6.09 The Better Half


Il n'y avait pas de Game of Thrones dimanche soir mais le vrai drame aurait été de ne pas avoir de Mad Men. Après nous avoir offert son épisode le plus étrange et onirique à ce jour, Matthew Weiner calme le jeu avec "The Better Half". Pourtant, on regarde bien la même série et les deux épisode ne sont pas forcément très différents. La forme peut changer, le fond reste le même : ces gens sont seuls, ils ne savent pas comment aimer, il ne savent pas comment se faire aimer. Ces gens se perdent et se retrouvent, ces gens sont perdus. 

Je ne sais pas vous, mais ça faisait longtemps que j'avais fait une croix sur une réunion entre Don et Betty, même le temps d'un soir. J'y pensais souvent juste après le divorce et même après l'arrivée de Megan et de Fat Betty (oui, je suis parfois aussi superficiel et machiste que les héros de la série), je me suis dit que ce n'était plus envisageable. J'étais idiot et Weiner me montre de nouveau que j'avais tort avec ce séjour en camp de vacances aussi surprenant (parce que je n'y pensais plus) que prévisible (parce que j'aurais dû y penser). Et après avoir passé beaucoup de temps à régler ses propres problèmes d'attention, Betty retrouve toute sa superbe. Pas seulement à cause de son physique. Non, je dis surtout ça parce que personne n'avait parlé de manière aussi franche et lucide à Don depuis trop longtemps. Même Peggy n'avait pas réussi à percer autant à jour en lui. Il faut dire que son ex-femme le connaît mieux qu'il ne le croit et que pour une fois, c'est elle qui sort victorieuse de cette énième adultère. J'avais oublié à tel point January Jones était une excellente actrice. 

Leurs scènes naviguent entre nostalgie et fatalisme et se déroulent un peu comme dans un rêve, comme si on se retrouvait dans l'esprit de Don, à naviguer dans le temps. On réentend même un thème musical qui illustrait souvent la première saison. C'est tous les ans la même chose et Mad Men sait mieux qu'aucune fiction nous rappeler à quel point le changement n'est qu'une illusion : alors qu'on approche de la fin de saison, Don est mis en face de ses contradictions et se retrouve seul. Cette année, c'est encore plus mérité que d'habitude et c'est très intéressant de voir Betty se charger de ce rappel à l'ordre. Tout en douceur et sans mesquinerie à mon envie. Juste avec de la peine pour l'homme qu'elle a tant aimé, l'homme que Megan aime tant, l'homme qui finira seul. Toute l'intrigue avec Sylvia et de manière plus générale, le mariage entier de Don à Megan aura mené à cette confession entre les deux anciens époux. Allez Megan, c'est à ton tour maintenant. Si tu dois enfiler une perruque pour te donner du courage, vas-y, c'est à toi de jouer et de ne plus offrir de sursis à Don. 

Je suis en général très friand des épisodes qui placent Don et Peggy au coeur des intrigues et établissent des parallèles entre leurs deux trajectoires. On a souvent vu l'un s'élever alors que l'autre chutait et vice-et-versa. Ici, on ne peut pas vraiment dire que ça se vérifie, tant Peggy semble elle aussi descendre les échelons vers la solitude. Tandis que Don continue de la malmener tout en lui rabâchant qu'ils sont égaux, elle se fait rejeter par Ted, la seule personne qui semble lui convenir (et toujours un personnage que je chéris cette année). Et puis histoire d'y aller franco sans faire de détours, on finit même par la voir poignarder Abe qui trouve là, d'après ses propres mots, une fin parfaite à son histoire. Le thème de cet épisode semble se trouver dans la citation de la collègue de Megan, qui se serait bien entendu avec le Roi Loth : le status quo, notre façon de l'accepter et notre manière de réagir. Tandis que Don continue de prendre des virages, Peggy reste pour le moment pétrifié, le cul entre deux chaises (pardonnez moi l'expression tout comme je pardonne à Weiner ce plan final un peu trop illustratif). Allez Peggy, tu n'as plus qu'à aller retrouver l'ami Stan...


En vrac, je tiens aussi à mentionner quelque chose qui m'a également rappelé les débuts de la saison : la dynamique entre Roger et Joan, cet éternel rejet. Alors qu'il veut redevenir une figure paternel, Roger continue de s'infantiliser et ce couple maudit aura toujours autant l'aspect d'une belle tragédie. Plus la série avance, plus la place de Roger et sa légitimité est questionné et ça le rend toujours de plus en plus touchant. Je suis comme lui en tout cas, je me méfie de Bob Benson qui, malgré ses shorts rigolos, ne m'inspire pas confiance. L'acteur est excellent pour ça car il se pourrait très bien que Bob soit sincère. Mais non, je me méfie. Surtout s'il cherche à doubler Pete, ce pauvre Pete, tellement desespéré qu'il en devient encore plus attachant et que même lors de son dialogue avec Joan, il laisse tomber son aspect calculateur pour un visage plus vulnérable. Finalement, son divorce a eu du bon. Megan, prends exemple sur Trudy, vraiment. 

"The Better Half", où l'éternel recommencement, où la roue qui tourne, où la condition humaine. Je radote tout autant que Mad Men, mais Mad Men le fait de manière bien plus belle que moi. 

P.S. : Qui aurait cru que Bobby Draper serait le personnage le plus drôle de la série ?

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