Best Of 2012


Les repas de famille sont terminés ? La digestion se passe bien ? Plutôt que d'enchaîner avec la déprime post-Noël, plongez vous dans un bain de séries avec pour guide, mon classement annuel. Comme d'habitude, c'est sur cinq jours et en vingt-cinq parties. Enjoy !

25) The Ricky Gervais Show (Saison 3)


Diffusion : D'avril à juillet sur HBO.

Pourquoi ? : Tiens, c'est marrant, la série obtient la même place dans mon classement que l'an dernier. Je vais donc vous faire l'affront de m'auto-citer car mon avis dessus n'a absolument pas changé d'un poil : "Parce que c'était drôle à écouter en podcast et ça l'est encore plus en version animé, puisqu'on peut voir la tête toute ronde de Karl et l'humilier en compagnie de Ricky Gervais et Stephen Merchant. Oui, voilà un programme qui consiste à écouter le type le plus idiot de la planète se faire humilier par ses amis riches et célèbres. Mais c'est fait de bon coeur, c'est souvent très drôle et on réalise très vite que Karl est probablement un génie. Très vite, le Ricky Gervais Show devient addictif et si l'on accroche à ce concept assez spécial, on avale en à peine une journée cette petite merveille de spontanéité et d'absurdité." La troisième saison était la dernière alors raison de plus pour en profiter (même si je pense qu'avec toutes les ressources des podcasts, il y avait moyen de continuer). Je vous invite également à découvrir An Idiot Abroad, où Ricky envoie Karl faire le tour du monde. Il y a deux saisons plus un Christmas Special en compagnie de Warwick Davis (plus convaincant que dans le décevant Life's Too Short). 

Sélection : "Bryan's Brain", "Room 102", "Karl's Day"

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24) Luck (Saison 1)


Diffusion : De janvier à mars sur HBO. 

Pourquoi ? : Certains de mes orgasmes télévisuels de 2012, je les dois à ces courses de chevaux. David Milch a tenté de recréer une mini-société pas si éloignée de Deadwood en suivant les propriétaires, les éléveurs, les parieurs, les entrepreneurs qui tournent autour de ce champ de courses. Mais la mort de chevaux sur le tournage a poussée HBO à annuler ce petit bijou parfois difficile d'accès mais qui nous en donne pour notre argent lors de ces derniers épisodes. Luck est un spectacle qui parvient à vous coller à votre fauteuil lors de grands moments lyriques sur le champ de courses ou dans l'étable avec les monologues de Nick Nolte. Immersion totale (un peu trop même parfois, mais c'est le prix à payer pour suivre Milch dans ses folies). Bel ovni. Putain de générique. Cast fabuleux. Un lyrisme rare à la télévision. 

Sélection : "Episode Four", "Episode Eight", "Episode Nine". 

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23) Nurse Jackie (Saison 4)


Diffusion : D'avril à juin sur Showtime. 

Pourquoi ? : Contre toutes attentes, Nurse Jackie nous a offert cette année sa meilleure saison. Voilà ce que j'en disais dans mon bilan : "Les scénaristes ont enfin donné un gros coup de pied dans la fourmilière que ce soit concernant le mariage de Jackie (adios Kevin !), son addiction aux drogues ou le personnel de l'hôpital. Alors que je craignais l'intrigue la plus cliché au monde, le personnage de Cannavale a vraiment apporté un vent d'air frais et Edie Falco a enfin eu le droit à des scènes à la hauteur de son talent. Chaque personnage a eu son moment de gloire, Gloria et Eddie sont tous deux remontés très haut dans mon estime en particulier en duo de chômeurs résignés, la colocation Jackie/Zoey est la meilleure idée de l'ensemble et les deux derniers épisodes m'ont passionnés, ce qui ne m'était jamais arrivé devant la série. Y a plus qu'à donner des cours de jeu à Fiona et la cinquième saison sera vraiment prometteuse. Mais bon, on est sur Showtime hein, ça va pas durer. Les dents de scie ne sont jamais bien loin." 

Sélection : "Chaud et Froid", "Are Those Feathers?", "Handle Your Scandal"

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22) Wilfred (Saison 2)


Diffusion : De juin à septembre sur FX. 

