Best Of 2014


Vous avez passé un bon Noël ? Bon, maintenant que les réjouissances sont terminés, il est temps pour moi de vous proposer mon traditionnel Top 25 de mes séries favorites de l'année. Qui prend en compte les épisodes diffusés en 2014 et mélange (même si c'est parfois difficile) les drames et les comédies, les network et le câble (ainsi que tous les nouveaux moyens de diffusions apparus cette année). Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'était le classement le plus dur que j'ai eu à faire jusqu'à aujourd'hui. Une année très riche donc et pleine de très bons souvenirs télévisuels. Qui succédera à Friday Night Lights (2010)Louie (2011)Mad Men (2012) et Breaking Bad (2013) ?

25) Playing House [Saison 1]



Diffusion : D'avril à juin sur USA Network

Pourquoi ? : "Une très bonne surprise que cette charmante série (la première fois que je regarde USA Network). Dès le pilote, tous les ingrédients sont là : un duo principal avec une belle alchimie et beaucoup d'énergie, un timing comique à la fois très précis et joyeusement foutraque, une galerie de personnages attachants et une ambiance "small town" qui peut facilement rappeler Gilmore Girls. C'est la seule comparaison que je ferais car, bien que ne débordant pas d'originalité, Playing House est singulière et sait mélanger à sa façon le doux et l'amer. On est pas là pour rire à gorge déployée mais plutôt pour sourire franchement et s'attendrir régulièrement face à la complicité d'Emma et Maggie, dont les petits défauts sont explorés minutieusement tout au long de la saison. C'est une belle amitié et un duo féminin comme on en voit rarement à la tête d'une comédie, qui favorise plus souvent les bromances.

Sélection : "37 Weeks", "Let's Have A Baby" "Bugs in Your Eyes"

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24) Wilfred [Saison 4]



Diffusion : De juin à août sur FXX

Classement en 2013 : 21ème place

Pourquoi ? "Si la quatrième saison n'est pas toujours très réussi (se concentrer sur l'origine de Wilfred n'était pas franchement ce qui m'intéressait le plus et la mythologie y prenait trop de place), sa dernière poignée d'épisodes est assez couillue. En concluant les principales intrigues de la série très rapidement, les scénaristes se laissent le loisir de faire dériver leur propos vers une allégorie du bonheur, avec un Ryan qui repart de zéro pour mieux trouver la paix. On a de touchantes tranches de solitude, une recette simpliste mais efficace à la quête du bonheur et surtout, une belle ode à l'amitié. C'est parfois un peu confus mais ça, ce fut toujours le problème d'une série qui était parfois trop embarrassé par son concept pour vraiment pouvoir évoluer et je pense que c'est le moment idéal pour qu'elle s'arrête."

Sélection : "Amends", "Resistance", "Happiness"

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23) Game of Thrones [Saison 4]



Diffusion : D'avril à juin sur HBO

Classement en 2013 : 19ème place

Pourquoi ? C'est sans doute le battage médiatique qui a eu raison de ma patience et qui m'a empêché d'être vraiment enthousiaste face à cette quatrième saison dont chaque minute fut disséqué et spoiler haut et fort sur les réseaux sociaux, aussi bien par ma voisine que par mon coiffeur. C'est surtout le fait que les scénaristes sont toujours incapables d'élaborer un récit fluide et intéressant de bout en bout alors qu'ils ont les moyens et le casting idéal pour rendre une copie plus aboutie. Avec le recul, je ne renie pas non plus complètement la série, surtout quand elle arrive à se recentrer de manière haletante (le mariage de Joffrey), qu'elle peut encore choquer de manière très puissante (le combat opposant la montagne et la vipère) ou qu'elle parvient à offrir un season finale plus efficace que d'habitude, presque prometteur pour la suite. C'était suffisamment divertissant pour obtenir la 23ème place du classement, trop inégal pour mériter l'appellation de chef d'oeuvre qu'on lui colle un peu partout.

Sélection : "The Lion And The Rose", "The Mountain And The Viper", "The Children"

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22) Mom [Saisons 1 et 2]



Diffusion : De janvier à avril et d'octobre à décembre sur CBS

Pourquoi ? "On se retrouve avec une deuxième partie de saison plutôt savoureuse, qui parvient à évoquer un tas de sujets peu abordés dans une sitcom CBS et qui réussit à nous faire s'attacher à des personnages qui, au delà de la caricature, sont profondément humains. Des personnages brisés, qu'ils soient alcooliques, amoureux, cancéreux, bientôt en prison ou victime d'une crise cardiaque. Des personnages qui, comme le chantait Bert Cooper, réalisent peu à peu qu'entretenir leurs relations a plus de valeur que d'entretenir leur compte en banque ou leur addictions. Le tout en ayant un vrai savoir-faire pour de la sitcom old school, avec son rythme, sa théâtralité et sa précision d'écriture." Je disais ça au sujet de la première saison et, pour le moment, la suite est encore plus solide. Mention spéciale à Allison Janney qui est revenu avec classe sur nos petits écrans et qui, je l'espère, va y rester. Et si Mom était l'héritière de Frasier et ses onze saisons ?

