Deadwood [Rewatch]



Allez, j'ai tout le mois de mai pour revoir tout #Deadwood avant le téléfilm que j'attend depuis 10 ans parce que ça fait 10 ans que j'ai vu Deadwood pour la 1ère fois et wow je suis tellement heureux d'y retourner !



SAISON 1

Comme avec #MadMen, les #Sopranos, #ER et tous les excellents pilotes, tout ce qui fera la série est présent dans son premier épisode : ce qui anime les personnages est clairement défini et la nouvelle communauté débute sa quête d'humanité dans le profit et le sang.

Paf, un épisode pour présenter ce que chaque perso représente de la nature humaine et du rêve américain (le profit selon Al, la justice selon Bullock, etc) et un épisode pour humaniser chaque perso et en faire autre chose que de simples symboles. La maîtrise est juste dingue.

La première rencontre Seth/Al est impeccable et donne le ton pour les tensions à suivre : justice contre corruption, compassion contre cynisme, deux formes de droitures, deux visions du monde, la parabole peut tourner autour d'eux.



4 épisodes, 4 journées, une grande rue, une vingtaine de personnages et déjà une cinquantaine d'intrigues et de sous intrigues, de conflits et de tensions, on est sur une maîtrise de la dramaturgie, de l'économie et de l'efficacité inégalable sérieux.

Et tout explose à la fin du 4ème épisode, avec la mort surprenante de Wild Bill Hicock (surtout si on a pas lu sa fiche Wiki avant), bien avant que HBO nous refasse le coup avec Ned Stark. Et que ça claque autant si tôt dans la série, c'est vous dire la qualité d'écriture...

C'est rare une série qui sait aussi bien utiliser l'art du monologue sans tomber dans l'exercice de style ou l'ampoulé. Dans l'ép. 5, c'est un beau moyen de donner encore plus de vie à deux opportunistes aussi fragiles que différents. Peut-être mes deux personnages favoris.



Les moments les plus marquants sont ceux où les leaders de la communauté, aussi égoïstes soient-ils, décident de mettre de côté leurs querelles pour un semblant de compassion. Il faut au moins une épidémie de variole pour que Deadwood ressemble enfin à une communauté.

Ce que fait Robin Weigert est incroyable. Lors de mon premier visionnage, j'avais pas réalisé l'exploit de déclamer du David Milch avec autant de panache, en donnant vie à un personnage comme Calamity Jane, y a pas une phrase dans laquelle elle se donne pas à 100%.

Terminé la 1ère saison qui est, encore plus parfaite à la revoyure. Elle se suffit à elle-même et exploite chaque seconde pour donner vie à Deadwood et nous montrer à quel point le monde est dur, corrompu, absurde et, malgré tout, à quel point c'est beau la compassion.



SAISON 2

Le double season premiere de la 2ème saison est un modèle du genre. 1h40 pour redistribuer les cartes, faire monter la tension et prendre le temps des confidences et des monologues. Seth vs. Al et tout Deadwood qui gravite autour dans un ballet millimétré, je suis sur le cul.

À chaque fois que je vois Powers Boothe mettre toute son énergie et sa malice dans une scène, j'oublie qu'il est mort et, quand j'y repense, je suis triste. Il va grave manquer au téléfilm de conclusion. Il fallait au moins un Cy comme le sien pour être à la hauteur d'Al.

Je me rends vraiment compte avec ce rewatch qu'E.B. Farnum n'est pas juste un pleutre excellent ressort comique, c'est aussi une figure tragique de bêtise et de lâcheté, ce qui en fait au final le personnage le plus proche de notre nature. William Sanderson au sommet.




Garret Dillahunt s'intègre si bien à l'univers de Deadwood qu'il peut se permettre de revenir dans la peau d'une deuxième personnage et ça passe crème. Et en parlant d'acteurs qui ont aussi joué dans Justified, j'imagine que Walton Goggins aurait été super chez David Milch.

J'adore la structure "one day, one episode". À chaque fois au début, on est "wow le soleil se lève sur une journée pleine de promesses" et à la fin, on est "wow quelle putain de journée et quelle putain de vie quand même". Une métaphore de l'existence QUOI !

"You cannot fuck the future sir, the future fucks you". Le manifeste de Deadwood en une seule réplique. Et c'est extrait d'un épisode qui a le meilleur titre de toute la série à mon goût : Complications" (formerly "Difficulties")



J'adoe "Childish Things" où, pour une fois, le progrès renforce les liens de la communauté (la bicyclette de Tom, le télégraphe, l'école) et où l'agent du capitalisme (Wolcott) perd une bataille. Une accalmie avant que l'appât du gain vienne engloutir tous les sourires enfantins.

En plus, c'est le début de l'amitié Jane/Joanie, mon duo favori juste devant le duo Jane/Charlie. Ce qui me rappelle que c'est une honte de pas avoir de meilleurs rôles à offrir aujourd'hui à des actrices comme Robin Weigert et Kim Dickens.

