2.05 Huis-Clos


BILLY - S02E05 Huis-Clos par billylaserie

Résumé : Lorsque Billy reprend enfin ses esprits dans sa chambre mexicaine poisseuse, il est entouré de Sarah, Sal et Charlie. Avec chacun d'entre eux, il prend le temps de faire un bilan, d'exposer ses nouveaux projets et d'évoquer ses vieux fantômes. Il semble que pour la jeune légende, c'est le moment parfait pour repartir de zéro. 

Commentaires : Le hasard fait bien les choses : l'épisode se déroule en mars, à l'aube du printemps. La diffusion a lieu la semaine du printemps (et le jour de l'anniversaire de Julie). Parfait !

Je ne vais pas vous servir l'auto-analyse à rallonge habituelle pour cet épisode. Il est tellement basé sur les dialogues qu'il parle de lui-même. Ma démarche était simple : un huis-clos qui se passe dans la chambre de Billy alors qu'il sort d'une longue période d'hibernation. Ses amis sont autour de lui alors il parle à ses amis. D'amour avec Sarah. Du passé avec Charlie. Et de choses simples avec Sal. On n'en saura pas plus sur sa maladie, sur les fantômes qui le hante. Mais on découvrira chez lui une envie de renouveau. Maintenant qu'il a atteint son but (devenir un hors-la-loi célèbre), il a deux choix (ou du moins, c'est ce qu'il pense) : prendre sa retraite ou mourir. La première option semble la meilleure et voilà notre gamin qui semble prêt à passer à l'âge adulte. À s'installer, se poser, arrêter le mouvement. Être un mari, un père, un ami, en toute simplicité, sans chercher sans arrêt à rendre son quotidien épique ou inoubliable.


"Huis-Clos" est un épisode dédié à Billy, qui nous rappelle qu'il s'agit du personnage principal de la série et que même si j'ai fait exprès de le mettre sur la touche précédemment, c'est bien lui qui porte les enjeux principaux. C'est un épisode que j'ai écris très vite car j'avais besoin de faire dire tout ça à Billy et que arrivé à ce stade, je n'avais plus aucun mal à savoir ce que ces personnages pouvaient dire et pouvaient se dire. Il n'y a pas meilleure sensation que de les faire vivre et dialoguer. Alors peut-être que le rythme lent et le blabla ne vous enchante pas autant que moi mais si vous vous êtes un tant soit peu attaché à ces personnages, je pense que ces dix minutes devraient vous satisfaire. Elles permettent de faire le point et de replacer Billy au centre du récit au moment même où il veut s'en éloigner. Tout en restant très naïf car croire que l'on peut changer, c'est un symptôme grave de naïveté. Et vouloir vivre au présent alors que le passé ne cesse de le rattraper et que l'avenir est toujours incertain, c'est peut-être le pari le plus risqué que peut prendre Billy. 

Concernant la forme de l'épisode, j'ai tenu à avoir ces longs fondus au noir pour illustrer la manière dont le temps est étrange quand on sort d'une fièvre ou que l'on est toujours un peu fiévreux. Comme Billy, on est toujours entre état d'éveil et de sommeil, les minutes sont dilatées et l'environnement est encore un peu flou. Ces fondus, c'est l'engourdissement et le lent retour au présent. Avec des petites pirouettes comme au moment où Billy croit parler à Sarah alors qu'il s'adresse à Charlie ou le moment où c'est nous qui vous jouons un tour lors de cette maladroite mais touchante déclaration d'amour. En espérant donc que l'intérêt que vous portez aux personnages ainsi que les dialogues et les comédiens suffisent pour maintenir votre intérêt et faire de cet épisode un moment particulier. 


Anecdotes : Un huis-clos tourné lors d'un samedi alors que le samedi, c'était normalement un jour de repos pour l'équipe. Mais voilà, on s'est enfermé tous ensemble, avec l'ami Jean-Baptiste qui tenait la perche et l'ami Alexis qui tenait l'enregistreur, et on a enchaîné ces scènes. Je tenais à vraiment tout faire à la suite car j'ai pensé l'épisode comme une pièce de théâtre. Alors François est resté là dans son petit lit (qui était mon propre lit que j'ai dû m'amuser à trimbaler de ma tente au décor chaque jour) tandis que chacun d'entre nous venait s'installer autour de lui pour sa scène respective, un peu comme dans la salle d'attente d'un médecin. 

