Young Dylanesque #1

J’aime bien parler de moi, ça vous le savez.

Et depuis que j’ai fermé les portes de mon blog perso, j’avoue ne pas avoir eu l’occasion de le faire beaucoup ces derniers temps. Sur Internet, en tout cas. Des amis m’ont offert l’opportunité d’écrire un petit texte assez personnelle l’autre jour sur leur blog (ajoutez-le en favori, remerciez-moi plus tard). Et ça m’a donné envie de me remettre à cet exercice.

Mais comme il s’agit ici d’un blog consacré aux séries, je vais parler des séries et de moi. Comme d’habitude, me direz-vous. Oui, mais plus que d’habitude et avec une plus grande dimension autobiographique. C’est une nouvelle rubrique, YOUNG DYLANESQUE.


Je passe le week-end chez ma mère. Toute ma vie y est rangée et conservée dans des cartons et sur les étagères de ma chambre. Pas ma chambre d’enfant, parce que j’ai pas mal déménagé. Disons plutôt qu’il s’agit d’un musée regroupant toutes mes chambres d’enfants, entre 1990 et 2008. Dix-huit ans de passions diverses et variées, qui forment un étonnant patchwork lorsqu’elles sont toutes réunies. Alors comme je passe le week-end chez ma mère, c’est l’occasion de revisiter tout ça.

Il y a les bandes-dessinés. Parce que tout jeune, c’était mon ambition première : devenir dessinateur de BD. Les abonnements au Journal de Mickey, à Picsou Magazine et à Spirou m’ont fait remplir des tonnes de carnets de recopiage (sans calque) histoire de me faire la main. Puis, des forêts entières ont étés décimés pour me permettre de remplir planches après planches, souvent des histoires d’aventuriers anthropomorphique. Mon collège avait même eu le droit à la publication mensuel de ma série policière loufoque où un renard, un ours et un lapin devaient résoudre des enquêtes et lutter contre leur ennemi mortel, un tigre samouraï. On peut d’ailleurs toujours retrouver au C.D.I. une pièce très rare : un tome complet de cette bande dessiné signé Young Dylanesque. On retrouve donc sur mes étagères toute mon inspiration de l’époque. Des classiques comme Tintin, Spirou, Astérix et Lucky Luke et des comics trips, Snoopy étant mon favori. La pièce maitraîsse de ma collection, ma bande-dessinée culte, celle dont l’écriture et l’ambition reste source d’inspiration et modèle fondateur, c’est « La Jeunesse de Picsou ». Oui, un biopic sur Picsou, une grande saga retraçant plus de cent ans d’histoire avec un beau sens de l’épique. Mon recueil date d’avril 1998, il est intact et connu par cœur. Il serait encore capable de me foutre des larmes aux yeux.

Des magazines, on en retrouve une belle cargaison, démontrant l’évolution de mes passions au fil des années. « Le Roi Lion magazine », « Spirou », « Kid Mania », « One », « Star Wars Magazine », « CinéLive », « Génération Séries », « Rock&Folk » pour n’en citer que quelqu’un… Il y a aussi les bouquins. J’étais passionné par la saga Redwall (Rougemuraille en VF) et puis comme j’avais huit ans quand « L’école des Sorciers » est paru en France, je suis forcément tombé dedans. Entre onze et treize ans, on sent un univers plus heroic-fantasy, parce que « The Lord of the Rings » m’a retourné et tenu accro pendant au moins trois ans. On retrouve aussi dans ma bibliothèque les novélisations de mes séries de l’époque, de Buffy à Alias en passant par… Smallville. Mais je reparlerais plus en détail de ma littérature série dans un prochain chapitre. Parce que là, je m’égare déjà.

Ce qu’il est vraiment nécessaire d’aborder pour discuter des origines, c’est Les Animaux du Bois de Quat’ Sous (The Animals of Farthing Wood en VO). Peut-être que déjà, rien que le nom, pour ceux de ma génération, ça évoque quelque chose. Mais je doute que ça évoque quelque chose d’aussi fort et d’aussi fondateur. J’ai écris des pavés sur Urgences et sur Friends (et j’en écrirais d’autres), mais tout commence vraiment avec Les Animaux du Bois de Quat’ Sous. Sans eux, ce blog n’existerait pas.


À l’origine, il s’agit d’une collection de livres pour enfants imaginés par l’auteur anglais Colin Dann. La BBC décida de l’adapter en dessin animé et la diffusa durant trois saisons, entre 1992 et 1995. Chez nous, c’est sur France 3, chez ces bons vieux Minikeums que Les Animaux du Bois de Quat’Sous ont étés diffusés et rediffusés au fil de cette même décennie, rencontrant un vrai succès d’estime et permettant la commercialisation de quelques produits dérivés (collection de VHS, magazines, novélisations). Et si vous êtes passés à côté de ce tout petit phénomène, vous aller me demander : de quoi ça parle ?

