Souvenirs d'ER #13

Le 19 septembre dernier, ER a eu vingt ans. C'était en tout cas la date anniversaire de la diffusion du pilote sur NBC, en 1994. Pour fêter ça, retour avec ce "magazine" sur l'histoire de la série ou plutôt, mon histoire avec la série.

WAITING ROOM / Dans la salle d'attente du County, je croise une étudiante en médecine débordée, qui doit s'occuper de classer de vieux dossiers. Une tâche ingrate pour celle que le reste du service surnommé l’Étagère. Je m'approche et lui propose de prendre une pause pour discuter un peu...


ER, ça a commencé comment pour toi ? Le 19 septembre 1994 ? Lors de la première diffusion française ? Ou avec les rediffusions ? 

Ça a commencé avec la première diffusion française du dimanche soir, mais à partir de la saison 3 uniquement. Je me rappelle très précisément avoir d'entrée de jeu adoré le personnage de Susan Lewis... pour la voir partir quelques semaines plus tard (avec sa dernière réplique à la fois pleine de tendresse et de cruauté pour Mark...) Puis ça a "re-commencé" avec les dvd et la possibilité de voir la série dans son intégralité en vo, et de découvrir à quel point certains personnages étaient écrits différemment. J'avais eu tellement de mal, par exemple, avec la Abby surchargée de malheurs et presque geignarde de la vf, pour réaliser que le texte original et la voix de Maura Tierney en faisaient en réalité un personnage caustique mais combatif, drôle et plein de tendresse, devenu alors un de mes préférés.

Malgré tout, quand je repense à Urgences, ce sont ces dimanches soirs doublés qui me rendent nostalgique, notamment parce que la série passait l'été, que je l'associais aux vacances... et que je la regardais dans des conditions particulières (sous un auvent, chez les grands-parents d'un ami, les seuls du camp équipés d'une télé, avec la grand-mère dingue de ménage qui venait *toujours* nettoyer l'écran d'un coup de chiffon au moment où la tension était à son comble.) Puis quelques années plus tard j'ai fait de ce moment de vacances le sujet de mon mémoire de fin d'études universitaires, en comparant ses techniques de vulgarisation scientifique à celles de House M.D. et de Grey's Anatomy. Mon directeur de recherche était un grand journaliste scientifique qui n'avait jamais vu aucune des 3 séries. Je lui ai passé les 3 premiers épisodes de chaque pour les besoins du mémoire et une semaine plus tard, il me demandait "de toute urgence" la suite d'E.R ; )

D'après toi, c'est quoi l'âge d'or de la série et le début de son déclin ? 

Je place l'âge d'or du pilote (parfait) à l'avant-dernier épisode de la saison 8, On the Beach, qui bouclait une boucle en quelque sorte, non sans douleur, mais avec tout de même une sensation d'apaisement. Le "déclin" ou plutôt la transition vers un autre style se fait progressif après cela, et je mets le final de la saison 8 en point de démarrage car il initie ce qui sera systématique par la suite : le cliffhanger façon feuilleton. J'ai un très bon souvenir du final de la saison 1, rien de spectaculaire en soi, mais une vraie impression de conclusion, qui bouclait sur les thèmes abordés et restait un très beau moment de télé. Ou sur le dernier épisode bouleversant de la saison 6, où Carter finissait par craquer dans les bras de Benton, et partait en désintox. Il y avait du climax mais pas forcément besoin d'un suspens de folie pour ramener le spectateur l'année suivante, on savait que l'attachement aux personnages et la qualité de la série suffisait, on lui faisait confiance pour revenir tout seul. Fin de saison 8, on a une épidémie et quarantaine, et à partir de là, de mémoire, les seasons finales donnent lieu à une disparition d'enfant, une voiture avec 2 médecins du staff poussée dans la rivière, une explosion d'ambulance, une fusillade... Un épisode comme "All in the family", en milieu de saison 6, était un choc extraordinaire (et bouleversant), surtout à une époque où internet n'était pas assez démocratisé pour nous spoiler avant la diffusion. Mais un membre du staff mort tous les deux ans, ça devient presque attendu...


