The Crown [Saison 2]

Laissez-moi m'exciter deux secondes au sujet de la deuxième saison de #TheCrown que j'ai trouvé formidable et que si j'avais fini à temps, j'aurais mis 9ème ou 10ème de mon top annuel.


Les biopics pour moi, c'est comme les galettes, j'aime quand c'est bien fait. Quand l'écriture, les performances, les reconstitutions et les effets de mise en scène sont au service d'un parti-pris et d'un récit aussi précis que libre, loin d'une page Wiki. #TheCrown y parvient.

Elle y parvenait avec panache en S1 et réussit en S2 à affiner son propos sur la monarchie, le couple et le passage du temps. Elle a un regard subjectif, parfois tendre et parfois cruel sur ses sujets. Elle dépasse ses sujets pour offrir un récit de fiction. Une série.

Et une vraie série. Pas un film découpé. Il y a un sens de la construction épisodique. Chaque épisode se tient indépendamment et gagne en se succédant. Il y a une maîtrise incroyable de l'outil scénaristique et des possibilités de narration.

Une ambition folle à la fois sur chaque ép. et sur le long terme (6 saisons de prévues). Une réal/mise en scène qui exploite le budget tout en restant au service du récit. Tout comme le score. Tout comme le casting fou mais jamais cabotin (sauf Lightow mais Churchill le demande).

Et c'est pas rien de raconter une décennie en 10 heures en ne succombant pas à la tentation de tout raconter et en choisissant un angle, des fils rouges, des pirouettes et de retomber sur ses pattes en étant à a fois un cours d'histoire et un drame psychologique passionnant.

Même si passionné d'histoire, je me foutais royalement de la monarchie britannique avant #TheCrown et c'est bien les personnages de la série qui m'intéressent aujourd'hui, pas leurs modèles. C'est aussi là la réussite : pas de glorification, pas de complaisance avec la monarchie.

Ni l'excès inverse de critique de la bourgeoisie trop facile. Le récit reste à hauteur de personnages. C'est une fresque aussi énorme qu'intime. Et pour y parvenir, la saison 2 relie brillamment chaque intrigue et chaque personnage au couple central. C'est ça de la dramaturgie.

Il faut aussi applaudir les performances. Matt Smith et Vanessa Kirby vont me manquer mais pas autant que la glorieuse Claire Foy à qui je souhaite une longue et belle carrière. C'est le premier "plus grand rôle de sa vie", pourvu que ce ne soit pas le dernier.


Et l'amertume de quitter ce cast est rendu plus doux par l'arrivée de Coleman pour la suite et par le fait que la gestion temporelle permettra des apparitions de Foy et Smith sans soucis à l'occasion (comme ce fut le cas avec les caméos d'Harris et Lightow ici).

Les graines pour Charles sont joliment plantés dans le 2.09 et j'ai hâte de voir le personnage à part entière qu'il deviendra. Et de savoir où sera placé le curseur temporel et émotionnel de la S3. J'aimerais bien que ce soit de 74 à 87, de la décolonisation à Thatcher.

Que la S4 aille de 92 ("annus horribilis") à 2002 en passant bien sûr par Diana (même si je m'inquiète de la redondance avec le déjà formidable film avec Helen Mirren et que tout ça aille trop vite. Mais j'ai hâte de voir ça. Jusqu'ici, c'était impeccable.

Juste un peu déçu de ne pas avoir le droit à la Beatlemania mais c'est le prix à payer pour la qualité de la série. Elle ne raconte pas tout mais ce qu'elle raconte, elle le raconte bien. Ce n'est pas qu'une affaire de budget. Que d'autres biopics en prenne de la graine.

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