5.01 Golden Years For Boys And Girls

Qui aurait cru que Boardwalk Empire serait la série dont j'attendais le plus le retour et dont je craignais la disparition ? Il y a un an, j'étais encore à voir la série d'HBO comme un truc pompeux et lourdingue, ne parvenant pas à dépasser le pilote malgré plusieurs efforts. Depuis, il y a eu un binge-watching hivernal inoubliable où la mélancolie superbement bien filmé m'a touché en plein cœur. Voilà donc la première fois que je regarde ça "en temps réel" et, même si c'est frustrant de ne pas pouvoir enchaîner sans attendre, ça ne m'a pas empêché de savourer.


Et contrairement à beaucoup de critiques que j'ai pu lire, je m'abstiendrais de juger trop vite cette ultime poignée d'épisodes après avoir seulement vu celui-ci. En effet, le saut dans le temps qui nous amène en 1931 et les flashbacks nous montrant l'enfance de Nucky n'ont pas convaincu tout le monde : faire l'impasse sur toutes ces années, c'est aller trop vite là où on savait prendre notre temps et revenir dans le passé c'est perdre du temps là où la fin approche trop vite. Voyez un peu le dilemme. Moi, je trouve ça plutôt couillu. Ceux qui voulaient absolument voir le Valentine Day Massacre ou la mort d'Arnold Rosthein (qui nous manquera terriblement hélas) peuvent aller sur Wikipédia ou mater un film sur Capone. Placer les derniers moments de la série lors des derniers moments de la Prohibition et à une période crépusculaire où la crise économique et la fatigue de nos personnages est au plus fort, c'est pertinent je trouve. Si on jugera de leur intérêt sur le long terme, les flashbacks sont pour le moment convaincant et on peut remercier la directrice de casting qui a fait du bon boulot en dénichant ce gamin qui porte toute la misère du monde dans son visage de Buscemi pré-pubère. Nucky ne manque pas de complexité mais lui en rajouter une couche (ainsi qu'à Eli, au Commodore et, j'imagine, à Gillian prochainement) ne peut pas faire de mal alors qu'on s'apprête à lui dire au revoir. Ca permet de le recentrer de manière inventive et de passer un peu plus de temps à Atlantic City et dans des décors début de siècle magnifique (c'est artificiel mais ça compte tout de même). On est toujours à la limite de la psychologie de comptoir mais ça reste émouvant et suffisamment bien foutu pour que je ne m'ennuie pas (encore).

En 1931, ce qui se passe est bien moins limpide. C'est d'ailleurs le seul bémol de l'épisode à mon goût : son côté très décousu, où l'on saute de villes en villes pour retrouver des personnages que plus rien ne lie vraiment et seulement une poignée d'entre eux car on garde les autres pour la semaine prochaine (dommage pour Eli, Capone, Nelson et Gillian, mais c'est déjà bien le bordel, faudrait pas que ça devienne Game of Thrones). L'épisode s'ouvre à Cuba (magnifique effets spéciaux et photographie, tes yeux bavent devant ce qui reste la plus grosse production à la télé) avec un Nucky plus grisonnant et désabusé mais qui garde quand même espoir de voir la vente d'alcool redevenir légal et profite du soleil pour faire la seule chose qu'il sait faire : magouiller avec des producteurs de liqueur et des politiciens corrompus. C'est du classique mais ce qui change, c'est le climat : incertain, non familier et dangeureux, comme on le découvre avec une tentative d'assassinat bien flippante (merci au garde du corps qui débarque là comme un prétendant au trône du regretté Richard Harrow). Sally ne semble toujours pas digne de confiance et les mensonges de Meyer Lansky ne sont pas convaincant : Nucky semble donc au milieu de nouveaux complots et c'est comme ça qu'on l'aime.


Pendant ce temps, Michael K. Williams nous offre sa plus belle tronche de malheureux avec un Chalky prisonnier (là aussi, la photographie dans les bois est sublime et tu frissonnes presque quand il doit enlever la boue de ses bottes) mais aussitôt reparti sur la route (à la recherche du Dr. Narcisse ?). À New York, le patron de Margaret nous ouvre une leçon sur la crise économique le temps d'un monologue surprenant et l'ex Mme Thompson semble toujours accroché à la mémoire d'A.R. (nous aussi). C'est donc à travers Lucky qu'on retrouve l'aspect mafia de la série et on est servi avec la mort de Masseria et l'arrivée à la table de Don Salvatore (je veux même pas imaginer les saloperies qu'ils se passent en se serrant la main entaillé comme ça). Tout cela est chouette mais un peu lointain, un peu sans rapport, un peu lisse. Mais tellement beau et enivrant que je suis ravi de retrouver la série pour cette dernière ligne droite où je lui offre de bon cœur toute mon ouverture d'esprit et toute ma mélancolie...

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