"What's happening?"
Tout comme ce parieur larguée qui aimerait bien qu'on lui explique ce qu'il se passe, je n'ai pas saisi grand chose au pilote de Luck, la nouvelle série de David Milch proposée en avant-première par HBO. Mais ça ne m'a pas empêcher de prendre mon pied.
Et Milch nous invite cette fois-ci à découvrir à sa façon le monde des champs de courses hippiques à travers tout ceux qui font vivre l'endroit, des promoteurs aux entraîneurs, en passant par les jockeys et les parieurs. Comme lors des premiers matchs de Friday Night Lights, on ne comprend pas vraiment les règles du jeu mais la passion de ceux qui les connaissent est contagieuse. Comme lors des premiers épisodes d'ER, on ne comprend pas grand chose au jargon du milieu mais il devient rapidement une musique qui nous emporte. Comme avec les débuts de Rubicon, on se demande bien ce que peuvent être les enjeux de cet échéquier complexe, mais ça ne nous empêche pas de ressentir toute la tension mise en place. Et comme avec Deadwood, on ne sait pas au début qui est qui et qui fait quoi mais chaque personnage a un potentiel énorme et apparaît comme un acteur essentiel d'un plan de génie, celui du toujours unique et indescriptible David Milch.
Deadwood étant (à ex-aquo avec Les Sopranos mais dans un registre différent) la série la mieux écrite, jouée et réalisée que j'ai pu voir, j'ai toute confiance en David Milch. Je sais qu'il faudra avoir de la patience pour que le tableau s'éclaircisse et que je saisisse pleinement les enjeux de sa nouvelle création et le rôle de chacun. Et le peu que j'ai déjà compris m'a passionnée. Et tout ce que j'ai déjà vu m'a captivé. Que ce soit la gueule de Dustin Hoffman, le retour d'acteurs au visage famillier, les différents accents (encore un rappel de Deadwood), la musique envoutante, le générique comme une première belle claque visuelle et le style incomparable de Michael Mann qui met la barre très haute en réalisant ce pilote. Les meilleurs moments restent ceux qui se concentrent sur les chevaux, leurs courses acharnés, leurs yeux qui brillent ou s'arrêtent de briller. Une poésie brutale qui achève de rendre unique le point de départ de cette nouvelle tragédie grecque ambitieuse.
Il y a de la beauté et du mystère qui transpire de chaque seconde de ce pilote et même si l'on passe à côté de son sens et de ses enjeux, on est hypnotisé pour le reste de la saison (que HBO diffusera à partir de la fin du mois). Mêler subtilité, style et ambition, c'est pas donné à tout le monde. Voyons si Luck parviendra à déployer ces trois dimensions sur la durée.
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