Sélection : "Broken Dreams And Blocked Arteries", "Smokey Taylor and a Deathbed Confession", "Free Therapy and a Dead Lady's Yard Sale"

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21ex-aequo) Parks & Recreation (Saison 6) / Parenthood [Saisons 5 et 6]



Diffusion : De janvier à avril sur NBC / De janvier à avril et de septembre à novembre sur NBC

Classement en 2013 : 22ème place / 14ème place

Pourquoi ? Elles sont ex-aequo car j'aime bien tricher et qu'elles sont deux séries de NBC que j'affectionne beaucoup et qui vont s'achever début 2015. Je ne m'attarde pas sur Parenthood, dont j'ai déjà beaucoup parlé cette année : une deuxième moitié de cinquième saison pas toujours convaincante mais avec de belles fulgurances et un final impeccable : "Il y avait dans "The Pontiac" tout ce qui fait de Parenthood une formidable série familiale : des moments justes, des moments émouvants, des moments légers, de la spontanéité et un casting vraiment généreux."

Quand à Parks & Rec, après un essoufflement qui durait depuis déjà trop longtemps, la comédie a su remonter tranquillement la barre avec une deuxième moitié de sixième saison tout à fait sympathique : "À partir du moment où la voiture de Chris et Ann quitte Pawnee, on a l'impression que les scénaristes activent pour les personnages restants le mode "dernière ligne droite avant fermeture". La dernière partie de saison prend bien le temps de dessiner une ultime trajectoire intéressante pour tout le monde, que ce soit un nouveau travail pour Leslie, une vie de famille pour Ron ou un investissement enfin gratifiant pour Tom. En mêlant ces storylines bien définies avec un arc permettant à chaque citoyen de Pawnee de venir faire un coucou et à quelques guest-star rares d'apparaître (du leader de Wilco à l'excellent Bo Burnham), Parks & Rec a trouvé la formule idéale pour ses vieux jours. Et parvient à exploiter une saison complète sans avoir trop d'épisodes "bouche-trous" comme ce fut le cas l'an dernier, sans avoir à revenir sans arrêt au status quo quand les personnages évoluent trop vite. Un bon équilibre donc, qui nous permet de retrouver un Pawnee à taille humaine et une Leslie aussi ambitieuse qu'attachante.

Sélection : "Ann and Chris", "Moving Up" / "The Offer", "The Pontiac"
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20) Girls [Saison 3]



Diffusion : De janvier à mars sur HBO

Classement en 2013 : 18ème place

Pourquoi ? Une saison plus bordélique que jamais (putain Lena, appliques-toi !) mais où, comme d'habitude, les fulgurances sont très appréciés. Qu'il s'agisse d'un innocent road-trip ("Truth or Dare"), d'un huis-clos en forme de règlement de comptes et one-liners ("Beach House") ou d'une parenthèse sur la vieillesse et la mort ("Flo"), la série a encore des choses à nous laisser entrevoir et assez de malice pour nous faire rire avec ou malgré les personnages. C'est toujours Hannah et Adam qui s'en sortent le mieux et on regrette toujours autant les digressions mal gérés et les guest-star mal exploités (Gaby Hoffmann notamment). Mais ouais, les exemples cités plus haut suffisent à placer la quatrième saison dans le classement. Fais gaffe par contre Lena, car de saisons en saisons, ça dégringole. Tu as ma bienveillance, tu n'auras pas ma patience éternellement.

Sélection : "Truth Or Dare", "Beach House", "Flo"

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19) True Detective [Saison 1]