Pourquoi ? : "Il y a eu donc de beaux efforts cette année pour faire autre chose que de rabacher la même chose : un type déguisé en chien qui se comporte à la fois comme un type et comme un chien face à un Elijah Wood incrédule, c’est rigolo. Nous sommes passés à la vitesse supérieure : non seulement c’est drôle, mais en plus, ça raconte quelque chose. Des émotions. Et les leçons de morale incluse dans chaque épisode ne sont plus juste un concept un peu couillon, mais un fil rouge qui nous permet de s’investir dans les états d’âmes de Ryan, dans sa quête d’amour, de reconnaissance, qui nous permet d’être émus par sa solitude et ses regrets." (retrouvez le bilan complet)

Sélection : "Progress", "Truth", "Questions"

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21) Portlandia (Saison 2)


Diffusion : De janvier à mars, sur IFC. 

Pourquoi ? : La seconde saison avait la lourde tâche de garder l'originalité et le rythme de la première sur une durée plus longue. Malgré quelques sketches assez oubliables, on retiendra surtout de grands moments de créativité et de douce folie, comme la réunion Battlestar Galactica, ou un "Brunch Village" d'anthologie qui résume plutôt bien l'esprit de la série et de Portland. Je vous conseille également son making of, diffusé cet été, et le Christmas Special qui promet pour la suite. Portlandia est une série qui se regarde mais surtout, qui se revoit encore et encore jusqu'à connaître toutes les expressions de Fred Armisen par coeur. Quand à Carrie Brownstein, je l'épouse quand elle veut. 

Sélection : "Mixology", "One Moore Episode", "Brunch Village".

20) Cougar Town (Saison 3)


Diffusion : De février à mai sur ABC. 

Pourquoi ? : 100% de fun, des private jokes, gags visuels et répliques cultes à volonté, le tout soupçonné de beaucoup de tendresse et porté par un cast ultra-attachant. Une troisième saison qui ne s'essoufle pas, bénéficiant de la présence de Sarah Chalke et de nouvelles intrigues aussi classiques qu'efficaces. Même le personnage de Christa Lawrence prend du relief, c'est dire. Il faudra faire gaffe à ne pas trop se répéter et tomber dans le syndrôme Scrubs post-saison 5, mais je pense que le Cul-de-Sac a encore de la marge. Et un nouveau terrain de jeu : TBS. Vivement janvier !

Sélection : "Ain't Love Strange", "Full Moon Fever", "My Life/Your World"

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19) Misfits (Saison 4)



Diffusion : D'octobre à décembre sur E4. 

Pourquoi ? : Il était facile de tourner le dos à la série britannique sous prétexte que la moitié de son cast originale a foutu le camp. Il était facile de snober les petits nouveaux et de ne pas adhérer à l'aspect plus terre à terre de ces huit épisodes. Mais il était surtout facile de savourer chaque seconde car chaque seconde était superbement réalisé, souvent très drôle et toujours aussi hypnotisante. La série a tenté beaucoup de choses cette année, avec plus ou moins de réussite mais toujours de belles tentatives. Tuer Curtis sans prévenir à la fin du quatrième épisode, c'était aussi osé que bouleversant. Et les nouveaux, en particulier Abby (même si elle arrive sur le tard) ont un vrai potentiel et apportent chacun leurs univers sans faire tâche.

Mais le véritable héros (qui a même détrôné Robert Sheehan à mes yeux), c'est Joseph Gilgun. Il avait déjà laissé une forte impression l'an dernier mais Rudy s'impose véritablement comme le personnage le plus jouissif de Misfits et l'épisode trois, qui nous dévoile sa troisième moitié maléfique, me restera longtemps gravé en tête, rien que pour la scène de danse finale. La capacité de l'acteur a s'approprier chaque ligne de dialogue pour en faire quelque chose d'hilarant ou d'épique est inégalé et a donné du carburant à cette saison très maitrisé qui a peut-être déçu les fans, mais ne peut décevoir les amateurs de bonne télévision. 

Sélection : "Episode Three", "Episode Four", "Episode Seven". 
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18) 30 Rock (Saisons 6 et 7)


Diffusion : De janvier à mai et de octobre à décembre sur NBC. 

Pourquoi ? : La sixième saison de 30 Rock fut sincèrement celle que je préfère. Je l'ai trouvé enthousiasmante, pleine d'énergie, terriblement drôle. Certes, la série n'a plus grand chose de nouveau à raconter, mais elle parvient tout de même à trouver suffisamment d'idées semaines après semaines pour alimenter vingt minutes de fun non-stop. Le nouvel épisode en direct était une réussite et je retiens surtout un "Leap Day", un grand classique avec l'ami Jim Carrey. Quand à la septième saison, malgré une drôlerie en dent de scies, elle parvient encore à briller (souvent grâce à l'absurdité conjointe de Jenna et Tracy) et à nous faire réaliser qu'une série comme celle de Tina Fey est essentielle sur NBC et qu'elle va bien nous manquer quand elle va tirer sa référence début 2013... 

