7.04 The Monolith


Il aura beau nous reprocher plus tard d'analyser de trop près sa série, Matthew Weiner nous donne plus que jamais les moyens de le faire avec un épisode plein de symboles plus ou moins subtils, plein de références pop-culture et de clins d’œil au passé de Mad Men. "The Monolith" a une approche très directe des personnages et parvient à la fois à être contemplatif sans trop prendre la pose. Il est souvent prévisible mais toujours juste et même si l'on sait ce qu'il risque d'arriver, il est difficile de prédire à quoi ressemblera la scène suivante. Bref, c'est pour moi une belle réussite, à nouveau. 

Ces symboles pas très subtils, les scénaristes les abordent avec auto-dérision : "It's not symbolic, it's quite literal" rétorque Don à Harry Crane au sujet de l'invasion de l'espace créatif de l'agence par un ordinateur. Avec cette énorme machine IBM, la technologie vient secouer une agence déjà bien bordélique et s'impose comme un nouveau signe du temps qui passe, un temps qui passe encore plus vite qu'auparavant et où tout est rapidement obsolète. À l'image d'un Don qui, à cause de l'humiliant contrat signé la dernière fois, se retrouve comme un meuble qu'on mettrait dans un coin pour faire de la place à quelque chose de plus confortable ou efficace. Et c'est pas Ginsberg toujours aussi drôle qui nous dira le contraire, ce n'est pas un Bert Cooper toujours aussi franc, ni un Lou qui réalise clairement qu'il pourrait bien retourner prendre la poussière s'il ne rabaisse pas son rival au plus vite. C'est Peggy qui hérité du "boulet", ce qui entraîne une situation typique de Mad Men où mes sentiments pour les personnages sont si complexes que je ressens un tas d'émotions à la fois : la joie de voir Peggy remporter à nouveau une petite victoire et l'embarras de voir Don se sentir aussi rabaissé. 

Et après tout ces symboles évidents, vient la chose la plus prévisible qui pouvait arriver : Don se remet à boire et à s'auto-détruire (on notera que le groupe de It's Always Sunny n'a rien inventé en mettant du vin dans des canettes de soda !). Face à Peggy, il se replie sur lui-même et s'enferme dans le bureau d'un fantôme. Face à l'homme qui représente la technologie et qu'il n'est pas parvenu à acheter, il se rebelle en pointant du doigt le Mal. Et face à l'alcoolique qu'il avait renvoyé en douceur il y a plusieurs années et qui est devenu un collègue bien plus raisonné aujourd'hui, il agit comme un gamin capricieux. Pourtant, c'est Freddy qui aura la sagesse d'esprit d'offrir à Don un moyen de trouver la rédemption, autour d'un café, un matin de gueule de bois : remontes tes manches et travailles. Soit tu te replonges dans la vie pour de vrai, soit tu te jettes dans la mort pour de bon. On arrive à la moitié de cette ultime saison et il faut faire un choix, Don.


Même si c'est excitant de voir ce dernier se remettre à taper à la machine à écrire, il ne faut pas trop se leurrer. Des renaissances comme celles-ci, Don en a connu à plusieurs reprises, que ce soit en créant une nouvelle agence, en trouvant une nouvelle femme ou en étant brillant, l'espace d'un instant, face à un client important. "On A Carousel" des Hollies est d'ailleurs bien là pour enfoncer le clou en nous rappelant son moment de grâce dans "The Wheel", le final de la première saison. En nous rappelant que Mad Men n'est pas une ligne droite, n'est pas un cercle. C'est une montagne russe. Et oui, aussi évident que ça puisse paraître, c'est la vie. Des deux propositions de Freddy, il n'est pas sûr que Don en choisisse une pour de bon. Ce qui est sûr, c'est qu'il a encore moins d'alliés et surtout, moins de temps que d'habitude. 

Et moi, j'ai pas trop le temps non plus alors, plus rapidement, je saluerais également l'intrigue de Roger, assez surprenante, où l'homme vieillissant se prend toutes les conséquences de ses actes dans la gueule lors d'un séjour enrichissant dans la communauté hippie où a fui sa fille. J'ai également apprécié de voir Joan offrir ses bons conseils à Peggy et d'avoir un Pete fidèle à lui-même, voyant dans la presque mort de son beau-père une opportunité de briller professionnellement et impressionner ses collègues. Bien tenté Pete, c'est beau de te voir encore y croire. 


Plus dure sera la (les) chute(s).

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