Bilan Saison 7

J'ai toujours entretenu une relation compliquée avec 30 Rock. En juin 2008, quand j'ai lancé ce blog, je venais de la découvrir, en même temps que Mad Men, et ces deux-là m'avaient donné envie d'écrire sur ce que je voyais. Passé un pilote mal foutu, les deux premières saisons m'avaient franchement diverti, m'initiant sans le savoir à un tas de références, de personnages de la télé américaine et à l'histoire de ce média. En plus de me faire rire, la série de Tina Fey avait une mission éducative en agissant sur moi comme une sorte d'encyclopédie de la télé US à mesure qu'elle détournait ses codes, la tournait en satire et que les guest-star de luxe multipliaient les caméos. J'étais finalement trop jeune et pas assez initié pour vraiment savourer cet univers à sa juste valeur, mais au moins, je ne m'ennuyais pas.


Puis, les choses se sont gâtées. Et pendant deux saisons, j'ai joué les ronchons : je ne supportais plus la vie amoureuse de Liz, celle de Jack me gavait, j'avais envie de tuer Kenneth, la structure des épisodes et l'utilisation incohérente du cast m'agaçait, j'avais envie qu'on me raconte des histoires plutôt que de me raconter des blagues que je ne comprenais pas. Bref, j'étais un peu couillon et je me demande aujourd'hui si les saisons 3 et 4 ne mériteraient pas une réhabilitation. C'est peut-être la nostalgie qui parle. En tout cas, n'allez surtout pas lire mes chroniques de l'époque...

C'est à partir de la cinquième saison que les étoiles se sont alignés et que mon amour pour 30 Rock s'est vraiment dévoilé. Alors qu'en général, c'est à ce moment là dans l'histoire d'une série que la flamme a tendance à faiblir, que la magie s'essoufle. Mais comme 30 Rock fait tout de travers, c'est seulement à partir de cette période là que chacune des blagues à réussi à m'atteindre, que chaque personnage m'a convaincu de son potentiel (plus seulement Jack), que Tracy m'a fait hurler de rire dès qu'il ouvrait la bouche et que tout fonctionnait, chaque semaine. Même si je n'étais pas autant investi émotionnellement que face à The Office ou Parks & Rec, je riais presque autant que devant It's Always Sunny In Philadelphia (l'échelle du rire la plus haute selon Dylanesque) et j'appréciais enfin ce que voulait me dire Tina Fey. Car elle avait des choses à dire et maitrisait mieux que personne son média, son humour et son entourage pour mener à bien sa mission, sur une chaîne qu'on aime détester mais qu'on aime surtout, malgré tout et tout comme elle. 


Depuis, le charme ne s'est jamais rompu. La sixième saison, contrairement à beaucoup, ne m'a pas déçu et je garde un souvenir très fort des épisodes live. Et bien que raccourcie, cette septième saison a permis à la série de se terminer en apothéose. Je crois même que je la placerais dans le top de mon classement si je devais comparer chaque période de 30 Rock. Mais bon, je manque de recul et je dirais juste que, même si c'est triste de quitter la série alors qu'elle ne faisait que m'émerveiller de plus en plus depuis trois ans, je suis heureux de la quitter en de bons termes.

Ce double épisode final était parfait. Pas autant que "A Goon's Deed in a Weary World", probablement mon favori de la saison, mais je n'ai franchement pas de reproches à lui faire. C'était un joyeux mélange de tout ce qui a rendu 30 Rock aussi génial à mes yeux depuis la cinquième saison : un mélange habile de références pop-culturelles, un regard toujours juste et drôle sur le monde de la télévision, des personnages parfaitement caricaturaux, un rythme et un montage endiablée, des one-liners parfaitement exécutés par un cast unique, des guest-star qui débarquent sans prévenir et surtout, du coeur, beaucoup de coeur. L'histoire d'amitié entre Jack et Liz trouve une belle "conclusion" (même si c'est finalement la scène entre Liz et Tracy qui m'a le plus ému), Liz reprend le "Rural Juror" en guise de coda et chacun a la fin qu'il mérite. Une fin qui fait un dernier clin d'oeil à un classique de la télévision, j'en attendais pas mieux car c'est tellement évident. 


Tina, on ne s'est pas toujours compris mais quand on a fini par être sur la même longueur d'ondes, c'était beau. Et putain ce que c'était drôle. J'avais pris pas mal d'habitudes liés à 30 Rock, tous les vendredis, depuis plus de cinq ans. Et je risque d'en prendre de nouvelles quand je revisionnerais l'intégrale du show un jour ou l'autre. Je pense qu'elle va rester une référence pendant encore longtemps, qu'elle va laisser un vide, un vide trop unique pour être remplacé. Voilà Tina, on se quitte sur des mots d'amours. Et on se reverra je l'espère. Peut-être au cinéma. Ou mieux : à la télévision. 

Une page se tourne. Prochaine étape : dire adieu à The Office.

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