Après avoir été tranquille dans les quatre épisodes précédents, François a eu ici beaucoup de texte à apprendre et c'est lui qui avait pour mission de porter "Huis-Clos" sur ses frêles épaules. Je pense qu'il s'en sort très bien et j'étais vraiment fier à ce moment-là de voir le chemin qu'il a parcouru en tant que jeune comédien. De son propre aveu, il se sentait de toute façon beaucoup plus à l'aise avec un Billy plus tourmenté et désabusé qu'avec le Billy insouciant et naïf de la première saison. Grâce à cet épisode, on a eu l'occasion de vraiment prendre le temps de discuter de son travail, de partager autour des enjeux du personnage et de lui donner une nouvelle dimension. 

Je sais plus si c'était mon idée ou celle de François, mais avoir Sal qui nourrit Billy comme un gamin est venu assez naturellement. Il faut savoir que pour lui donner un air de grand fièvreux, j'arrosais copieusement François d'eau froide sur sa gueule (et avec une joie non contenue) entre chaque prises. Alors il fallait bien ce genre de petits moments de réconciliations où deux amis bouffent un bon chili con carne, en toute simplicité. Je l'ai gardé parce que ça collait bien aux personnages, évidemment. Bon et vous ne le voyez peut-être pas ici, mais j'avais également dégoté pour François un espèce de pyjama de cow-boy d'époque, avec une partie qui s'ouvre derrière pour pouvoir se soulager facilement. Il était terriblement embarassé de le porter et toute l'équipe a beaucoup aimé l'humilier et l'obliger à le porter. Ce qu'il a fait alors que ça se voit presque pas au final à l'écran. Je crois qu'un jour, François portera plainte contre nous pour harcèlement moral...


Je disais plus haut beaucoup de bien de François mais je me doit aussi de mentionner Julie, qui avait elle aussi un texte pas facile à appréhender. Et je me souviens qu'elle s'inquiétait pas mal de cette scène où Sarah se met à engueuler Billy, lui dit ce qu'elle a sur le coeur. Je m'inquiétais aussi parce que Julie s'inquiétait. Et au final, y avait pas de quoi s'inquiéter, la scène est très juste à mes yeux. Et je ne dis pas ça à la légère parce que je tenais beaucoup à cette réplique, qui est très importante pour Sarah. Et Sarah était très importante pour moi. Son évolution dans la deuxième saison était passionnante à construire et je pense que Julie l'a bien compris et brille aussi dans "Huis-Clos". Pour moi, les problèmes de justesse liés au jeu de François et de Julie que certains d'entre vous évoquait dans la première saison sont désormais loin derrière. Je ne suis pas du tout objectif mais je pense que selon moi, "Huis-Clos" prouve qu'ils ont maintenant une vraie possession de leurs personnages et juste au moment où leurs personnages s'enrichissent et deviennent plus complexes. Ce n'est pas que grâce au texte, c'est aussi et avant tout grâce à eux. 

Ah oui et le premier qui me dit que la scène où Sarah et Billy sont au lit est un plan qui évoque "Un Gars, Une Fille", je le maudis. 

En résumé, je garde un bon souvenir de ce samedi de tournage. Où nous avons pu passer un bon moment en compagnie de nos personnages, en toute simplicité, sans véritable effets, juste avec du texte, de l'alchimie et de l'amitié. LOVE. 

Musique : "Wigwam" de Bob Dylan. Même si l'album dont est extrait cette sucrerie est souvent décriée, je l'adore. Je suis toujours conquis par Dylan lorsqu'il chante en "lalalala". Quand Wes Anderson a utilisé ce morceau ainsi que "Billy (Main Theme Title)" dans "The Royal Tenenbaums", j'ai su tout de suite que c'était mon film préféré de tous les temps. Alors j'ai décidé moi aussi de rendre justicie à "Wigwam". Chaleureuse et grandiloquente, elle illustre bien, à mon goût, la santé retrouvée de Billy, son amitié avec Sal, l'état d'esprit de ces dix minutes mexicaines un peu étouffantes qui finissent par une sortie au grand air. Un air de "lalalalala"... Dylan semble approuver puisqu'il profite de l'occasion pour sortir très bientôt une rareté : la version studio alternative de "Wigwam". Merci Bob !


La semaine prochaine : Un petit détour par le Texas pour aller manger de la tarte aux fraises, pêcher et faire la rencontre d'un nouveau personnage clé

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