Diffusion : De janvier à mars sur HBO

Pourquoi ? Vous savez quoi ? J'aurais aimé réserver cette place pour "The Americans", "The Affair", "Getting On" ou même "Homeland". Seulement, je n'ai pas encore fini mon visionnage de celles-ci (ce sera ma mission d'ici le Nouvel An). Par contre, durant l'hiver dernier, je n'ai pas hésité à m'enfiler les sept épisodes de l'anthologie imaginé par Nic Pizzolatto. Et ça m'a fait grincer des dents à plusieurs reprises : la prétention avec laquelle ça nous était vendu, la nullité d'écriture pour les rôles féminins, la construction souvent laborieuse d'une intrigue un peu creuse que l'on décore avec du mystère fumeux et, tout comme avec Game of Thrones (et parce que je suis un enfoiré de snob), les réseaux sociaux qui ne peuvent s'empêcher de disséquer la moindre seconde et crier au génie sans aucun recul. Alors que fout-elle à la 17ème place de mon classement ? La réponse est simple : Matthew McConaughey. On avait pas aussi bien cabotiné sur mon petit écran depuis longtemps. Et comme 2014 est l'année où j'ai le plus plongé moi-même dans une sorte de nihilisme basique, ses monologues nietzschéen m'ont fortement marqués, c'est pas tous les jours qu'on nous tient ce genre de discours à la télé. Je mentionnerais aussi la réalisation, la bande-son et ce plan séquence purement démonstratif mais tout à fait jouissif qui clôt le quatrième épisode. Le reste, c'était un peu nul.

Sélection : "The Long Bright Dark", "Who Goes There", "Form And Void"

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18ex aequo) New Girl [Saisons 3 et 4] / Brooklyn 99 [Saisons 1 et 2]



Diffusion : De janvier à mai sur FOX

Classement en 2013 : 11ème place pour New Girl

Pourquoi ? La FOX était plutôt en forme niveau comédie cette année (alors que j'avais plus l'habitude d'être abonné à NBC pour ça), tellement que j'ai décidé de tricher à nouveau en vous proposant un ex-aequo. La première est descendue bien bas par rapport au classement de l'an dernier, n'ayant pas du tout réussi à capitaliser sur son excellente deuxième saison. J'ai d'ailleurs entendu des critiques très dures vis-à-vis du traitement de la relation Nick/Jesse mais je dois avouer que c'est pourtant les épisodes traitant de leur rupture qui m'ont le plus marqués en 2014. C'était inattendu, écrit avec audace et auto-dérision et, avec un Winston de plus en plus drôle, ça faisait partie des points forts de New Girl. Depuis, il y a eu une quatrième saison en demi-teinte, alternant les loners où l'on rit bêtement à gorge déployé ("Landline") et les épisodes très médiocres ("Micro" étant un triste exemple). Mais comme l'a prouvé le récent épisode de Noël, il y a encore suffisamment de coeur et un casting toujours aussi impliqué alors même si la fougue n'est déjà plus la même, je garde la série dans le classement. Quand à Brooklyn 99, elle a su tranquillement trouver son rythme de croisière et a même su enchaîner pendant une bonne période d'excellents épisodes en exploitant de mieux en mieux son casting. Là aussi, c'est devenu plus inégal à l'automne, mais la série est encore jeune, suffisamment pour espérer devenir une bonne remplaçante à Parks & Rec. Et Braugher est excellent, malgré un rôle qui pourrait vite devenir redondant, il est impeccable et justifie à lui seul cette 18ème place. Comment ? The Mindy Project ? Connais pas.

Sélection : "Mars Landing", "Big News"/ "Unsolvable", "Charges And Spec"

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17) Manhattan [Saison 1]



Diffusion : De juillet à octobre sur WGN America

Pourquoi ? Diffusée au milieu de l'été sur une chaîne dont personne n'avait entendu parler, ce drama historique fut une excellente surprise. Ça vous rappelle rien ? Oui, en 2008, on disait la même chose de Mad Men mais rassurez-vous, Manhattan n'est pas une vilaine copie du bébé de Matthew Weiner. On y retrouve un rythme assez similaire même si plus linéaire et classique et un récit où le contexte historique est surtout un prétexte pour observer les états d'âme d'une poignée d'humains. Et comme le contexte en question est la construction de la bombe atomique, la tension engendrée fait que l'on ne s'ennuie jamais et qu'il règne dans ce désert du Nouveau-Mexique un sentiment pré-apocalyptique permanent. Le tout est porté par une réalisation classieuse qui utilise très bien les maigres décor pour créer une atmosphère poussiéreuse et claustrophobe, ainsi que par un cast cinq étoiles (Olivia Williams tout particulièrement mais aussi Rachel Brosnahan, une belle découverte). Peu à peu, la série devient un ensemble show où chacun à son rôle à jouer et une personnalité qui se développe et un suspense ingénieux vient dynamiter la dernière poignée d'épisodes. Si on connaît la chute de la véritable Histoire, on se passionne pour les petites histoires de ces âmes égarés évoluant dans un univers où les enjeux finissent rapidement par les dépasser. Plutôt que de vous abrutir devant "Halt & Catch Fire", choisissez Manhattan comme period drama.

