11.01 No Sex Please, We're Skittish

Une fois n'est pas coutume, c'est Drum de pErDUSA qui m'a fait découvrir une série. Et à l'époque, je n'avais même pas Internet et pas assez d'argent pour m'acheter de coffrets DVD. Alors je connaissais Frasier, j'avais envie de voir Frasier mais je ne pouvais pas voir Frasier. Des années plus tard, me voilà qui approche de la fin d'un long rattrapage de onze saisons et plus de 200 épisodes, débuté à l'automne 2011. Drum m'a alors contacté pour que l'on discute de ces ultimes épisodes ensemble et nous avons sélectionnés les plus marquants pour dialoguer durant l'été. C'est à lire même si vous n'avez pas encore vu la série. Et c'est un fort encouragement à voir la série !


11x01 No Sex Please, We're Skittish

Dylanesque : D'abord, je tiens à dire que j'attaque cette ultime saison avec beaucoup d'attentes. D'abord parce que tu m'en as dit le plus grand bien. Mais aussi car j'ai dû mal à me souvenir d'une ultime saison de comédie qui fut véritablement satisfaisante sur le plan émotionnel. Pour les dramas, je peux en citer beaucoup mais pour les comédies, je sèche. Et alors que The Office est en train de joliment foirer la sienne, je place donc beaucoup d'espoirs en cette ultime saison de Frasier, dont j'ai attaqué le visionnage il y a bientôt deux ans et qui m'a rarement déçu de toute façon. 

Drum : Et surtout, cette saison signe le retour des deux auteurs qui ont le mieux écrit la série : Joe Keenan et Christopher Llyod. Et c’est, pour moi, la meilleure fin de série pour une comédie. Ce fait était mis en avant de manière particulièrement forte lors de sa diffusion originale puisque, la même année, sur la même chaîne, Friends diffusait aussi sa dernière saison.

Dylanesque : Quand j'ai vu Joe Keenan au générique, j'étais agréablement surpris. Ramener un ancien bon scénariste pour une ultime saison ne fait pas forcément des miracles (Greg Daniels en est la preuve) mais tout de même, le type est responsable des meilleurs épisodes de Frasier (ex: The Botched Language of Crane, Moon Dance, The Two Mrs Crane). Et oui, j'avais oublié que Friends faisait ses adieux la même année. C'est dur à évaluer en France où Frasier a eu le droit à une diffusion très discrète et peu d'engouement. En tout cas, pour ce qui est du season premiere, je sais déjà qui a remporté le duel de "la meilleure dernière saison". 

Drum : «Let’s skip the foreplay and go right the penetrat’» ! Le nouveau boss de Roz est l’agent de Josh de la saison 1 de 30 Rock !

Dylanesque : Bien vu ! Prenons tout de même deux secondes pour rappeler à quel point le cliffangher de la saison précédente était bâclé et faisait apparaître Roz comme une hystérique. Et ce season premiere a beau faire marche arrière suffisamment rapidement pour que je pardonne ce faux-pas, je dois dire que la manière dont nous est présenté la productrice en ce moment est un peu étrange. Véritable girouette, elle se permet même de balancer une handicapée dans les couloirs de la radio, ce qui passerait difficilement sur une chaîne de network aujourd'hui (mais très bien dans un épisode de It's Always Sunny In Philadelphia !) 

Drum : Le coup de la chaise roulante ne m’a pas dérangé plus que cela. La série sacrifie assez régulièrement le réalisme ou le naturel pour honorer un bon mot. C’était un gag visuel, un peu dur, mais qui ne m’a pas choqué venant de Roz. Le problème de ce cliffhanger est qu’il met en danger la relation Roz et Frasier de façon très risquée. J’ai eu très peur que, pour sa dernière saison, la série ne resisterais pas à mettre les deux personnages ensemble pour un semblant de fin heureuse. J’ai eu très peur.

Dylanesque : Friends a fait cette erreur avec Joey et Rachel, Frasier l'a évité de justesse. C'est forcément tentant quand une série vieillit d'explorer de nouvelles combinaisons. Mais Frasier ne tombe pas si facilement dans la tentation facile et c'est toujours ce qui a fait son charme. Pour en revenir au gag visuel, ce n'est pas qu'il m'a choqué (si Frank Reynolds avait fait la même chose et de manière encore plus affreuse, j'aurais d'autant plus ri). C'est juste que je ne m'attendais pas à ça de la part de NBC, même en 2003.

Drum : Aww, Felicity pré-Desperate! J’étais tellement heureux lorsqu’elle a rejoint Frasier. Heureusement, qu’une nouvelle guest que j’aime beaucoup a un long arc cette année.

