Musicalement Votre [1/5]

Avant d'être un passionné de séries, je suis avant tout un passionné de musique. C'était le sujet de mon premier blog (aujourd'hui inactif) et le sujet de mon emploi, puisque je bosse pour une radio. Si on me propose d'aller sur le tournage d'un épisode de Breaking Bad ou en studio avec Neil Young, le dilemme sera tellement difficile que je risque de m'évanouir. Alors vous pensez bien que, lorsqu'une série insère un morceau à sa narration (et je ne parle pas seulement de musique de fonds), je savoure ça comme il se doit. En excluant les épisodes comédies musicales, je vous propose ici mon top 50 des moments musicaux qui m'ont le plus marqués sur le petit écran. Comme tout top 50 qui se respecte, c'est ultra-subjectif et pas du tout exhaustif. L'ordre n'indique pas un classement qualitatif, juste un déroulement aléatoire, au fil de mes souvenirs. À suivre tous les mardis ! 

1) Willow Weep For Me (Willie Nelson) - ER [S09E22 Kisangani]

Déjà, "Kisangani" est un must pour moi. Le premier épisode africain proposée par la série m'a profondément marqué, me poussant même jusqu'à faire tous mes vaccins et partir deux semaines en humanitaires au Burkina Faso. Au milieu de cet épisode que je connais par coeur, il y a ce beau moment d'accalmie : à la nuit tombée, Carter sort de sa mousquetaire au son de "Willow Weep For Me", un standard du jazz qui accompagne les médecins du camp alors qu'ils dansent un slow sous la torpeur congolaise. Kovac lui adresse un clin d'oeil, Carter lui fait une révérence et là, des coups de feux retentissent. Très vite, la scène chaleureuse se transforme en enfer et un soldat grièvement blessé est amené sur la table d'opération, où Luka se charge de lui couper la jambe avec une vieille scie rouillée, qui grince en même temps que les instruments du morceau. C'est beau et violent et ça colle parfaitement à cette interprétation du Tin Hat Trio avec la voix si particulière de Willie Nelson. ER était de toute façon très doué avec la musique et je risque de la mentionner de nouveau dans ce classement...


2) Who Are You? (The Who) - Louie [S02E05 Country Drive]

Je n'ai jamais été un grand fan des Who et encore moins d'une chanson aussi pompière que "Who Are You?" en particulier depuis qu'elle sert de générique à la première mouture de CSI. Il aura fallu quelqu'un comme Louis CK pour me réconcilier avec le morceau. Lui, il y tenait beaucoup. Il a même dépensé une bonne partie du budget alloué par FX pour cette seconde saison afin d'en obtenir les droits. Même si ça parait fou, ça valait le coup, rien que pour cette scène où, alors qu'il conduit ses filles sur une route de campagne pour rendre visite à une vieille tante, Louis entre en transe à l'écoute des Who, partant dans un long play-back agrémenté d'air guitar. Devant ses gamines à moitié terrifiées, à moitié blasées, Louis retombe en adolescence et se lâche complètement, comme on pourrait le faire en sautant sur son lit, une raquette de tennis en guise de guitare. Un père de famille qui s'éclate et s'octroie un moment de répit avant de revenir à la réalité. Le temps va être long jusqu'au printemps 2014 mais pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, il faut se jeter sur "Oh My God", le dernier spectacle en date de Louie !


3) Tiny Dancer (Elton John) - The Office [S02E01 The Dundies]

J'ai beau ne rien connaître à la discographie d'Elton John (à part son morceau pour Le Roi Lion et son morceau pour Diana, comme tout le monde), j'ai beaucoup d'amour pour "Tiny Dancer". À moins d'être un fan hardcore de The Office, on ne se souvient pas forcément de ce court moment à la fin de "The Dundies", l'épisode où la version américaine trouvait enfin sa propre identité. Une courte scène où l'on voit Jim raccompagner une Pam ivre qui vient de l'embrasser dans la voiture d'Angela et rester un moment à sourire sur le parking de Chili's avec un sourire idiot sur le visage. Oh, je le connais bien ce sourire idiot. Et "Tiny Dancer" l'accompagne très bien et annonce le côté tendre et doux que The Office est bien décidé à explorer à partir de là... 


4) Waiting (The Devlins) - Six Feet Under [S01E01 Pilot]

Bien sûr qu'il y a Sia et ce montage final parfait. Mais celui-là, tout le monde s'en souvient alors concernant SFU, je préfère évoquer d'autres moments. Pour commencer, le pilote et sa conclusion, où Nate s'arrête au milieu de son habituel jogging pour observer les autres. Leurs visages qui se tournent vers lui, la vie et la mort partout. Ce bus symbolique qui passe devant lui, transportant son père vers l'ailleurs. Les Devlins n'ont pas une discographie très marquante mais on se souviendra de ce morceau mélancolique qui me rappelera toujours à Peter Krause, à SFU et à toutes ces émotions. 


5) The Dolphins (Fred Neil) - Les Sopranos [S06E09 The Ride]

Tout comme ER et SFU, Les Sopranos excellent dans le genre séquence musicale qui te hantent pendant des années. La première qui me revient à l'esprit, c'est celle où l'on voit Christopher replonger dans la drogue et plâner au milieu des manèges qui tournent et clignotent dans la nuit. Plâner au son d'une chanson bouleversante de Fred Neil. Encore plus bouleversant quand on écoute les paroles et qu'on connaît le sort du personnage... "This old world may never change / The way it's been / And all the ways of war / Can't change it back again / I've been searchin' / For the dolphins in the sea". Ce vieux monde ne changera peut-être jamais. Une phrase qui capture l'essence de la série et des autres grandes séries existentielles qui peuplent cette liste. 