Sélection : "Last Reasoning of Kings", "The Gun Model", "Perestrioka"

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16) Enlisted [Saison 1]



Diffusion : De janvier à mars et en juin sur FOX

Pourquoi ? Juste après l'injuste annulation de la série, j'écrivais ça : "Dès les premières minutes, la camaraderie à l'écran est saisissante, que ce soit entre les trois frangins ou avec le reste du casting. Angelique Cabral s'en sort très bien avec un rôle un peu trop cliché au départ et Keith David excelle dans le registre comique. Alors, on s'attache très vite à cette bande de loosers et la série parle plus d'amitié et de fraternité que de l'armée (même si c'est lié). Et on y décèle un potentiel comme on a pu en déceler dans pas mal de pilotes d'ensemble comedy, à tort (Go On) ou à raison (Community ou Scrubs justement). Un potentiel qui se confirme d'épisodes en épisodes où les membres du groupe gagnent en personnalité et où le trio principal est un trio gagnant." La poignée d'épisodes diffusé en juin pour conclure Enlisted ont achevés de me convaincre qu'on tenait là quelque chose d'incroyablement attachant et chaleureux et que je vais continuer de pleurer à chaudes larmes pendant longtemps tellement elle avait encore plein d'énergie et de coeur à nous offrir...

Sélection : "Randy Get Your Gun", "Vets", "Alive Day"
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15) Shameless [Saison 4]



Diffusion : De janvier à avril sur Showtime

Classement en 2013 : 23ème place

Pourquoi ? J'ai l'impression que, chaque année, John Wells entend nos critiques et redresse peu à peu la barre. Ainsi, chaque saison de Shameless est meilleure que la précédente. En redonnant de l'intérêt dramatique au personnage de Frank, en opposant les parcours de Fiona et Lip et en offrant une meilleure partition aux personnages qui les entourent (Carl et Mickey en tête), un superbe équilibre est trouvé et on est plus ému que jamais devant les mésaventures de la famille Gallagher. Si on sent toujours une réticence à se défaire de l'humour trash caractéristique des premières années, les grands moments dramatiques sont plus poignants et justes que jamais. Le déterminisme social ne cesse de frapper et, à mesure que les protagonistes tentent ou non d'y échapper, on est toujours de tout coeur avec eux. Courage Fiona et à l'année prochaine pour une nouvelle tentative encore meilleure !

Sélection : "Iron City", "Hope Springs Paternal", "Emily"

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14) Broad City [Saison 1]



Diffusion : De janvier à mars sur Comedy Central

Pourquoi ? Sans qu'on me prévienne, Ilana Glazer et Abbi Jacobson ont passés deux ans à développer leur humour bien à elles sur Internet. Quand Comedy Central leur propose une série, elles réussissent alors l'exploit de transposer cet univers avec une assurance incroyable à la télévision. Cette fois, on m'a prévenu et j'ai pas été déçu ! Je pense que je suis tombé amoureux du duo avec "The Lockout", l'épisode où elles se retrouvent enfermés dehors et errent dans les rues de New York. L'épisode est aussi délicieux et surprenant que de fumer un joint avec son meilleur ami et d'aller se balader sans véritable but en regardant l'absurdité du monde. On tient là deux personnages avec qui passer du bon temps et qui sont, chacune à sa manière, suffisamment complexe pour que "Broad City" ne soit pas juste une série à sketches ou une stoner comedy à la "Workaholics". Peu à peu, une galerie de seconds rôles se développent autour d'elles (la découverte Hannibal Buress notamment) et chaque épisode est plus créatif et drôle que le précédent. Et, avant toute chose, il s'agit là d'une ode à l'amitié et à la procrastination, mes deux valeurs favorites. 2014 était l'année de la révélation, 2015 sera l'année du succès, je leur souhaite chaudement.

Sélection : "The Lockout", "Hurricane Wanda", "Apartment Hunters"

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13) Masters Of Sex [Saison 2]



Diffusion : De juillet à septembre sur Showtime

Classement en 2013 : 5ème place

Pourquoi ? "Malgré quelques maladresses, digressions et coup de mou en fin de saison, Masters Of Sex continue d'être une réussite et a particulièrement brillé avec "Blackbird" où l'agonie de Lillian était bouleversante et surtout "Asterion", à la structure inventive et couillu, qui nous fait traverser le temps avec un beau sens de la narration. Michael Sheen ajoute peu à peu des nuances à un Bill Masters qui fait un pas en avant et deux pas en arrière et à la droit à un traitement tout en profondeur cette année. Et Lizzy Caplan continue d'incarner le meilleur personnage à la télévision, mon préféré en tout cas cet été."