"Oh don't be so dramatic. That's my thing, and if you take it away from me I will kill myself...and then you." (Jenna Maroney) 

Sélection : "Leap Day", "Live From Studio 6H", "There's No I In America"

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17) Veep (Saison 1)


Diffusion : D'avril à juin sur HBO.

Pourquoi ? : Tout ce que j'aime : Julia Louis-Dreyfuss, de la politique, un style quasi-documentaire, un humour d'embarassement, Tony Hale (fantastique, qui donne encore plus envie de voir cette fameuse quatrième saison d'Arrested Development), du walk & talk inspiré à la fois par The West Wing et Curb Your Enthusiasm et une vraie maitrîse tout au long de ces dix épisodes surprenants. 

Sélection : "Frozen Yoghurt", "Baseball", "Tears"

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16) Eastbound & Down (Saison 3)


Diffusion : De février à avril sur HBO. 

Pourquoi ? : "It's part three of my saga life collection. (...) Chapter One : the new beginning of the book. There have been many great comebacks throughout history. Jesus was dead but then came back as an all-powerful God-Zombie. Ryan O’Neal had his ups and downs but now is back and better than ever. My story is the story of a raging Christ figure who tore himself off the cross and looked around at the Romans with blood in his eyes and said, ‘My turn now, cocksuckers!’”

Un nouveau terrain de jeu, des enjeux plus sérieux (la paternité), un cast élargi, une réalisation et une bande son toujours parfaites, des répliques fantastiques, une vraie ambition. Et un Danny McBride au top de sa forme. Un Stevie au crâne rasé qui vole la vedette à tout le monde. Will Ferrell, Lily Tomlin, Craig Robinson... De l'émotion aussi. Oui, Eastbound & Down est la seule série à filmer une scène en jet-ski pour générer de la nostalgie. Et un final en forme de gros fuck qui n'est en fait pas vraiment un final puisque la série a été renouvellée sans prévenir. Joie !

Sélection : "Chapter 15", "Chapter 18", "Chapter 21".

15) Sons of Anarchy (Saison 5)


Diffusion : De septembre à décembre sur FX. 

Pourquoi ? J'étais grave en colère contre Kurt Sutter lorsque la saison a commencé, tellement que je lui ai écris une lettre de revendications. Je sais pas s'il l'a lu ou quoi, mais je me suis vite calmé. Il m'a fallu cinq ou six épisodes pour oublier ma rancoeur et me laisser entraîner dans cette nouvelle saison de luttes de pouvoirs, de traîtrise, de complots et de WTF. Parce que cette année, c'était du WTF particulièrement bien maitrisé, qui a réussi plein de mini-exploits que je pensais impossible : redonner à Clay un rôle central et nous redonner envie de s'inquiéter pour chaque personnage. Même Jimmy Smiths était très convaincant et son personnage a apporté une fraîcheur à l'ensemble, en particulier à Gemma qui en avait bien besoin. Dès qu'on restait loin des histoires de garde d'enfants, c'était que du bonheur. La tension était telle en fin de saison que ça pouvait péter à n'importe quelle moment et la guerre interne lancée l'an dernier a enfin fini par être raconté correctement, faisant évoluer tout le monde à un niveau supérieur, avec un Jax entrant peu à peu dans le côté obscur de la force. Même le final était réussi et satisfaisant, ce qui est une première. Les apparitions de Donal Logue et Walton Goggins n'ont fait qu'accentuer le plaisir et honnêtement, j'ai pris mon pied d'une manière dont je l'avais pas pris depuis The Shield. C'est long et boursouflé, un peu hermétique au reste du monde, mais c'est un putain de divertissement quand Kurt fait un effort pour ne pas trop s'éparpiller. Il a quand même fallu qu'il s'arrache sa langue ce con... 

Sélection : "Andare Pescare", "Darthy", "J'ai Obtenu Cette"

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14) New Girl (Saisons 1 et 2)


Diffusion : De janvier à décembre sur FOX. 

