Ce n'est pas facile pour moi d'écrire cette chronique... J'ai longtemps repoussé cette lourde tâche, celle de dire adieu à la série de mon enfance, à la série de mon adolescence, à la série de ma vie : Urgences. Après avoir visionné l'épisode en avril dernier et à l'occasion de sa diffusion en France, j'ai désormais le recul pour donner mon avis sur cet ultime épisode.
Déjà, si l'on doit faire un bilan, il faut dire que la saison 15 a été une très bonne surprise. Pas toujours excellent, mais bien meilleur que les dernières saisons. On avait pas vu autant de bons épisodes, de bonnes idées et de personnage aussi bien exploités depuis très longtemps. Le retour des anciens et le sentiment de nostalgie a beaucoup joué dans mon jugement. Je retiendrais l'épisode du départ d'Abby, très émouvant. L'apparition de Mark Greene, parfaitement maitrisé. Et le retour de Doug, Carol et Benton dans l'épisode "Old Times", un beau cadeau pour les fans. Si Angela Basset et David Lyons ont su imposer son personnage, ce n'est pas le cas des nouveaux internes qui n'auront servi à pas grand chose. La plus belle surprise, c'est aussi l'évolution d'Archie Morris, devenu le médecin sur qui compter, le bon ami, le type émouvant dont le couple avec Claudia était très agréable à suivre. Du coup, après un si bon cru, c'est dur de se dire que j'assiste à la fin définitive de la série, et que je vais devoir laisser tout ce petit monde derrière moi...
Ahh ce générique... L'épisode s'ouvre sur un plan du métro aérien qui surplombe le County et une longue journée commence pour les médecins de l'hôpital. A l'image de l'épisode pilote, diffusé il y a donc quinze ans, on assiste à 24 heures dans la vie des urgentistes. Ce n'est pas le docteur Greene que réveille l'infirmière Lydia (sorti d'on ne sait où) mais le nouveau pilier, Morris. Les temps ont changés mais le boulot reste le même : sauver des vies. Tout en gérant sa vie privée. C'est ça le thème principale du show, exploré dans tout les sens durant 331 épisodes. Et pendant une heure et demie, il ne sera pas question d'autre chose, bien entendu. On retrouve tout ce qui a fait les belles heures du County : un accouchement, des sauvetages, des moments de farniente à la réception, une pause sur le parking des ambulances, des confidences en salle de repos. Tout est là, sans jamais en faire des tonnes. Et c'est la force de cet épisode, à première vue très banale, classique. Être très bien construit, sans verser dans le larmoyant, en proposant un dernier regard sur le quotidien des urgentistes, sans tomber dans le rocambolesque comme la série a pu le faire parfois (l'épidémie de variole, l'hélicoptère, la fusillade...).
Et surtout, les scénaristes prennent le temps de montrer chaque personnage dans son élément. Morris tour à tour étourdi puis excellent médecin, le couple Sam/Gates qui finit par se réconcilier (même si le coup de la voiture était un peu superflu, j'ai quand même réussi à les apprécier ces deux là), Brenner et sa compassion, l'autorité de Banfield (peu présente cela dit)... Il faut dire que la plupart des intrigues ont été résolus dans l'épisode précédent. On se concentre donc surtout sur les patients et on retrouve donc l'essence de la série. Enfin. Des patients au goût de déjà-vu, mais très touchants. La caméra virevolte en réa 1, en réa 2, les médecins balancent encore et toujours leur jargon médical, et on savoure tout ça une dernière fois.