Fini la deuxième saison qui explore en détail les coulisses d'une annexion par l'état pour mieux raconter les forces et faiblesses de la nature humaine. Et pour ça, on a des monologues sublimes, des scènes où les gens marchent, pensent, regrettent, espèrent. Qui fait ça mieux que Milch ?

Et tout se termine par un enterrement presque lumineux et un mariage plutôt amer et Deadwood danse pendant que Hearst et sa fortune s'apprêtent à tout pourrir.




SAISON 3

La troisième saison est bizarrement la moins appréciée alors que ça a toujours été ma préférée. Un long affrontement entre capitalisme et citoyens avec de belles digressions sur le théâtre, l'éducation, la loyauté et le temps qui passe.

Et ça commence par un excellent season premiere qui, comme d'hab, fait un super boulot pour replacer une vingtaine de protagonistes sur l'échiquier et pour faire de Hearst l'adversaire le plus complexe, inquiétant et puissant de Deadwood. "Tell your god to ready for blood...."

Sans que le récit perde en fluidité, ils nous rajoutent 5-6 nouveaux persos en ce début de saison et on a plein de nouveaux points de vues sur la vie, la mort, tout ça, pleins de nuances supplémentaires dans le décor et personne qui n'est oublié, même pas ce bon vieux Richardson.




L'intrigue centrale, c'est la lutte contre la machine infernale Hearst mais en bon fan de Shakespeare, Milch exploite toutes les petites touches supplémentaires en périphérie et donne la parole à tout le monde. C'est super ambitieux et j'en chiale tellement c'est réussi.

Je suis à la fois super heureux d'avoir enfin le droit à un téléfilm de conclusion et en même temps, j'ai peur qu'on perde les temps de respirations, de promenades et de monologues. En fait, je voudrais un épisode par jour façon soap en temps réel. Genre Deadwood façon "Plus Belle la Vie"...

Et pas la peine de vous redire à quel point le 3.05 est un must et que le combat Dan vs. Capitaine est un moment d'anthologie. Et ce qui fonctionne, c'est que Dan est un personnage très sensible, hyper loyal et, même si le combat est spectaculaire, c'est ses larmes que je retiens.



Alors que la tension est à son comble entre Hearst et Deadwood, il y a une scène où Jack accompagne un vieux comédien vers la mort dans un théâtre plongé dans le noir et Brian Cox récite du King Lear et je vais pas mentir, j'ai chialé.

Je dis ça à chaque fois mais "Amateur Night" est l'un de mes épisodes favoris. Tellement de scènes inoubliables : la confrontation Cy/Joanie, Richardson qui jongle, Aunt Lou qui pleure, Al qui chante et cette douce marche silencieuse des enfants vers la nouvelle école....

Bon et alors l'épisode suivant, c'est 35 épisodes qui explosent en une scène, un sommet de tension qui monte et puis qui redescend et de quoi être frustré pendant 15 ans de pas avoir eu de 4ème saison. La tempête avant un épilogue plus calme.



"Wants me to tell him something pretty..." Ainsi s'achève mon rewatch. Et ainsi s'achevait la série (au moins jusqu'à demain). Et la dernière image est parfaite. Et la série est encore plus parfaite à mes yeux après l'avoir revu.

Je vais pas refaire le jeu de la meilleure série de tous les temps mais au jeu de ma série préférée, elle s'impose avec Mad Men, ER et les Sopranos. C'est pas très original mais il aura suffi de revoir les 4 récemment pour en être définitivement convaincu.

Et niveau excellence du cast, excellence des personnage et excellence d'écriture, on fait pas mieux que Deadwood à mon goût. Je vous dirais mon avis sur le téléfilm ce weekend et puis j'arrêterais de vous embêter avec ce putain de chef d'oeuvre.




DEADWOOD: The Movie

Quelques mots sur le téléfilm de conclusion alors que je viens tout juste de sécher mes larmes. C'est le chant du cygne parfait. Un objet totalement nostalgique mais une nostalgie jamais gratuite, jamais forcée. Une sorte de mini essai sur les souvenirs et le temps qui passe.

C'est rendu d'autant plus triste par l’Alzheimer de David Milch. Et on a donc plaisir à retrouver tout le monde, même si ça veut dire que tout le monde est plus vieux et plus faible. En tant que double de son créateur, Al n'a jamais été aussi poignant.



Et Timothy Olyphant n'a jamais aussi bien tenu son personnage. Quel acteur il est devenu en 15 ans ! Et même si tout le monde ne peut pas être là et que l'on aimerait passer encore plus de temps avec les personnages, quel bonheur de les revoir. "A happy occasion..."

Deadwood se termine en nous disant que la vie continue et que le seul progrès qui compte pour une communauté, c'est la compassion. Merci pour tout, David Milch.


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