Souvenirs d'ER #7

Le 19 septembre prochain, ER aura vingt ans. Ce sera en tout cas la date anniversaire de la diffusion, en 1994, du pilote de la série sur NBC. Pour fêter ça, retour avec ce "magazine" sur l'histoire de la série ou plutôt, mon histoire avec la série.

WAITING ROOM / Dans la salle d'attente de ce septième "numéro", je continue d'imaginer quelques potentiels spin-off d'ER.

Downtown Abby (comédie, FOX) : Je ne sais pas trop de quoi ça pourrait parler mais rien que l'idée d'avoir une Maura Tierney exploiter son talent comique, ça me plaît. Lorsqu'elle quitte ER, c'est pour partir vivre à Boston avec Luka et leur fils. Alors pourquoi ne pas la suivre dans un nouvel hôpital où elle s'impose très vite avec l'humour et le charme qu'on lui connaît, Goran Vijnic jouant l'homme au foyer pendant qu'elle prend du bon temps. Attention à l'alcool cela dit, sinon on risque d'avoir un remake de Mom. Cela dit, un remake de Mom avec Tierney et Sally Fields, pourquoi pas... 


It's Always Rainy in Philadelphia (drama, FX) : Parti vivre à Philadelphie avec son ex-addict d'ex-mari (James LeGros), le docteur Anna Del Amico (Maria Bello) devient responsable d'un centre de réhabilitation. Après son divorce, elle commence à fréquenter un flic travaillant pour les stupéfiants (Justin Théroux qu'on a l'habitude de voir en costume de flic ces temps-ci), ce qui la pousse parfois à protéger des patients tout en luttant elle-même contre son addiction. Un drama FX brute et réaliste et qui pourrait accueillir parmi les patients récurrents le cast d'It's Always Sunny in Philadelphia.

The Big A (dramédie, Showtime) : Ok, le nom est pourri mais comprenez-moi : il s'agit d'une version de The Big C où c'est Jeannie Boulet que l'on suivrait alors que le sida reprend ses droits et qu'on lui donne un an à vivre. Quatre saisons pour suivre son "agonie" et lui laisser le temps de faire la paix avec elle-même et ses proches. Eriq LaSalle pourrait être la guest-star d'un épisode spécial et comme Gloria Reuben n'est pas Laura Linney, il faudrait l'entourer d'un cast à la hauteur. À la place d'Oliver Platt, pourquoi ne pas donner le rôle de son nouveau mari à Andre Braugher et celui de son frangin à Anthony Anderson ?

Modern Family (comédie, ABC) : Dans un monde alternative, ABC aurait commandé en 2008 un Modern Family se déroulant à Miami et suivant une Kerry Weaver devenue présentatrice télé et nouvellement marié, tentant d'adopter un enfant. Comme la famille de Kerry est quasiment inexistante, c'est celle de sa femme qui pourrait l'entourer et on peut reprendre le même casting que le Modern Family existant, Julia Bowen en moins.


The Good Husband (dramédie, NBC) : Putain faut que j'arrête avec mes jeux de mots pourris. Vous vous en doutez : c'est le spin-off qui suit les aventures de Carol et Doug à Seattle. Tandis que Carol termine ses études de médecine et obtient un poste dans un hôpital réputé, Doug vient de se faire virer. Il doit se reconvertir et devient homme au foyer, s'occupant des jumelles et de trouver une nouvelle voie, souvent dans l'ombre de sa femme. Tout cela paraît bien mince mais si je vous dis que c'est Jason Katims le showrunner, ça vous fait rêver, non ?

ADMISSIONS / Mais comme il ne s'agit que d'un rêve, revenons à la "réalité" en évoquant le parcours de Doug Ross quand il était encore à Chicago et quand George Clooney était encore dans notre écran de télévision.

J'ai découvert ER après son départ et c'est avec l'image d'un George Clooney "movie-star" que j'ai fait la rencontre de Doug Ross. Comme je vous le disais récemment, c'est même l'arc de son départ qui fut ma première expérience de visionnage de la série, le milieu de la cinquième saison. Il faudra attendre que je me procure le DVD de la Saison 1 pour revenir en arrière et découvrir enfin la période où Doug Ross baladait son swag dans les couloirs du Cook County. L'archétype du médecin irresponsable et borderline mais que les gens adorent car il est charmant et drôle. Et ce qui aurait pu être bien lourd sous les traits d'un acteur quelconque fonctionne vachement bien grâce à la décontraction naturelle de Clooney. Avec sa nonchalance légendaire, il parvient à nous rendre attachant un personnage qui débute la série en étant un peu responsable du suicide de l'infirmière qu'il vient de laisser tomber. Et continuera à apporter des nuances à un Doug Ross qui sera pendant cinq saisons celui que tout le monde veut remettre dans le droit chemin et qui préfère n'écouter que lui et son instinct.