Sélection : "Fight", "Blackbird", "Asterion"

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12) The Comeback [Saison 2]



Diffusion : De novembre à décembre sur HBO

Pourquoi ? Je ne vais pas encore vous dire pourquoi. Parce qu'avec Gibet, on vous prépare une longue discussion autour de ce retour sur lequel on a beaucoup de choses à raconter. Il suffit de nous laisser juste un peu de temps et de recul mais promis, on réussira à vous convaincre. Je peux juste vous annoncer d'emblée que Lisa Kudrow y livre, tout comme Valérie Cherish, sa plus belle performance.

Sélection : "Valerie Makes A Pilot", Valerie is Brought to Her Knees", "Valerie Cooks In The Desert"


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11) The Knick [Saison 1]



Diffusion : D'août à octobre sur Cinemax

Pourquoi ? "La formule fonctionne comme un médicament qui ferait de l'effet avec le temps et deviendrait presque une drogue. Ouais, The Knick, c'est ma cocaïne. Et c'est avec "Get The Rope", le huitième épisode, que ses effets furent le plus satisfaisant. Avec une émeute raciale qui éclate aux portes de l'hôpital, le savoir-faire de la série est exploitée mieux que jamais : ensemble show, medical show, historic show, society show, soap opera, tout s'imbrique et est haletant au possible. La médecine avance, les esprits changent, les corps s’enlacent et la mort continue de rôder inlassablement. Je pourrais parler d'aujourd'hui comme de 1900 et là, c'est de 1900 dont on nous parle dans la meilleure surprise de la rentrée. Quand à la réalisation et la photographie de Steven Soderbergh, ça mérite clairement un Emmy tellement c'est beau à pleurer. De l'aube au crépuscule, des salons bourgeois aux bordels asiatiques, la palette de couleurs et de sentiments est incroyable et rend le tout, avec l'apport de la BO anachronique de Cliff Martinez, encore plus hypnotisant."

Sélection : "Get The Rope", "The Golden Lotus", "Crutchfield"
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10) Boardwalk Empire [Saison 5]



Diffusion : De septembre à octobre sur HBO

Pourquoi ? 2014 fut l'année Boardwalk Empire pour moi : un binge-watching des quatre premières saisons comme dans un cocon en janvier et de vraies attentes pour cette dernière ligne droite raccourcie. Et si cette ultime séjour à Atlantic City aurait gagné à être plus long et à donner plus d'enjeux à son avant-dernier épisode, il fut globalement satisfaisant. Le recentrage autour de Nucky a permis de boucler la boucle en respectant l'historique de la série (sans trop trahir la véritable Histoire) et d'ajouter une touche de poésie mélancolique via l'utilisation de flashbacks plus passionnants que prévus. Voilà ce que je disais au sujet du grand final et d'une série qui m'aura drôlement marqué alors que je n'en attendais rien : "Boardwalk Empire était un drama historique incroyablement bien ficelé. Le portrait très détaillé d'une époque. La saga violente et tragique de la pègre américaine. Mais avant tout, et ce finale me le confirme, Boardwalk Empire était une ode à la mélancolie. À travers le poids de l'Histoire et l'envie de laisser une trace, on nous parle d'une tristesse infinie et intemporelle. Elle concerne tous les personnages mais avant tout Nucky Thompson et c'est en sa compagnie que l'on a pu explorer toutes les déclinaisons du thème : deuil, illusions et désillusions, fatalisme et solitude. Tout ça se mêle dans un "Eldorado" apaisé, quasiment résigné, à l'image de notre anti-héros (si ça veut encore dire quelque chose) qui se paye une dernière ballade avant une fin programmée."

Sélection : "Golden Days for Boys and Girls", "Devil You Know", "Eldorado"

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9) Veep [Saison 3]



Diffusion : D'avril à juin sur HBO

Classement en 2013 : 13ème place

Pourquoi ? À mesure que l'ambition de Selina se fait plus grande, la série s'améliore. Cette troisième saison était jusque là la plus drôle et maîtrisée, ne cessant de placer ses personnages dans des situations où le malaise social et les répliques assassines peuvent fuser à volonté. La satire aborde l'avortement avec malice, poursuit son exploration des relations étrangères avec un séjour à Londres haut en couleurs et nous offre un débat mémorable. Tandis que Gary Cole et Kevin Dunn deviennent rapidement les meilleurs éléments du cast, l'ajout de Christopher Meloni en masseur grande gueule était particulièrement savoureux. Mais ce qui reste en tête, c'est le twist de l'avant-dernier épisode et l'ascension de Selina au poste de ses rêves dans une première journée se déroulant comme dans ses pires cauchemars. Julia-Louis Dreyfus, ais-je besoin de le préciser, est magistrale.

