BILLY - S02E19 La Paix du Monde Sauvage par billylaserie
Résumé : En route vers la Californie pour publier son roman, Charlie est traqué par la justice. Il prend pourtant le temps d'ajouter de nouvelles pages à son carnet et de savourer les merveilles de la nature.
Commentaires : Depuis le début, je voulais mon road-movie. "La Route", le deuxième épisode de la série, était mon amuse-gueule mais je voulais quelque chose de plus ambitieux, de plus épique. Et je voulais l'appeler "La Paix du Monde Sauvage" car c'était le titre d'un épisode d'Urgences qui m'était resté à l'esprit et m'avait fait découvrir la poésie de Walt Whitman. Charlie était tout désigné comme héros de mon road-movie et j'ai fini par écrire l'épisode dont j'étais le plus fier et dont je suis toujours le plus fier, encore plus aujourd'hui en voyant le résultat final.
Et je ne me suis pas seulement inspiré de Walt Whitman et de son poème sur la nature. Pour nourrir le carnet de mon écrivain, j'ai emprunté à mes écrivains favoris, de Jack Kerouac (Big Sur) à Jack London (Martin Eden) en passant par Dylan, bien entendu. Tout le reste est de moi et provient de mes propres carnets de voyage, de mes propres réfléxions sur la nature, la route et le temps qui passe. Visuellement, j'ai demandé à Aurélien de faire son Terence Malick car je venais juste de voir "The Tree of Life" et il m'avait bouleversé. Certains y verront également des allusions à "Into The Wild" ou "Dead Man" mais chacun peut y voir ce qu'il veut, pas de problème. L'épisode est fait pour ça, pour que chacun fasse son propre voyage aux côtés de Charlie et son propre voyage intérieur.
Je ne crois pas qu'il est nécessaire d'en dire davantage tant l'épisode parle de lui-même. Et pour rendre hommage à Charlie et à cette nouvelle perte pour les Régulateurs, je voulais partager un extrait de la Bible de la série, un long document que j'ai écris avant le tournage pour que chaque comédien puisse s'approprier son personnage. Voilà ce que je disais sur Charlie : "En suivant Billy dans ses aventures, Charlie peut donc délaisser la médecine, symbole pour lui de la dure réalité, celle qui le freine depuis toujours et l’éloigne de l’écriture. Et les dures réalités rencontrées sur la route (trahison, meurtres, injustices, pauvreté) deviennent des sujets fantasmés, des moments épiques que Charlie vit avec le recul d’un écrivain.
C’est comme ça qu’il restera fidèle à Billy et aux Régulateurs et parviendra à survivre assez longtemps pour pouvoir finir son récit. Sa seule crainte, c’est celle de mourir sans être passé à la postérité. Celle de ne pas laisser de trace, celle d’être aussi oubliable que le commun des mortels. Tout comme Henry avec sa Bible que Charlie trouve ridicule, il aspire pourtant à l’immortalité. Cela le rend méfiant, cela le plonge dans la solitude et cela le rend parfois amère. Parce qu’après tout, il aurait aimé être Billy. À force d’être déconnecté de la réalité, il va croire jusqu’au bout qu’il est intouchable. Que la mort ne pourra le rattraper tant qu’il n’aura pas rempli sa mission. Il ne verra donc pas Garrett et son arme pointé sur lui lorsqu’il périra à Zuma, après des jours d’introspection.
Je me suis donc beaucoup inspiré de ma propre sensibilité pour écrire Charlie. De mon rapport toujours ambigu entre fiction et réalité. J’y ai rajouté un peu de David , pour qui j’ai écris le rôle et de son rapport à la vie du haut de ses trente ans, de son amour pour les lettres, de sa démarche et de son caractère. Enfin tout du moins de mon idéalisation de David, vous l’avez compris. Et j’ai saupoudré le tout de ceux qui influencent la plume de Charlie tout au long de la série, de Walt Whitman à Jack Kerouac en passant par Arthur Rimbaud et les chansons de Dylan, bien entendu.
La fiction, qu’elle soit littéraire, musicale ou cinématographique a le don de vous ramener en arrière tout en vous poussant en avant, de sorte qu'on ressent à la fois de la nostalgie et de l'espoir. C’est ça Charlie, et c’est pourquoi c’est mon personnage favori, celui dont je me sens le plus proche.
Anecdotes : "La Paix du Monde Sauvage fut tourné en trois temps. D'abord, une longue journée de vadrouille en équipe réduite sur les bords de Loire, à la recherche des lieux que j'avais à l'esprit. C'était très instinctif et l'équipe a su me faire suffisamment confiance pour me suivre partout et m'aider à concrétiser les images que j'avais dans la tête. Tout comme les dunes vendéennes ou la maison de mon père, les bords de Loire font parties de mon enfance et je pense, qu'insconciement, je voulais faire passer mes souvenirs à la postérité. Et puis même si ce n'est pas l'Amérique, la région offre de très beaux paysages qu'il aurait été dommage de ne pas utiliser. Ce petit road trip reste l'un de mes meilleurs moments de tournage et David aura été très patient et compréhensif, jouant lui aussi sur l'instinct pour offrir à la caméra beaucoup de matière.
Durant la semaine qui a suivi, nous sommes partis plusieurs fois à la recherche d'un coucher de soleil parfait mais il était trop tard ou trop nuageux. Finalement, le dernier essai fut le bon et on a pu savourer ce moment dans un champ à ciel ouvert, paisiblement, sans le rush et l'urgence des débuts. J'avais tenu de toute façon à garder "La Paix du Monde Sauvage" pour la fin en espérant que nos esprits seraient un peu plus détendus et le planning moins chargé, afin de concentrer tous nos efforts sur ce nouveau défi. Et si on a autant aimé l'expérience BILLY, c'est qu'accomplir des défis est une sensation merveilleuse, que je recommande à tout le monde.
Enfin, le dernier temps fut celui de l'enregistrement des voix-off de Charlie. Enfermés dans la pièce qui servait de bureau à McSween et au Gouverneur Wallace, David a enregistré sa voix et en bon perfectionniste qu'il est, a tenu à faire ça bien. De toute façon, je n'ai rien à redire sur la performance de David dans le rôle de Charlie. Je crois que beaucoup d'entre vous placent l'écrivain comme leur personnage favori et ce n'est pas pour rien. J'ai écris le rôle pour lui, il l'a tenu du début à la fin. C'est également mon personnage favori et cet épisode est aussi celui dont je suis le plus fier. Et puis malgré l'affrontement réguliers de nos deux caractères à la con tout au long du tournage, David était l'un de mes amis les plus proches durant cet été et je n'aurais pas imaginé ça sans lui. Merci l'ami !
Musique : À l'origine, j'avais en tête de laisser Alexis Marchal, notre compositeur habituel, se charger d'ambiancer l'épisode. Mais par faute de temps, j'ai choisi Yo La Tengo, l'un de mes groupes favoris. Ce qu'on entend ici sont des morceaux enregistrés pour la bande-originale du film "Old Joy", qui raconte le retour à la nature de deux citadins. Un film très beau et des mélodies très belles qui collaient parfaitement à nos images.
La semaine prochaine : Pêche au poisson-alligator et chasse à la mouette.
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