C'était bien vu d'introduire un nouvel élément aux urgences, en la personne de la délicieuse "Rory Gilmore" et ses grands yeux bleux. Même si elle sort un peu de nulle part, le docteur Julia Wise nous fait penser un peu au jeune Carter des débuts, et elle est très touchante. Elle incarne le futur, tout en nous faisant passer à tout ces médecins qui ont fait leur apprentissage au County. Les conseils de Brenner rappellent bien sûr ceux donner à Carter par Greene dans le pilote. La visite guidée de Chaz nous donne un dernier apercu de l'hôpital, tandis qu'une nouvelle génération d'internes semble prêt à prendre possession des lieux. De toute façon, Daria et son frère sont encore aux abonnés absents, Grady a disparu, et Laverne, Tracy et Ryan sont plus fades que jamais. Le message ici c'est : les médecins vont et viennent, mais l'hôpital reste le même. On en a eu la preuve durant quinze ans. Et puis tant que Jerry, Frank, Haleh, Malik et Chuny seront dans le coin, le County restera le County.
Quelques petits regrets : j'aurais aimé apercevoir Anspaugh, Coburn et Dubenko. J'aurais aimé que la dernière scène de Neela ne soit pas aussi superflu. J'aurais aimé qu'on voit un peu plus la chirurgie. Mais c'est comme ça, et c'est déjà pas mal...
Je m'attarde maintenant sur ce qu'on attendait le plus de cet épisode : la partie nostalgie. Avec le retour des anciens. Après Doug et Carol un peu plus tôt, on a encore de jolies surprises. Et encore une fois c'est très bien intégré dans l'intrigue, on en fait pas trop. Et tout le monde se réunit autour de celui qui est pour moi le personnage central de la série, John Carter. L'étudiant devenu grand (et avec lequel j'ai grandi) ouvre enfin son centre pour les démunis et ses vieux camarades viennent lui rendre visite. Kerry Weaver (étrange sans sa béquille !), tellement plus douce qu'à ses débuts. Susan Lewis toujours aussi souriante et pleine de vie. Peter Benton, toujours présent pour son jeune jedi, et qui semble détendu maintenant qu'il vit tranquillement avec Cléo et son fils (qui a beaucoup grandi !). Et puis Elizabeth Corday et son grand sourire. Ma première larme est tombé lorsque Peter prend Carter dans ses bras. La seconde quand Peter et Elizabeth échangent un dernier regard, après avoir renoué quelques liens l'espace d'une simple conversation. La dernière en ce qui les concerne. Benton s'engouffre dans les rues de Chicago et sa grande silhouette disparaît à jamais. On en apprend un peu plus sur ce qu'ils sont devenus, des étreintes s'échangent, des regards, des souvenirs. Susan passe aux urgences, joue les commère avec les infirmières. L'hôpital a changé mais reste le même, au fond...
Quand à Carter... Ah, Carter... Lui n'a pas changé. Il a traversé toutes les périodes de la série, beaucoup d'épreuves. Mon héros, toujours là, malgré tout. Tout les chemins mènent au County pour lui. Et il semble décider à prolonger l'aventure, quinze ans après son arrivée. Sa scène avec Kem ne sert pas à grand chose, si ce n'est à espérer pour lui des jours meilleurs en ce qui concerne ses histoires de coeur. Bien vu l'ultime scène de basket, avec un Carter bien nostalgique. Bien vu d'avoir ramené Rachel Greene, la fille du maître. La roue tourne... Maintenant, le mentor, c'est Carter et c'est lui qui donne la leçon, apprend à poser une perf. Il donne le ton, et je suis sûr que Mark Greene serait fier de lui. Et puis cette dernière réplique, "Are you coming, docteur Greene ?". Très bien vu également. Un dernier plan nous montre toute l'équipe sur le qui-vive et la caméra s'éloigne, nous laissant apercevoir pour la première fois le County General Hospital en entier. Avant de le quitter. Voilà. C'est fini.
Cet ultime épisode nous a montré une dernière fois ce que la série peut faire de mieux, avec une réalisation toujours impeccable et un réalisme qui a marqué l'histoire de la télé américaine. Cet épisode nous rappelle également qu'Urgences c'est un casting et des personnages forts, inoubliables, qu'on a aimé et qui nous manqueront. Urgences c'est une saga à redécouvrir, qui aura laissé une empreinte énorme sur la fiction américaine.
Urgences, c'est fini. Et ça finit bien.
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