Sélection : "The Choice", "Crate", "New Hampshire"

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8) Review [Saison 1]



Diffusion : De mars à mai sur Comedy Central

Pourquoi ? Tout a commencé avec un papier très enthousiaste d'Alan Sepinwall au sujet de cette nouvelle comédie, l'adaptation d'un concept australien assez malin : à la demande de ses téléspectateurs, un animateur expérimente les choses de la vie (aller à un bal de promo, devenir raciste, faire une sex-tape) sans se douter que cela va considérablement changer sa propre vie et le faire devenir une épave au fil de la saison. Car avec une idée aussi bonne, "Review" aurait pu se contenter d'enchaîner les vignettes absurdes en mode "mockumentary" où l'humour réside dans le malaise. Une fois qu'on dépasse le pilote, on découvre très vite qu'elle a plus d'ambition que ça : chaque action de Forrest aura une résonance sur la suite des événements. Quand il expérimente la drogue, son addiction ne disparaît pas l'épisode suivant, tout comme le chien qu'il vient de trouver. Quand il divorce, les choses vont même devenir de plus en plus dark. Une noirceur qui atteindra son paroxysme lors d'un séjour dans l'espace mortel avec son beau-père. C'est cette continuité qui fait la force du truc, ce jusqu'au boutisme des scénaristes qui infligent tout à leur personnage principal, rendu très attachant par Andy Daly (aperçu dans "Kenny Powers" et "The Office"). L'épisode final sera pour le coup très réjouissant, une putain d'apothéose qui s'appuie à la fois sur l'aspect méta et très humain du propos (et nous laissant dans le doute complet au sujet d'une seconde saison déjà commandée). Alors pour voir si cette formidable comédie peut vous plaire, je vais faire comme Sepinwall et vous inviter à juger la série sur l'épisode des pancakes. Si vous trouvez comme moi qu'il s'agit de la scène la plus drôle à la télé cette année, vous allez vous régaler...

Sélection : "Pancakes; Divorce; Pancakes", "Best Friend; Space", "Quitting; Last Day; Irish"

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7) The Good Wife [Saisons 5 et 6]



Diffusion : De janvier à mai et de septembre à novembre sur CBS

Classement en 2013 : 8ème place

Pourquoi ? "Elle n'était pas parfaite cette cinquième saison (des épisodes médiocres et un découpage trop inégal) mais elle a tenté des choses et quand elle réussissait, elle réussissait dans les grandes lignes, souvent avec le but d'éclater sans arrêt le status quo." Je disais ça en mai dernier, sans savoir que la sixième saison allait poursuivre ce traitement inégal où les fulgurances sont magnifiques (le lancement de la carrière politique d'Alicia notamment) et où le médiocre est très médiocre (tout ce qui concerne Kalinda dont j'attends le départ avec impatience). Malgré tout, la série a frappé fort cette année et si on peut lui reprocher de ne pas savoir aller jusqu'au bout des choses, on admire forcément son audace et son sens du spectacle. La mort sortie de nulle part de Will Gardner va marquer les esprits et changer une énième fois les enjeux d'une série qui n'en finit plus de tester son fond et sa forme, une chose rare pour un drama de network. On tient là un soap toujours de haute qualité qui peut se regarder tour à tour comme une passionnante étude de personnages (et surtout d'un personnage de plus en plus complexe incarnée par une Margulies toujours au niveau) ou un guilty pleasure divertissant. Avoir une aussi belle place au classement alors qu'on en est à sa sixième saison, c'est preuve qu'on est en forme et qu'il n'y a toujours pas de concurrence sur les networks pour la brave épouse.


Sélection : "A Few Words", "Dramatics, Your Honor", "Oppo Research"

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6) Orange Is The New Black [Saison 2]



