Bilan Saison 5


Bon, comme les partielles me prennent du temps, j’ai un grand retard sur la rentrée série de janvier. Profitant d’une journée de repos, j’ai décidé de me lancer dans une rediff de la saison 5 de The Shield, avant de visionner les deux dernières saisons (et vous en faire la critique). Une nuit blanche à Farmington. Je suis épuisé et dévasté. Même au bout de la seconde fois, ces onze épisodes font toujours leur effet. La meilleure saison jusqu’à présent, qui hisse la série de Shawn Ryan à des sommets inégalés de perfection. Allant rejoindre les chef d’œuvres Homicide et The Wire dans la même catégorie.

Je vais pas m’amuser ici à résumer les intrigues de la saison. Elles sont très complexes, et je suis trop épuisé ! Mais voilà un exemple de toutéliage impressionnant, jamais vu autant de continuité à l’écran. On nous ressort du placard des intrigues datant du pilote et des premières saison, avec un sens aïgu de la dramaturgie et du coup de théâtre. Ce qui est frappant, c’est qu’on ne perd pas une minute. Tout va très vite, on ne s’ennuie pas une seconde, chaque intrigue à son importance et chaque personnage est exploité à sa manière. La construction de la saison est exemplaire, tant elle est solide, crédible et fluide. La tension monte jusqu’à la dernière minute sans jamais retomber et je suis certain qu’elle ne faiblira pas avant la dernière saison.

L’élément qui participe à la réussite de la saison, c’est l’ajout de Forest Whitaker au cast. Après Ghost Dog, l’acteur explose une fois de plus dans un rôle imposant. Je trouve qu’il a tendance à surjouer, mais cela fonctionne dans la mesure où le rôle est approprié (ce qui ne sera pas forcément le cas dans d’autres rôles, comme dans la treizième saison d’Urgences). Jon Kavanaugh est le nemesis ultime, et sa personnalité est dévoilé au compte gouttes. On a tout d’abord du mal à situer du côté de lui ou de Vic, et toute la saison, on oscille entre deux eaux. La lutte acharné de cette homme qui perd tout contrôle est passionannte et nous offre des scènes hors du commun, où l’acteur se donne en entier, sans concessions. Après Glenn Glose dans l’inégale quatrième saison (essentiel mais à la construction moins maitrisée), Forrest Whitaker illumine avec rage ces onze épisodes (mention spécial aux 5x05 et 5x08).

Le cast habituel est toujours fantastique, et atteint de nouveaux sommets cette année. Michael Chicklis en premier lieu, qui continue de construire l’un des personnages les plus complexes de la télévision. On ne sait jamais si on doit prendre son parti, si on doit le craindre. Attachant et véritablement humain, il peut aussi se révéler cruel et sans pitié. Walton Goggins nuance un peu plus le personnage de Shane, qui semble s’être calmé (du moins en apparence). Bravo à l’interprête de Lem, personnage clé de la saison, qui a réussi à beaucoup m’émouvoir. Content également de voir Ronnie mieux exploité, plus présent dans la Strike Team. Et est-il besoin de dire à quel point CCH Pounder est une actrice formidable !

L’évolution des personnages est remarquablement bien maitrisé. Claudette, qui navigue entre chute et renaissance, avec sa maladie et sa nomination à la tête du Barn. J’attendais ça depuis longtemps ! Mais son duo avec Dutch risque de me manquer. Ce dernier est toujours aussi attachant, avec sa maladresse et son aspect obsessionnel. C’est un type incroyablement intelligent, un excellent détective mais également une sorte de pervers. Heureusement, il n’a pas succombé aux charmes de Tina (excellente recrue cette année, charmante et délicieusement manipulable). Il s’est montré fort face à ses collègues et j’attends de voir ce que va donner son duo avec Billings, l’être le plus médiocre de la télévision ! Son règne à la tête du Barn a été un échec cuisant et nous a en même temps offert un nouveau personnage très bien écrit de l’univers « shieldien ». Monsieur David Aceveda est toujours aussi manipulateur et manipulable et son passé risque de ressurgir. Une nouvelle alliance avec McKey, et encore du chemin avant d'accéder au poste de maire.

À côté de ça, Danny est un peu en retrait mais sa grossesse est très bien traité, sans trop en rajouter, juste ce qu’il faut. On s’attendait à ce que Vic soit le père et c’est abordé avec justesse dans une scène à l’hôpital touchante. Quand à Julien, il est toujours aussi trouble, perturbé et le voir laisser éclater sa colère contre un homophobe tout en continuant de ne pas s’assumer le rend encore plus complexe. J’aimerais le voir plus souvent cela dit. Une belle galerie de personnages secondaires évoluent autour de tout ce petit monde, l’avocate Becca, la traitre Emolia, et puis Antown Mitchell, toujours aussi intense et sans pitié, interprêté par le talenteux Anthony Anderson.

La Strike Team, qui semblait vraiment de retour en début de saison, va lentement exploser. Dans la troisième saison, c’était une explosion interne, ce sera cette année une longue descente aux enfers personnifié par Kavanaugh. L’esprit d’entraide et d’équipe ont planné sur toute cette intrigue et ressoudé tout le monde. Jusqu’au dénouement final qui laisse sans voix… Il est cruel, sans appel. On se retrouve l’estomac noué, les larmes aux yeux, impuissant. La scène entre Shane et Lem entre dans le panthéon de la télévision, parfaitement écrite, menant terriblement vers ce meurtre fraternel.

Par son aspect constamment imprévisible, avec son arc qui s’etend sur onze épisodes incroyablement intenses, la cinquième saison de The Shield est un monument. Qui vous laisse dévasté. Et avec l’espoir que la suite sera encore meilleur, si c’est possible. Je ne peux pas attendre, il faut que je regarde ! Et puis promis, après, je reprendrais mon best of de Six Feet Under et mes critiques habituelles. Mais The Shield, c’est exceptionnelle.

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