Bilan Saison 4

Retour sur la quatrième saison de Breaking Bad, que j'ai commencé à suivre cet été à Barcelone et qui m'a tellement envoutée que j'ai même pas trouvé les mots pour en parler. Avec un peu de recul, il est temps de disséquer épisodes par épisodes mon ressenti face à cette nouvelle fournée...



4.01 Box Cutter

Dans la torpeur estivale et après avoir revisité l'impeccable troisième saison (probablement ma favorite), c'est avec joie que j'ai retrouvé la série d'AMC. L'attente fut longue et les attentes d'autant plus grandes. Ce season premiere reprend donc directement après la mort de Gale, élément déclencheur des événements qui vont suivre. Plutôt que de tout bouleverser, Vince Gilligan nous propose de revenir au status quo : Walt et Jesse vont continuer leur travail tranquillement dans leur labo souterrain. Seul différence : ils savent maintenant de quoi leur patron est capable et qu'au moindre faux pas, ils passeront de vie à trépas. Toute la puissance et la violence de Gus Fring, personnage central de la saison, est mis en avant dans cette ouverture, à travers un huis-clos dont personne ne ressort indemne, que ce soit un Walt plus arrogant que jamais, un Jesse au bout du rouleau ou même Mike, homme de main avec un pied dans chaque temps. Avec une scène choc et innatendu, la saison repart avec un nouvel enjeu très précis pour notre duo de chimistes : il faut tuer Gus avant qu'il ne nous tue. / Note : 17/20. 

4.02 Thirty-Eight Snub 

Et comme souvent en début de saison, le rythme ralentit. Le temps de nous montrer à quel point Walt et Jesse ont changés. Le premier s'achète un flingue dans une scène d'intro jouissive et semble déterminé à abbattre son patron, sans réfléchir aux conséquences. Il sera bien entendu arrêté par Mike lors d'une confrontation mémorable dans un bar entre les deux chauves. De son côté, Jesse ne se remet pas d'avoir flingué Gale et comble le vide qui s'installe en lui en jetant son argent en l'air, lors d'orgies monstrueuses où la stéréo résonne dans sa piaule dévastée. Aaron Paul est bouleversant. Le rythme ralentit mais la pression est toujours aussi forte. Et on tient probablement l'épisode le mieux réalisé de la série. / Note : 16/20. 

4.03 Open House

La force de Breaking Bad, c'est aussi son réseau toujours grandissant de personnages secondaires mémorables et essentielles. On a Saul, qui est de loin mon préféré et qui, en ce début de saison, n'est plus seulement l'avocant bavard et rigolo, mais également un homme angoissé et parano. Odenkirk illumine la série à chacune de ses apparitions mais même Saul vient rajouter un peu de noirceur à cette saison décidement bien sombre. "Open House" nous montre aussi l'implication de Skyler dans le business de son mari : comment le couvrir, comment blanchir l'argent, etc... Un bon moyen pour le show d'exploiter un personnage pas toujours aimé par les fans et de traiter chaque petit détail du boulot de Walt, de manière à être aussi cohérent que complexe. Le problème, c'est que voir Marie voler des cuillères était clairement l'intrigue de trop dans un épisode déjà chargé. Voir son mariage avec Hank s'assombrir est intéressant mais là, c'était trop. Baser un épisode sur les personnages secondaires, c'est une excellente idée. Mais il ne faut pas oublier de leur donner une intrigue consistante. Un petit égarement dans une saison qui fait pourtant bien attention à tout relier et à garder le focus sur la trame principale. Rien de grave. / Note : 14/20. 



4.04 Bullet Points 

Une scène d'intro culte avec un Mike qui en perd un bout d'oreille, un dialogue finement écrit et interprêté à la perfection par Bryan Cranston et Anna Gunn et un Jesse pris dans une spirale infernale d'auto-destruction... "Bullet Points" est un épisode qui se regarde comme une pièce de théâtre, mélant des élements de vaudeville, de drame russe et de tragédie grecque. / Note : 16/20.

4.05 Shotgun 

Si au premier abord, la saison semble nous présenter Gus comme le plus grand méchant de l'univers, c'est clairement de l'évolution de Walt et Jesse dont il est question. Le premier continue sa transformation de gentil prof de chimie en baron de la drogue en se laissant peu à peu bouffer par l'arrogance et la paranoïa. Cet épisode nous montre ses limites lorsqu'après avoir trop bu, il force Hank à reprendre son enquête. Tant pis pour lui, tant mieux pour nous car ça fait plaisir de voir Hank retrouver sa verve et sa détermination, surtout que le fantôme de Gale est étonnamment drôle. Et que rien n'est plus passionnant que de résoudre un puzzle dont on connaît déjà la moitié des pièces. Pendant ce temps, la déchéance de Jesse est stoppé net par Mike qui l'embarque dans un road trip hypnotisant. Le duo fonctionne tellement bien qu'on souhaiterait presque voir un spin-off voir le jour avec seulement Jesse et Mike se promenant au Nouveau-Mexique. C'est en tout cas le début d'une séparation encore plus marquée entre Walt et son partenaire. Si l'on croit faire le bien et l'autre est tenté par le côté obscur de la force, on va bien vite découvrir que la situation peut se retourner très rapidement... / Note : 16/20.