On a aussi glissé d'une réalisation en plans séquences géniaux, une réalisation qui utilisait le décor avant tout, les longs couloirs, les salles de réa, nerveuse, intelligente qui nous rappelait qu'on parlait de médecine, que le premier héros, c'était le Cook County, à une réalisation qui jouait beaucoup de champs / contre-champs (la saison 14 étant la pire). De même qu'on est passé à des intrigues plus d'ordre du soap médical façon Grey's Anatomy... Ce n'était pas forcément mauvais dans l'absolu, c'était juste une autre série, qui n'avait peut-être plus tant à dire sur la médecine. Mais la seconde moitié offre tout de même d'excellents épisodes (Body and Soul), intrigues (tout le passage de Neela et Abby en interne dans les différents services, absolument génial) acteurs (Linda Cardellini) et personnages (Morris, si si, Morris se révèle finalement un très bon personnage), juste, avec moins de constance (Romano et l'hélicoptère, sérieusement ?)

On t'amène au County Hospital : quel médecin pour te soigner et quel médecin pour faire une partie de basket sur le parking des ambulances ?

Pour me soigner, intuitivement, sans réfléchir, c'est Kerry Weaver qui me vient à l'esprit. J'imagine que ça ne serait pas le choix numéro un du public, mais derrière le côté revêche du personnage, la série a toujours su finement montrer une femme contrainte de prendre toutes les décisions difficiles là où d'autres se défilaient (Mark Greene c'est toi que je regarde), qui faisait les sacrifices nécessaires à la survie du Cook County, et qui donnait consciemment un ennemi commun à son équipe. Mais surtout, c'est un médecin que l'administration éloigne de la médecine et qui ressent clairement un manque, il apparaît souvent que c'est là sa passion première : soigner les gens, leur ôter leur douleur. Et si Kerry n'est pas un ange avec ses collègues, je la trouve géniale avec les patients, à l'écoute... je revois cet épisode où elle aide une jeune fille gay que ses parents veulent "reprogrammer" ou avec cette femme âgée et sa fille atteinte du syndrome de Down... Oui en tant que patiente, c'est Kerry que je veux. Pour le basket, Doug Ross, juste parce que je suis nulle au basket, et quitte à ne voir que le dos de mon adversaire autant que ce soit celui de George Clooney.


Un comité d'experts fait appel à toi pour dresser une liste des 100 meilleurs épisodes de télévision. Tu es en charge de sélectionner un seul épisode d'ER. Lequel et pourquoi ?

Roh, vieux (pardon je me permets) je pourrais presque dresser une liste de 100, c'est quoi cette question sadique ? Entre All in the Family, A simple twist of fate, Body and Soul, Fathers and Sons, The good fight, et cet incroyable épisode filmé en direct... Ok je vais prendre "Middle of Nowhere", en saison 5, quand Benton se rend dans une "clinique" du Mississipi pendant ses congés. Ce n'est pas un épisode "explosif" ou surprenant en soi, et on pourrait me dire que ce n'est pas non plus le plus représentatif d'E.R., mais la série est souvent sortie de ses schémas pour explorer d'autres décors, d'autres narrations. Et entre le Congo et le Darfur, je n'ai aimé aucun de ces épisodes autant que celui-ci, où on ne quitte pas l'Amérique, où l'on réalise à quel point au sein même de ce pays, on vit différemment, et que la médecine ne se décline pas universellement de la même façon. Et y voir confronté Benton, entre tous les personnages, donnait un caractère très particulier à l'histoire. Le chirurgien de génie qui découvre une clinique où il n'a même pas d'insuline à donner au vieux diabétique, qui se traîne dans ce trou paumé par besoin d'argent et qui y renoue avec sa vocation première. Cette petite parenthèse dans un sud aride autant que chaleureux, cet épisode sépia entre deux épisodes blanc hôpital montrait bien tout ce qu'Urgences pouvait raconter sur la médecine et surtout sur le genre humain au delà des murs du Cook County.

Quel acteur d'ER aimerais-tu revoir à la télévision et quel genre de rôle lui conviendrait le mieux ?

Sherry Stringfield me manque ! On me souffle dans l'oreillette (ok, je suis sur imdb) qu'elle serait maintenant dans Under the Dome mais tant qu'à faire j'aimerais mieux la voir dans une bonne série. Enfin de manière générale les acteurs d'E.R. s'en sortent pas mal non ? Alex Kingston plus british que jamais dans Doctor Who, George Clooney encore plus "beau" de l'autre côté de la caméra... Après j'adorerais revoir Linda Cardellini dans une série qui ferait suite à "Freaks and Geeks", où elle serait côté parent avec un ado d'aujourd'hui. Sinon vous pouvez me mettre tout le cast féminin derrière les barreaux d'Orange is the New Black.


D'après toi, il se passe quoi au Cook County en septembre 2014, vingt ans après le pilote ?

