vec un an de retard, je me lance dans le visionnage d’une série lancé à la rentrée dernière sur ABC. Après Mad Men et Pushing Daisies, j’avais envie d’aller piocher une nouvelle fois dans la cuvée 2007-2008, et mon choix s’est porté sur Dirty Sexy Money pour deux raisons : la première, très simple, c’est le format de la première saison, ne comportant que dix épisodes suite à la grève et me permettant de rattraper rapidement mon retard. En second lieu, j’avais très envie de retrouver Peter Krause, qui avait été mon grand frère spirituel pendant cinq merveilleuses années, en jouant le rôle de Nate Fisher dans l’inoubliable Six Feet Under. Malgré des critiques diverses et un titre racoleur, je me suis donc lançé tête la première dans les deux premiers épisodes.
Du sexe et de l’argent, mais pas que ça !
Tout d’abord, je craignais que ce titre racoleur cachait une série racoleur, un peu à la Nip/Tuck, avec du sexe en veux tu en voilà, des scènes parsemés paillettes, le tout pour cacher les faiblesse du scénario et la minceur du propos. Et la bonne surprise de DSM, c’est que le pitch ne se résume pas à ça. Du sexe et de l’argent oui, mais pas que ça. Et pourtant, les scénaristes auraient très facilement pu tomber dans ce piège. S’ils n’avaient centré leur intrigue qu’autour de la famille Darling, le tout aurait pu très vite se transformer en soap rempli de personnage caricatural, et le téléspectateur n’aurait pas eu sa place dans cet univers luxueux et inacessible.
La bonne idée, c’est donc le personnage de Nick George : un avocat généreux et ressemblant au commun des mortels (interprêté par Peter Krause), qui va être propulsé conseiller des Darling, suite à la mort de son père dans un mystérieux crash d’avion. Un type simple, qui passe son temps à aider les autres et à s’occuper de sa famille, et qui après avoir été élevé par un père absent, toujours au chevet des Darling, s’est refusé de suivre le modèle paternel. Seulement, à la mort de celui-ci, Tripp Darling (Donald Sutherland, le père de…), figure patriarcale de la famille, réussit à convaincre Nick de rejoindre ses services. Un peu malgré lui, Nick se retrouve propulsé avocat des Darling, et va devoir régler toutes les conséquences entrainé par les caprices de chacun. Un boulot à temps plein, qui risque à long terme, de l’éloigner de sa propre famille, et de le faire ressembler à son père. Tout comme Nate dans Six Feet Under, Nick est propulsé malgré lui dans un univers qu’il a toujours rejeté. Et tout comme Nate était (du moins au début) l’élément stable auquel se raccrocher dans la névrosé famille Fisher, Nick est un type normal, auquel on se raccroche constamment à travers l’exploration de l’univers mondain entourant les Darling. Ce procédé rend le tout plus crédible, et permet au téléspectateur d’avoir un témoin extérieur, auquel il peut s’identifier plus facilement.
De plus, le secret autour de la mort de Dutch George, le père de Nick, enrichit la série d’une intrigue plus policière. Nick va enquêter, soupçonnant les Darling de ne pas être étranger à l’accident d’avion. Une enquête qui se déroule avec fluidité au cours de ces premiers épisodes, et qui permet de fouiller dans le passé de chaque personnage.
La construction de la série est donc réussi, puisque grâce au personnage de Nick et à une intrigue secondaire forte, on évite de s’enfermer dans une série racoleuse sur les frasques d’un univers parsemé de luxe et de luxure. Je pense que sans ces enjeux supplémentaires, je n’aurais pas eu envie de regarder les épisodes suivants. Car même si les Darling sont plutôt intéressant, c’est le personnage de Nick qui attire principalement mon attention pour l’instant. Comment va-il évoluer à force de cotoyer les Darling ? Va-t-il tomber lui aussi dans l’excès ou réussir à garder son intégrité ? Et surtout, va-t-il retrouver le meurtrier de son père ? A suivre…
Les Darling, une famille en or
Famille la plus riche de New York, les Darling sont à première vue une succession de clichés autour des excès de l’univers mondain. Le père qui contrôle tout d’une main de maître, la mère soumise, le politicien, la collectioneuse de maris à la mode, la superficielle, le dépravé, etc… Mais dès le premier épisode, les scénaristes réussissent à nous présenter la plupart de ses personnages de manière plus originale, en leur offrant un part d’ombre et d’humanité.