4.06 Cornered 

Si l'épisode ne manque pas de tension et de scènes superbes à regarder, il sonne un peu comme une redite du précédent. Ca ne fait jamais mal d'insister et de ralentir le récit, surtout lorsqu'il est aussi complexe, mais avec le recul, ce n'est clairement pas un temps fort de la saison. Tandis que Walt continue d'agir comme un connard face à sa famille (et à ce pauvre Walt Jr. qui se retrouve avec un cadeau d'anniversaire empoisonné), c'est clairement le duo Jesse/Mike qui est vraiment passionnant. On est encore dans le doute quand à la volonté de Gus vis-à-vis de son nouvel homme de main. Son face à face avec Jesse est troublant. Pendant ce temps, Skyler récupère la laverie automatique, un vestige de la première saison qui trouve intelligement sa place dans son plan pour blanchir l'argent de son mari. Puis, elle se retrouve à la croisée des chemins et hésite à fuir. Vu ce qu'il se passe ensuite, elle aurait mieux fait de suivre son instinct... / Ma note : 15/20.

4.07 Problem Dog 

Tuer Gus est donc le leitmotiv de la saison. Mais comme le trajet est souvent plus intéressant que la destination, c'est en s'attardant sur les états d'âme de ces personnages torturés que Breaking Bad excelle. Le monologue de Jesse face à son groupe de soutien est un moment fort, porté par un Aaron Paul qui n'a pas volé son Emmy l'an dernier, et qui fait la synthèse de son personnage, fragile et touchant. Un beau contraste avec Walt, qui détruit froidement la voiture de son fils, balance son fric sous le nez de Skyler et élabore un plan machiavélique pour protéger sa famille : la cigarette qui tue. Gadget qui va nous tenir en haleine un bon moment et surtout lors de ce face à face tendu entre Jesse et Gus (qui apparaît peu pour l'instant mais nous glace le sang à chaque fois). Ajoutez à ça un Saul en pleine forme, une réalisation superbe et un cliffangher aussi attendu que jouissif : Hank, impuissant jusque là, prend sa revanche, un an exactement après son altercation avec les Cousins. Face à son patron, il dévoile avec jubilation ses découvertes et relance (enfin) son enquête. "Problem Dog" entre alors directement dans le top 3 de la saison. / Note : 17/20. 



4.08 Hermanos 

Et alors qu'on s'attendait à un interrogatoire musclé entre Hank et Gus, ce dernier détruit en quelques minutes toutes les attentes portés par le cliffangher en détournant tout soupçons avec son légendaire savoir-faire. Mais putain, qui est ce type ?? Ca tombe bien, l'épisode propose justement d'éclairer un peu le passé et les motivations de Gustavo : direction le Mexique, lors d'un flashback d'anthologie, à coups de drôles de perruques, de baron de la drogue stéréotypé, de teintes oranges flashy et de sang qui coule dans une piscine (une obsession de Vince Gilligan décidément). Dix minutes prévisibles qui sont pourtant suffisantes pour prendre toute l'ampleur du personnage de manière choc et plutôt crédible. Pendant ce temps, l'enquête de Hank patine dans la semoule et Walt joue les chauffeurs. C'est amusant mais ça traîne en longueur et l'épisode n'aura de mémorable que ce flashback mexicain essentielle pour mieux saisir la suite. / Note : 16/20.