Les portes sont condamnées, et taguées d'un grand "Do not open dead inside" à la peinture noire tandis que ce cher Romano, secrètement maintenu en vie depuis son "accident d'hélicoptère", est aux petits soins d'une Elizabeth Corday devenue zombie. Ou alors je confonds avec autre chose...

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ADMISSIONS / Je ne sais pas comment on pourrait maintenir en vie quelqu'un qui s'est fait écraser par un hélicoptère qui lui avait déjà coupé le bras (oui, j'aime à penser qu'il s'agit du même hélico). Mais je sais que j'en voudrais toujours méchamment aux scénaristes pour avoir ainsi mis fin à la vie d'un personnage que j'aimerais beaucoup, Robert Romano.

Bien avant que Gregory House lui vole la vedette, Romano était propriétaire de la marque déposée : "médecin acariâtre que l'on adore détester". D'abord introduit comme un personnage récurrent tournant autour de la fraîchement débarquée Elizabeth Corday, il ne mit pas longtemps à intégrer la distribution principale et semer la zizanie dans tout l'hôpital. On y reviendra mais c'est d'ailleurs intéressant de voir à quel point Robert et Lizzie seront liés du début (la quatrième saison) à la fin (la dixième saison ou presque). Au départ, Rocket (ou "la Flèche" en VF) est l'archétype du chirurgien bling-bling qui est plus intéressé par les nouvelles technologies que par ses patients ou collègues. Revenu d'un voyage en Europe, il débarque avec pour intention de moderniser le bloc opératoire du County, quitte à malmener Peter Benton et à jouer les gros lourdingues auprès d'Elizabeth. Suite au départ de CCH Pounder (Dr. Hicks) et tandis que William H. Macy (Morgenstern) et John Aylward (Anspaugh) s'effacent peu à peu, c'est Paul McCrane qui hérite du rôle du grand patron, la bienveillance en moins. À aucun moment il ne désire s'afficher comme mentor, désirant seulement qu'on ne le dérange pas trop dans ses plans et affichant une froideur jamais vu avant. En clair, voilà que la série se retrouve avec un bon vieux méchant, aussi caricatural que jouissif. 


Et c'est presque rafraîchissant d'avoir un parfait connard venir bousculer les habitudes de nos personnages. D'abord parce que je suis sûr que ce genre de types existent véritablement dans les couloirs des hôpitaux. Ensuite parce qu'à chaque fois qu'il sera confronté à un membre du cast, il y aura des étincelles. Qu'il s'agisse de Benton, Corday ou Weaver, ses principaux antagonistes ou bien de Mark (à qui il ne fera presque jamais de pitié), à ce pauvre Carter qui sera pour toujours à ses yeux un parfait débutant, à ce boulet de Pratt qu'il sait remettre à sa place ou bien, vers la fin, à une Sam Taggart qui n'hésite pas à le remettre à sa place. À chaque fois, c'est un festival de répliques cinglantes qui peuvent, au choix, servir de comic relief ou d'une source de tensions supplémentaires. Le voir débarquer en salle de réa ou aux admissions, c'est savoir que quelqu'un va s'en prendre plein la gueule, aussi bien un réceptionniste qu'un patient. On aime ou on aime pas mais, l'avantage, c'est que pendant longtemps les scénaristes sauront utiliser le personnage avec parcimonie et pile au bon moment. 

Jusqu'au fameux accident d'hélico, il fut d'ailleurs très rare de suivre Romano dans sa propre intrigue, il était bien plus souvent le poil à gratter qui venait bousculer celles des autres. Parmi ses interventions les plus marquantes, on se souvient de son éternel flirt avec Lizzie, un amour vache savoureux qui prendra une tournure dramatique intéressante au moment où Robert sera le plus vulnérable. Mais aussi de la manière dont il mettre sans arrêt des bâtons dans les roues de Peter avant de se montrer beaucoup plus bienveillant quand celui-ci sera sur la sortie. Et de sa chasse aux sorcières ignoble précédent le coming-out forcé de Kerry, à qui il n'aura décidément pas fait de cadeau. Mais ce qu'on retient aussi et avant tout, c'est justement les moments d'humanité de Romano : c'est le véritable avantage (même si très forcé) de toute cette histoire de bras coupé qui va le rendre plus humain (et plus présent à l'écran, comme le prouve l'unique Romano-centric "Finders Keepers"). Et des moments très volatiles comme celui où il demande à Reese Benton, via language des signes, de prendre soin de son père. Et bien sûr, dans l'épisode le plus mémorable de la série, on retiendra son acharnement à vouloir sauver Lucy, seule âme du County pour qui il avait développé de l'affection. 


