Souvenirs d'ER #6

Le 19 septembre prochain, ER aura vingt ans. Ce sera en tout cas la date anniversaire de la diffusion, en 1994, du pilote de la série sur NBC. Pour fêter ça, retour avec ce "magazine" sur l'histoire de la série ou plutôt, mon histoire avec la série.

WAITING ROOM / Dans la salle d'attente de ce sixième "numéro", je me demande à quoi aurait pu ressembler un spin-off d'ER. C'est encore plus la mode aujourd'hui qu'à l'époque alors je vous propose quelques pitchs et vous me dîtes si on a évité le pire ou si on est passé à côté de quelque chose...

Kisangani (drama, Starz) : Tout est dans le titre : John Carter et Luka Kovac ne sont jamais revenu à Chicago et l'épisode "Kisangani" n'était qu'un back-door pilot. On continue donc de les suivre jouer les médecins sans frontières au Congo dans un show qui nous parle aussi bien de médecine que de géopolitique. Autour de Noah Wyle et Goran Visjnic, on retrouve Eeamon Walker (Dr. Dakarai), Mary McCormack (Debbie), Simone Elise-Girard (Gillian) et le reste du casting des épisodes africains d'ER.


Archie Sets The Thone (comédie, ABC) : Dans cette comédie familiale, Archibald Morris quitte le County pour ouvrir une consultation à domicile dans les quartiers pauvres de Chicago, là où vit sa famille. En effet, son père alcoolique a besoin de lui constamment et le retour des gamins rouquins dont il est le père biologique n'arrange rien. Accompagné d'Hope (Busy Phillips), il héberge tout le monde dans une grande maison où il ausculte également tout le quartier. Shameless meets Frasier sur ABC, ça vous dit ? Scott Grimes a suffisamment de potentiel comique pour porter le projet, surtout en formant un duo avec Busy Philipps. Si Philip Seymour Hoffman était encore parmi nous, il aurait été excellent dans le rôle du père. Et Laura Prepon avec sa couleur d'origine dans le rôle de la frangine Morris !

Here And There (drama, HBO) : L'occupation irakienne à travers les yeux du soldat Michael Gallant. Plus accessible que "Over There", moins légère que "Enlisted", la série poursuivrait l'effort de l'épisode très réussi portant le même nom. Autour de Sharif Atkins, Michael O'Neill pourrait reprendre son rôle de colonel et Lola Glaudini celui de capitaine. Et plutôt que d'aller jouer les mauvaises guest-star dans les saisons 12 et 13 d'ER, John Leguizamo et Stanley Tucci seraient également les bienvenus.


Out On A Limb (comédie, NBC) : Comment vivre sans ses jambes ? Cette comédie de Fox suit la rééducation de Ray Barnett à Bâton Rouge, sa ville d'origine. À l'instar d'un Michael J. Fox Show un peu plus radical, on nous y parlerait de vivre normalement avec la différence et à rire de son handicap. Comme dans le Michael J. Fox Show, Wendell Pierce pourrait être de la fête en jouant un autre amputé sympathisant avec Shane West. Melissa Leo pourrait jouer la mère de Ray et Abigail Spencer celui de sa sœur. Quand à sa rééducatrice dont il tombera (forcément) amoureux, voilà un rôle pour Karen Gillan.

Life After Death (drama fantastique, Syfy) : En mourant, Greg Pratt rejoint une dimension alternative où les médecins morts au County forment une équipe d'élite chargé d'intervenir dans une guerre opposant anges gardiens et fantômes démoniaques (c'est plus compliqué que ça mais je laisse à Joss Whedon le soin d'écrire ça mieux que moi). Pratt retrouve donc une équipe dirigée par Mark Greene et composée de Lucy Knight, Robert Romano et Denis Gant.

Vet. Lewis (comédie, Fox) : Les péripéties de Susan qui vient habiter en compagnie de Chuck (Donal Logue) à Iowa City. Tandis que ce dernier ouvre un bar, elle abandonne un poste cher payé à l'hôpital privé du coin pour devenir vétérinaire. Son assistant est joué par Charlie Day et la mère de Chuck par Wendie Malick. Entre la clinique vétérinaire et le pub irlandais et avec l'énergie de Sherry Stringfield, on ne s'ennuierait jamais.

Je continuerais la liste la prochaine fois mais si vous avez des idées, je vous écoute !

ADMISSIONS / Tenez, même pas besoin de partir à Iowa City pour causer cette semaine de Susan Lewis. Un personnage toujours attachant malgré un parcours dans la série toujours mouvementée.


