Young Dylanesque #2

Suite de mon récit autobiographique narrant ma relation aux séries. La 1ère partie évoquait mon premier amour télévisuel et je poursuis ici en vous parlant de mes premiers scénarios, des Legos aux fanfictions.

Alors que BILLY (ce vieux rêve que j'ai enfin pu réaliser), va bientôt se terminer, j'aimerais revenir sur mon expérience de scénariste en herbe. Je ne vais pas vous faire mon CV mais plutôt retracer l'évolution de ma créativité. De manière tout à fait mégalo, bien entendu. Et avec pas mal de nostalgie.


Comme je vous le racontais précédemment, ce sont les Animaux du Bois de Quat' Sous qui m'ont appris à aimer la narration épisodique et qui m'ont donnés envie d'imaginer des histoires. Mes premières fanfictions, elles datent donc de cette époque et prenaient la forme de bande dessinés où je poursuivais les aventures de Renard et sa bande et où j'inventais des récits parralèles. C'est d'abord avec mes peluches que je m'entraînais et, quand j'étais suffisamment satisfait de mon impro, je la dessinais. C'est l'avantage d'être fils unique : avoir des heures à tuer tout seul et faire marcher à fond son imaginaire (ça et développer un amour pour la solitude, l'auto-centrisme et l'égoïsme). Et quand je n'avais rien pour dessiner et que mes peluches étaient loin de moi, quand je partais en vacances d'été au bord de la Mer par exemple, je poursuivais ces aventures dans ma tête, en projetant mes personnages sur les routes de Vendée, sur la plage ou les forêts de pins. Du grand spectacle et un tas de décors pour pas un rond. C'était tellement plus facile à l'époque...

Cette envie de m'approprier mes fictions favorites, de les intégrer encore plus à mon quotidien, s'est poursuivie en grandissant. Les Legos ont remplacés les peluches et m'ont permis d'inventer de longues sagas qui se déroulait parfois sur plusieurs mois et étaient annulés quand ma mère décidait de ranger ma chambre. Des films comme Toy Story ont renforcés mon envie de donner vie aux jouets et d'en faire le casting de mes plus belles oeuvres. Je me souviens en particulier d'avoir réinventé entièrement la trilogie Star Wars avec mes Legos et que c'était franchement plus passionnant que les sequels de Lucas qui étaient en train de sortir à ce moment-là. Puis, vers l'âge de dix ans, j'ai eu une grosse période japonaise, et ce sont les Pokémons qui se sont retrouvés au centre du terrain de jeu. Au fur et à mesure que je jouais à la Gameboy, je dessinais ma partie sur des cahiers entiers. Une manière de sauvegarder bien plus ludique. De la même façon, les personnages de J.K. Rowling puis de J.R.R. Tolkien ont envahis ma chambre et mon imaginaire, m'invitant à écrire de nouveaux chapitres. Je dois encore avoir quelque part le 7ème tome d'Harry Potter à ma sauce ou la grande épopée d'un elfe apprennant qu'il est le fils bâtard d'un roi. Le tout écrit au crayon de bois dans des classeurs que ma mère continue de conserver amoureusement, sans jamais les avoir vraiment lu. 


Et les séries dans tout ça ? Et bien, on y arrive car c'est vers l'âge de 12-13 ans que ma passion pour la télévision reprend ses droits, grâce à Friends, ER et Buffy. Et que la fanfiction pure et dure devient mon occupation principale en rentrant du collège. Si j'avais un scanner, je vous montrerais volontiers la huitième saison des aventures du Scooby Gang, dont mes synopsis étaient illustrés de photos découpés dans des magazines comme Spirit ou Series Mag (qui est toujours publié parait-il avec du Glee et du Once Upon A Time en couverture !). Les amis du Central Perk auront plus tard le droit à leur onzième saison, les employés de The West Wing furent embarqués dans une aventure rocambolesque de complot international plus proche de James Bond que de l'univers de Sorkin, Jim et Pam auront le droit de s'embrasser bien avant "Casino Night" et il suffit d'aller sur le forum que j'ai ouvert sur ER pour lire mes saisons alternatives. D'ailleurs, si j'avais encore le temps aujourd'hui, je n'hésiterais pas à écrire une fanfiction consacrée à Nick Miller ou de me lancer dans l'écriture d'une quatrième saison de Deadwood ou une suite à Firefly.