Le Romano barbu portant une prothèse qu'on a pu savourer en début de dixième saison était presque mon favori. Avoir Paul McCrane aux urgences était un beau cadeau qui promettait, je l'espérais, un travail plus en profondeur autour du personnage. Et puis il y a eu le retour de l'hélico et un "Freefall" pitoyable sur lequel j'ai dit suffisamment de mal la dernière fois. Romano eu le droit à une sortie digne d'un grand méchant hollywoodien mais pas du tout à la hauteur du personnage qu'il était devenu avec le temps et du travail remarquable de Paul MCrane (qui restera quand même une présence fidèle derrière la caméra et reviendra, pas rancunier, faire un caméo lors de l'ultime saison). 

Je terminerais mon hommage avec un top 3 de ses meilleurs répliques, et avec l'espoir de revoir Paul McCrane devant la caméra de nouveau (pourquoi pas dans The Good Wife, dans le rôle du pire ennemi de David Lee ?). 

3) If I wanted a nurse's opinion... well, I don't know what I'd do because quite frankly it's never happened. [S09E19 Things Change]

2) "Did anyone bother to verify that there really are medical schools in Croatia? [au sujet de Luka, S09E11 A Little Help From My Friends]

1) "You are a screw-up, Pratt and just to make myself clear, I didn't like you before I knew that." [S10E04 Shifts Happen]

Et n'oublions pas que dans "Finders Keepers" justement, il avait trouvé le sous-titre parfait pour la série : "ER : Everyone Replaceable" !


SALLE DE RÉANIMATION / Aujourd'hui, je continue mon exploration de la période la moins excitante de la série en décortiquant... la douzième saison. En débutant cette rétrospective, j'avais déclaré que la onzième saison était inégale mais que le pire était à venir. Le pire, on l'a déjà évoqué via les saisons 13 et 14. Entre les deux, il y a celle-ci qui est... hautement oubliable. À quelques exceptions près. 

Suite à l'ère Mark Greene, la période Carter n'était pas aussi bonne que prévue, la faute à un casting trop grand, à un virement vers le soap plus prononcé et à une écrite assez aléatoire des personnages. Après une tentative manqué en début de dixième saison de repartir de zéro (putain d'hélico), on se disait que cette fois, avec le départ de Noah Wyle, c'était la bonne. Encore raté. Car c'est avec l'un des épisodes les plus médiocres de la série que s'ouvre cette nouvelle ère. "Canyon City" réunit trois tares symptomatiques des faiblesses de l'équipe de scénaristes sous David Zabel : il est hors-sujet (on passe la majorité du temps à suivre Luka et Sam dans un road-trip à la recherche d'Alex qui est chiant au possible), il offre une sortie inexistante à un personnage historique (oui, c'est la dernière apparition de Susan et on ne le saura que bien plus tard) et n'a rien d'original à offrir aux autres, qui sont contraints d'être d'accueillir les patients en mode automatique et réchauffés. Et la suite ne fera pas beaucoup mieux. 

Sans Carter, on se dit qu'on va pouvoir compter sur le trio de tête Susan/Luka/Abby pour jouer les tauliers et sur le trio Neela/Sam/Ray pour redevenir intéressants (on a bien sûr abandonné tout espoir concernant Pratt). D'emblée, Susan est éjectée sans cérémonie (la faute à Sherry Stringfield paraît-il), Luka est coincé dans sa relation soporifique et en fin de vie avec Sam et Abby... et bien Abby est redevenue brune et reste toujours la seule personne sur qui compter. Quand à Neela, son passage en chirurgie est très décevant surtout qu'il sera carrément obscurcie par un triangle amoureux sans trop d'intérêt avec Ray (qui, malgré un deuxième épisode qui lui en offrait la possibilité, ne sera décidément jamais digne d'intérêt). Bon, on va laisser Sam avec son gamin et renvoyer Luka dans les pattes d'Abby pour bien réchauffer la soupe et éloigner ces deux-là de la pratique médicale (une romance qui est une moins mauvaise idée qu'on aurait pu le croire, j'y reviendrais). Et pendant que le croate n'en finit plus de baigner dans l'amour, on introduira un nouveau taulier incarné par John Leguizamo à qui on donne le droit de cabotiner un maximum avec un personnage qui trahit le manque d'inspiration ambiant : un Romano du pauvre psychotique et incapable de s'intégrer au reste du cast mais n'hésitant pas à monopoliser le temps d'antenne pas seulement à l'hôpital mais aussi dans des intrigues foireuses d'adultère. Youpi. 


