6.10 A Tale of Two Cities


On ne dirait pas comme ça mais Matthew Weiner a tout de même des habitudes, des traditions. On connaît celle du season premiere qui ne dévoile rien et sème des pistes peu claires mais envoûtantes ("Out Of Town", "A Little Kiss", "The Doorway"), l'épisode à la forme pas comme les autres placé au milieu de la saison ("Red In The Face", "The Suitcase" ou bien "The Crash") et l'épisode qui, alors qu'on approche de la dernière ligne droite, s'éloigne un peu des expérimentations et de la contemplation pour faire avancer quelques fils rouges souvent liés à l'avenir de l'agence ("The Gypsy and the Hobo", "Chinese Wall" ou bien "The Other Woman"). Cet épisode fait bien entendu partie de la troisième catégorie car, même s'il se permet quelques symboles et mystères, il reste assez direct et un tas de choses s'y passent. 

Sous fond de primaires électorales républicaines et d'émeutes où la liberté affronte l'autorité, les conflits s'intensifient chez Sterling Cooper & Partners (ça y est, on peut l'écrire officiellement) : Joan joue les opportunistes (et ça lui va bien), Pete tente de protéger son territoire (en vain), Ginsberg sombre dans la folie et Bob Benson continue de gravir les échelons en souriant bêtement, en attendant qu'il révèle sa vraie nature de psychopathe et fasse un massacre à la Manson (oui, je continue de m'amuser avec toutes ces théories !). L'opposition de Pete face à Joan était terrible à regarder car je ne pouvais m'empêcher malgré moi de soutenir les deux camps. Je sais au fond de moi que l'acte de Joan était tout à fait défendable et son (possible) succès mérité, mais en même temps, j'ai toujours suffisamment d'empathie pour Pete pour être un peu triste de le voir perdre peu à peu sa place dans l'agence. Le dernier plan où on le voit s'effondrer sur le canapé et mettre au placard sa carapace pour s'évader un peu était vraiment frappante. Le bon dans cette histoire, c'est de revoir le lien qui unit Joan à Peggy évoluer et leur amitié passer de nouveau à travers plusieurs étapes. Cette pauvre Peggy qui se retrouve de nouveau pris le cul entre mille chaises et qui s'en sort tout de même avec beaucoup de dignité. En tout cas, je suis ravi de voir que Joan aura su inverser la tendance et après ce que lui a fait enduré les partenaires avec Jaguar, j'espère qu'elle l'obtiendra vraiment ce nouveau client. 

Les intrigues de l'agence sont en tout cas vraiment bien traités cette saison et je ne me lasse pas des nouveaux partenaires. Ted Chaough est toujours le personnage que je préfère en ce moment, à la fois juste et touchant tandis que Cutler peut rivaliser avec Roger pour le flegme et la drôlerie. Quand à Stan, c'est encore lui qui m'aura fait le plus marrer en ne cessant de quitter la pièce dès qu'il se retrouve embarrassé, c'est à dire bien souvent dans cet épisode ! 

Allons maintenant faire un séjour en Californie avec le reste de l'équipe. Et l'étape californienne fait partie aussi des habitudes de Weiner. Une habitude que j'aime beaucoup et dont je garde d'excellents souvenirs ("The Jet Set", "The Good News") car on sait à quel point cette atmosphère peut agir sur Don. Là, c'est aidé d'un peu de hashish qu'il se retrouve dans un trip où toutes mes théories concernant le season premiere sont confirmés de manière plus ou moins subtiles (la mort le rattrape de plus en plus vite) et il a beau donner de multiples chances à leur mariage, il ne fera qu'offrir de la souffrance à Megan. Alors c'est pas très subtile mais ça reste percutant, surtout avec cette bande-son et toujours la pagaille de 1968 en trame visuelle et sonore. De son côté, Roger nous offre du classique Sterling et se fait corriger par Danny Strong dont j'étais ravi de revoir la tronche, surtout arrangée de cette manière ! 


"A Tale of Two Cities" s'amuse donc à diviser tout le monde pour définitivement les éloigner ou mieux les réunir. Littlefinger pourrait venir refaire son speech sur l'échelle du pouvoir et ça ne ferait pas tâche. Sauf que, contrairement à Game of Thrones, on se retrouve ici à suivre chacun avec le même intérêt et que, malgré les habitudes dont je parlais plus haut, rien n'est prévisible. Surtout pas ce sacré chenapan de Bob Benson. Le seul truc que l'on sait, c'est que la mort est là, quelque part et qu'il n'y a pas de temps à perdre.

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