2.15 Les Déserteurs


BILLY - S02E15 Les Déserteurs par billylaserie

Résumé : Le roman de Charlie est enfin terminé et ce dernier confie ses doutes à Sal. Il est temps pour lui de passer à autre chose. À Lincoln City, Pat Garrett apprend que le Gouverneur Wallace part pour de nouvelles aventures et que sa mission n'a plus aucun sens. 

Commentaires : Je ne suis pas certain que j'ai besoin de commenter très longuement la partie concernant Charlie car elle parle d'elle-même et est, comme vous l'aurez sans doute remarquer, un commentaire sur la série toute entière. Le truc le plus méta que je me suis permis jusqu'à présent parce que les chevaux et la verdure, c'était gentil à côté de cette longue auto-critique. Et selon moi, David réussi à faire passer ça sans que ça sonne trop forcé, sans que le clin d'oeil ne soit trop appuyé. Charlie n'a jamais été autant un double du scénariste et Sal un double du spectateur. Je sais que l'écrivain est un personnage que la plupart d'entre vous affectionnent et tout comme notre ami mexicain, c'est dur de le voir partir. Car on réalise qu'il était l'âme du groupe et que son départ sonne le début de la fin. Et c'est dur aussi pour Charlie, comme j'ai voulu le montrer lors de cette maladroite scène d'adieux où il se retrouve seul au monde. Mais c'était sa mission depuis le début : se charger de la postérité. Alors le voilà parti achever sa mission. 


Là encore, mon inspiration vient d'un endroit insoupçonné. De cette scène dans "L'Auberge Espagnol" où Romain Duris quitte ses amis dans un bar avant d'aller prendre l'avion qui le ménera loin de Barcelone. Au début, il entend toujours la musique, les discussions, la chaleur. Et puis peu à peu, il n'entend plus que le bruit de ses pas et se retrouve seul. En un instant, le présent s'est transformé en passé et l'avenir est plus flou que jamais. J'ai vécu ce genre de moments un tas de fois et c'est ce que je voulais retranscrire avec Charlie qui s'éloigne vers un futur incertain. 

Du côté de Lincoln City, les rumeurs vont bon train (merci à Phil, "la voix du peuple" !) et Wallace joue un dernier coup de pute à ce pauvre Garrett. Si Wallace est peu apparu dans la série, il a beaucoup agi : c’est lui qui a entraîner la fuite vers le Mexique, lui qui a nommer Garrett shérif avant de le rétrograder et c'est lui qui fait exécuter les Frères Coe et fixer une date de pendaison pour Billy. Wallace est un politicien démagogue et chacune de ses apparitions est grandiose, chronométré, officielle. En bon militaire, lorsqu’il s’installe quelque part, il accomplit sa mission puis lève le camp. C’est en tout cas l’image qu’il tient à garder et l’image que son fidèle soldat Johnson doit entretenir sans relâche. Contrairement à McSween, Wallace fut un salopard se donnant des airs de saint, un menteur moralisateur, un opportuniste qui se croit tout permis au nom de l’Amérique. Un bureaucrate de la pire espèce, donc forcément une menace pour Billy et sa liberté. Maintenant que ce dernier est emprisonné et que rester à Lincoln City ne fera qu’entacher sa réputation, Wallace fait ses valises, laissant à Garrett le soin de nettoyer son bordel, brisant ainsi un homme déjà fragile. L'autorité déserte, tout fout le camp, alors que reste-t-il ? Le chaos ? Il reste six épisodes et vous le saurez assez tôt. 


Anecdotes : Comme je vous le disais en parlant de "Volver", c'est lors d'une très longue journée de tournage que nous avons mis en boîte les scènes du quator en fuite. On a trouvée miraculeusement cette vieille batisse en ardoises pour le dialogue entre Charlie et Sal, un endroit infesté de ronces et qui menaçait presque de s'écrouler au moindre mouvement. Un endroit parfait. On était tellement à l'étroit là-dedans que ce pauvre David s'est cogné la tête contre l'encadrement de la porte à la fin d'une prise et je me souviens qu'on a continué à jouer malgré tout. Plus de peur que de mal, au final. En tout cas, c'est une scène que j'ai beaucoup aimé partager avec David, la dernière que l'on a tourné tous les deux et qui fut un vrai plaisir de jeu pour ma part. 

Cette journée de malade s'est achevé dans l'ancienne gare de Segré, aujourd'hui désafectée. Je tenais absolument à voir Charlie partir en longeant des rails de chemins de fer et je me rends compte qu'au final, c'est peu visible à l'écran. Comme Aurélien et moi étions devant la caméra, c'est François (alias Billy) qui a pris la caméra et comme le terrain était très accidenté, ça explique des mouvements pas toujours très délicats. Mais je ne cracherais pas dans la soupe car même si le tout n'est pas parfait, ça reste très proche de ce que j'avais en tête. Et si vous apercevez au loin des maisons un peu trop modernes ou si la caméra vous donne le tourni, je m'en excuse et invite votre imagination à faire un effort supplémentaire. En tout cas, c'était un tournage intense et c'était très drôle de se promener dans les rues de Segré dans nos costumes. Quand on attendais la personne qui allait nous ramener à la ferme au bord d'une route, je pense que pas mal d'automobilistes nous ont pris pour une bande de gitans d'Europe de l'Est et c'est une idée qui m'amuse beaucoup. 


En ce qui concerne la partie se déroulant à Lincoln City, il s'agit de scènes tournées beaucoup plus tôt durant l'été car je vous rappelle qu'Etienne, notre Général/Gouverneur, n'était disponible que deux jours seulement, deux jours où l'on a tourné l'intégralité de ces scènes pour la série. Là aussi, c'était intense et même si j'étais un peu triste de ne plus pouvoir travailler avec un comédien de cette trempe, je n'étais pas mécontent (et Aurélien sera d'accord avec moi) de quitter ce bureau où il était parfois impossible de tourner une scène correctement. J'en profite pour remercier très chaleureusement Etienne ainsi que Jeremy, ce bon vieux soldat Johnson, pour leurs services rendus, leur gentilesse et ce duo qui m'aura offert des scènes qui me tiennent vraiment à coeur. Merci !

Ne me tenez pas trop rigueur du "Bonjour Istanboul" ! Je sais qu'à l'époque, la capitale des pays ottomans s'appelait Constantinople. Seulement, certains membres de l'équipe plus malins que tout le monde ont réussi à me convaincre sur le tournage que c'était faux. Alors le résultat est faux. C'est ma faute, je ne devrais pas écouter les autres. En tout cas, j'invite les passionnés d'histoire à aller consulter la véritable histoire de Lewis Wallace, qui n'est pas très éloigné de celle que je vous ai racontée. Mais n'allez pas trop vous faire spoiler sur Billy et les autres surtout !

Musique : "Miss The Mississippi and You" est un vieux traditionnel que j'ai découvert grâce à la version que Dylan avait enregistré pour un album qui n'est jamais paru. Mais plutôt que d'utiliser Dylan encore une fois, j'ai voulu varier les plaisirs avec la version de Merle Haggard, qui date de 1969. Pourquoi ce morceau ? Car il parle d'un homme qui en a assez des emmerdes et décide de retourner dans son Mississippi natal. Je ne sais même pas si je l'ai déjà mentionné clairement dans la série mais Charlie vient du Mississippi et ça me semblait donc parfait pour accompagner ce départ en douceur. 

La semaine prochaine : De nouveaux départs.

Commentaires