Sans aucune inspiration, la série enchaîne alors les idées recyclés qui sont comme un condensé médiocre du passé : des chimpanzés aux urgences ! un crash d'avion sur Chicago ! un mariage surprise ! une grossesse non désirée ! un séjour africain ! une fusillade/prise d'otages dans les couloirs de l'hôpital ! Clairement, la série n'a plus rien à raconter... sauf quand elle se sort les doigts du cul et nous offre un épisode du calibre de "Body & Soul" où Abby retrouve un vieux mentor (James Wood) atteint d'une maladie dégénérescente incurable la forçant à revivre leur relation élève/mentor et médecin/patient. C'est beau à pleurer : la construction, la réalisation, les interprétations (mentionnons aussi Ally Walker) et la bande-son. On retrouve ER à son meilleur (avant d'enchaîner juste après avec l'un de ses pires épisodes, un "Quintessence of Dust" aussi nul que son titre). 

Heureusement, il reste quelques qualités rédemptrices à cette saison (ce qu'on ne peut pas vraiment dire de celles qui suivront). Le couple formé par Abby et Luka se révèle plus rafraîchissant que prévu et se met très vite à devenir très attachant (et c'est un Carby qui vous parle). L'alchimie entre Tierney et Visnjic fait plaisir à voir et même si cette grossesse rend Abby plus vulnérable, elle est traitée avec cohérence et du respect pour les deux personnages devenus vétérans. C'est presque naturel de les voir réuni et même si on a parfois l'impression de voir une version réchauffée du couple Doug/Carol, cette romance est un fil rouge plutôt constant dans une saison incapable de le rester très longtemps. À l'opposé exacte de leur première aventure lors de la septième saison, ces retrouvailles sont même une belle source de légèreté et d'humour. Bien sûr, il faudra qu'un tireur vienne provoquer l'accouchement prématuré d'Abby pour que le drama complètement forcé reprenne le dessus à la dernière minute. 


La douzième saison réserve aussi une belle intrigue à Kerry. Après une longue période éloignée de l'action principale, on la suit dans sa décision d'être opérée de la hanche et de quitter pour toujours la béquille qui la définissait tellement. C'est un peu traité comme une intrigue secondaire mais ça permet au moins à Laura Innes de prouver aux petits nouveaux qu'elle a encore tout à fait sa place. Et puis j'ai beau pester contre l'arc africain, il a au moins permis de revoir Noah Wyle et j'en avais bien besoin. Quand au season finale, il est aussi nul que divertissant. Et je me suis tellement emmerdé devant cette saison que j'en garde presque un souvenir réjouissant (avec un montage final sur Snow Patrol qu'on croirait écrit par Shonda Rhimes, la concurrente officielle d'ER à cette période). Quand aux patients, on retiendra quand même cette femme turque martyrisée par son frère dans "Lost In America" et la patiente amnésique traitée par Luka dans "Wake Up" (250ème épisode sans étincelles). 

Allez, juste pour le fun, laissez moi énumérez encore quelques défauts bien lourdingues : l'atroce personnage d'infirmière colérique incarné par Kristen Johnson ; les intrigues familiales de Pratt dont le demi-frère est un ancien de Smallville ; les péripéties de Morris, comic-relief de service ; les histoires d'un Shane West qui semble de plus en plus issu d'un spin-off sur la CW ; le nouvel interprète vraiment mauvais d'Alex Taggart ; les débuts de John Stamos dans la peau de ce gros naze de Tony Gates ; le cancer de Dubenko qui le force à apparaître aux urgences via un ordinateur ; et, je le redis, les chimpanzés. 

En fait, pour résumer, le problème de cette saison est limpide : alors qu'elle doit propulser la série dans une nouvelle période, elle ne fait que recycler le passé avec beaucoup de maladresse. Espérant concurrencer Grey's Anatomy et House, elle apparaît comme un vestige. Quand elle essayera carrément de changer son ADN la saison suivante, elle fera encore pire. Il faudra attendre l'ultime saison pour qu'elle retrouve un peu de dignité. 


C'est d'ailleurs de ça dont on parlera la prochaine fois. Ainsi que d'une triplée de personnages qui n'ont rien en commun mais qu'il fallait bien évoquer. Et puis je devrais recevoir un invité de luxe. Le tout dans deux semaines, si tout va bien...

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