6.09 Lean In

Elle est vraiment pas formidable cette dernière saison...

Et pourtant, j'étais confiant au début. Les problèmes de Zeek avaient permis d'emblée de réunir les Braverman de manière assez organique et des intrigues pas forcément grandioses bénéficiaient de bons scripts et d'acteurs qui vendaient ça bien. Même l'improbable école de Kristina, même l'insupportable famille d'Hank. "The Waiting Room" était, par exemple, un épisode vraiment pas mal. Mais peu à peu, une routine s'est installée, certains personnages ont retrouvés des faiblesses que je croyais pourtant loin derrière eux et je n'ai aujourd'hui plus trop l'impression de regarder la fin d'une série. J'en suis venu à regarder la petite famille de loin, avec le sentiment de connaître déjà la fin et de m'ennuyer. Comment j'en suis arrivé là ? 


Rien n'est abominable mais presque tout est plein de maladresses. À commencer, comme prévu, par la Chambers Academy, une idée qui n'est ancrée dans aucune sorte de réalité, dans la droite lignée de la campagne municipale menée par Kristina l'an dernier. Même une fois qu'on parvient à avaler que celle-ci est capable de gérer toute seule une école (où est M. Knight ?) et qu'Adam peut en être le cuisinier tout en bossant au Luncheonette, il est difficile de ne pas être fatigué par leur comportement dans cet épisode. Leur fils harcèle clairement la pauvre Dylan et il faudra attendre que ses parents menacent de la changer d'établissement pour que Kristina et Adam obligent Max à présenter des excuses. L'Asperger de celui-ci n'est pas une excuse pour l'indulgence du couple qui ne font que créer une succession de précédents sans prendre en compte les autres élèves qu'ils sont sensés protéger tout pareil. C'est mauvais pour Max, mauvais pour Dylan et ça rend assez antithétique deux personnages qui n'avaient pas besoin d'apparaître encore plus moralisateurs que d'habitude. J'ai vraiment grincé des dents quand Adam se met à faire des reproches aux parents de Dylan et quand Kristina se montre incapable de s'excuser correctement auprès de la jeune fille. Si leur comportement était pointé du doigt, ce serait intéressant bien sûr. Mais tout semble leur donner raison et c'est presque comme si les scénaristes attendaient de nous qu'on les applaudisse en les voyant défendre ainsi leur fils. Sauf qu'il n'y a pas que lui dans l'univers et pour ouvrir une école de "freaks" (je ne fais que reprendre l'expression de Dylan), il faut être un peu plus attentif aux autres, à mon humble avis. Cela n'empêche pas Max Burkholder de livrer une belle partition et Ally Loannides d'être une chouette recrue (et un sosie assez troublant du Jordan de My So-Called Life). 

L'autre intrigue problématique, c'est la gamine de Hank. Alors qu'elle était plutôt sympathique la dernière fois, la voilà qui revient transformée en adolescente hystérique, accumulant tous les poncifs du genre : la désobéissance, l'ingratitude exacerbée, le petit ami, la soirée arrosée qui se termine mal et la porte de la chambre qui claque tout le temps. C'est d'autant plus énervant qu'on a le droit d'assister à son petit spectacle à chaque épisode et que Hank mérite vraiment mieux que ça. C'est un personnage que j'adore - je sais qu'il ne fait pas l'unanimité - car je trouve Ray Romano vraiment très juste et que je m'identifie à lui terriblement. Je comprends que le retour de son ex-femme (qui elle a heureusement mis un peu d'eau dans son vin) et de sa fille permettent de le voir tâcher d'apprendre à mieux communiquer. Mais ça prend un temps d'antenne incroyable, c'est répétitif et je préfère largement voir Hank appréhender ses symptômes en compagnie de Sarah ou bien de Max (leur scène des cent pas dans le septième épisode était superbe). Ici, Ruby est (presque) moins caricaturale que d'habitude, Sandy est assez agréable et les retrouvailles avec Mark étaient émouvantes et un bon moyen de solidifier au détour d'une jolie scène la relation Hank/Sarah. Mais putain ce que fut long d'en arriver là, long et bien chiant.