4.09 Bug 

Deux scènes d'anthologies surnagent dans cet épisode qui part un peu dans tous les sens et apparaît, avec le recul, un peu bancal. Commençons donc par le sujet qui fâche : Ted Beneke. Au début, je n'étais pas vraiment inquiet par son retour. Je me disais que ça prouvait la continuité de la série, que les scénaristes avaient un plan ingénieux pour justifier ces longues scènes qui tournent en rond où Skyler tente de raisonner son ex-boss/amant. Mais maintenant que je connais la résolution, c'était vraiment une grosse blague. Juste une menace de plus complétement gratuite et inaboutie. Et la comédie de Skyler face à l'inspecteur des impôts est pas crédible pour un sou. De quoi grincer les dents. Heureusement, on peut toujours faire confiance à Gus pour pimenter les choses et là, il se la joue carrément Terminator en avancant les bras grands ouverts sous les balles d'un sniper. Scène over-ze-top mais coup de poing (et pour ceux qui l'ont pas trouvé crédible, attendez un peu de voir ce que Gilligan nous réserve pour la suite...). Il y a un respect mutuel qui s'installe également entre Jesse et Mike, ce qui est vraiment chouette (et frustrant car le mercenaire sera quasi-absent de la fin de saison). Mais ce qu'on retiendra surtout de "Bug", c'est la lutte (au sens propre) entre Walt et Jesse, ce combat filmé à la perfection, explosion attendu d'un duo qui a toujours été mis en opposition cette saison. Et on est tout autant tenté d'être du côté de Walt que de Jesse, et on est scotché sur son siège et on oublie toutes les errances de l'épisode parce que c'est déchirant et beau de voir le parcours des personnages les mener à ce duel. / Note : 17/20 (juste pour la scène finale). 

4.10 Salud 

C'était tellement excitant de s'envoler pour le Mexique en compagnie de Gus, Mike et Jesse. Je pensais que l'on était parti pour une longue aventure au soleil où Jesse prendrait peu à peu la position de Gus. Et puis en fait non. Jesse passe d'emblée le test du labo et Gus accomplit sa vengeance sans broncher un sourcil. Oui, c'est précipité. Mais qu'est ce que c'est génial ! De l'action, de la torpeur, de la tension, un massacre hautement rock and roll. Dommage que cela mette fin à la parenthèse mexicaine, à la relation entre Jesse et Mike et à la menace du cartel qui traînait depuis le début de saison. Enfin, c'est pas tout à fait fini, pas vrai Tio ? De son côté, Bryan Cranston nous livre une performance toute en subtilité et RJ Mite est lui aussi bluffant. La relation entre un père et son fils, les non-dits, la déception, le manque de communication, l'amour d'une famille. Des thèmes abordés avec beaucoup d'émotion et de simplicité à travers quelques scènes qui donnerait presque envie de pardonner à Walt tout ses faux pas et d'espérer pour lui une retraite bien mérité en compagnie de sa famille. L'épisode installe un équilibre parfait entre un western mexicain et un drame familial et éblouit du début à la fin. Ah non, pardon, Ted est encore là. / Note : 17/20.



4.11 Crawling Space 

Le voilà l'épisode que j'attendais depuis le début de saison. Celui qui m'a scotché à mon fauteuil et m'a rendu fou d'impatience pour la suite ! D'abord, on se débarasse de la manière la plus absurde possible de ce boulet de Ted, merci Saul ! Ensuite, tout ce qui traînait en longueur depuis déjà trop longtemps est pulvérisé : les petites ballades de Walt et Hank se transforment en carambolage, la distance de Gus face à Walt se termine dans le désert avec un flingue posé sur la tempe du chimiste, ce dernier finit par prendre en sérieux le danger qui l'entoure et demande à Saul de lui donner le numéro d'un type qui pourrait lui faire changer d'identité et sauver sa famille sauf que Skyler a donné une bonne partie de leur argent à Ted et complétement dépassé par la situation, ne contrôlant plus rien, devenu hystérique, Walt se lance dans un long fou rire... Putain, c'est génial ! Il faut féliciter encore une fois Bryan Cranston pour sa performance et remercier les scénaristes pour avoir enfin relier tout les événements de la saison de la manière la plus inventive et explosive possible. Ah, si seulement ils s'étaient arrêté là pour le moment. Mais non, il reste deux épisodes et la barre est mise trop haute... Comme je savais pas encore que la suite ne serait pas au niveau de ce "Crawling Space" grandiose, il reste l'épisode le plus jouissif de la saison. / Note : 18/20. 

4.12 End Times 

Hélas, les choses se gâtent... Pourtant, ça commence bien avec ce superbe plan de Walt dans son jardin, avec son arme qu'il fait tourner comme s'il attendait que la mort vienne le chercher tout de suite, maintenant, que le sort en est jeté. Il y a ensuite une belle confrontation entre Walt et Jesse, leur confiance ayant explosé au fil des épisodes, ils doivent néammoins faire de nouveau équipe pour résoudre l'arc majeur de la saison : tuer Gus. Et un huis-clos oppressant réunit le reste des personnages secondaires tandis que les Stups visitent le labo... Avec ce titre annonçant une apocalypse, tout se met en place aussi rapidement que minutieusement et j'étais très excité et tendu pendant une bonne partie de l'épisode jusqu'à ce que les scénaristes décident d'intégrer l'empoisonnement de Brock dans une fin de saison déjà complexe. Et que Walt s'improvise fabriquant de bombes. Et que Gus développe une super vision. Et que ça devienne un peu grotesque lors de la scène finale alors faute de mieux, on revient au status quo, histoire d'avoir quelque chose à raconter dans le season finale. Mouais... Beaucoup de bruit pour rien. / Note : 16/20. 