Diffusion : Le 6 juin sur Netflix

Classement en 2013 : 3ème place

Pourquoi ? Si la série de Netflix a perdu trois places au classement, c'est que cette deuxième saison est un peu moins maîtrisée que la première. L'excitation de la nouveauté est passée et on se coltine au moins deux intrigues pas très réjouissantes : celle qui concerne ce pauvre Larry et l'autre qui concerne Vee, la grande méchante. Lorraine Toussaint fait le job et ses débuts dans la prison sont prometteurs mais le personnage manque de complexité et tourne très vite en rond, semant la zizanie à tout va et jouant ad nauseum les poils à gratter. Heureusement, le reste n'était que du plaisir. Vee a au moins le mérite de placer le focus sur Taystee, Poussay, Cindy et Crazy Eyes, un quatuor qui offre les plus belles tranches d'humour et d'émotion de la saison et dont les flashbacks permettent plus d'épaisseur. Un procédé qui aurait pu s’essouffler mais qui évite la répétition en s'intéressant à de nouveaux cas, qu'il s'agisse de celui de Gloria, de la sœur Jane ou de Miss Rosa, la révélation de l'année. Les hommes ne sont pas en reste et plutôt que de continuer à s'en servir comme clown ou nemesis, on les découvre avec de nouvelles couleurs, en particulier le misérable Caputo. Et si Piper est plus effacée, ça ne l'empêche pas de nous offrir un season premiere surprenant où les scénaristes jouent avec leur formule. Elle aurait pu devenir redondante mais non, le plaisir est toujours là, renforcé par la méthode de diffusion qui permet de s'enfiler ça avec joie, un rituel qui va, je l'espère, durer encore longtemps.

Sélection : "Thirsty Bird", "Appropriately Sized Pots", "We Have Manners, We're Polite"

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5) Rectify [Saison 2]


Diffusion : De juin à août sur SundanceTV

Classement en 2013 : 6ème place

Pourquoi ? "Ray McKinnon et son équipe parviennent à tenir la longueur d'une deuxième saison rallongée qui développe encore plus en profondeur le clan Holden. C'est toujours Daniel qui est le plus envoutant mais, peu à peu, tout le monde se révèle plus complexe et attachant que prévu, d'un Teddy Jr. auquel on finit par s'attacher à une Janet qui entre sans soucis dans la ligue "Ruth Fisher". Oui, je ne peux m'empêcher de penser à Six Feet Under en regardant Rectify, même si le ton est différent, il y a la même justesse dans le traitement des rapports familiaux et une vraie poésie quand est abordé la vie, la mort, la religion, la communication et l'absurdité. Le dernier épisode est très tendue et celui qui m'a le plus marqué cet été." Avec le recul (parce que j'ai écrit ça juste après avoir vu l'impeccable season finale), je rajouterais que, finalement, c'est une série qui nous parle de pureté : comment la solitude de l'emprisonnement peut rendre des émotions très sincères et nobles, qu'elles soient religieuses ou amicales, et comment le monde des vivants peut détruire ça à une vitesse folle. Si Daniel a survécu, comment son âme préservé va-t-elle survivre au choc de la médiocrité, de l'ego et de l'absurdité générale ? On regarde ça les larmes aux yeux. 

Sélection : "Running With The Bull", "The Great Destroyer", "Unhinged"

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4) Louie [Saison 4]


Diffusion : De mai à juin sur FX

Classement en 2012 : 3ème place

Pourquoi ? Sans que ça plaise à tout le monde, Louis C.K. a décidé d'aborder avec cette quatrième saison le thème de l'amour, sous toutes ses formes. Que ce soit via le point de vue d'une femme qui en a marre qu'on ne la juge que par son poids ("So Did The Fat Lady"), par le biais d'une longue saga autour d'une romance où la communication n'est pas une barrière ("Elevator") ou bien d'une longue histoire d'amitié qui se transforme maladroitement en histoire d'acceptation ("Pamela"). Et il nous parle de ça en éclatant encore plus que d'habitude sa narration et en faisant clairement ce qu'il veut aussi bien sur le fond que sur la forme. Il a tenté des choses, il a lancé des cailloux en l'air et, selon la sensibilité de chacun, certains sont retombés pile où il fallait. En particulier quand, en guise de thème sous-jacent, il aborde l'enfance en piochant dans ses souvenirs ("In The Woods") ou en explorant avec justesse les questionnements de sa plus jeune fille. La manière dont il s'humilie devant Pamela était une bonne grosse maladresse (on y revient longuement dans ce podcast, à partir de 1h04) mais pas suffisamment pour oublier l'inventivité et la poésie de cette saison qui nous montre un auteur en roue libre qui sait aussi bien nous faire rire ("Back", "Model") que nous émouvoir (l'échappée belle de Lily dans le métro new-yorkais m'a foutu d'incroyables frissons, tout comme la scène finale dans la baignoire). Merci à FX de continuer d'offrir à Louie du temps d'antenne pour explorer ses obsessions et merci à Louie de les explorer en allant tenter des choses que personne n'avait tenté. 