Commençons par Tripp Darling, interprêté par un Donald Sutherland tout en subtilité, un visage qui passe du sourire amical au regard foudroyant, un caractère à la fois capable de douceur et de cruauté. Un homme à la barre d’un navire qui a tendance à chavirer et qui vient de perdre son bras droit, le père de Nick. Un personnage érudit, plein de charisme et qui semble cacher de nombreux secrets, derrière ses airs aimables. Il agit comme un père de substitution envers Nick, et réussit à l’attirer (les dollars aidant) au service de son empire. Mais Nick n’est pas dupe et soupçonne le vieil homme d’être impliqué dans la mort de son père. En effet, Letitia, la femme de Tripp, a eu une liaison avec Dutch George, le vrai amour de sa vie. Elle ne le cache pas et derrière son air de femme aimante et fidèle, elle renferme elle aussi un passé mystérieux. Formant une intriguante paire avec Leticia, Tripp Darling promet donc d’être un personnage pilier, et il me tarde de découvrir toutes ces facettes. Et d’en savoir plus sur son carnet qu’il conserve précieusement. Bref, un monument qu’il va falloir escalader, au risque de tomber de haut…
De son côté, Patrick Darling, Interprêté par l’un des nombreux frères Baldwin. Daniel jouait l’incorrigible Beau Felton dans les trois premières saisons d’Homicide tandis qu’Alec nous fait mourir de rire en jouant Jack Donaghy dans la comédie 30 Rock, sur NBC. William ne m’a pas autant conquis pour l’instant mais la ressemblance est plus que frappante (quasiment troublante). Il joue le frère aîné des Darling, un politicien qui hésite à devenir Sénateur de New York, mais qui est mis sous pression par son père. Un autre problème : son amour pour un transexuel risque d’être mal vu par les électeurs (et par sa femme !). Le reste de la famille est au courant et c’est encore une fois Nick qui va devoir couvrir Patrick, qui ne peut se défaire de son (ou sa) partenaire de jeu… Une intrigue plutôt originale qui promet pas mal de tensions et un aspect politique intéressant.
On en arrive à Brian, le plus intéressant, je trouve, des Darling. Un prêtre qui derrière ses leçons de morale, possède des mœurs plutôt modernes. Il doit en effet se débarasser de l’enfant illégitime qu’il a eu avec une amante et fait donc appel au service de Nick, même s’il déteste celui-ci. Et pourtant, dès le deuxième épisode, on sent que Brian prend pitié de son fils et le ramène à la maison… J’adore ce personnage ! Glenn Fitzgerald avait déjà joué aux côtés de Peter Krause avec son rôle de cancéreux dans la saison 2 de Six Feet Under. Il prouve à nouveau tout son talent dans ce rôle pas commun. Chez les Darling, on notera également Karen, qui va bientôt épouser un célèbre golfeur, mais qui a encore des sentiments pour Nick, son amour de jeunesse, ainsi que Jeremy et Juliet, les deux jumeaux insupportables, l’un junkie, l’autre actrice raté, qui pimentent eux aussi le travail de Nick (même si ces deux derniers sont encore trop stéréotypés à mon goût et les acteurs un peu fades).
Mon Verdict
Même si le pilote m’a plutôt séduit, Dirty Sexy Money n’est pas exempt de défauts. La voix-off m’a énervé, je ne les supporte plus dans les séries, marre d’entendre toujours débiter les mêmes banalités. Heureusement, elle disparaît dès le deuxième épisode. Par contre, la musique est omniprésente (une manie chez ABC) et fatigue très vite. Enfin, je pense que la série gagnerait à être moins rapide car le pilote ressemblait presque à une bande-annonce tellement ça allait vite… Cela dit, la réalisation est bien foutue et les plans de New York sont somptueux.
Bref, une série que je vais continuer à regarder tout d’abord pour Peter Krause, puis pour cette famille qui, je l’espère, va évoluer toute en subtilité jusqu’à la fin de cette courte saison. Les Darling peuvent mieux faire et n’ont pas interêt à me décevoir !
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