Pourquoi ? : 2012 a vu New Girl s'améliorer à vitesse grand V, pour devenir rapidement mon rendez-vous comédie incontournable de la semaine. Au printemps dernier, c'était en tout cas celle que j'attendais le plus de retrouver, plus que Community, plus que Parks & Rec. Même si depuis septembre, le charme n'est plus aussi vivace, je garderais toujours le souvenir de cette poignée d'épisodes qui commencent avec l'arrivée de Lizzy Caplan et se terminent avec un season finale dans le désert. Une poignée d'épisodes qui m'a rappelé les plaisirs raffraichissants des deuxièmes saisons de The Office et Parks & Rec, quand on voit une comédie exploiter tout son potentiel et trouver son rythme de croisière avec panache et simplicité. Ce qui m'a tant plu, c'est que la série n'a aucune structure : on a juste quatre colocataires qui discutent, vivent et font des truc marrants de névrosés.

Il y a Zooey Deschanel dont je suis amoureux, Schmidt qui s'est rapidement imposé comme la valeur comique sûre du lot, Winston qui est attachant car on a vraiment envie que les scénaristes lui donnent un truc à faire et surtout... Nick Miller. En parlant de l'excellent épisode "Fluffer", je disais à son sujet : "Il est facile de s'y identifier (trop peut-être) et il est facile de se marrer bêtement à chacune de ses répliques, sans jamais que Jake Johnson en fasse des tonnes. " Plus tôt, à l'occasion de "Tomatoes", je disais ça : "Je me sens de plus en plus proche de Nick. Dans sa manière d'aborder la solitude et dans son rapport avec les autres, je m'identifie à mort (j'ai tendance à faire ça). Du coup, son histoire avec les tomates m'a attendri et son parcours cette saison était vraiment chouette à regarder, la manière dont il est passé d'un personnage fade à quelqu'un de terriblement humain et attachant, avec une personnalité très bien établie"

Alors pour Nick et toutes ces raisons, je vous conseille New Girl. Commencez à partir de janvier 2012 et régalez-vous. 

Sélection : "Injured", "Fancyman", "See Ya"

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13) The Good Wife (Saisons 3 et 4)


Diffusion : De janvier à novembre sur CBS. 

Pourquoi ? Parce que c'est le meilleur drama de network qui n'est pas consacré à une famille. Parce que tous mes acteurs favoris à la télévision viennent en font partie ou viennent y faire un tour (Julianna Margulies, Josh Charles, Maura Tierney, Matthew Perry, Stockard Channing, Michael J.Fox, Amanda Peet, Kristin Chenoweth... je continue ?). Parce que même lorsque Kalinda nous emmerde, que Alan Cummings cabotine ou que les gamins d'Alicia sont insupportables, les affaires judiciaires sont souvent un délice où l'on ne s'ennuie jamais. Parce qu'avec un cast pareil et autant d'inventivité, la série devrait pouvoir continuer pendant des années (sauf que ce sera pas le cas). Et que du coup il faut en profiter : la seconde moitié de troisième saison était la plus maitrisée et jouissive de toute la série. 

Sélection : "After The Fall", The Penalty Box", "The Dream Team"

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12) Parks & Recreation (Saisons 4 et 5)


Diffusion : De janvier à décembre sur NBC. 

Pourquoi ? Après une année 2011 magique, Parks & Rec a commencé 2012 sur le bon pied. Enfin presque puisque l'image qui nous reste de "The Comeback Kid", c'était Leslie et son équipe en train de se casser la gueule sur la glace d'une patinoire. Et c'était pour moi un départ en fanfare pour l'intrigue de la campagne. J'écrivais alors : "Voilà donc que ma comédie favorite marche sur les pas de mes dramas préférés, mélangeant la chaleur humaine et la chronique sociale de Friday Night Lights avec l'idéalisme politique et le travail d'ensemble de The West Wing. Elle devrait donc rester ma comédie favorite pour encore un moment. Et 2012 sera l'année Leslie Knope ou ne sera pas. "

Seulement quelques semaines plus tard et j'étais déçu. Il faut dire que j'attendais tellement. De cette intrigue, de Paul Rudd, de Bradley Whitford. Et j'écrivais en mai que "en visionnant "Bus Tour", j'ai eu les mêmes reproches que dernièrement : une campagne peu crédible, un adversaire bien trop couillon, du Ben/Leslie un tantinet trop cute, une relation Tom/Ann déjà dans l'impasse, un Chris qui tourne en rond.." 