Mais je m'avance un peu, revenons plutôt à une époque où je n'ai pas encore Internet et où ce sont toujours les carnets que ma mère m'achetait régulièrement qui me servait de moyen d'expression. Pour le moment, je vous ai parlé de la manière dont je me suis approprié les univers des autres. Mais il faut aussi préciser que ça m'a encouragé à créer mes univers à moi. D'abord sous forme de bande-dessinés donc. Le collège où j'étudiais possède encore dans son CDI un exemplaire d'une saga où des détectives anthropomorphes menaient des enquêtes loufoques. Et mon ami Mathieu se souviendra d'un projet avorté de grande épopée futuriste qu'on inventait tous les deux et qui s'appelait Alkarya, si mes souvenirs sont bons (ce qui ressemble avec le recul à une marque de dentifrices !).

Plus tard, une fois ma passion pour le dessin un peu mise de côté, c'est le format série que j'ai voulu tester. Voici donc la liste des séries de ma création que vous ne verrez jamais mais qui existent bel et bien dans mes vieux classeurs ou mon premier ordinateur. Des séries dont j'écrivais de longs synopsis, parfois des scripts entiers et qui pouvaient durer une à dix saisons, selon mon implication (et ma sociabilité, qui a bien fini par se développer au bout d'un moment). Poussant le truc jusqu'au bout, je faisais mon casting en sélectionnant mes acteurs favoris du moment, disponibles ou non ! Voilà donc les plus marquantes...

- POLICE (12 saisons) : Drame policier. Où j'étais plus intéressé par le quotidien des flics que par leurs enquêtes. C'était outrageusement inspiré d'ER et mon héros était un John Carter qui, dans le pilote, débarquait dans un commissariat de Chicago pour faire son apprentissage. Il y avait le chef alcoolique (joué par Alexis Denisof), la collègue ravissante et son petit ami jaloux, le standardiste rigolo (joué par Tom Lenk !) et en tout, une quinzaines de personnages qui ont peuplés douze saisons et quasiment toutes mes années collèges. Quelques épisodes (le pilote, le season premiere de la huitième saison) sont scriptés et John Wells aurait été fier de moi franchement ! Au fait, c'est un certain Shawn Reaves qui incarnait mon héros car je l'avais vu dans une photo promo pour True Calling et je trouvais que ça collait bien. Que devient-il aujourd'hui ? 


- SPRINGLAND (9 saisons) : Un ensemble show se déroulant dans la ville imaginaire de Springland et inspiré à la fois de Gilmore Girls, Everwood, Ed et Spin City (étrange mélange je sais). Orlando Bloom (mon Dieu) y incarnait un journaliste qui retournait dans la ville de son enfance pour reprendre le quotidien local avec son meilleur ami. On y découvrait alors toute la galerie des habitants de Springland, du maire mégalomane incarné par Matthew Perry à la mère de famille débordée (Alex Kingston) en passant par l'amour d'enfance désormais fiancée (Maura Tierney, bien entendu). Neuf saisons avec plus de rebondissements que dans Plus Belle La Vie et des romances dans tous les sens. 

- TOGETHER (8 saisons) : Ma sitcom suivant la vie de colocataires venant d'avoir la vingtaine. Ca ne vous rappelle rien ? Là, c'était limite du plagiat. Elisha Cutbert était ma Rachel, Chad Michael Murray mon Ross/Joey, Amy Acker ma Monica et Tom Lenk (encore lui !) mon Chandler. Et que les saisons se terminaient souvent sur des mariages ou des accouchements, dans la grande tradition des sitcoms NBC. J'y parlais de romance et de sexe sans y avoir encore goûté et ce pendant huit saisons. 

