Bilan Saison 1


J’ai profité de mes vacances pour rattraper en quelques jours la première saison d’Homeland. Parce que tout le monde en parle, certains en bien, certains en mal et que tout cela a attiré ma curiosité. Connaissant Showtime, j’étais tout de même inquiet. Alors sortant tout juste du season final, mon verdict est plutôt positif : on a affaire à un excellent divertissement dont les maladresses sont souvent pardonnés par un cast impeccable et un plaisir constamment renouvelé.

Contrairement à ce qu’on a pu dire, il ne s’agit pas d’un 24 qui se la pète. C’est une comparaison très réductrice tant les enjeux et la forme des deux séries sont différentes. Par contre, il est clair que l’on pense beaucoup à Rubicon, en particulier lors d’un début de saison où le mélange de complot et de paranoïa rappelle l’univers du show d’AMC (tristement annulé mais pas oublié). Avec sa photographie sombre, son ambiance floue et sa bande-originale jazzy, Homeland impose dès son pilote un style hypnotisant. Très vite, Carrie et Brody sont deux antagonistes que l'on suit parralélement et avec le même intérêt, grâce à deux univers bien disteints, deux galeries de personnages secondaires bien définis et tout cela est réuni grâce à un système d'enquête et de voyeurisme envoûtant. Avec le recul, c'est ce que j'ai préféré : voir Carrie sur son canapé observer la vie de Brody. Mais très vite, les choses s'accélèrent et voilà une autre qualité du show : parvenir à faire avancer sans cesse son intrigue tout en restant vraisemblable et organique (à quelques exceptions près). 

Il y a clairement deux parties distinctes dans cette première saison, qui s'articule autour de "The Weekend" un septième épisode clé, le meilleur de la saison et peut-être le plus passionnant que j'ai vu sur mon écran en 2011. Cela faisait longtemps qu'une série n'avait eu autant de couilles, bousculant aussi brusquement et de manière émouvante son status-quo et le lien entre ses deux principaux protagonistes. "The Weekend" est quasi-parfait et inoubliable. Seulement ensuite, ce n'est plus pareil et les scénaristes auront recours à plus de facilités et de grosses ficelles pour justifier le rôle de Brody (sa douteuse amitié avec le gamin du terroriste par exemple). Dans sa deuxième moitié, le show repose donc sur une structure plus classique et plus prévisible de thriller paranoïaque, ce qui est toujours aussi plaisant à regarder (surtout lors de cliffanghers aussi réjouissant que celui de "The Vest") mais plus aussi honorable d'un point de vue créatif. 


Tout culmine dans un season finale d'une heure vingt qui ne souffre pourtant d'aucune longueurs. Non, son vrai problème, c'est qu'il est surtout là pour justifier une deuxième saison. Et on en revient au problème majeur de Showtime : ne pas savoir arrêter à temps ses séries. Difficile de citer une seconde saison plus réussie que la première dans le catalogue de la chaîne (à part The Big C, à petite échelle). Vu le succès de Homeland, on risque de voir longtemps Brody manquer ses attaques à cause d'un déclencheur défectueux ou d'une fille persuasive, et on risque également de voir la bipolarité de Carrie devenir une excuse bidon pour retarder le plus possible l'avancée de son enquête (le comble de l'invraisemblance serait qu'elle soit réintégré à la CIA). Cela dit, si les scénaristes se concentrent sur la carrière politique de Brody et donne à Carrie quelque chose d'assez passionnant pour relancer son enquête (autre que son souvenir de la nuit passé avec le soldat), il y a moyen de renouveler l'expoit. 

Maintenant, saluons donc ce cast, qui porte véritablement toute la réussite du show sur leurs épaules. Claire Danes en tête, que j'avais seulement vu incarner Juliette au cinéma, et dont le charme et le charisme sont très puissants. Son regard, son visage si expressif, sa souplesse, la manière dont elle passe d'une émotion à une autre... Elle mérite un Emmy. Elle est bouleversante sans jamais tirer sur aucune corde, toujours avec un naturel déconcertant. Et son alchimie avec Damian Lewis est telle que l'on pardonne toute la dérive sentimentale du dernier épisode.


Damian Lewis que je retrouve avec plaisir, longtemps après Band of Brothers. C'est d'ailleurs troublant de le voir dans son uniforme, difficile de ne pas penser à Richard Winters. Il livre comme prévu une performance sans failles, et arrive à nous vendre tout le conflit intérieur d'un soldat en plein bouleversement idéologique. Même dans des intrigues familiales parfois plus faibles, il parvient à briller et à développer une belle relation avec sa femme, son meilleur ami et surtout sa fille (et aussi son abruti de fils mais celui-là, je ne m'y attarde pas). La scène dans le bunker lors du season finale, aussi peu crédible soit-elle, est juste incroyable, captivante de bout en bout, car on est perdu dans le regard de fou de Lewis et que par conséquent, on y croit à fond et on est en sueur tout comme lui. Il fallait un acteur de cette trempe pour nous faire croire à un personnage aussi difficile à appréhender et comprendre (même quand les scénaristes nous rappellent ses enjeux à grands renforts de bons sentiments) et pour ça, et son alchimie avec Claire Danes, je dis chapeau monsieur Lewis. 

Autour du duo, il y a Mandy Patinkin (que je n'avais pas reconnu à cause de la barbe) qui incarne celui qui est probablement le personnage le plus attachant de l'ensemble. Saul est un mentor comme on les aime, dont la relation avec son élève est développé avec justesse et émotion tout au long de la saison, et dont la hargne et la passion en font un élément clé qui prendra, je l'espère, tout son ampleur lors de la prochaine saison. J'étais en tout cas soulager qu'il ne soit pas la taupe tant redouté. Ses adieux à sa femme ou son road-trip avec la femme terroriste sont parmis les plus chouettes moments de la saison. 


Et du méchant chef de la CIA (un peu cliché certes) au toujours génial Virgil (tu m'avais manqué Billings !), la galerie de personnages secondaires est bien exploité, permettant donc d'avoir un univers passionnant et crédible, quel que soit les grosses ficelles du scénario.

Car Homeland est un show qui se repose sur ses personnages plutôt que sur sa trame à suspense. Alors si on ne s'intéresse pas aux personnages, on risque d'y trouver un 24 prétentieux. Mais si la maladie de Carrie ou les blessures de Brody vous touchent, vous serez captivés et il suffira juste de savourer ce qui est la série la plus surprenante et maitrisée proposé par Showtime, celle devant laquelle j'ai pris le plus de plaisir depuis le début de la saison.

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