Ces maladresses n'étaient rien comparé à une saison quatre globalement réussi, mais la flamme qui m'animait auparavant avait disparu. Et la cinquième saison a mis un moment à me convaincre, j'y suis venu en traînant un peu des pieds... Il semble pourtant que les scénaristes soient repartis sur des bases plus saines, plus simples et que même si mon amour n'est plus le même, mon attachement reste au final intact. La série est passé du top 3 à la douzième place de mon classement actuel, mais tant qu'elle livrera des épisodes comme "Halloween Surprise" ou "Ron and Diane", elle sera présente ici. 

Sélection : "The Comeback Kid", "Halloween Surprise", "Ron and Diane" 

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11) Community (Saison 3)


Diffusion : De mars à mai sur NBC. 

Pourquoi ? : On dira ce qu'on veut de Community, que trop de méta tue le méta et que la série s'égare dans ses propres ambitions. Mais il s'agit d'une série avec de l'ambition et c'est tout à son honneur. Elle expérimente, elle essaye et cela fait longtemps que je ne lui demande plus d'être hilarante, ou parfaite. Je sais qu'elle n'a aucun compte à me rendre.

Franchement, quelle autre série peut se vanter d'explorer une problématique comme "l'accès à l'empathie par le pouvoir de l'imagination" avec autant d'inventivité et d'amour pour ses personnages ? Certes, ce n'est pas le genre d'épisode qui risque d'attirer plus de monde sur NBC le jeudi soir (ou le vendredi), mais si la série est annulée ou la saison 4 n'est diffusé qu'en 2050, des épisodes comme "Digital Estate Planning" ou "The First Chang Dynasty" on les regardera en DVD en se disant que la série pouvait tout faire. À l'image d'Abed, Dan Harmon fait (faisait) ce qu'il veut car il opère avec son imagination avant toute choses. Le showrunner est Abed dans une quinzaine d'années : il semble parfois antipathique, amère, il a pris beaucoup trop de recul pour vraiment pouvoir savourer simplement la vie. Mais j'espère que tout comme Abed, il est entouré de Troy, ou d'Annie. Et j'espère que tous les rêveurs, tout ceux qui écrivent le scénario de leur vie en permanence dans leur esprit nourri de fiction, auront toujours des amis pour les ramener, juste au bon moment, les pieds dans la réalité. Pas en les aliénant, mais en voulant leur montrer qu'ils ont de la valeur et qu'ils comptent beaucoup.

Quand Community parle de l'imagination et de l'amitié de cette manière, elle me rappelle pourquoi elle est l'une des séries les plus passionnantes du moment et que cette troisième saison était aussi bordélique qu'unique et attachante. 

Sélection : "Pillows And Blankets", "Digital Estate Planning", "The First Chang Dynasty".

10) Girls (Saison 1)


Diffusion : D'avril à juin sur HBO. 

Pourquoi ? : Allez, je m'auto-cite de nouveau : "Qui aurait cru que Girls allait faire autant parler d'elle ? On a écrit tout et n'importe quoi au sujet de la nouvelle série d'HBO, en particulier dans nos contrées où les novices ont le don de s'accaparer des phénomènes qui les dépassent de manière complétement à côté de la plaque (je crois que c'est la phrase la plus snob que j'ai jamais écrite de toute ma vie). On lui a reproché d'être raciste, sexiste (???), prétentieuse, vide de sens, hipster, creuse tout comme on a pu crier au génie.

Moi, j'ai vécu cette première saison tout seul dans mon coin et j'ai passé un beau moment. Vous le savez, il me suffit de m'identifier à fond à un personnage pour que la magie opère et là, j'ai eu l'occasion de m'identifier à fond plus d'une fois : Hannah est mon double féminin (et du coup, ça me fait mal quand tout le monde semble la détester parce que j'ai un peu l'impression qu'on me déteste). L'épisode où elle retourne passer le week-end chez ses parents m'a beaucoup parlé tout comme sa relation avec ses amis et Adam, une version masculine des femmes de ma vie. Au-delà de ça, c'est simple, je n'ai pas passé un seul mauvais moment devant Girls. J'ai ri aux éclats, j'ai trouvé les dialogues excellents, la direction d'acteur exemplaire, la réalisation belle et fun, la bande-son parfaite et tous les personnages attachants alors qu'on ne cesse de rabâcher à quel point ce sont de mauvaises personnes. Et bien je les aime bien ces mauvaises personnes, elle me rappelle moi-même et toutes les mauvaises personnes que je connaisse, qu'elles habitent Brooklyn ou Angers.

