2.17 Délivrance


BILLY - S02E17 Délivrance par billylaserie

Résumé : 13 mai 1881. Le jour de sa pendaison, Billy cherche un moyen de s'évader. Dans sa prison mexicaine, Henry en fait autant et se met à questionner de nouveau sa foi. 

Commentaires : "Délivrance" aurait pu s'écrire "Délivrances".

Celle de Billy était prévisible. Si vous connaissez un peu l'histoire du véritable Kid, c'est à peu près comme ça que s'est déroulé son évasion, à la date de son exécution. Sauf que le vrai Billy était moins gentil et a tué au passage James Bell, qui ici s'en sort bien, tout comme ce brave Phil. Ce dernier a eu le droit à une promotion car j'aime mes personnages, même les secondaires et que je voulais lui donner une dernière apparition remarquée où toute la médiocrité de ce citoyen normal est mise au service du récit. Quoi de pire qu'un citoyen médiocre ? Un fonctionnaire médiocre ! Merci à Pierre pour avoir endosser ce rôle et d'avoir offert une gueule à Lincoln City, que l'on quitte pour de bon. Il faut aussi que je vous redise à quel point Alexis a su s'approprier son personnage : dans mon script, James Bell devait essayer de tirer sur Billy et le pourchasser. Mais il en a fait quelqu'un de beaucoup plus honnête et humain, et son geste de sympathie à l'égard de l'évadé est le symbole de ça. 

Comme prévu, Billy sort donc de cette prison pour aller rejoindre ses amis. On a passé un moment à le voir se morfondre dans la culpabilité et appréhender la mort et voilà qu'on lui donne une nouvelle chance, que le destin lui sourit de nouveau. Qu'il se met de nouveau à croire au destin. Je n'ai jamais trouvé que François ressemblait autant à Billy the Kid (ou à l'idée que je me fais d'un jeune hors la loi arrogant et plein de fougue) que lorsqu'il sort de la prison et lève les bras au ciel devant James Bell, avec ce regard plein de malice. Il est PARFAIT. Et l'avantage des fantômes, c'est que j'ai pu faire revenir les Frères Coe et offrir à Quentin et Louis une nouvelle occasion de briller par leur jeu de guitare et leur sympathie naturelle. Ils peuvent donc jouer quelque chose de plus joyeux mais leur marche funèbre n'était pas pour Billy. 


Et oui, il fallait bien que j'en parle : la délivrance d'Henry. Que l'on aura suivi cette saison dans une remise en question complète de sa foi et qui finit ici par trancher. Ou presque. Disons qu'il décide d'aller rejoindre les anges d'une manière peu catholique. Mais en adéquation complète avec son parcours et sa place dans la série. C'était l'ange gardien des Régulateurs et, alors qu'il est convaincu que Billy vient d'être pendu, c'est pour lui la seule solution. Être enfermé aussi longtemps dans le noir et la solitude l'a fait sombrer dans une folie dont il faut s'échapper et je savais depuis le début que lorsque j'allais me séparer d'Henry, ce serait par suicide. Le dialogue qui précède pourra bien sûr évoquer la schizophrénie de Gollum dans Le Seigneur des Anneaux et j'ai aussi demandé à Adrien d'aller puiser dans la ferveur et les états de transe des évangélistes américains ou du Dylan de la période gospel. Ce ne fut pas une scène facile à tourner et Adrien m'a fait beaucoup de propositions avant que l'on arrive à ce que j'avais en tête. Un moment émouvant, dont je vous reparle plus bas. Et je pense que certains d'entre vous vont me dire que ce suicide n'est pas crédible, pas réaliste. Je ne me suis pas amusé à faire un test (et ne le faîtes pas chez vous !) ni à faire trop de recherches. Henry, il est comme la Bible : une parabole. L'important, c'est l'émotion qui passe sur le visage d'Adrien, le sourire qui lui traverse le visage et bien sûr, votre attachement au personnage, votre implication dans la série. C'est tout ce que j'avais en tête. 