Dylanesque : Oui, Felicity Huffman est tout à fait parvenu à s'intégrer à l'univers de la série. Je voyais même en elle la conquête ultime pour Frasier, celle avec qui il allait passer le reste de la série. Sauf que depuis, j'ai vu l'épisode suivant, qui même s'il est à mourir de rire, semble signer la chute de Julia Wilcox pour de bon. N'ayant jamais regardé Desperate Housewives, je garderais donc toujours le souvenir de Felicity dans de bonnes comédies, qu'il s'agisse de Sports Night ou de Frasier. 

Drum : C’est plutôt cool de voir Niles et Roz dans autre chose qu’une bataille de vannes. C’est un moment plutôt vrai, bien écrit et qui résout habilement un cliffhanger très facile et très dangereux.

Dylanesque : Une scène qui fait du bien oui. Le duo Niles et Roz mérite ça et leur donner l'opportunité de commencer la saison sous de bons augures est une bonne idée. Tout de suite, j'étais rassuré.

Drum : Frasier est une comédie bien huilée, le moindre changement de statu-quo joue sur la qualité de la série. Daphné a beaucoup souffert de sa liaison avec Niles.

Dylanesque : Je ne serais pas aussi radical à ce sujet. Certes, elle n'est plus aussi percutante que lorsqu'elle vivait chez son employeur. Certes, cette histoire de prise de poids pour cacher la grossesse de l'actrice était honteuse. Certes, la famille Moon m'a toujours un peu gonflé. Mais Daphné reste Daphné et bien que leur romance n'a plus autant de charme qu'à l'époque du "will they won't they", ça reste tout de même solide. Et c'est avec joie que j'ai partagé la bonne nouvelle qui clôture cet épisode !

Drum : Autant j’apprécie la série, autant il faut avouer que le matériel des trois hommes est largement supérieur à celui des deux femmes. Daphné est un personnage qui a été changé entre les débuts de la série et sa fin, et ce n’est pas une évolution naturelle. Je trouve que les scénaristes ont rendu le personnage trop froid et moins fun. Une fois la relation avec Niles commencée, son personnage se devait d’évoluer, mais j’ai du mal avec Daphné post mariage.

Dylanesque : Du mariage, c'est clairement Niles qui s'en sort le mieux. Pour continuer la comparaison avec Friends, j'avais eu la même problématique avec Monica et Chandler où, à partir du moment où ils emménagent ensemble, Monica devient encore plus caricaturale et Chandler moins percutant. Mais tout de même drôle. M'enfin je ne vais pas non plus comparer Matthew Perry à Jane Leeves...


Drum : David Hype Pierce a eu beaucoup de reconnaissance quant à son interprétation, mais on oublie facilement que John Mahooney est aussi doué que lui. Voir Martin en tant que beau père de Daphné et la seule chose positive sortie de la relation Niles-Daphné.

Dylanesque : John Mahoney est la valeur sûre de la série. Le seul personnage qui a gardé toute sa consistance et sa drôlerie au fil des onze saisons. Même Niles a eu quelques moments de faiblesses au début de sa relation avec Daphné. 

Drum : Blurg, Kenny! Il a toujours été un personnage trop forcé pour moi...

Dylanesque : J'aime bien Kenny. Il est le personnage secondaire qui cumule le plus d'apparitions dans la série et tout comme Bulldog ou Gil, c'est toujours rassurant de les revoir malgré la caricature. L'épisode où Frasier lui propose une thérapie reste un bon souvenir et sa romance avec Zooey Deschanel aussi. Bref, j'aime bien Kenny car c'est un brave type.

Drum : J’aimais les scènes avec Gil et Bulldog, mais je n’ai jamais réussi à accrocher avec Kenny. À part ça, il n’y aucune série qui réussit aussi bien les gags visuels que Frasier !

Dylanesque : Oui. L'épisode où David Hyde Pierce prépare son rendez-vous galant lors d'une scène muette reste le truc le plus drôle au monde.

Drum : Et je ne vois aucune série à l’antenne capable de mettre à l’antenne une scène sans dialogue aussi longue et aussi drôle que celle-ci.

Drum : "Can you run faster than you did 20 years ago?" Une intrigue dramatique est plantée via une scène très drôle. 

Dylanesque : Et du rire on passe à l'émotion avec beaucoup de finesse et de justesse. Mis à part l'hospitalisation de Niles, c'est ce qui manquait parfois aux saisons précédentes, et c'est ce que j'espère retrouver pour cette ultime tour de piste.

