Mr Robot [Rattrapage]

J’ai vu la première saison de "Mr Robot" en 2015. Et puis j’ai arrêté. Je viens de passer le mois de janvier à rattraper les trois suivantes. Et j’ai adoré. Bilan de cette relation tumultueuse...



Je n’avais pas été passionné par la 1ère saison. J’y voyais de la forme un peu vide de fond. Ou alors du fond un peu vide de vraie pensée politique. Sorte de Joker version USA Network. Avec un personnage gimmick qui fatigue sur la durée.

J’espérais soit que ça ose plus franchement. Soit que ça assume d’être un feuilleton moins prétentieux/ambition. Un peu à la Monk. Avec un Elliot qui se retrouve à chaque épisode face au hack de la semaine.

Quand la 2ème saison a reçu des critiques comme quoi c’était encore plus prétentieux, que Sam Esmail se la jouait auteur sans véritable vision, j’ai archivé direct. 4 ans plus tard, par ennui hivernal et suite à la réhabilitation de la série, j’ai repris. Grand bien m’en a pris.

Comme quand j’avais lâché après la 1ère saison de #TheLeftovers ou celle de #HaltandCatchFire, j’aurais dû retenir ma leçon. Et aujourd’hui je peux le dire : je range #MrRobot pas très loin derrière ces deux-là dans la catégorie plus belles expériences séries des années 2010.



On m’avait déjà spoilé le twist de la 2ème saison donc j’ai juste pu me concentrer sur la construction de son ambiance, le soin apporté à développer enfin le monde autour d’Elliot. J’ai pu voir l’inventivité de la forme servir peu à peu le propos. Je suis tombé amoureux.

J’ai pu voir un auteur apprendre de ses erreurs, les corriger, essayer, s’amuser, être en constante création et remise en question de son projet. Nous perdre pour mieux nous retrouver. Nous faire confiance pour mieux mériter notre surprise et notre attachement.

Pour ça, il a fallu attendre que tout le monde trouve sa place autour d'Elliot. En faisant d’abord de Darlene et Angela de beaux personnages, pas juste faire-valoir.

Et dès la 3ème saison, ça a aussi été le cas de Wellick, Whiterose, Price et même d’un Mr Robot qui a mis le temps nécessaire à me convaincre (et à convaincre Elliot).



Et puis il y a eu le coup de cœur pour Dom, exemple parfait d’un ajout de personnage qui fonctionne vite et complète les autres sans forcer. Sa relation avec Darlene est devenu le cœur de ma réconciliation avec la série.

Comme toute série qui se bonifie, #MrRobot s’est vite montré généreuse avec l’intégralité de sa galerie de personnages, offrant le même soin aux membres de FSociety qu’à leurs ennemis (et notamment un Bobby Cannavale réjouissant).

La dimension politique en toc des débuts, limite digne des posts twitter d’un troll recalé de SciencePo ont été vite remplacés par un vrai regard sur le réel. Des réflexions plus limpides sur la violence du néo-libéralisme et le rêve de sa fin de règne.

Esmail a compris aussi qu’une bonne série ne pouvait pas reposer que sur le déroulage de l’intrigue. Il fallait aussi soigner chaque épisode et pourquoi pas expérimenter avec leurs formes. Tout en gardant une cohérence esthétique. Une vision qui a fini par payer à la longue.

Et qui nous a donné des folies sublimes comme le faux plan séquence sur les limites du plan séquence, l’épisode sans dialogues, la sitcom, le road trip du réveillon ou la pièce de théâtre sur le divan. Des essais qui prouvent qu’on peut faire le malin intelligemment.



Fallait aussi réussir la fin et comme mes conclusions favorites, Esmail a su peu à peu épurer son propos jusqu’à aller au bout de sa thématique clé: comment on fonctionne dans une société déréglée ? Avec un traitement juste d’un trauma qui n’était au départ qu’un gimmick de plus.

Pour ça, faut aussi rendre justice à Malek. Décrié à juste titre pour sa performance dans Bohemian Rhapsody, il a été impeccable de bout en bout ici. Avec un rôle de plus en plus complexe à mesure qu’on apprend à le connaître. Et jamais aussi bon que sur la dernière ligne droite.

Si on m’avait dit que j’allais un jour aimer une série vaguement conceptuel qui baigne dans une nostalgie 80’s et repose sur du mystère, j’y aurais pas cru. Mais finalement, à force de se reposer sur ses personnages plutôt que sur ses twists, #MrRobot m’a véritablement surpris.

Je dis ça tranquille mais en vrai, je suis en admiration totale devant cet exploit. Une série qui s’améliore de saison en saison et qui finit par former un tout aussi riche, aventureux et aussi rempli de personnages mémorables, c’est rare.



Assez pour que je vous le signale donc. Au cas où vous êtes aussi passé à côté suite aux mêmes appréhensions. Je sais pas si vous vivrez la même histoire avec #MrRobot mais je regrette pas le voyage. On en cause si vous le voulez.

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