Musicalement Votre [2/5]


Avant d'être un passionné de séries, je suis avant tout un passionné de musique. C'était le sujet de mon premier blog (aujourd'hui inactif) et le sujet de mon emploi, puisque je bosse pour une radio. Si on me propose d'aller sur le tournage d'un épisode de Breaking Bad ou en studio avec Neil Young, le dilemne sera tellement difficile que je risque de m'évanouir. Alors vous pensez bien que, lorsqu'une série insère un morceau à sa narration (et je ne parle pas seulement de musique de fonds), je savoure ça comme il se doit. En excluant les épisodes comédies musicales, je vous propose ici mon top 50 des moments musicaux qui m'ont le plus marqués sur le petit écran. Comme tout top 50 qui se respecte, c'est ultra-subjectif et pas du tout exhaustif. L'ordre n'indique pas un classement qualitatif, juste un déroulement aléatoire, au fil de mes souvenirs. À suivre tous les mardis ! 

11) Waiting Around To Die (The Be Good Tanyas) - Breaking Bad [S02E03 Bit By A Dead Bee]

Alors que la série vient de reprendre pour sa dernière ligne droite, revenons un peu en arrière. À une époque où le cancer de Walt était encore une menace directe et que l'empire d'Heisenberg était balbutiant. Une époque où il n'avait parfois pas d'autre choix pour couvrir ses traces que de disparaître et de se promener nu dans un supermarché. "Waiting Around To Die" est à l'origine un morceau de Townes Van Zandt, barde folk à redécouvrir. C'est ici un groupe de folk féminin venu de Vancouver qui offre une superbe reprise, nous offrant ainsi un montage à la Breaking Bad moins fun et élaboré que d'habitude, mais plus poignant aussi. Et dont le titre résume à merveille l'était d'esprit de Walt et une menace qu'il a peut-être trop vite oublié par la suite... "Sometimes I don't know where this dirty road is taking me..." Nous, on ne va pas tarder à le savoir !


12) Hubbard Hills (Tindersticks) - Eastbound & Down [S02E03 Chapter 9]

Si la deuxième saison d'Eastbound & Down est ma favorite, c'est que l'aspect "récit initiatique" est encore plus marqué et que l'ambiance mexicaine apporte vraiment un plus aux aventures de Kenny Powers. Aussi bas de la ceinture et vulgaire que peut être la série et son protagoniste, elle a toujours beaucoup de coeur, un vrai amour pour sa galerie de losers et maitrise l'art du récit. Qui aurait cru que ce chapitre 9 se terminerait sur une note aussi mélancolique ? L'instrumentale des Tindersticks annonce presque la fin du monde et c'est en effet la fin d'une ère pour Kenny, qui semble oublier un temps ses rêves de gloire pour profiter tout simplement d'un moment de bonheur avec sa nouvelle "famille". Dans BILLY, elle illustrera également le moment où la balance penche pour le héros, dans le huitième épisode. Et oui, Eastbound & Down est également une influence de ma web-série. Qui l'aurait cru ? En tout cas, la quatrième saison ne va pas tarder à démarrer et je suis hautement curieux de voir ça et de savourer de nouveau la bande-son toujours impeccable !


13) I Will Survive (Gloria Gaynor) - The Comeback [S01E12 Valerie Shines Under Stress]

C'est marrant, mon ami Gibet vient de découvrir la série et puisqu'il écrit mieux que moi, je vais citer le moment où il vous parle de cette scène d'anthologie, qui est l'apothéose de l'exercice et de la drôlerie de Lisa Kudrow. Gibet, c'est à toi : "Le meilleur épisode de la série, c'est Valerie Shines Under Stress car c'est là qu'est le mieux géré l'équilibre entre ridicule de Valérie et empathie pour Valérie. Dans cet épisode, la séquence finale de I will survive (qui est probablement la meilleure de toute la série en terme d'écriture et de jeu) incarne très bien ça : sa version vénère de la chanson elle est à la fois ridicule car elle se met tout à coup à cabotiner n'importe comment et à la fois très touchante car le sentiment de victoire qui la porte est sincère et juste". Merci Gibet, vous pouvez relire l'article en entier ici et passez votre journée à revisiter le blog de mes tendres amis ! 


14) Plaisir d'Amour (Traditionnel) - Band Of Brothers [EP7 The Breaking Point]

J'ai beau avoir revu la mini-série de Tom Hanks et Steven Speilberg une dizaine de fois, je suis toujours bouleversé par "Breaking Point", son épisode le plus bouleversant. Qui nous séparent d'une bonne partie des personnages qu'on avait appris à connaître et à soutenir durant leur longue campagne, jusqu'à cette forêt des Ardennes où s'opère un véritable massacre. Narré par Lipton, cet épisode se termine dans une église et c'est le calme après la tempête. Mais par un procédé narratif qui brise le coeur, on nous montre un bilan des pertes. Quelques jours avant l'hécatombe, la Easy Company trouvait quelques minutes de répit à travers les voix d'une chorale belge reprenant "Plaisir d'Amour", un traditionnel qui est comme une ode au temps qui passe trop vite et aux blessures du coeur. Quelques jours après l'hécatombe, entendre ça donne juste envie de pleurer...


