Last Resort était peut-être le pilote que j’attendais le plus cette rentrée. Qui croit encore à J.J. Abrams ? Qui a envie de se taper ces nouvelles sitcoms parlant de bébés ? Pas moi. Par contre, Shawn Ryan a toujours toute mon attention et Andre Braugher, je le suivrais les yeux fermés. D’ailleurs, c’est un peu la saison des gens que je suis les yeux fermés et qui me déçoivent les uns après les autres : après Sorkin cet été et Matthew Perry avec Go On, voilà que l’association Ryan/Braugher me fait le même coup. Oui, Last Resort m’a déçu.
Je trouvais le pitch bien ambitieux : l’équipe d’un sous-marin est attaqué par l’armée américaine après avoir questionné l’ordre de bombarder le Pakistan. Leur capitaine (joué par Braugher) décide de trouver refuge sur une île et d’y créer une sorte de nation indépendante. C’est quand même du lourd. Et quelque chose de potentiellement passionnant. Seulement, c’est tellement lourd que d’installer tout ça dans un pilote de 44 minutes sur ABC sans avoir un budget de blockbuster, c’est pas forcément évident.
Alors tout va très vite et on a à peine le temps de connaître les personnages que l’intrigue défile déjà, que le complot est enclenché et que voilà toute l’équipe installé sur l’île et prête à y rester. Du coup, le tout semble forcé et les protagonistes ultra-caricaturaux. D’un pitch pourtant original et osé, on retient surtout les gros traits du scénario, des dialogues écrits à la truelle et des situations vus et revus de manipulations à la 24 ou pire, de flash-back mielleux à la Lost. Même les scènes d’actions manquent de clarté ou d’impact car elles sont trop vite expédiés et qu’on a encore du mal à saisir qui est qui et qui fait quoi.
Bon, avec un pitch pareil, il est difficile de reprocher au récit de ne pas être crédible parce qu’après tout, on est pas là pour ça. Mais une exploration moins en surface (jeu de mot) des enjeux de la série aurait permis d’être un peu plus convaincu par tout ce qui parait improbable et forcé. Je pense même que le mieux aurait été de se consacrer uniquement à l’équipage du sous-marin pour commencer. D’être plus en immersion (jeu de mot #2) et de mieux saisir les motivations de chacun, de ne pas relâcher la tension. D’avoir moins de musique larmoyante surtout.
Heureusement, il reste Braugher. Parfait dans son rôle de capitaine, avec ses éternelles veines aux tempes et son regard démentiel. Juste assez fou. Mais un capitaine qui, comme tous les autres, ne fait que balancer des phrases clichés dans des situations bancales. Et il n’est pas aidé par le reste du cast que j’ai trouvé… moyen, pour être poli. Robert Patrick fait du Robert Patrick et Jessy Schram m’agace déjà. Je déteste d'emblée les habitants de l'île. Et c’est qui ce Daniel Lissing et pourquoi il est aussi mauvais ? Au moins, Autumn Reeser est agréable à regarder.
Alors je vais regarder un second épisode juste pour elle et Braugher et surtout, pour voir dans quelle direction se lance Shawn Ryan. Aura-t-on affaire à un truc de survivaliste politico-magouilleur à mi-chemin entre Lost et Battlestar Galactica ? Va-t-on tout simplement assister à la construction d’un nouvel état indépendant et suivre le quotidien des protagonistes dans leur nouvelle vie ? Je pense que ce sera un mélange de tout ça et même si j’admire l’ambition, je trouve quand même que c’est un gros bordel à gros sabots carrément bancal et c'est sur ABC donc je me fais plus particulièrement d'attentes. C'est un peu la leçon à retenir de cette saison au final.
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