Cela donnait des arcs récurrents : Doug se met en tête d'aider un patient au cas un peu desespéré (qu'il s'agisse d'un gamin coincé dans les égouts pendant des inondations, d'une jeune junkie jouée par la jeune Kirsten Dunst, d'un nouveau-né qu'il faut désintoxiquer ou d'un gamin atteint d'une grave maladie génétique dont la mère demande l'euthanasie), tout le monde met en garde Doug de ne pas enfreindre le règlement pour faire son malin (son meilleur ami Mark, la femme de sa vie Carol ou sa patronne Kerry) et Doug finit quand même par faire sa connerie. La seule chose qui change à chaque fois avec ce procédé, c'est la manière dont il va gérer les conséquences de ses actes. Et plus on avance dans la série, plus le pédiatre va grandir et accéder à une certaine maturité, apprendre à faire de maudits compromis, sans pour autant s'assagir complètement (c'est justement l'euthanasie du jeune Ricky qui causera son renvoi/démission en cinquième saison).

Ce que je viens de vous décrire, c'est l'arc typique de Doug Ross, pour la partie médicale en tout cas. Car pour le reste, il y a un deuxième schéma : Doug s'embarque dans une relation sans lendemain, les proches de Doug lui donnent des conseils à ce sujet, Doug n'écoute pas les conseils et se retrouve dans des histoires douloureuses de rupture. Qu'il s'agisse d'une Andrea Parker pot de colle (Saison 1), d'une mère célibataire (Saison 1), d'une femme plus âgée qui sort avec son paternel (saison 2) ou d'une étudiante en médecine dont Carter était tombé amoureux (Saison 2). Il faudra attendre sa réconciliation avec Carol, après un réjouissant "will they won't they", pour que Doug retrouve un peu de stabilité et que les scénaristes arrêtent d'abuser de ce schéma devenu vraiment ennuyeux. Doug et Carol, j'en ai déjà parlé, sera le couple phare de la première ère, celui dont l'adieu puis les retrouvailles seront de vraies événements de télévision soapesque porté par un duo d'acteurs avec une belle alchimie.


Pour compléter le portrait, il faut saupoudrer tout ça d'un peu de psychologie de comptoir, avec une histoire inévitable de père absent qui entraîne le besoin pour Doug de venir en aide à chaque gamin abandonné et lui donne sa vocation de pédiatre. C'est mince, mais ça tient la route quand c'est évoqué en profondeur comme dans le chouette road-trip "Fathers & Sons" en Saison 4. Chouette car il met également en avant ce que je préférais chez Doug : son amitié avec Mark Greene.

S'il a toujours été le plus "électron libre" du cast original, faisant ce qu'il veut et n'étant pas toujours lié au reste de l'équipe par son statut de pédiatre "indépendant" et de coureur de jupons, Doug se montre difficilement remplaçable suite à son départ. Luka Kovac fut un essai peu concluant et deviendra rapidement autre chose qu'un Doug Ross 2.0., bien heureusement. Un an après le départ de son amant, Carol partira le rejoindre. Et très vite, alors que Clooney part devenir un star du grand écran (et incarner le plus mauvais Batman de l'Histoire), la série bascule dans une nouvelle ère. Moins légère et décontracté.


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SALLE DE RÉANIMATION / C'est dans une salle de réa (la 2, c'était ma favorite) que j'examinerais à chaque fois une saison au hasard (pas dans l'ordre, sinon je m'ennuierais). Et le tirage au sort a désigné... la neuvième saison.

Si la huitième saison est la première que j'ai pu suivre lors de sa première diffusion sur France 2, c'est quand la neuvième fut diffusé que j'étais au sommet de ma passion pour ER. Pourtant, il ne s'agit pas d'une saison excellente, elle est même très inégale. Mais, alors que j'étais en classe de 4ème et que j'avais un meilleur accès à Internet, ma petite vie de fan était entièrement consacré à la série et, malgré ses défauts, cette saison fut catalyseur de mon obsession.


Même si je suis donc très indulgent et vraiment attaché à la Saison 9, je ne suis pas aveugle : suite à la mort de Mark Greene, elle peine clairement à installer Carter comme le nouveau taulier, se concentrant principalement sur une relation avec Abby qui est un échec vraiment frustrant. De son côté, Abby se taille justement la part du lion avec des intrigues familiales parfois émouvantes mais souvent redondantes qui prennent beaucoup de place à l'écran. Tandis que Gallant s'efface peu à peu derrière un Pratt qui prend ses galons de boulet, le retour de Susan est toujours aussi mal exploité et Lizzie n'est plus qu'un fantôme suite à la disparition de son mari. Ceux qui s'en sortent le mieux sont Luka, même si je sais qu'on est pas beaucoup a avoir apprécié sa "descente aux enfers", Kerry lors d'un arc intéressant sur un politicien séropositif et Romano. Oui, c'est bien la saison où le méchant chirurgien perd son bras. La scène en question est certes over-ze-top, mais le traitement de sa réhabilitation permet à Paul McCrane de briller à de multiples reprises.