Membre du casting original, elle est au départ le personnage féminin central de la série. Plus fragile au premier abord que son vieil ami Mark Greene, elle partage avec lui le même sens de la compassion et un sens de l'humour et du cynisme qui la protège lors de journées difficiles aux urgences. Après une première expérience pas franchement passionnante avec le tourmenté docteur Cvetic, les scénaristes arrêtent de s'intéresser de près à sa vie sentimentale pour se concentrer sur sa carrière. Susan est modeste mais ambitieuse et ce sont ses querelles avec Kerry Weaver et même avec Mark qui marqueront les deux premières saisons. Elle se retrouve hélas souvent perdante à ce petit jeu et le comportement erratique de Chloé, sa sœur junkie à la grossesse non désirée, va perturber ses plans. Ajoutez à ça un Mark qui l'aime secrètement et vous avez un portrait assez fidèle de la Susan des trois premières saisons, avant que Sherry Stringfield n'inaugure le bal des départs en 1996. Son duo avec Anthony Edwards était jusqu'alors l'une des forces de la série, aussi bien dans des moments dramatiques, sentimentaux ou plus légers et c'est aussi pour ça que la scène finale d'"Union Station" marquera autant.

Puis en 2001, Susan revient... et ça devient plus compliquée. D'abord parce que le County n'est plus du tout le même et c'est finalement en suivant son retour que l'on s'aperçoit de tous ces changements : le casting s'est démultiplié, Mark est marié à Elizabeth (qui sera bêtement sa nemesis le temps d'une saison), Carter a bien grandi (et sera bêtement son amant le temps de quelques épisodes) et elle ne pourra désormais plus prétendre à doubler Kerry Weaver qui s'est clairement imposé. Alors Susan va avoir du mal à trouver sa place et les scénaristes ne parviendront jamais à lui redonner quelque chose de consistant à faire, surtout suite à la mort de Mark.


Face à tout le reste du cast et à un Carter en mode "pilier" et face au duo Abby/Luka qui est désormais au centre des préoccupations, elle est souvent (à l'image du générique) la quatrième voire la cinquième roue du carrosse. Si Sherry Stringfield fait un super boulot dans le rôle de la vétérante sympathique et drôle et que son amitié avec Abby ou John n'est pas à négliger, elle a peu d'impact sur ce qui se passe au County ou en dehors de l'hôpital. En Saison 9, sa romance avec Chuck était attachante mais peu exploité en dehors de son aspect comique. Seule exception : la Saison 10 où, en l'absence de Carter resté plus longtemps que prévu en Afrique, Susan donne le ton. Elle s'oppose à un Romano très en forme, sermonne des boulets comme Pratt ou Morris, tente de redonner à Luka le goût de la médecine occidentale et est une mentor pour sa pote Abby et les autres étudiants en médecine. Sans oublier sa belle storyline avec un patient suicidaire joué par Bob Newhart. Mais rapidement, elle redevient discrète. La grossesse de l'actrice éloigne Susan du devant de la scène la saison suivante et elle décide finalement de partir de nouveau. Ingrat au possible, les scénaristes évacuent sa sortie sans nous prévenir, au détour d'une réplique. Nous laissant avec le sentiment d'un vrai potentiel jamais correctement exploité, souvent pour une question de mauvais timing.

Revoir son sourire lors du dernier épisode de la série était tout de même un beau cadeau et, même si le personnage aurait mérité meilleur traitement sur la durée, il reste fondamental dans l'histoire d'ER.


SALLE DE RÉANIMATION / C'est dans une salle de réa (la 2, c'était ma favorite) que j'examinerais à chaque fois une saison au hasard (pas dans l'ordre, sinon je m'ennuierais). Et le tirage au sort a désigné... la quatrième saison. Où Susan Lewis n'est plus là mais où les scénaristes ont bien compris que le renouvellement du personnel de l'hôpital était essentiel et où une nouvelle ère débutait 

J'associe souvent cette saison avec un virage, aussi bien dans le ton (encore plus sérieux qu'avant) et dans le focus des intrigues (où la vie privée des médecins devient tout aussi importante que leur travail). Je pense que ces changements ne sont pas aussi visibles que je veux bien le croire et que l'évolution s'est faite sur la durée. Mais avec l'arrivée définitive de Carter aux urgences, la multiplication du casting, la difficile crise existentielle de Mark et plusieurs épisodes "concepts" en dehors du County, on voit se façonner à quoi ressemblera la série pendant les années suivantes. Et franchement, la formule marche bien, c'est très solide. Moins inégale que les saisons 6 et 8, que j'affectionne pourtant encore plus. Je dois même dire que tout roule dans cette Saison 4, fluide et maîtrisée. 


Elle débute avec une prouesse : un épisode en direct joué une première fois pour la côté Est et une seconde pour la côte Ouest et qui ne laisse jamais son concept prendre le dessus sur le reste. L'aspect documentaire ajoute juste un réalisme brut qui rappellerait presque le pilote de la série. On se sent encore plus proche des personnages et c'est beau de voir un cast se serrer les coudes pour mener sa mission de "théâtre filmé" à bien, surtout que la tâche est ardue à cause du jargon médical et des nombreux décors. C'est l'occasion de voir que Mark n'est plus le même depuis son agression, que Doug et Carol forment un couple aussi chouette que prévu, que l'arrivée de Carter aux urgences n'est pas aussi facile que prévu et qu'Alex Kingston est une super addition au cast. 

