voir ce que ça donne, moi, Chase en chef d'équipe et House, définitivement seul, sans emploi et sans ami. Et c'est aussi la preuve que, si les scénaristes l'avaient voulu, la série aurait pu prendre des chemins passionnants. La série a toujours échoué quand elle s'attachait à constituer des ennemis dignes de House. Certainement par peur de griller son personnage principal et de ruiner le show, les scénaristes à chaque fois ont anéanti les antagonistes, ceux qui pensaient que House était un gros con et qui décidaient de lui nuire. Vogler en saison 1 se faisait bêtement évincer, Tritter le policier vénère en saison 3 finissait ridiculement par reconnaître que House était cool... Et encore, pendant cette saison 8, Foreman, devenu directeur de l'hôpital, ne reste pas longtemps le chef intransigeant qu'il veut être, et la menace est vite éludée. Au bout d'un moment, c'est invraisemblable que tout le monde finisse par lui pardonner. A la fin de la série, on découvre que le seul véritable ennemi de House, c'est son meilleur ami. C'est lui le seul personnage qui est capable de le forcer à sortir de lui-même, à arrêter d'être un jerk level 240. Je trouve que c'est une très belle conclusion, et que ça donne une vision complexe de ce qu'est une véritable et profonde amitié.


Voilà. Ça fait quand même bizarre de quitter un univers qu'on a fréquenté fidèlement pendant huit ans. De se revoir découvrant tout penaud les premiers épisodes sur TF1, une nuit où je faisais le rebelle du sommeil pendant que papa-maman ronflaient. De repenser aux larmes versées aux moments les plus émouvants – bon ok j'ai pleuré. De revivre la déception que me faisait ressentir le show dans sa chute progressive de qualité. Ouais, je me laisse aller à la nostalgie - autrement, y'aurait un trop fort contraste par rapport à Dylanesque.

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