- TOM (5 saisons) : Celle qui tient le mieux la route aujourd'hui à la relecture. J'étais déjà un peu plus âgé en écrivant ça puisque c'est Love Monkey, une comédie très vite annulée par CBS qui m'avait inspiré (sans ne jamais l'avoir vu). On y retrouve Tom Cavanaugh dans le rôle titre (un nom de personnage qui me suivra jusqu'à 103FM, ma première réalisation) dans le rôle d'un producteur de musique en proie à des crises existentielles en compagnie de ses amis (Bradley Cooper, Lisa Kudrow et Donald Faison) et de son ex-femme (Maura Tierney, encore et toujours). C'était souvent expérimental, doux-amer et pas si idiot que ça. Maman, conserves au moins ça. 


- THE ROAD (2 saisons) : Un projet ambitieux que je n'ai jamais réussi à achever parce que je commençais déjà à avoir d'autres préocuppations et que l'arrivée d'Internet dans ma vie à tout gâché (mais ce sera l'objet d'un prochain article). Un jeune homme incarné par John Krasinski se retrouvait embarqué dans un voyage en bus autour des Etats-Unis après avoir répondu à une drôle d'annonce. Kathy Bates, responsable d'une agence de voyages, cherchait en fait à organiser une thérapie de groupe spontanée avec des échantillons variés de la société. Dont une jolie musicienne jouée par Lauren Ambrose, un type en fauteuil roulant alcoolique (Donal Logue) et un scientifique cynique (Paul McCrane). Le conducteur du bus, c'était Gunther du Central Perk ! Chaque épisode avait le nom d'une chanson indé que j'écoutais à l'époque et nous amenait dans une ville différente. Au fur et à mesure des épisodes, des liens se renforçaient entre les différents passagers et franchement, ça mériterait presque une vraie adaptation à l'écran. Quand j'aurais le budget d'avoir un bus, je ferais ça autour de la France, promis ! John Krasinski et Lauren Ambrose sont libres en plus, ça tombe bien...

- RAVEN (mini-série) : Une mini-série se déroulant dans un New York post-apocalyptique et enneigé où Goran Vijnic jouait un ancien détenu (surnommé Raven) devant sauver l'humanité. C'était épique, onirique et trop ambitieux pour que je parvienne vraiment à rendre le projet abouti. Ce sont les épisodes d'ER avec le révérend qui m'avait inspiré ça et encore une fois, tu fous ça sur HBO avec un gros budget et ça aurait de la gueule !


- D DAY (mini-série) : Un mélange bancal entre Band of Brothers et Lost. Où l'on suit une bande de soldats menés par Anthony Edwards durant la Seconde Guerre Mondiale. Et à chaque épisode, on nous montre des flash-backs sur leur vie avant et des flashforwards sur leur vie après. Un concept pas trop mal mais difficile à tenir, surtout au niveau de la réalité historique. Donc j'ai abandonné rapidement !

Voilà. Mais ce n'est pas tout... Comme je ne pouvais pas vraiment les réaliser et les diffuser à l'époque, je suis allé encore plus loin dans ma folie en imaginant ma propre chaine de télé : SpiritTV ! J'ai commencé ce petit projet en 2003 et l'ai tenu jusqu'en 2006. Je remplissais chaque jour ma grille des programmes dans d'énormes classeurs, en mélangeant les diffusions ou rediffusions de vraies séries avec mes créations. Une oeuvre d'art gigantesque que l'on peut aussi retrouver dans mes cartons et qui servira de preuve à la naissance de mes névroses quand on fera mon procès. 

Tout cela ménera à 103FM, BILLY et ZIM, que vous pourrez découvrir à la rentrée. En attendant, si vous avez eu des expériences similaires, n'hésitez pas à venir les partager. Si vous voulez lire les synospsis mentionnés ci-dessus ou mes bande-dessinés, achetez moi un scanner et je partagerais volontiers et sans honte. Dans le prochain épisode de Young Dylanesque, je reviendrais sur la manière dont mon visionnage a évolué avec le temps et sur l'influence positive et néfaste d'Internet sur ma relation avec la fiction. À suivre...

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