4.13 Face Off 

Il y a deux manières d'encaisser ce season finale controversé : prendre ça pour du foutage de gueule ou juste prendre son pied. Durant mon visionnage, j'ai ressenti les deux à la fois. Découpons donc cette mini-review en deux...

Du foutage de gueule ? L'enjeu de la saison semblait simple : tuer Gustavo Fring, un personnage hors-norme dont la menace s'étend sur chacun des personnages principaux. Après avoir manqué son coup dans l'épisode précédent, Walt court dans tous les sens (les notions spatio-temporelles volent en éclat) afin de protéger sa famille tandis que Jesse est interrogé par la police (dans une scène qui ressemble plus à un sketch de buddy movie qu'à un interrogatoire tendue). Le personnage clé s'avère être Tio, le vieil oncle sénile, qui est envoyé faire diversion face à Hank (dans une scène qui prend elle aussi le parti de la bouffonerie) et sera utilisé comme bombe humaine pour détruire Gus et son assistant, dans une paisible maison de retraite transformé en paysage d'apocalypse. Le visage en miettes (grâce à des effets spéciaux réalisés par l'équipe de The Walking Dead), Gus a tout de même la force de remettre sa cravate, avant de s'effondrer, vaincu. Une scène grotesque qui fait bien tâche et offre une fin en demi-teinte à un personnage culte. Mais ce n'est pas fini, car on découvre que le véritable enjeu de la saison, c'est la déchirure entre Jesse et Walt. En effet, ce dernier a beau dire que tout est fini et que tout le monde est en sécurité, on se doute bien que les problèmes ne sont pas terminés puisque ce salaud a empoisonné le petit Brock afin d'arriver à ses fins. On le découvre grâce à un plan final débile. Et on reste là, avec la plupart des intrigues de la série qui se terminent en pétard mouillé, avec une infime menace peu crédible à se mettre sur la dent pour la suite... / Note : 12/20.

Un coup de génie ? À personnage culte, mort culte : la face de zombie de Gus est inoubliable et à l'image d'un vilain hors-normes. On savait bien lorsqu'il traverse le parking de la maison de retraite avec cette musique et ce cadrage digne d'un western qu'il courait à sa perte... Maintenant qu'il a disparu, que le cartel a été détruit, le seul vrai ennemi, celui qui sème le trouble et la mort, c'est Walter White lui-même. Depuis quatre saisons, les scénaristes s'efforcent de la faire basculer du côté obscur de la force et il semble que la transformation est terminé et que notre anti-héros a définitivement "breaking bad". Gilligan nous donne un sentiment de fin de série tout en laissant entendre que ce n'est que le début de la fin : Hank va continuer à enquêter, Mike est toujours vivant pour se venger et Jesse va devoir, qu'il le veuille ou non, affronter le génie maléfique de Mister White. Complétement imprévisible, parsemé d'humour et de scènes cultes, "Face Off" est un season finale unique aussi bien dans la forme que dans le fond, et dont la plus belle scène reste la fausse réconciliation entre Walt et Jesse sur le toit de l'hôpital... / Note : 17/20. 


Verdict de la saison :

Qu'on soit bien d'accord, j'ai adoré cette quatrième saison. Si je ne l'a trouve pas aussi directement jouissive ou cohérente que les deux précédentes, elle reste un modèle d'écriture, d'interprêtation et de réalisation et Breaking Bad est toujours le meilleur drama à l'écran (en attendant la reprise de Mad Men). Période de transition qui a vu Walt grimper doucement les échelons vers son côté sombre. Qui aura passé une saison à vouloir tuer un tueur d'enfants pour à son tour devenir un tueur d'enfants. Qui utilise la science pour arriver à ses fins. Autour de lui, on a une galerie de personnages complexes pour l'arrêter (Jesse, Hank, Skyler, Mike, peut-être même Saul) et c'est sûrement ce qui sera au coeur de l'ultime saison. / Note général : 16,5/20. 

Ce bilan n'avait pas pour but d'offrir une analyse objetcive et détaillée de la saison, mais de recueillir mes sensations face à chacun des épisodes. Le season finale est tellement surprenant qu'il m'a laissé avec deux impressions très différentes et que je saurais vraiment quoi en penser lorsque la série reprendra pour sa cinquième et ultime saison. J'ai hâte...

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