En tout cas voilà. Après les Frères Coe, Henry tombe lui aussi. De la seule fin possible pour lui et de manière aussi tragique que paisible. La paix enfin. Pour lui en tout cas car pour les autres, il reste encore cinq épisodes et le danger est partout. Attention : je ne voulais pas que la fin de série ressemble à un jeu de massacre où chaque personnage tombe les uns après les autres. Je tenais juste, par amour pour eux, à leur offrir un dernier tour de piste mémorable. Reste en paix, Henry Newton Brown. Alors que la fin approche, c'est déjà un peu de la série qui disparaît avec toi. 


Anecdotes : Comme je vous le disais, la partie concernant Henry n'a pas été la plus facile à tourner. La température était caniculaire et nous avons passé l'après-midi enfermé dans ce four sombre, en petit comité, autour d'un Adrien chaud bouillant et très émotionnel. C'était son dernier jour en notre compagnie et il fut l'un des membres les plus engagés de la troupe. Devenu intendant, cuisinier et homme à tout faire toujours bourré d'énergie et de générosité, ce fut probablement mon plus fidèle lieutenant et tout le monde sera d'accord pour dire que le tournage n'aurait pas été le même sans lui. Alors oui, il était émotionnel et nous aussi. Les prises se sont enchaînés et il a fallu du temps pour que j'arrive à lui transmettre ce que j'avais en tête, du temps et de la tension. Quand il a fallu filmer le suicide, une prise aura suffi car je ne voulais pas lui infliger ça à plusieurs reprises et qu'une prise a suffi pour qu'il offre à son personnage qu'il aimait tant la fin qu'il méritait. Merci Adrien pour ton travail et pour avoir donné autant de ta personne et autant d'amour durant tout le tournage. 

Même si la prison de Lincoln City n'était pas l'endroit le plus agréable dans lequel tourner, c'était tout de même un peu moins difficile de filmer l'évasion de Billy. Emouvant aussi car il s'agissait de la dernière scène de Quentin, de Louis et de Pierre. Et excitant car il y avait des coups de feu et un peu de chorégraphie western à mettre en place. Et je vous préviens : plus on approche de la fin, plus je vais me permettre d'être excité et ému en écrivant ces articles...


Musique : C'est bien Iggy Pop et les Stooges que l'on entend en fil rouge de l'épisode, de la transe d'Henry à l'évasion de Billy. Le choix le plus anachronique que j'ai pu faire mais j'ai de quoi me justifier. Il s'agit d'une reprise de "Ballad Of Hollis Brown", un morceau de Dylan racontant l'histoire d'un fermier noir-américain qui finit par tuer toute sa famille car il est trop pauvre pour les nourrir. Un récit glauque qui renvoie aussi à l'histoire d'Ezekiah dans l'épisode du même nom. L'embardée saturée d'Iggy, on la retrouve déjà dans "I'm Not There", l'excellent biopic de Todd Haynes, et je tenais à l'intégrer moi aussi à mes histoires, surtout à un moment aussi "expérimental" visuellement.

Et pour finir en douceur dans la paix, pour accompagner le geste d'Henry, on peut écouter au générique "It Hurts Me Too", une chanson d'amour (et donc forcément de douleur) chantée par Karen Dalton, d'après un vieux traditionnel. C'est la troisième fois que je la choisis pour accompagner la série. Elle me fait toujours pleurer. 

La semaine prochaine : Un voyage dans le temps en compagnie de Chopin. 


Avis aux angevins (ou à ceux qui veulent et peuvent se déplacer) : l'intégralité de la deuxième saison sera diffusée sur un grand écran le mardi 8 juin prochain, de 19h30 à minuit, au Bar du Forum. L'entrée est gratuite et une bonne partie de l'équipe sera présente pour discuter. J'en profiterais pour montrer des images de notre prochaine série. Il y a un évènement Facebook, n'hésitez pas à faire tourner !

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