Sélection : "So Did The Fat Lady", "Elevator", "In The Woods"

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3) Mad Men [Saison 7a]


Diffusion : D'avril à mai sur AMC

Classement en 2013 :

Pourquoi ? "Qu'est ce qu'on recherche avant tout ? À quoi nous sert le temps qui nous est imparti entre notre premier et notre dernier souffle ? La plupart de l'humanité aspire tout simplement à survivre. Si on ne connaît pas la misère de façon trop prononcée, on veut en plus de ça la cerise sur le gâteau : être aimé. Pas forcément pour ce que l'on est, pas forcément par ceux que l'on aime, juste être aimé, quoi qu'il arrive. De la reconnaissance, car c'est bien beau de survivre, encore faut-il exister." Foutraque, drôlement foutu à cause de la bête décision de la couper en deux, cette poignée d'épisodes nous dépeint les personnages toujours en pleine recherche et le tout s'achève par une dernière pirouette de l'ami Bert Cooper, avec une morale appropriée : l'argent ne fait pas le bonheur. 



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2) Fargo [Saison 1]


Diffusion : D'avril à juin sur FX

Pourquoi ? "Dix épisodes pour brouiller les pistes et stimuler sans arrêt notre imaginaire et nos mauvaises habitudes. En exploitant au mieux le temps de télévision qui lui était imparti, Noah Hawley, showrunner qu'il va désormais falloir suivre de près, a pris le temps de raconter des histoires dans son histoire, nous laissant toujours un peu rêveur quand la musique du générique (une partition superbe) retentit. Un vrai conte à l'ancienne, je vous dis. Sauf qu'on a pas besoin de tourner les pages, on ouvre juste grand les yeux devant une réalisation et une photographie impeccable, ludique et dont les effets de style sont toujours au service de la narration. Dix épisodes qui nous laissent avec des images très violentes et très marquantes (la douche sanglante, la fusillade sur plusieurs étages ou bien la chute du personnage de Glenn Howerton), des moments de poésie visuelles étonnantes (l'apocalypse tombant du ciel, la course-poursuite dans le blizzard), des belles scènes de dialogues (Bill présentant son fils adoptif à Molly, Gus et son voisin). Beaucoup d'inventivité. Beaucoup d'humanité. Presque biblique, presque une parabole, je croyais pendant un temps que Fargo nous parlait de la fatalité. Et puis son final m'a rappelé qu'on nous montrait depuis le début la victoire des gens biens sur les gens mauvais. Sans nous donner de clés pour savoir comment être l'un ou l'autre, pour savoir si on peut être soit l'un soit l'autre. En nous laissant rêveur et tremblant, comme des enfants à qui on raconte un conte désuet et troublant."

Sélection : "Buridan's Ass", "A Fox, A Rabbit, A Cabbage", "Morton's Fork"

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1) Transparent [Saison 1]


Diffusion : Le 26 septembre sur Amazon

Pourquoi ? "Quand Jill Soloway, scénariste d'épisodes comme "I'll Take You" ou "I'm Sorry, I'm Lost" dans Six Feet Under, nous pond une histoire de famille chamboulée par la transsexualité du père, je m'interdis de louper ça. Surtout que le père, c'est Jeffrey Tambor (Arrested Development, Bent), encore plus marquant dans le registre dramatique que prévu. Transparent ne raconte rien de nouveau, n'a pas de concept hors du commun, sa réalisation est sobre mais elle réussit quelque chose de pas toujours évident : parler de la vie. Voir ce genre de chronique familiale trouver son ton dès le début, c'est rare et on m'avait pas ému aussi sincèrement depuis longtemps. Depuis Enlightened ? Tout comme la série de Mike White, on est pas loin d'un film de Noah Baumbach pour les portraits tout en justesse, l'humour à froid et la facilité déconcertante avec laquelle ont peut s'identifier à des personnages bourrés de défauts." Je disais ça après avoir vu le pilote et je rajouterais que l'une des forces de Transparent, c'est d'aborder la transsexualité sans jamais moraliser ou culpabiliser le spectateur, en le laissant juste tirer ses propres conclusions face au parcours de Maura, jamais montré comme une sainte, toute aussi complexe que le reste de sa famille. C'est aussi pour moi la découverte de Gaby Hoffmann, le plaisir de voir des guest-star dans des rôles inattendues (Bradley Whitford notamment) et d'avoir un ensemble show cohérent et filmé comme un home movie, à l'image d'un générique très touchant et poétique. Transparent est au sommet du classement car c'est la série dont je garde le plus de moments en tête longtemps après l'avoir vu, qu'il s'agisse de Maura chantant "Somebody That I Used To Know" avec tout son coeur, Josh essayant d'être le plus sincère possible pour déclarer sa flamme à un rabbin, Shelly aux côtés de son ex-mari et de son actuel mari quand celui-ci pousse son dernier souffle ou bien Ali devenant adulte, le regard plongé dans l'océan. 

Sélection : "Symbolic Exemplar", "Best New Girl", "Looking Up"

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