Lorsque leur forêt est menacée par la construction d’un lotissement, les animaux du Bois de Quat’Sous décident d’entreprendre un long voyage vers le Parc du Daim Blanc, un grand parc naturel. Ils sont menés par Renard (mon héros de l’époque), le plus rusé et courageux du groupe et parmi les personnages principaux on retrouve Blaireau, son fidèle bras droit, Chouette l’intellectuelle pleine de sarcasme, Crapaud le guide excentrique, Belette la comique de service ou bien Vipère l’indépendante. Oui, ils se sont pas foulés pour les noms. Mais chacun d’entre eux est extrêmement bien développé et connaît une évolution et un traitement en profondeur comme on en trouve rarement dans les dessins animés pour enfants.

Durant la première saison (qui est la plus mémorable et passionnante), nous suivons donc le voyage de la troupe, un voyage pas de tout repos : les humains sont partout et les animaux se verront confrontés aux pièges de l’autoroute, des agriculteurs, de la ville et des chasseurs, mais aussi à des éléments naturelles comme la rivière, le feu ou l’orage. La seconde saison suivra une année au Parc du Daim Blanc, où chaque saison réserve son lot de problématiques, que ce soit l’épuisement en hiver ou les naissances au printemps. Et puis il y a ce duel mémorable entre les Renards Roux et les Renards Bleus ainsi qu’une intrigue secondaire consacré au fils de Renard parti jouer les vagabonds et trouvant une fin tragique. Enfin, la troisième saison continue de suivre la descendance de nos héros, confrontés cette fois à une bande de rats sanguinaires. C’est moins réaliste et ce qui est véritablement passionnant, c’est le départ de nombreux personnages d’origines, qui prennent la route pour des aventures parallèles et mûrissent à l’écran.


D’ailleurs, la série dans son ensemble ne reposent pas sur des éléments comiques ou sur un message écologique (pourtant bien présent), mais véritablement sur la force des personnages et la solidité des intrigues. C’est feuilletonnant à souhait et certains personnages trouvent la mort à l’écran lors de ce voyage et par la suite. Que ce soit des hérissons écrasés sur l’autoroute ou des faisans victimes d’un fermier affamé. On y évoque l'amour, la vieillesse et la mort sans prendre de gants et sans nous prendre pour des cons. Une telle maitrise de la tragédie et du récit étaient rare et le sont toujours dans le monde du dessin animé.

Et je ne sais pas si c’est ça qui m’a plu dès le départ mais en tout cas, c’est ça qui est resté. Et c’est pour ça que la série est formatrice à tous les niveaux pour la suite de mon parcours. J’avais à peine trois ans quand ma mère m’a offert le magazine et les VHS pour la première fois. J’en avais à peine six quand j’ai commencé à imaginer des fanfictions avec mes Légos et mes peluches pour ensuite passer à des spin-offs en bande dessinés. C’était ma première passion et comme chacune de mes passions, je ne vivais que pour ça. C’est la première fois que j’ai eu envie de raconter une histoire parce qu’on ne m’en avait jamais raconté une aussi belle.

Encore aujourd’hui, je connais chaque réplique par cœur. J’ai toujours un amour profond pour ces personnages et rien que de repenser au décès de Blaireau me ferait avoir les larmes aux yeux. Rien que d’entendre le générique ou n’importe quelle musique et c’est la Madeleine de Proust assurée. L'an dernier, lors d'un séjour parisien, j'ai eu le bonheur de trouver une édition DVD de la première saison dans une petite boutique et j'ai craqué. Bien avant « Le Seigneur des Anneaux », bien avant ER, Friends ou l’œuvre de Sorkin, « Les Animaux du Bois » fut ma première inspiration et m’a tout appris : comment écrire un épisode, comment développer des personnages, comment suprendre, émouvoir, comment ça marche un feuilleton. Si par la suite Kerouac est devenu mon auteur favori et que j’ai eu besoin de prendre la route, c’est en repensant aussi au voyage de ces animaux. Si j’ai eu d’abord envie d’être vétérinaire, puis dessinateur de BD, puis scénariste, c’est grâce à eux. Et en écrivant les aventures de BILLY, l’influence est total et l’hommage est enfin rendu.


La prochaine fois, je vous parlerais d’autres influences, plus récentes. Je vous parlerais de mes premiers scénarios et fanfictions. De l’influence d’Internet dans mon apprentissage série. De ma collection de VHS faite maison. Des souvenirs de prime-time. De mes parents et des séries. De l’importance de la presse spécialisée et des Légos. Et en attendant, me voilà déjà vachement ému à ressasser ses souvenirs et à réaliser que Les Animaux du Bois de Quat’Sous, c’est l’oeuvre fondatrice de ma vie.

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