Oui, parmi les nouveaux, il y a Elizabeth Corday, qui permet de ne pas trop s'éloigner de la chirurgie, d'offrir de nouvelles facettes à Peter et d'apporter un sens de l'humour british qui rivalise avec celui que Susan Lewis a emporté avec elle une année plus tôt. Surtout quand Robert Romano, autre nouveau venue, s'en mêle. Paul McCrane est encore crédité comme guest-star mais il fait une forte impression et ne tardera pas à être récurrent et imposer son style bien avant que Gregory House n'impose le sien. Et puis il y a Anna Del Amico, dont le will they won't they avec Carter était précurseur de mon intérêt pour Abby et pour la romance entre Jim et Pam dans The Office. La belle et le clochard, à l'envers et un beau personnage authentique et tourmenté, avec une Maria Bello qui s'intégra parfaitement aux urgences mais qui partira hélas trop tôt, emportant l'aspect pédiatrique avec elle. 


Et les "vétérans" ne sont pas en reste : c'est peut-être la saison où Mark Greene est exploré avec le plus de complexité, celle où Doug Ross m'a le plus passionné, celle où Peter se révèle sous un autre jour suite à la naissance de son fils, celle où Kerry Weaver gagne aussi en nuances surtout quand sa querelle avec Jeannie se transforme en belle amitié. Quand à Carter, il est dans son élément aux urgences et est au centre de deux épisodes très réussies, "Carter's Choice" et "Exodus", première tentative des scénaristes de faire du spectaculaire sans verser dans le ridicule. 

En parlant de tentatives, on a également deux épisodes en dehors des murs qui n'ont pas convaincu tout le monde mais prouve que la série a beaucoup de choses à nous raconter et sous un tas de formes différentes : le road-trip "Fathers & Sons" et la parenthèse familiale "Family Practice", deux épisodes loin de Chicago où Anthony Edwards peut livrer de belles performances. À noter également : la chute émouvante du docteur Morgenstern, mon épisode de Noël favori et une fin de saison tendue centré sur Doug qui prépare déjà le départ de George Clooney en chamboulant les relations entre les personnages principaux. 


Avec la quatrième saison, on réalise très vite que ER n'est pas juste un phénomène éphémère : elle est là pour durer et jamais pour se reposer sur ses lauriers. La formule évolue, les personnages aussi et l'hôpital a encore plein d'histoires à nous raconter. 

Sélection S4 : "Ambush", "Fathers & Sons", "Exodus", "Shades of Grey", "A Hole in the Heart". 

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PARKING DES AMBULANCES / Comme tous ceux qui sont parti du County (vivant), je termine ma course sur ce fameux parking où résonne les ambulances et tous les souvenirs de parties de basket entre collègues et d'adieux émouvants. Car ce que j'aimerais vous proposer avec cette rubrique, ce sont des anecdotes personnelles sur ma relation avec ER au fil du temps.

Comme promis, j'aimerais cette semaine évoquer les fanfictions, où les passionnées d'ER pouvait s'en donner à coeur joie pour refaire l'histoire. Moi le premier : déçu par la tourne des événements, j'avais imaginé en détail à quoi aurait pu ressembler un show remanié à partir de la dixième saison. L'occasion pour moi de replacer Carter en tant que pilier des urgences, de redonner une chance à sa relation avec Abby, de ne pas laisser Greg Pratt entrer au County et d'introduire des acteurs que j'aimais beaucoup dans de nouveaux rôles plus consistants que des Sam Taggart ou des Archie Morris. Tout ça m'avait mené à une douzième et ultime saison et je suis toujours assez fier du résultat. Juste avant le lancement de la 14ème saison, j'ai aussi tenté de rectifier le tir après une treizième saison médiocre et mon season premiere était prometteur... 


Ce n'est pas la première fois que je vous en parle d'ailleurs et pas la dernière fois que je tente l'expérience. En septembre dernier, j'avais tenté d'imaginer à quoi pouvait ressembler la série si elle débutait sa vingtième saison (j'avais dû hélas m'arrêter, faute de temps). 

On trouve encore pas mal d'exercices de ce genre dans les archives d'Internet mais les fanfictions d'ER sont bien souvent imaginées par des shippers et concernent Lubby (Luka et Abby) ou Carby (Carter et Abby). L'intérêt est donc limité et réservé aux fans les plus jeunes ou romantiques. J'avais moi-même écrit quelques bafouilles de ce genre sur mon vieil ordinateur d'ado dont le disque dur a grillé et tout ça avec. Ambitieux, j'avais même écrit le script entier et détaillé d'un épisode se situant lors de la septième saison, juste après l'épisode "The Crossing". Disparu lui aussi... 

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La prochaine fois, on se penchera sur le cas du meilleur pédiatre devenu le plus mauvais Batman et sur une saison qui débute et se termine par une amputation.

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