Alors je te félicite Lena Dunham parce que tu as réussi ton coup et que rien que pour avoir découvert un acteur aussi talentueux qu'Adam Driver, tu mérite toute ma reconnaissance. Bon courage et à l'année prochaine, j'ai affreusement hâte !"

Sélection : "The Return", "Welcome To Bushwick", "She Did". 

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9) Game of Thrones (Saison 2)


Diffusion : D'avril à juin sur HBO. 

Pourquoi ? Un joyeux bordel. Qui n'atteint pas toujours les sommets du roman, mais parvient parfois à l'adapter avec beaucoup d'intelligence. Qui ne rend pas justice à toutes les intrigues et à tous les personnages, mais qui aura bravement essayé. Qui parvient à se démarquer tout à fait de la première saison sans nous faire perdre notre curiosité (même quand on sait ce qu'il va s'y passer). Et qui a été le truc un truc vraiment dingue et vachement divertissant, comme on en voit rarement à la télévision. La bataille de Blackwater quoi ! C'était le pied et un véritable phénomène auquel j'ai pour une fois envie de participer. 


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8) Homeland (Saison 2)


Diffusion : De septembre à décembre sur Showtime. 

Pourquoi ? Oui, je sais, la saison a pris un mauvais tournant quand elle a voulu jouer la surenchère constante en oubliant complétement toute forme de réalisme pour se la jouer 24. Tout le monde s'est alors mis à détester les conneries de Carrie, de Brody ou pire, de Dana et tout le monde s'est amusé à cracher sur un show qui s'emmêlait les pinceaux magistralement. 

Mais il ne faut pas oublier que le début de saison était la chose la plus intense de l'année. En quatre épisodes magistraux, Brody s'est retrouvé dans une salle d'interrogation et il était impossible de décrocher son regard de ce qui se passait à l'écran, impossible de ne pas trembler devant autant d'audace et de maitrise. "Q & A" est un modèle d'écriture et d'intérprêtation où Claire Danes et Damien Lewis ont donné leur meilleur, personne ne dira le contraire. 

Alors oui, ensuite ça a un peu merdé. Les aventures peu crédibles d'Abu Nazir en Amérique ou de Carrie seule contre tous montraient la série sous un jour différent : grosses ficelles, over the top, caricaturale... Mais le season finale avait beau réunir tous ces défauts, il m'a redonné le même frisson qu'au début et m'a rappelé que Homeland est unique, couillu et hypnotisant. Et l'image de Saul qui parcoure la CIA suite à l'explosion de la bombe va me hanter jusqu'à la prochaine saison. 

Sélection : "Beirut Is Back", "New Car Smell", "Q & A". 

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7) It's Always Sunny In Philadelphia (Saison 8)


Diffusion : D'octobre à décembre sur FX. 

Pourquoi ? : Tout a été dit dans mon bilan. 

Sélection : "Maureen Ponderosa's Wedding Massacre", "The Gang Gets Analyzed", "Charlie Rules the World". 

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6) Treme (Saison 3)


Diffusion : De septembre à novembre sur HBO. 

Pourquoi ? D'abord, j'avais un peu peur parce que pour moi, Treme, c'est une série à regarder l'été. J'avais peur que sous un automne angevin pluvieux, je ne parvienne pas à m'immerger suffisamment et à retrouver les belles sensations éprouvées devant les deux premières saisons. 

Alors oui, c'est étrange de regarder Treme à l'automne. Pour moi Treme, c'est des souvenirs de canicule, d'orages, d'étés torrides. Pour moi, une saison de Treme ça doit commencer en juin et se finir en août. Mais je n'ai pas bouder mon plaisir surtout que cette saison était l'avant-dernière et qu'il fallait savourer chaque moment passé à la Nouvelle-Orléans en compagnie de personnages qui m'avaient bien manqués. J'ai réalisé ça face au season premiere qui m'a réchauffé le coeur et replongé naturellement dans un show dont l'univers, la bande-son et l'ambiance en font toujours quelque chose d'unique, de coloré, de réconfortant. Et pour la première fois depuis le début de la série, chaque intrigue m'a captivé, même celle d'un Sonny en plein rédemption ou d'un Hidalgo en pleine corruption immobilière. Les choses avancent doucement mais on a pas envie que ça aille plus vite, on veut que ça se déroule tranquillement sous nos yeux et on ne veut pas en louper une miette (e montage final de "Tipitina" sonnait comme une conclusion mais heureusement, on aura un sursis l'an prochain). Mes favoris sont toujours les mêmes (Davis, Janette, Antoine et Ladonna) mais d'autres montent peu à peu dans mon estime (Terry ou Robert, qui s'adoucit avec sa maladie tout en restant le même) et finalement, Treme en automne, c'est pas une si mauvaise idée, car ça m'a tenu au chaud et ça m'a parlé de la vie, de la mort, de la musique et de l'Amérique mieux que n'importe quelle concurrence. 

