8.18 Last Day In Florida

Cet épisode ne sera pas mémorable. Il n'était pas franchement drôle. Pas franchement abouti. L'intrigue secondaire était idiote au possible. Mais cet épisode a tout de même du mérite : il parvient à justifier l'arc en Floride, à la réévaluer, à se dire qu'on a pas non plus perdu tout notre temps à Tallahassee. 


Alors Dylanesque, dis-nous, à quoi il a servi cet arc ? Et bien, ça peut paraître couillon, mais tout simplement à redéfinir la relation entre Jim et Dwight. Depuis le départ de Michael, ce sont les deux personnages centraux de la série (en particulier depuis que Jenna Fisher se permet de prendre des congés maternité à rallonge). Comme l'observe Myles McNutt dans sa très juste chronique (quoiqu'un peu indulgente) sur AVClub, Michael était le personnage qui donnait un équilibre à tous les autres. Et lors de son départ dans l'émouvant "Goodbye Michael" l'an dernier, ses relations ont toutes trouvés une conclusion satisfaisante. Alors forcément, ensuite, ça a été un gros bordel et les scénaristes ont mis du temps pour retrouver un équilibre, et ont pas mal exprimenté, souvent n'importe comment. Sans Michael, les relations centrales de la série n'étaient que romances (celle vieillissante de Jim et Pam ou celle caricaturale d'Andy et Erin) ou conflits (les farces redondantes entre Jim et Dwight). Et introduire des personnages aussi indépendants et uniques que California ou Nellie n'ont fait que renforcer cette sensation, on avait vraiment l'impression de ne plus voir de vraies personnages, mais des caricatures ambulantes en pilotage automatique qui agissait selon les idées (souvent bancales) des scénaristes. L'arc de la Floride, malgré tout ses défauts et son potentiel comique gâché, aura au moins servi à rétablir une vraie dynamique entre certains personnages, à leur redonner un rôle défini, en particulier Jim et Dwight. Vous suivez ? 

En séparant Jim de Pam et en positionnant Dwight dans une poursuite du pouvoir loin de Dunder Mifflin, les dés ont été redistribués. Et dans cet univers nouveau, où Catherine Tate est insupportable, Stanley heureux et Todd Packer pas vraiment drôle, c'est bien eux qui ont dû porter sur les épaules l'humour et la solidité du récit. Tâche ardue mais quasiment réussi, surtout en vue de cette résolution certes facile, mais efficace. L'ivresse du pouvoir de Dwight est cohérente avec son parcours, mais les tentatives de Jim pour le sauver le sont également, car tout comme Batman a besoin du Joker pour exister, Jim nécessite son bon vieux nemesis pour survivre à Scranton (où il se serait tout de même bien s'ennuyer sans son souffre-douleur préféré). Enfin des enjeux claires ! Enfin des personnages qui agissent de manière crédible ! Enfin le duo Jim/Dwight entre dans une nouvelle phase et nous offre leur scène la plus chouette depuis "Money" (c'était en quatrième saison tout de même). Et il y a même de l'humour purement visuelle qui nous fait oublier que les scénaristes sont tout de même de gros feignants. Alors maintenant que voilà nos deux compères de retour à Scranton, l'un reprenant sa mauvaise humeur habituel et l'autre reprenant sa femme habituelle, espérons que l'on ne revienne pas au status-quo. C'est toujours le risque avec The Office mais pour que l'on revienne au status-quo, ça veut dire qu'il y a eu tentative de changement et c'est déjà mieux que rien.

Dans le même état d'esprit, la présence de Robert California permet de commenter directement les grosses ficelles et l'aspect peu crédible du projet "Sabre Store". La franchise et l'intelligence du personnage sont enfin utilisés à bon escient, même s'il est un peu tard et que Catherine Tate semble irrécupérable, tout juste bonne à balancer en boucle des blagues lourdes sur son pays natal. Quand à Packer, il a prouver que son personnage ne peut exister qu'en compagnie de Michael et signe une sortie adéquat, à la manière d'un "méchant" récurrent à la Pat Hibulaire (référence Disney pour ceux qui suivent). Mais il semble que nous reviendrons en Floride dès la semaine prochaine, puisqu'Andy part à la recherche de son âme soeur. Si Erin a été suffisamment sur la retenue cette semaine pour que je la pardonne, je n'ai toujours pas envie de m'intéresser à l'avenir (ultra-prévisible) du couple. La prochaine grosse étape pour les scénaristes : amener le changement à Scranton. Ou trouver une routine satisfaisante qui ne ressemble pas à "tiens, et si cette semaine, Darryl et Toby vendaient des cookies à Kevin" ? Il faudra aussi justifier le rôle d'Andy cette saison, et le duo Jim/Dwight qui vient de retrouver sa superbe pourrait peut-être l'aider à retrouver un semblant de crédibilité scénaristique. Merci tout de même à Creed et Kelly, toujours fiables pour ce qui est des one-liners qui font mouche. 


Oui, la huitième saison m'a fait considérablement baissé mes attentes mais j'ai toujours envie d'écrire des pavés à son sujet, alors je ne deséspère pas.

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