Je suis un peu dur concernant Carter car il a quelques bons moments (en début de saison quand il assume vraiment son nouveau rôle, face à Ed Asner dans le rôle d'un mythomane ou lors de son séjour africain). Mais c'est quand même bien dommage de l'avoir rendu aussi vulnérable (face à Abby ou face à la mort de sa grand-mère) au moment où il aurait dû s'imposer comme le personnage fort de la série. Et avec un Luka empêtré dans sa décadence, Abby éloigné de l'hôpital par sa famille bipolaire, le trio de tête de la série est trop peu lié à l'action du Cook County. C'est ce qui donne l'impression d'une saison où l'on s'égare plus qu'avant dans le soap et où il y a trop de personnages pour que les scénaristes parviennent à raconter leurs histoires correctement et à parts égales.


Malgré tout, il y a de belles fulgurances, parmi mes favorites de la série. Le troisième épisode, "Insurrection", dont j'avais déjà parlé ici, est une petite réussite qui exploite bien l'historique de Carter et replace le County et son personnel comme personnage central. L'arc consacré à Robert Nathan, le chirurgien atteint de Parkinson joué par Don Cheadle, est vraiment émouvant et permet à Elizabeth d'avoir un nouveau rôle à jouer. Le dixième épisode, hommage au film "Memento" est un exercice de style réussi (si, encore une fois, on supporte le Luka dépressif). "A Thousand Cranes" mêle bien tension hospitalière suite à une fusillade dans la cafétéria d'en face et émotion avec une Susan qui s'occupe d'un jeune patient atteint de cancer (après, elle sera trop occupé à être le comic relief de service). Et puis il y a le 200ème épisode, qui est un sommet de réalisation et se classe parmi mes épisodes favoris de la série. Tout comme "Kisangani", le final africain, dont j'ai déjà longuement parlé et qui marque un tournant pour Carter et pour la série.

La neuvième saison fait office de transition entre la fin de l'ère Mark Greene et l'arrivée prochaine du sang neuf incarné par Neela, Sam et Morris, figures centrales des dernières saisons. Alors forcément, c'est pas toujours ultra-passionnant et ultra-maitrisé mais ça parvient à être très marquant à de nombreuses occasions. Marquant aussi car, comme je le disais, j'étais à fond dedans à l'époque et regarder ces épisodes me ramènera toujours à cette période. 


Sélection S9 / "Insurrection", "Hindsight", "When Night Meets Day" et "Kisangani".

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PARKING DES AMBULANCES / Comme tous ceux qui sont parti du County (vivant), je termine ma course sur ce fameux parking où résonne les ambulances et tous les souvenirs de parties de basket entre collègues et d'adieux émouvants. Car ce que j'aimerais vous proposer avec cette rubrique, ce sont des anecdotes personnelles sur ma relation avec ER au fil du temps. 

J'ai une mémoire d'obsessionel compulsif. Je peux avoir du mal à me rappeler de trucs assez élémentaires et j'ai beaucoup de mal à retenir des choses par cœur quand j'y suis forcé (ce qui explique mes faibles résultats dans toutes les matières où il fallait s'y coller ainsi que mon incapacité à réciter un texte correctement, même après avoir fait le conservatoire). Mais par contre, les trucs qui me passionnent, je les retiens de manière encyclopédique.


Je suis par exemple en mesure de vous réciter dans l'ordre toute la discographie officielle de Dylan, album par album, titre par titre avec, à chaque fois, la date de parution, le producteur et l'anecdote qui va avec. Capable aussi de vous faire la liste détaillé de chaque épisode des séries que j'aime le plus avec titre en VO, titre en VF, résumé, scénariste, réalisateur et guest-star. C'est le cas pour Friends, The West Wing, Six Feet Under, The Office et bien sûr, Urgences.

C'était presque devenu un jeu avec des potes qui me prenaient alors pour une bête de foire. Je leur filais mon classeur contenant un guide complet de la série fait maison et ils me testaient. J'avais bon neuf fois sur dix. Aujourd'hui, avec le temps, ce serait plutôt cinq ou six fois sur dix mais il me suffirait, je pense, de replonger dans ER de manière intensive pour récupérer tout ce savoir presque inutile.

Saison 6, épisode 6 ? "La paix du Monde Sauvage", en VO "The Peace of Wild Things", diffusé en novembre 1999, écrit par John Wells, réalisé par Richard Thorpe. Avec Alan Alda et Martha Plimpton en guest. Bon, ça fait pas le même effet à l'écrit. 

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La semaine prochaine, on évoquera un personnage qui se déplace à trois pattes ainsi que la saison où ce personnage fait sa première apparition.


Et avant de finir ma garde, j'en profite pour féliciter Julianna Margulies pour son Emmy bien mérité !

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