Kurt, il va falloir faire des choix.
Tout le monde t’as reproché d’avoir fait n’importe quoi, l’an dernier. Tu étais bien parti pourtant, c’était même un début de saison hautement enthousiasmant et puis tu as fait n’importe quoi concernant Clay. Ne pas avoir les couilles de tuer tes personnages, c’est une chose et je le conçois. Mais nous prendre pour des cons en cherchant sans arrêt des excuses pour qu’ils n’assument pas les conséquences de leur acte, c’est n’importe quoi. Peu à peu, les personnages en deviennent plus faibles, la cohérence du show et la continuité en prennent un coup et mon intérêt s’amenuise.
D’accord, Sons of Anarchy est un divertissement. Mais tu ne peux pas te cacher derrière cette excuse. Trop de temps a été deployé à développer la psychologie des personnages et tout l’intérêt premier de la série réside dans les guerres intestines du clan Samcro et dans les affrontements moraux entre les personnages. Alors quand je vois que Clay est toujours vivant et siège à la table des motards, je n’ai plus la capacité de ressentir quoi que ce soit pour lui. Ron Perlman est excellent, ses scènes étaient les plus intenses de ce season premiere et le déballage de vérités a presque failli me séduire. Mais il n’est plus un personnage de série qui m’intéresse. Je n’ai pas envie de le voir réussir ou échouer, je m’en fous. Et ce symptôme s’étend peu à peu à tous les protagonistes.
Parce qu’au bout de cinq ans, tes anti-héros ne peuvent plus s’en sortir comme ça sous prétexte qu’ils sont des anti-héros dans un divertissement testostéroné. C’est pas une histoire de crédibilité car c’est de la fiction, on s’en branle de la crédibilité finalement. C’est une histoire de morale. Et j’aime pas trop faire la morale mais là franchement, j’en viens à détester tout le monde. Le château de cartes de mensonges et d’excuses bidons va devoir s’écrouler à un moment ou à un autre et pas seulement si FX met une date de fin au show. Clay doit payer, Tig doit payer, Jax doit payer, Gemma doit payer, tout le monde mérite d’être au moins en prison et il va falloir en passer par là parce que je ne peux plus m’attacher et suivre les aventures de salopards pareils. Il n’y a plus de rédemption possible autre que d’assumer les décisions scénaristiques une bonne fois pour toutes.
Au lieu de ça, et à part donc cette scène de révélation (qui ne change rien), tu semble vouloir gagner du temps Kurt. En introduisant un nouvel ennemi copie conforme des précédents, et même un peu trop semblable à un Gus Fring, héros de la communauté le jour et gangster ultra-violent la nuit. C’est cool de revoir Harold Perrineau faire autre chose que de chercher son fils mais c’est encore une fois un leurre. En nous montrant une des scènes les plus violentes de la série (tellement violente qu’elle ne l’est plus), tu veux qu’on ait de la peine pour Tig et qu’on oublie du coup qu’il est lui aussi un meurtrier qui n’a pas d’autre motivations que l’argent (et l’esprit de clan à une époque mais là, vu la gueule du clan et de son honneur, ça marche plus trop). En introduisant tous les ans des méchants plus méchants que les précédents, tu espère que tes gentils garderont un minimum de sympathie et de pitié à nos yeux. Mais non. Là, on vire dans l’indifférence. La scène avec Tig m’a choqué certes, mais ne m’a pas ému. En plus, et je suis pas du genre à m’offusquer pour ça dans une œuvre de fiction, mais ça puait quand même le racisme bien gratuit.
Même chose pour Clay qui va jouer les repentants cette année, se transformant lui-même en Piney 2.0. et ne s’en sortant que grâce au jeu de Perlman, donc. Tara se promène avec un flingue devant ses gosses et ne fait que de râler alors qu’elle n’a qu’à se TIRER BORDEL ! Bobby et Chibs sont loyaux, fidèles et sympathiques mais ne font au final que suivre aveuglement un Jax dont les motivations sont aujourd’hui complètement floues et plus vraiment importantes (il devient son père, d’accord, mais ensuite ?). Quand à Gemma, elle redevient un électron libre et la voilà collé à un Jimmy Smiths qui sera sûrement un nouvel artifice pour gagner du temps. Je lui donne trois épisodes pour révéler sa vraie nature. Ah, et pauvre Unser. Si Kurt supprime Unser, c’est fini. Il n’y a plus de rédemption possible à moins que Roosevelt ne réussisse à coffrer tout le monde et à leur faire avouer leurs crimes. Sinon, les montages musicaux, ils commencent à être bien plat et à bien me gaver, navré.
Donc voilà Kurt. Suivre des anti-héros pareils sur plusieurs saisons, c’est tout à fait faisable. The Shield l’a fait. Breaking Bad l’a fait. Et on ne cherche pas d’excuses à Vic Mackey ou à Walt Whitman. Parce que la série nous propose de remettre en questions leurs actes et ne leur offre pas de rédemption, elle les confronte à leurs actes. Toi Kurt, (et je sais que tu réfléchis pas à tout ça et que tu veux juste t’éclater), ça fait bientôt cinq ans que tu fonce à toute vitesse sans prendre le temps de t’occuper de ça. Le résultat, c’est que ta série a perdu énormément de saveur et ne me divertit qu’à peine.
Suffisamment pour que je donne une chance à cette saison. La dernière pour moi.
Commentaires
Enregistrer un commentaire