Sélection : "Promised Land", "Poor Man's Paradise", "Tipitina"

5) Justified (Saison 3)


Diffusion : De janvier à avril sur FX. 

Pourquoi ? La deuxième saison de Justified était solide, divertissante, porté par un cast incroyable. Suite à l'annulation de Terriers et aux égaraments de Sons of Anarchy, elle était clairement la meilleure série dramatique proposée par FX. Du coup, la barre est placée vachement haute pour cette troisième saison. Avec Margo Martindale hors-jeu, la série devait reconstruire son univers et renouveler la tension. Mission accompli, haut la main. 

Un Timothy Oliphant plus cool que jamais face à un Walton Goggins qui apporte de plus en plus de nuances à sa prestation, des méchants cartoonesques et jouissifs incarnés par Neal McDonough ou Mykelti Williamson, une galerie de personnages secondaires qui ont tous leur moment pour briller (Art, Dickie et en particulier Dewey et ses reins), des guest star comme Alan Arkin, Stephen Root, Stephen Tobolowsky ou Rick Gomez, une multiplication d'intrigues qui se recoupent comme par magie en fin de saison tout en laissant place à l'émotion avec ce bon vieux Arlo et surtout, une ambiance, une putain d'ambiance, celle du Kentucky, de ses gentils, de ses méchants et de tout ceux qui croisent la route de Raylan fucking Givens. Que du bonheur. Le pied. 

Sélection : "Thick As Mud", "Coalition", "Slaugtherhouse"

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4) Parenthood (Saisons 3 et 4)


Diffusion : De janvier à décembre sur NBC. 

Pourquoi ? "Rien d’exceptionnel dans Parenthood : des histoires de famille, tout simplement. Mais des histoires de familles racontés par la team Jason Katims (Friday Night Lights) et porté par un cast parfait, où on retrouve tout de même Peter Krause et Lauren Graham, excusez du peu. J’ai besoin de mon drama de network bien confortable semaines après semaines, et ça fait déjà trois ans que Parenthood remplit la mission haut la main, avec beaucoup de naturel et de justesse, avec une émotion qui peut me faire passer du rire aux larmes très rapidement. Une série qui me laisse souvent avec un grand sourire et me réchauffe le cœur. Voilà, Parenthood, c’est ça, et la quatrième saison est déjà la meilleure pour le moment." Je parle de tout ça, du cancer de Kristina, de Ray Romano et de tout ce qui fait que Parenthood doit avoir dix saisons dans toutes mes chroniques que vous pouvez relire. 


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3) Louie (Saison 3)


Diffusion : De juin à septembre sur FX. 

Pourquoi ? 

Louis, tu fais toujours quelque chose d’unique. Quelque chose qu’il est impossible de décrire ou de reproduire, quelque chose qui t’appartient. Grâce à FX et à ta sincérité, tu as une liberté artistique qu’on ne retrouve nulle part ailleurs à la télévision et qui peut faire rire aux larmes ou émouvoir sans prévenir. Chaque épisode est une surprise, un voyage dans ton esprit tour à tour désabusé, naïf, triste, pur, dérangé, toujours humain et juste, jamais convenu.

Cette année, le ton était plus sérieux, plus dramatique. Les rêveries et l’absurdité avaient leur place mais toujours dans un cadre de mélancolie et de profonde tristesse. Alors que je pensais que ton monologue amoureux dans « Subway/Pamela » l’an dernier était l’un de plus beau et sincère manifeste sur le sentiment amoureux que j’avais pu voir sur mon écran, voilà que tu as remis ça avec « Daddy’s Gilfriend », un diptyque sur l’alchimie, l’émoi amoureux, la liberté d’esprit, le trouble mental et l’empathie. Alors que Parker Posey m’avait toujours agacé dans chacun de ses rôles, elle m’a ici bouleversé et cette scène sur le toit de l’immeuble restera longtemps gravé dans mon esprit, au même point que les moments les plus marquants de la cinquième saison Mad Men (dont je parle plus bas). La recherche de ton père qui se finit en évasion sur les flots, les interventions inspirées de Melissa Leo ou Robin Williams, les blagues de tes gamines, tes aventures à Miami ou à Ikéa...