Drum : Eddie!!!! Y a dix ans, on avait Eddie sur NBC, maintenant, le singe d’Animal Practice, si ça, c’est pas un signe de déclin qualitatif, je sais pas ce que c’est !

Dylanesque : Est-ce que c'est le même chien depuis 10 ans ? Je ne me lasse pas de ses apparitions car c'est toujours l'occasion de voir un Martin attendrissant. J'avais eu les larmes aux yeux lors d'une scène où ce dernier réalisait que Eddie était mortel et que lui aussi n'était plus tout jeune. Si jamais ils font mourir Eddie d'ici la fin, je serais inconsolable...

Drum : Martin et Niles ! On a vraiment besoin de rien d’autre qu’une bonne scène entre les deux meilleurs acteurs de la série pour avoir un bon épisode.

Dylanesque : Exactement. Simplicité, écriture précise et jeu parfait sont les mots clés de la série. 


Drum : La force de cet épisode est la manière dont les scénaristes, eux mêmes, tournent en ridicule l’idée absurde que Roz soit amoureuse de Frasier.

Dylanesque : Oui sauf que c'est pas la première fois qu'ils jouent là-dessus. Et ça commence doucement à devenir poussive, malgré toute l'autodérision mise en place. Heureusement que cet épisode sauve la mise, car on était à deux doigts de voir ruiner une belle histoire d'amitié.

Drum : Les nouveaux showrunners héritent d’un cliffhanger très risqué, et je trouve qu’ils se sont très bien débrouillés pour désamorcer cette bombe. "God, no! Were you there?" Moi, j’aurais regardé le spin off sur Roz suggéré dans un épisode de 30 Rock !

Dylanesque : Ou un spin-off sur Noel Shempsky... À non, c'est déjà fait : The Big Bang Theory. 

Drum : Et maintenant, l’explication rationnelle du cliffhanger. Et on retourne au statu-quo parfait avec un "Come on! Please?!"

Dylanesque : Si j'apprécie une résolution satisfaisante et un bon vieux statu-quo, je suis aussi partisan d'une vraie évolution pour les personnages, et j'encourage toujours les scénaristes quand ils essayent de renouveler la formule. Sauf quand c'était aussi mal écrit que "Roz quitte son boulot puis revient puis repart et tout ça à cause de Frasier mais en fait non".

Drum : J’aime l’atemporalité de Frasier comme celle de Newsradio ou Just Shoot Me! J’aime le fait que, sur les bases d’une série solide, on puisse enchaîner les épisodes de n’importe quelle saison sans problème. Ceci étant dit, je ne suis pas contre une évolution lorsqu’elle est légitime et ne change pas trop l’ADN de la série. Friends, pour moi, est une série qui n’a jamais réussi à grandir. Il y a un clair changement d’ambiance entre la première et la dernière saison. Certaines évolutions étaient nécessaires (Joey et Phoebe), d’autres étaient trop poussifs. Je ne voulais pas que ça arrive avec Frasier. Mais on rediscutera de ce point en fin de saison.

Dylanesque : Je comprends ce que tu dis sur le fait de pouvoir regarder n'importe quel épisode sans se soucier de la temporalité. Mais ce serait tout de même se priver d'une véritable et souvent très juste évolution des personnages (Daphné mise à part, sans doute). Frasier, c'est une longue auto-thérapie de 11 ans pour le personnage titre et c'est très touchant de le voir sans cesse revenir au point de départ. C'est un éternel recommencement qui risque je l'espère de déboucher sur une conclusion forte (et peut-etre douce amère) lors de ces derniers épisodes. Donc oui, on en reparlera. 


Drum : OK, je n’aime pas trop Daphné en femme de Niles, je la préfère en tant que thérapeute de Marty mais le "I must have fast eggs"m’a fait rire. Et à l’époque, j’ai eu un peu peur que l’intrigue de la saison allait être Niles et Daphné qui essaient d’adopter un bébé. 

Dylanesque : J'ai sauté de joie ! (et mon dieu ce que ce régulateur de sperme était aussi ridicule que drôle, merci David Hyde Pierce). Cela dit, je suis moi-même inquiet que la seule intrigue du couple pour la saison soit cette grossesse. Mais je ne vais pas trop m'en faire et continuer mon visionnage.

Drum : Il n’y a que David Hyde Pierce qui puisse vendre un gag aussi poussif de manière aussi naturelle.

Dylanesque : Un trésor de la télévision américaine qu'on ne voit plus aujourd'hui. Que devient-il ?

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