Bilan Saison 1


Friday Night Lights est un petit miracle télévisuel. La critique n'a pas exagéré en encensant cette première saison, diffusée sur NBC entre 2006 et 2007. Pourtant, je ne me réjouissais pas à la lecture du pitch. L'action se déroule à Dillon, petite ville du Texas, où la religion et le football sont au centre des préoccupations. Nous allons suivre une saison dans la vie de ses habitants au rythme des matchs des Dillon Panthers, l'équipe lycéenne. Friday Night Lights aurait pu être une série purement américaniste, prônant des valeurs conservatrices, à la 7th Heaven. C'était sans compter sur la qualités des scénarios, le talent des acteurs et la virtuosité de la réalisation. Il m'aura fallu trois ans pour finalement me lancer. Et au bout de douze épisodes, je suis entièrement sous le charme. J'irais même jusqu'à dire qu'il s'agit probablement du meilleur drama à l'écran sur un network ces dernières années. Et cela tient à peu de choses.

La série parvient dès le début à trouver un parfait équilibre et à assoir une identité très forte. On est alors invité à emménager à Dillon, on est plongé au coeur des matchs du vendredi soir, on partage les joies et les peines de ces habitants. Grâce à une réalisation exemplaire, qui laisse beaucoup de libertés aux comédiens, et des ambiances tour à tour sombres et lumineuses, on y croit, on est conquis.

Plus important encore, l'écriture est un modèle de cohérence et de justesse. Je ne m'étais pas autant attaché, je n'avais pas autant cru à des personnages depuis Six Feet Under (dans un registre très différent, certes). Kyle Chandler est renversant de charisme dans le rôle du Coach Eric Taylor, dont la mission est de mener les Panthers à la victoire. Avec son regard qui même gravité et compassion, chacune de ses apparitions me fait trembler. Pas aussi à l'aise dans le rôle de père, le Coach est touchant de maladresse envers sa femme Tami et sa fille Julie. Ah, Tami... Celle qui aurait pu n'être qu'une parfaite housewife à l'américaine se révèle être un pétillant portrait de femme aimante, énergique, de mère tendre et protectrice et apporte un vent de fraîcheur à Dillon.

Je pourrais énumérer tout le reste des personnages, tant ils brillent tous, jusqu'aux second rôles (Buddy, Herc, Billy), tant il est facile de s'attacher à eux. Matt Saracen, propulsé quaterback de l'équipe, obligé de prendre soin de sa grand-mère alors que son paternel est en Irak, est un garçon sensible, timide, qui forme le plus adorable des couples avec Julie Taylor. J'aime beaucoup la manière dont le Coach le prend sous son aile, mais joue aussi les papas protecteurs dès que Matt s'approche de sa fille. La série est bouleversante la plupart du temps mais aménage de l'espace pour des moments plus légers, voire carrément drôle parfois. Touchant à chaque fois.

Il y a aussi Tim Riggins, le type ténébreux, qui a très peu de dialogues mais qui est un monstre d'intensité, de par son regard. Brian "Smash" Williams, qui derrière son arrogance, cache un garçon plein de doutes, prêt à tout pour réaliser son rêve, ne pas décevoir sa mère, et impressioner la jolie Waverty. Pas moins ravissante, Lyla Garrity avait tout pour être détestable et devenir le cliché de la cheerleader naise, mais encore une fois, les scénaristes prennent le temps d'ajouter à chaque épisode une nuance à son personnage.

Mais surtout, il y a Jason Street. Dans une autre série, ce quaterback star de l'équipe, paralysé suite à une blessure dès le pilote, aurait très vite été relégué au second plan. Ici, son lent processus de rééducation, l'acception de son état, son drame personnel est l'un des fils rouges de la saison, en parallèle avec la saison des Panthers. C'est peut-être l'intrigue la plus bouleversante pour le moment, tellement c'est intelligemment écrit, jamais convenu ou baclé. Juste.

Oui, juste est le mot qui revient le plus souvent quand je parle de Friday Night Lights. C'est qu'ici, rien n'apparaît forcé. Même dans ses côtés les plus soap ou teen show (le triangle amoureux Jason/Lyla/Tim), la série finit par convaincre, trouver les mots justes, dépeindre avec réalisme les tourments de l'adolescence, sans aucune caricature. Chaque relation est exploré, des duos inatendus se forment (Tim/Landry, Tyra/Jason) et aucune intrigue n'est superflu. Moi qui n'y connais rien en football, je me retrouve pourtant à hurler et suer devant chaque match. La musique d'Explosions in the Sky y joue pour beaucoup, renforcant l'intensité de la réalisation, de ces longs plans sur les rues de Dillon, sur le ciel nuageux et les rayons de soleil texans.

Enfin, la force de la série est d'aborder avec justesse (promis, après j'arrête d'employer ce terme !) différents sujets liés à la société américaine et à l'adolescence : l'Irak, l'éducation, la détermination sociale. Et pose une vraie question : quelle valeur doit-on accorder à nos rêves d'adolescents ? Oui, c'est douze épisodes étaient fabuleux. C'est décidé, je m'installe à Dillon. Même si comme Landry, je me sens un peu décalé (et mal à l'aise devant les scènes de prières, mais bon, c'est l'Amérique).

Une série comme Friday Night Lights me donne envie d'être scénariste télé à défaut de devenir quaterback ! Pour ceux qui résistent encore, prenez le chemin de Dillon, vous ne le regretterez pas ! Clear Eyes, Full Hearts, Can't Lose !

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