Tu n'es plus à la première place de mon classement car la concurrence était rude et que certains épisodes étaient moins percutants que d'autre. Mais c'est tout à ton honneur d'expérimenter et quand tu frappe fort, tu frappe très fort. « The Late Show », ta trilogie sur l’espoir et le dépassement de soi, c’était osé et ambitieux, mais aussi très simple et beau. Un récit initiatique très touchant, un Rocky brut et se terminant aussi mal que bien. Et la fin justement, ce « New Year’s Eve » qui est mon épisode préféré de Louie, de son intro à se pisser dessus sur l’ouverture des cadeaux à Noël jusqu’à sa fin fond de la Chine, loin de toute noirceur, où l’humanité reprend ses droits et où l’on te laisse jusqu’à 2014.

En attendant, il faut revisiter tes spectacles, ton blog, tes vidéos sur Internet. Tout ce qui fais de toi un grand héros de notre temps. 

Sélection : "Daddy's Girlfriend, part.2", "Late Show, part.3", "New Year's Eve". 

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2) Breaking Bad (Saison 5)


Diffusion : De juillet à septembre sur AMC. 

Pourquoi ? Il me semble loin le temps où Breaking Bad était diffusé au printemps, qu'il s'agissait d'un phénomène souterrain que nous savourions avec mon ancien colocataire avec beaucoup d'anticipation, de crainte et de joie, semaine après semaine. Nous voilà déjà à la cinquième saison et c'est à la fin de l'été que je la découvre, en avalant l'intégralité des huits épisodes en moins d'une semaine. Et devant attendre dix mois avant de pouvoir poursuivre mon visionnage. Etrange façon de consommer l'une de mes séries favorite. Mais c'est une bonne chose car ainsi, je n'ai pas le temps de monter mes attentes de manière trop démesuré entre chaque épisode et l'immersion est plus prononcée. C'est finalement l'une des raisons qui m'a fait apprécier cette nouvelle fournée bien plus que la précédente. Et c'est pas la seule de raison. Allez, je le dis maintenant. Autant la quatrième saison m'avait laissé frustré et partiellement déçu, autant celle-ci est proche de la perfection. J'ai rarement vu une succession d'épisodes aussi bien ficelés, riches et passionnants en aussi peu de temps, c'en est étourdissant. Je suis déjà revenu en détail sur chacun d'entre eux dans ce bilan

Sélection : "Hazard Pay", "Say My Name", "Gliding All Over" 

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1) Mad Men (Saison 5)


Diffusion : De mars à juin sur AMC. 

Pourquoi ? Avoir aux deux premières places du classement deux séries de AMC, c'est pas très original. Mais c'est justifiée quand au bout de cinq saisons, Breaking Bad et surtout Mad Men, livrent leurs saisons les plus percutantes. J'ai écrit des romans au sujet de cette saison, de la relation Don/Megan, du sort de Lane, de l'évolution de Peggy ou de Pete, des misères de cette pauvre Joan ou de la quête du bonheur de Roger. Vous pouvez relire tout ça et être toujours hanté par des images fortes : les Beach Boys sous LSD, la porte du bureau qui ne s'ouvre pas, le tourne disque des Campbell, la chanson de Megan, le regard de Peggy alors qu'elle monte dans l'ascenseur...

"Toutes les semaines, cette saison, il y a un moment où un personnage dit tout haut ce que la série développe tout bas. Lors de son rendez-vous avec un potentiel client, Don proclame : "Happiness is a moment before you need more happiness". Plus tard, Glenn lui répond : "Everything you wanna do, everything you think is gonna make you happy just turns to crap". Si l'on avait demandé son avis à Lane, je me demande ce qu'il aurait bien pu répondre. Il semble en tout cas qu'il en avait fini avec ce genre de questionnement. Car se poser des questions existentielles, c'est être en vie. Et Mad Men continuera de nous en poser tant qu'elle sera à l'antenne et nous apportera des émotions si fortes et si vraies qu'on peut mettre des mots dessus sans que ne ce soit que des paroles en l'air."

Maintenant, plutôt que de parler des années soixantes, de cigarette et de whisky pour définir Mad Men à vos idiots d'amis qui bossent dans la communication, chantez leur "I Just Wasn't Made For These Times"...

Sélection : "Signal 30", "Far Away Places", "The Other Woman", "Commissions and Fees".

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