15) Wicked Games (Chris Isaak) - Friends [S02E15 The One Where Ross And Rachel... You Know]

Si une chanson est resté dans l'histoire de Friends comme celle représentant le mieux le couple Ross/Rachel, c'est With Or Without You de U2. Pourtant, la scène qui me revient à l'esprit, c'est la première fois que les deux amoureux passent la nuit ensemble, dans la salle d'un musée, sous les étoiles, au son de Chris Isaak (qui venait d'ailleurs de faire lui-même une apparition dans cette deuxième saison forte en guest-stars à tout va). Aujourd'hui, ce genre de scènes peut sembler hautement ringarde ou fleur bleu à quelqu'un qui a découvert la télévision via les classiques HBO ou les comédies qui ne se passent pas devant une live audience. Mais putain, quand on a douze ans et qu'on voit ça, son petit coeur de fan n'est pas prêt d'oublier. Je n'entendrais jamais ce morceau sans penser à Ross et à Rachel...


16) Brothers In Arms (Dire Straits) - The West Wing [S02E22 Two Cathedrals]

Même si j'ai toujours trouvé Dire Straits relou, il faut reconnaître l'aspect épique du morceau "Brothers In Arms" et l'émotion qu'il peut dégager quand il est bien utilisé. Quand il doit conclure la meilleure saison de la série, Aaron Sorkin parvient à en faire très bon usage. Le monologue de Bartlet dans la cathédrale ne suffisait pas, il fallait en plus de ça faire tomber la pluie et faire monter la pression sur l'annonce de la candidature ou non d'un Président que tout le monde sait désormais atteint de sclérose en plaques. Alors la pluie tombe, Bartlet monte sur l'estrade et Dire Straits nous colle des frissons. Rarement la série n'atteindra de moments aussi épiques. À part... on en parle la prochaine fois ! Mais vous savez de quoi on ne parlera pas et qu'il faut mieux oublier à tout jamais ? "Fix You" de Coldplay dans The Newsroom...


17) Low (Cracker) - Rectify [S01E03 Modern Times]

Je dois avouer que Rectify a vraiment commencé à me convaincre pour de bon à partir du troisième épisode. À partir de cette scène dans le grenier où Daniel retrouve son adolescence et sa vie d'avant la prison dans des cartons. Dont une vielle compile où l'on trouve ce morceau de Cracker, parfaitement 90's, qu'il écoute avec un Walkman parfaitement 90's. Et la scène dure au moins trois minutes, sans dialogues, juste avec le morceau et le visage de Daniel qui en dit long sur la nostalgie qui le saisit. Aden Young y est parfait et on ne perçoit plus seulement Daniel comme l'inquiétant homme silencieux dont on ne connaît pas vraiment l'implication dans le meurtre d'une jeune file. Non, on le voit comme un grand adolescent qui écoute son Walkman. À partir de là, la série n'avait déjà plus rien à me prouver et allait continuer dans cette veine introspective très belle, très sensible. (Je n'ai hélas pas trouver la scène sur Youtube, mais voilà au moins la chanson). 

18) Ripple (Grateful Dead) - Freaks & Geeks [S01E18 Discos & Dragons]

Quand il faut dire adieu à une série qu'on affectionne autant que Freaks & Geeks, l'émotion est forcément là. Mais quand en plus, on choisit d'illustrer la scène finale avec la plus tendre chanson du Grateful Dead, ça en devient ultra-poignant. Et ce n'est pas gratuit une seconde puisqu'on assiste au départ de Lindsay Weir qui part rejoindre la tournée du groupe et monte dans un bus après avoir dit au revoir à sa chère famille. L'épisode en lui-même, avec son incursion dans le monde de la disco et de Donjons et Dragons, était réussi mais ne sonnait pas forcément comme la fin. Il suffisait donc de ce morceau et de ces images pour qu'on réalise que ce petit bijou traitant du passage à l'âge adulte se terminait bel et bien. Sur une note de mélancolie et d'espoir, avec la voix de Jerry Garcia. Leur discographie est foisonnante et inégale, mais réécoutez au moins l'album "American Beauty". 


19) El Condor Pasa (Simon & Garfunkel) - Men Of A Certain Age [S02E01 If I Could, I Surely Would]

Men of a Certain Age n'était pas une grande série. Cette ouverture de la deuxième et ultime saison n'était pas un moment inoubliable. Mais Men of a Certain Age était une série forte plaisante et cette ouverture un moment très réussi, où l'utilisation d'un morceau très familier collait parfaitement à la réintroduction minutieuse des trois protagonistes, incarnés par Ray Romano, Scott Bakula et Andre Braugher. Ce montage fut forcément tourné avec le morceau en tête et c'est un clip très soignée, pour une série qui n'avait pas d'énormes ambitions scénaristiques mais un vrai savoir-faire pour le traitement juste de ses personnages et de leurs émotions. Mentionnons également le générique illustrée par les Beach Boys et leur peur de grandir trop vite. N'oublions pas cette série trop vite annulée. Heureusement, Ray Romano reviendra dans Parenthood à la rentrée !

20) Wrap Your Troubles In Dreams (Louis Armstrong) - Treme [S02E11 Do Watcha Wanna]

Récemment, j'ai réalisé une émission consacrée à la Nouvelle-Orléans pour Radio Campus Angers. Et j'ai décidé de la terminer sur ce morceau de Louis Armstrong en utilisant un extrait de cette scène, la dernière de la seconde saison de Treme. On y voit un Davis beaucoup moins fantaisiste que d'habitude, qui décide de rendre hommage aux habitants de la cité en reconstruction, deux ans après Katrina. Quand il passe ce morceau, il panse les plaies, il dit "tenez bon". Et ne peut s'empêcher de verser une larme, de se laisser prendre par les émotions. Ce blanc à l'antenne, il m'a aussi fait verser une larme. C'est pour moi la scène la plus poignante de la série à ce jour. 


La suite mardi prochain !

Commentaires