1.06 Babylon



Un épisode où il est question de la Terre Promise et du rouge à lèvres.

Lorsque Don fait une mauvaise chute dans ses escaliers, en voulant apporter le petit-déjeuner à sa chère femme, de vieux souvenirs lui reviennent en mémoire. Une enfance bourgeoise, un père autoritaire, la naissance de son petit frère… J’ai d’abord pensé que l’épisode allait être parcouru de flashbacks. L’exercice peut-être réussi à merveille (l’épisode « Two Cathedrals » dans The West Wing), ou peut vite tourner à l’ennui total (la plupart des flash-back de Lost). Finalement, on aperçoit l’enfance de Dick Whitman (alias Don Draper) seulement au début, mais mon petit doigt me dit que ce passé risque de revenir hanter Don de manière de plus en plus forte au fil des épisodes. Comme un fil rouge qui nous donne envie de voir la suite.

De manière un peu plus frontale que dans les épisodes précédents, la publicité permet ici d’être un miroir des interrogations de Don, et des autres personnages. Don et ses hommes travaillent cette fois-ci pour une agence de voyage israélienne, qui veut promouvoir la Terre Promise. C’est l’occasion de revoir la « juive favorite » de Don, mademoiselle Rachel Menken. Don vient lui demander conseil, mais également jouer avec ses sentiments de femme célibataire qui se la joue indépendante mais qui est plus fragile qu’elle en a l’air.Seulement, Rachel a beaucoup de recul envers sa religion et ne désire pas habiter à Israël, elle envisage seulement y faire un séjour un jour ou l’autre. Les juifs a toujours été un peuple en exil, entre Babylon, Shangaï et Brooklyn, et ils ont toujours survécu même s’il devait faire du business avec des personnes qui les haïssait. Et Rachel résume assez bien sa relation ambiguë avec Don en définissant l’expression « Utopia » qui peut être compris à la fois par « un endroit magnifique » mais aussi par « un endroit qui ne peut pas exister ». Finalement, Don trouve son inspiration dans « Exodus », un best-seller de l’époque, qui allait faire un film avec Paul Newman. En plus de dévoiler avec finesse certains préjugés liés à l’antisémitisme de l’époque (Pete associant les kibboutzs israéliens à une forme de communisme…), le thème de l’épisode permet également de nous éclairer sur les débuts difficiles d’Israël, moins de quinze ans après sa création.

On suit également dans cet épisode une deuxième intrigue publicitaire, lorsque l’agence doit promouvoir une nouvelle marque de rouge à lèvres. Un nouveau personnage, Frederick, qui a un peu plus d’expérience que Kenneth par exemple, propose un brainstorming. Des secrétaires de l’agence sont réunis dans une pièce, et on leur propose de tester une gamme de rouge à lèvres. Elles sont observés comme des animaux en cage par les hommes de l’agence, dissumulés derrière un faux miroir qui est en fait une vitre comme on en trouve dans les salles d’interrogatoires. Si la plupart des femmes se comportent comme de simples consommatrices, cette chère Peggy va bousculer un peu les habitudes misogynes des Mad Men. Cela va entraîner Freddie Rumsen à lui proposer de collaborer avec lui pour la promotion des rouges à lèvres. On en sait pas plus pour l’instant, mais si Peggy paraît aussi surprise que souriante, Joan préfère encore une fois la mettre en garde. A suivre…

Parallèlement, deux personnages prennent de l’ampleur dans cet épisode : Sterling et Joan. Leur relation d’adultère nous permet d’apercevoir un Sterling plus fragile, plus romantique qu’il n’en a l’air. Même si leur relation semble plutôt libre, Roger aimerait bien que Joan lui appartienne, tandis que Joan ne supporte plus les chambres d’hôtels, entre deux réunions. Et ce n’est pas un oiseau qui les éclairer à ce sujet. La dernière scène, où chacun part de son côté en sortant de l’hôtel, est superbe, et nous montre un couple aussi passioné que fragile. Un couple que j’aime beaucoup et auquel je n’aurais pas immédiatement pensé, et qui permet d’approfondir deux personnages avec beaucoup de charisme. Je suivrais leur relation avec beaucoup d’interêt en tout cas. 

Betty est troublante dans cet épisode. Elle a beau avouer à Don que la thérapie fonctionne, on sent qu’elle commence à douter de son mari, et elle lui rappelle à plusieurs reprises qu’elle le désire énormément… pour elle toute seule. On voit d’ailleurs Don rejoindre Midge, son amante, mais est déçu lorsqu’il doit accompagner celle-ci à une suite de performances au Gaslight un club folk de New York (où sera découvert celui a qui je dois mon pseudo et toute mon influence musical, j’ai nommé Bob Dylan). Mais Don ne se sent pas à son aise face à cet art un peu trop conceptuel, où une jeune femme se dénude après avoir déclamé qu’elle a rêvé d’avoir couché avec Fidel Castro !

Et l’épisode se termine donc sur un beau montage nous montrant la soirée de différents personnages, du couple Roger/Joan à un Don visiblement pensif en écoutant un jeune chanteur folk déclamer une chanson traitant de Zion et des eaux de Babylon. Et encore une fois, je suis conquis par l’univers des Mad Men.

Commentaires