6) Prelude n°15 (Chopin) - In Treatment [S0206 Mia - Week 2]

Je dois ma découverte de Chopin à In Treatment. Bon, je connaissais son nom avant, mais pas vraiment sa musique. Moi, s'il y a pas une guitare quelque part, je suis pas très curieux. Qu'elle est belle cette scène finale où Paul (et un Gabriel Byrne toujours aussi touchant), suite à une session houleuse avec elle, réécoute un vieil enregistrement de sa patiente, Mia. Depuis, Chopin ne m'a pas quitté, en particulier ce morceau que j'ai même décidé d'intégrer à un épisode de BILLY. Il y avait peu de musique dans In Treatment, mais quand c'était le cas, on s'en souvient...


7) Devil Town (Bright Eyes) - Friday Night Lights [S01E22 State]

Quand on pense à la série, on se rappelle d'emblée des morceaux d'anthologies d'Explosions in the Sky. Il suffit de réécouter le sublime album "The Earth is Not A Cold Dead Place" pour se retrouver à Dillon ou dans la lumière éblouissante d'un stade, un soir de final. Mais le vrai moment de bravoure de ce season finale (qui reste pour moi le meilleur épisode de la série), c'est le retour à la maison des jeunes champions au son d'une reprise d'un morceau oublié de Daniel Johnston : "Devil Town", braillé par Connor Oberst, le meilleur des brayeurs contemporains. La liesse, la joie, le bonheur, les visages familiers, la conclusion parfaite à une saison parfaite de télévision. C'est pur et de la joie pure sur notre écran, c'est tellement rare qu'il faut la savourer. (La vidéo ci-dessous n'est pas l'extrait en question, introuvable, mais un montage de fan plutôt bien foutu). 


8) The Sound Of Silence (Simon & Garfunkel) - Arrested Development [Saison 4]

Tout comme la récurrence du thème du Noël de Charlie Brown était ce qui me faisait le plus rire dans l'épisode "Good Grief, le meilleur gag de la quatrième saison d'Arrested Development est la récurrence des premières secondes du classique de Simon & Garfunkel. Qui frappe ce pauvre Gob dès que sa vie redescend dans une inévitable spirale de misère et de foirages complets. On s'y attend et ça ne manque jamais de me faire hurler de rire. Ca en devient presque touchant quand c'est lié à son amour naissant avec Tony Wonders !


9) Cold Cold Ground (Tom Waits) - Homicide [S0504 Bad Medicine]

Bien avant The Wire, les drogues frappaient déjà les rues de Baltimore dans Homicide : Life On The Streets, un des plus mémorables dramas NBC des années 90. Et je me souviens de cette valse de Tom Waits qui vient accompagner un montage fataliste où les inspecteurs découvrent à la nuit tombée les victimes d'une épidémie dû à de la mauvaise came, distribuée par un rival de Luther Mahoney. C'est sombre et enlevé et cette accordéon triste colle parfaitement à l'ambiance poisseuse de l'épisode. Là aussi (désolé de poursuivre l'auto-promo), ça influencera BILLY et la scène finale de cet épisode


10) I Just Wasn't Made For These Times (The Beach Boys) - Mad Men [S05E06 Far Away Places]

Quand un épisode d'une série que j'adore se termine, j'ai souvent besoin de musique pour rester dans l'ambiance. Grâce à Spotify, j'ai pu créer des playlists qui me sont bien utiles mais pour Mad Men, c'est tout simple, il me suffit d'écouter Pet Sounds pour la millième fois. Un rituel qui fonctionnait avant et qui fonctionne encore plus après la diffusion de "Far Away Places" et cette scène où Roger essaye le LSD et se retrouve face à ses contradictions et au vide de sa vie et de son mariage. Rarement les paroles d'une chanson avaient autant collés au contexte d'une scène et autant résonner en moi...
"I keep looking for a place to fit where I can speak my mind,
I've been trying hard to find people that I won't leave behind,
They say I got brains, but they ain't doing me no good,
I wish they could

Each time things start to happen again I think
I got something good goin' for myself
But what goes wrong?

Sometimes I feel very sad
Can't find nothin' I can put my heart and soul intoI guess I just wasn't made for these times"

***

Et en attendant la suite de ce classement, je vous renvoie vers d'autres lectures estivales :

- Sur le Daily Mars, Sullivan revisite X-Files et c'est passionnant même si l'on n'a jamais vu la série. Si j'étais lui, je garderais tout ça au chaud pour publier un bouquin définitif. 

- Toujours sur le Daily Mars, l'équipe vous amène en voyage à travers plusieurs villes américaines à la recherches de lieux mémorables. 

- Encore et toujours sur le Daily Mars (non, ils ne me donnent pas d'argent), Dom et Nicolas retracent l'histoire de NBC et forcément, ça cause d'ER, de Friends, d'Homicide, etc...

- Sur pErDUSA, l'anthologie du Mary Tyler Moore Show par Jéjé est à ne pas manquer. Il a déjà couvert quatre saisons et nous permet d'en savoir plus sur l'héroïne de Tina Fey...

- Du côté du AV Club, on célèbre la semaine Breaking Bad et tout comme le retour de la série, c'est à ne pas manquer !


En tout cas, me voilà de retour. On se voit dimanche pour parler de Frasier !

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