Quand une série aligne, dès le début de saison, trois épisodes aussi exemplaires et exempts de défauts, il y a de quoi se prosterner et lui faire une confiance aveugle. La troisième saison de Justified commence tellement bien que je ne sais pas trop quoi dire à son sujet, si ce n'est un tas de compliments.
Comme s'il était possible de rendre un personnage interprêté par Neal McDonough encore plus charismatique, on découvre cette semaine que Robert Quarles est inspiré par Travis, le héros de Taxi Driver, et qu'il a même fait construire une arme spéciale pour l'imiter. Tout comme De Niro dans le film de Scorcese, Quarles cache une folie ascendante par une organisation sans limites et forme avec Wynn Duffy un duo de bad-guys sans précédents à Harlan. Mais ça ne suffit pas puisque les scénaristes parviennent à nous présenter de nouvelles têtes de salauds, agissant à la fois pour Quarles et pour leur propre compte, comme ce Glen Fogle inquiétant et décrit avec minutie grâce à de longues scènes sous tensions, où on le voit menacer une bande de junkie. L'occasion pour James LeGros de revenir jouer les loosers attachants et être le seul survivant d'un réglement de comptes entre bandits où Raylan n'a même pas le temps de dégainer. Tout ça pour dire que dans la catégorie "portraits de personnages complexes/construction d'une tension qui fait frissonner du début à la fin/scène d'action formidablement orchestrées et réalisées/lien entre toutes les intrigues et chaque protagoniste d'un univers développé avec minutie, Justified se pose là. Elle veut dire quelque chose ma phrase à rallonge ? Je viens de m'égarer littéralement en compliments.
De son côté, Walton Goggins continue de faire de Boyd Crowder l'un des anti-héros les plus complexes à la télévision. Passé de leader fasciste à born-again chrétien, il est désormais l'outlaw parfait, un Billy the Kid attiré par l'honneur et l'argent, entouré de sa bande de Régulateurs au grand complet (rejoint par le cousin en fauteuil roulant). Sa conversation final avec Devil (qui prend lui aussi de plus en plus de consistance, comme tout bon personnage secondaire de la série qui se respecte) était l'un des sommets d'un épisode pourtant chargé en scènes portés par des dialogues exemplaires et des acteurs au meilleur de leur forme. Tiens, à ce sujet, j'en oubliais presque la trop courte apparition de Limehouse qui semble avoir une relation complexe avec Ava. Bah oui parce que la série est également forte au jeu des relations complexes entre son énorme galerie de personnages.
Quand à Jeremy Davis, il a l'occasion de briller lorsqu'on lui rend visite en prison et que l'on découvre ce nouveau prétendant à l'héritage des Bennett, un gardien de prison qui ne devrait pas faire long feu mais est une excuse tout à fait convenable pour garder Dickie à l'écran.
C'est beau de voir une série qui a entièrement confiance en ses capacités sans pour autant sembler prétentieuse. Et du coup, on peut dire sans trop s'avancer qu'on peut à notre tour avoir entièrement confiance en ses capacités. C'est parfait, rien à redire. Juste savourer et applaudir.
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