En parlant d'intrigues répétitives et écrite à la truelle... oui, vous l'avez deviné, le divorce cent fois repoussé de Joel et Julia. Souvenez-vous, j'avais beaucoup aimé la tournure dramatique et réaliste qu'avait pris cette séparation l'an dernier. Depuis le début de saison, les choses se sont gâtés pour une raison toute simple : les scénaristes sont incapables de trouver un équilibre dans l'affrontement entre deux personnages qui, on le sait parfaitement, finiront bien par se réconcilier. C'est lâche de nous amener jusque là pour revenir en arrière et maladroit de ne jamais avoir su justifier le comportement complètement lunatique de ces deux-là. On va reprocher à Julia de malmener ce pauvre Joel aux yeux de cocker avant de reprocher à Joel de se montrer bien trop insistant et égoïste dans sa reconquête. Et puis on va foutre tout ça en l'air pour les faire s'embrasser à quelques épisodes de la fin. On peut être certain que ce qui risque d'arriver à Zeek va ressouder le petit couple avec de bonnes grosses ficelles. J'attendais un traitement plus en profondeur de cette intrigue et j'aimerais bien savoir où sont passés Sydney et Victor pendant que leurs parents jouent les adolescents. Oui, c'est aussi le souci de cette saison (mais on nous avait prévenu) : les acteurs jouent aux chaises musicales pour limiter le budget. Récemment, on a même eu un record avec seulement sept personnages sur quinze à l'écran. L'occasion de mieux les développer ? Pas forcément hélas. 

Il n'y a, bien sûr, pas que du négatif. Les acteurs semblent encore y croire suffisamment pour rendre le tout agréable à regarder. Chaque épisode contient au moins une scène tire-larmes réussie. Et certains personnages s'en sortent plutôt pas mal : la grossesse d'Amber n'a rien enlevé à sa force et qu'elle soit face à sa mère, à son frangin, à ses oncles ou en train de jouer les nounous, Mae Whitman gère sans problèmes. Mais elle a de la concurrence car, peu à peu, Drew devient la force tranquille de la famille : toujours pertinent, toujours intelligent, il est peut-être le plus mature des Braverman et ça fait du bien de l'avoir dans le coin, surtout auprès de sa tête de mule de grand-père. Et je dois avouer que, même si Parenthood n'a jamais su parler d'économie avec un semblant de réalisme et continuité, les soucis financiers de Crosby permettent d'entrevoir une face plus sombre du personnage et affine sa relation avec Jasmine qui était un peu en retrait depuis le mariage. J'aime voir Joy Bryant jouer autre chose que la femme autoritaire qui ramène son enfant de mari à la raison et ce fut le cas dans au moins un épisode, c'est toujours ça de pris. Quand à Max, avant que la situation ne dégénère (mais c'est la faute des parents), on a eu le droit à un apprentissage de l'amour très touchant. Voilà pour le quatuor gagnant, que Camille pourrait rejoindre si elle n'avait pas été autant dans l'ombre de son mari depuis l'opération (où Bonnie Bedelia avait enfin eu l'espace de livrer une belle performance). 


Et on en arrive donc à la fin toute tracée qui se profile à l'horizon (en janvier donc, car NBC a cru bon de couper une saison raccourcie en petits bouts). Un finale avec la mort qui se mêle à la vie (l'accouchement d'Amber pile au moment où Zeek rend l'âme, ce serait fort), où la famille se retrouve plus unie que jamais (Julia et Joel réconciliés ! Crosby qui relativise et retrouve sa bonne humeur !). Bien sûr, j'espère me tromper et que, même si tout cela arrive, Katims et compagnie sauront trouver une meilleur manière de l'exposer. En attendant, je vais tâcher de retrouver mon indulgence, de me souvenir que j'aime beaucoup les Braverman et, si tout va bien, je serait prêt à être ému pour de vrai pour la dernière ligne droite.

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