La rétrospective #1

Au printemps, il faudra dire au revoir à The Office. Et même si la huitième saison était pourrie et que celle-ci est inégale (mais mieux), l'émotion sera là. Pour moi en tout cas. Vous le savez, c'est la série dont j'ai le plus parlé ici et qui a accompagné mes neuf dernières années de passion télévisuelle. Dire adieu à ce fil rouge, ça va pas être facile. Si vous ressentez la même chose, j'ouvre donc les portes de mon blog pour une rétrospective, une dernière salve d'adieux. Venez partager vos souvenirs bons ou mauvais, vos épisodes favoris, vos scènes ou moments cultes, votre personnage de prédilection, votre passion pour Jam ou Dwangelina. À vous de jouer (suffit de me faire part de votre envie dans les commentaires). 


Le premier à mettre la main à la patte, c'est l'ami Gibet. Vous le connaissez si vous regardez BILLY et que vous kiffez Pat Garrett (c'est lui) et vous avez intérêt à aller consulter le blog qu'il anime avec Lunécile (alias Sarah dans mon western, alias sa meuf). Ca parle de tout et ça en parle bien (drôlement bien car le monsieur à une plume et un humour qui fait mouche à tous les coups). Il ouvre donc le bal en nous parlant de sa relation avec la série et d'une scène en particulier. Sortez les mouchoirs. 

J'ai découvert The Office US pendant la diffusion de la deuxième saison, à une époque où ma culture série n'allait pas beaucoup plus loin que Buffy, Friends, Malcolm et Scrubs – quand j'arrivais à ne pas m'endormir avant l'horaire improbable qu'avait choisi M6 pour cette dernière, dans la nuit de vendredi à samedi, vers une heure du mat.

Je me souviens que ma curiosité avait été attisée par le remake français de The Office et que je m'étais d'emblée enfilé la version FR, la version UK, et tout ce qu'il était possible de voir de la version US à ce moment, d'une traite, comme un gros bourrin assoiffé. (Je suis pas allé jusqu'à mater La Job, faut pas déconner).


La version FR, pas la peine de tergiverser, c'est pourri. Nicolas & Bruno, qui sont capables de trucs inventifs et parfois très drôles (regardez les Messages à caractère informatif si vous me croyez pas), font un copier-coller fadasse de l'original avec pour seule variante qu'ils intègrent la chose dans leur propre univers kitsch, le tout porté par un François Berléand à la ramasse – il n'a pas ce je-ne-sais-quoi de gracieux dans le lourd ; quand Berléand joue le lourd, il est juste lourd. Et si la version UK est géniale, c'est la version US qui a le plus parlé à mon coeur de jeune lycéen.

Je précise que j'ai vu des dizaines de fois les deux premières saisons parce qu'on m'a rapidement offert le coffret les contenant, je les ai donc très bien en mémoire ; mes souvenirs des saisons suivantes sont beaucoup plus fous.

Au départ, ce qui m'a pris la main, c'est Jim. À cette époque, ce gars nonchalant, discrètement drôle, qui fait son job tout pourri avec un détachement qui rend le job presque cool, m'inspirait. J'aurais bien aimé être lui. J'ai donc, comme toute personne saine d'esprit, shippé comme un malade sur Jam.


Mais, au fil des saisons, mon intérêt pour lui s'est affaissé. Parallèlement, je grandissais et lui rapetissait. J'étais bientôt lassé de ce Jim qui reste enfermé pour toujours dans les mêmes dynamiques – embêter Dwight, canaliser Michael et les autres, faire des trucs cute avec Pam – et qui ne fait jamais grand-chose pour s'en sortir. Mon amour pour le Grand Michael Scott a pu alors se déployer.

J'étais bluffé par ce personnage qui déborde de bonnes intentions mais n'arrive pas à les transmettre sans être odieux et, par là, fait du mal aux autres et même se fait du mal tout seul. Ça me renvoie à plein de gens que je connais dans la réalité – cette chose floue qu'il y autour de l'écran – et qui sont pourtant quasiment jamais représentés dans la fiction. Michael Scott a la complexité d'une personne réelle ! Comme avec certains potes ou membres de ma famille lourds mais gentils, je saurais pas du tout comment gérer un type pareil. Je voudrais absolument pas qu'il empiète sur mon territoire mais ça me ferait culpabiliser de le blesser en lui disant casse-toi. J'étais bluffé et je le suis d'ailleurs toujours car un personnage comme ça, c'est unique sur les networks.

Ainsi, j'aime beaucoup quand la série retourne le status quo pour montrer que Michael n'a pas tous les torts dans le malentendu perpétuel qu'il y a entre ses employés et lui. Survivor Man (S04E07), en ce sens, contient un de mes moments favoris. Souvenez-vous : Michael Scott, vexé que Ryan l'ait pas invité dans une sorte de séjour « campagne sauvage », veut prouver qu'il est capable de survivre dans la nature avec trois fois rien ; pour ce faire, il quitte le bureau et demande à Dwight de le lâcher au milieu des bois, seul, avec une caméra. Mais c'est pas pour cette intrigue overzetop que j'aime l'épisode. Puisque Michael Scott n'est pas au bureau, c'est Jim qui doit gérer les petits gens. C'est le Birthday Month et Jim décide de bouleverser les habitudes : au lieu d'organiser un anniversaire individuel pour Creed puis pour Meredith puis pour Oscar, il propose un anniversaire groupé, proposition raisonnable et économique... qui déclenche la colère de tous ses collègues – c'est injuste, intolérable, comment on va faire pour le gâteau, est-ce que je pourrais être intégré à l'anniversaire groupé ? Jim finit par céder quand Meredith le compare à Michael dans un faux lapsus. Michael revient justement de son calamiteux séjour en forêt :

« - Sure glad you're back.

- You are relieved.

- You have no idea.

- So what did I miss ?

- Well I tried to put all the birthdays together at once.

- So... terrible idea.

- Yeah.

- Okay, I did that. Rookie mistake.

- You did do it ?

- Yeah. Just wait. Ten years, you'll figure it out.

- Well I don't think I'll be here in ten years, but...

- That's what I said. That's what she said !

- That's what who says ?

- I never know. I just say it. I say stuff like that, you know, to lighten the tension when things sort of get hard.

- That's what she said.

- Hey ! Nice ! Really good. Bravo, my young ward. »


J'ai arrêté de regarder la série au début de la saison 8, après l'épisode où Andy se fait faire un tatouage sur le cul, et c'est tout. Les gimmicks déjà poussifs attribués artificiellement à ce bon vieux cast me fatiguaient. Et si même l'ami Dylanesque, l'inconditionnel de The Office, trouve que c'est pourri, je vois pas pourquoi je m'y remettrais. Je jetterais certainement un oeil au series finale, pour me confirmer qu'effectivement, ils auraient dû s'arrêter au très efficace Goodbye Michael Scott.

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