4.06 Iron City

Tiens, je n'avais jamais écrit de review pour Shameless. Il faut dire que j'ai rattrapé la série sur le tard, alors que se finissait la troisième saison. Et que jusqu'à présent, c'était pour moi un divertissement sympathique, occasionnellement émouvant, souvent inégal. On ne va pas revenir sur les défauts des débuts que d'autres ont listés bien avant moi. Par contre, je voulais dire quelques mots sur cet épisode et sur une quatrième saison qui relève la barre vachement haut. 


Ce n'est pas la première fois que l'on a un épisode aussi réussi. Mais c'est la première fois selon moi qu'on a une suite d'épisodes aussi solides. Débarrassé de Steve/Jimmy, plus constant dans l'évolution des intrigues en cours, cette saison ne fait que s'améliorer de semaines en semaines. L'épisode précédent avait déjà fait fort avec le retour de Lip dans la folie Gallagher et un cliffangher surprenant. Celui-ci fait encore mieux en exploitant les conséquences sans perdre une minute. "Iron City" est très riche, très dense et il est difficile de ne pas être ému du début à la fin tant chaque personnage a le droit à une scène poignante. Qu'il s'agisse de Fiona en prison, de Lip qui tente de recoller à nouveau les morceaux (clairement mon personnage favori) ou même de Frank qui réalise que, cette fois, il va peut-être vraiment y passer. 

Commençons par lui d'ailleurs. William H. Macy a toujours réussi à avoir suffisamment de charisme pour ne pas m'ennuyer, mais son personnage était trop inconsistant pour toujours me convaincre. Cette année, on a enfin un Frank Gallagher capable de nuances, sans pour autant changer sa nature. En s'appuyant sur tout ce qui fait de lui un personnage hors normes et caricatural, les scénaristes parviennent à en faire une sorte de figure tantôt tragique, tantôt comique. Celle qu'ils ont toujours voulu nous montrer et qu'ils arrivent enfin à articuler sur le long terme, pas juste au détour d'une scène avec Carl ou avec Monica. Même si l'arrivée de sa fille cachée était capillotractée, Sammi s'intègre désormais bien au paysage, elle et son Chucky, et ajoutent de nouvelles touches de folie à la fratrie Gallagher. Et ce moment où Frank visite l'hospice était mérité pour le personnage et pour nous qui suivons ces excès depuis le début. Alors je ne sais pas si Showtime est prête à renouveler la série ou à laisser filer William H. Macy le cas échéant, mais plus Frank approche de la mort, plus on s'y attache.


Il y a ensuite Fiona. J'avais peur au début qu'après le cartoonesque Jimmy, on ait un Mike Pratt trop ennuyeux (Pratt est souvent le nom que donne John Wells aux boulets, convenons-en). Et puis ensuite, j'ai eu peur que l'adultère avec son frangin soit encore trop vaudevillesque. Je voulais juste voir Fiona et son nouveau travail, tâcher de trouver une sorte d'équilibre sans trop perdre de vue son clan. L'accident de la semaine dernière vient détruire chacun de ses efforts et la renvoie à une solitude vraiment bouleversante, surtout quand Emmy Rossum la joue si bien. On voit beaucoup de femmes en prison à la télévision ces temps ci (Orange is the New Black bien entendu mais aussi Justified) et cette nouvelle descente aux enfers fonctionne pourtant très bien sur mon petit coeur. Mike n'a jamais été aussi intéressant que depuis la rupture et j'ai hâte (même si c'est terrible, je le sens) de voir comment Fiona va pouvoir reconquérir la confiance de son frère et de sa fratrie. Même si elle doit être célibataire pendant le reste de la saison, c'est surtout sa relation avec sa famille et son parcours personnel qui m'intéresse désormais. 

Et puis il y a Lip qui, lui aussi, est toujours au bord du fil. Ses débuts à la fac étaient un peu redondants mais avaient le mérite de bien affiner le propos, de ne pas aller trop vite. Chacun des doutes du jeune homme concernant son avenir étaient bien amenés, ancré dans l'historique de la série et du personnage. Ce qui rendait encore plus prévisible son inévitable retour chez les siens et un rôle paternel qu'il doit assumer plus vite que prévu. Jeremy Allen White est très en forme cette saison et exploite tout ce qu'on lui donne avec beaucoup de talent. J'ai adoré le voir intéragir avec Carl, Debbie et même Mandy (alors que je n'aime pas du tout ce personnage) et même si le pauvre mérite de poursuivre la fac, j'aimerais voir comment il s'en sort en tant que "tuteur" du clan.


Notons aussi une belle porte de sortie pour Sheila. Le personnage n'avait plus grand chose à apporter depuis longtemps mais j'aimais suffisamment Joan Cusack pour la tolérer. Ravi de voir que les scénaristes ont prévu un départ (définitif ?) qui lui va bien et qui était assez émouvant finalement. Et je rajouterais que Debbie et Carl ont eux aussi de belles intrigues cette année, tout comme Kevin et Veronica. Finalement, tout le monde est gâté (si j'ose dire) à part Ian, mais on devrait le revoir prochainement (en fait, je préfère Mickey à son petit ami pour être honnête, il est moins fade). 

Pour finir, une petite parenthèse ER ! Et oui, "Iron City" est un épisode qui fera plaisir à ceux qui rêvent encore du Cook County Hospital la nuit. Il est écrit par John Wells, celui qui me pond mes épisodes favoris régulièrement depuis 1994. On y retrouve Scott Grimes dans la peau d'un urgentiste qui s'appelle le Dr Zabel (nom du showrunner le moins apprécié de la regretté série). Après avoir vu le crossover Parenthood/FNL, j'aurais presque souhaiter voir Shameless aller jusqu'au bout du délire et le nommer Archibald Morris. On notera aussi la présence de Lisa Vidal (l'ex-copine de Weaver) et bien sûr de William H. Macy, alias David Morgenstern. Et puis ça se passe à Chicago. 


Enfin voilà, je voulais partager mon plaisir face à Shameless. C'est fou : je souhaite autant de bonheur que de malheur aux Gallagher. Et je souhaite surtout à la série de garder un tel équilibre car elle s'impose peu à peu (désolé Parenthood) comme le drama familial à ne pas rater cet hiver.

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