J'ai toujours suivi Nurse Jackie avec un mélange d’agacement et d'attachement. D'agaçement car elle accumulait les mauvaises caractéristiques d'une série de Showtime : un personnage principal avec un gimmick répété à l'envie (quand c'est pas de tuer des gens, d'être accro au sexe, de vendre de l'herbe ou d'avoir le cancer, c'est d'être accro au médicaments) et souffrait d'un problème de ton et de format rendant le tout sans équilibre. D'attachement parce que malgré tout, un cast impeccable avait su rendre les personnages suffisamment familiers pour avoir envie de les retrouver chaque année, même quand on finissait par les détester à l'occasion. Et puis la quatrième saison était bien mieux ficelé et intéressante que prévue alors j'ai attaqué celle-ci en penchant plus du côté de l'attachement que de l'agaçement.
Même si j'ai des doutes concernant le cliffangher final (mais j'y reviendrais), je ne suis globablement pas déçu. Les efforts de l'an dernier se poursuivent ici sous la houlette de nouveaux showrunners qui parviennent à garder le cap et à nous raconter des histoires cohérentes sur la longueur. Sans se reposer sur des effets de style moches ou des comportements excentriques à foison, on nous montre les états d'âmes de chacun dans un mélange de drama et d'humour mieux dosé que jamais. Même si on peut déplorer le départ de ma chère O'Hara, de nouveaux personnages viennent raffraîchir l'ensemble et on s'attache très rapidement à cette garce de Carrie ou ce bourru de Prentiss. S'il est toujours amusant de voir Cooper tâcher de grandir un peu ou de voir Akalitis se rapprocher de son personnel, c'est Zooey qui continue de voler la vedette à tout le monde. Merritt Wever aura su briller à de nombreuses reprises lors de cette saison télévisuelle et la voir dans le lit de Prentiss était la cerise sur le gâteau.
Mais n'oublions pas de parler de Jackie, c'est tout de même elle la star de la série. Et ce qui rend cette saison si solide et raffraîchissante, c'est de voir notre héroïne explorer un nouvel horizon : la sobriété. Débarrassée de cette béquille épuisée jusqu'à l'os par les scénaristes auparavant, on peut enfin voir Edie Falco dans un autre registre et suivre l'infirmière affronter des problèmes différents mais tout aussi touchants : l'éducation de ses enfants (malgré le jeu limité de l'actrice qui incarne Grace, c'était souvent réussi) et surtout, la reconstruction de ses capacités à aimer, à faire confiance à l'autre.
Et pour ça, c'est Adam Ferrerra, un acteur excellent que j'avais jamais vu avant, qui s'y colle. C'est bien simple : Frank est le personnage le plus génial de la série et il aura fallu attendre cinq ans pour le rencontrer. Il est écrit avec simplicité, incarné avec beaucoup de naturel et est l'homme parfait pour Jackie. La voir réaliser ça était très excitant et même si j'ai eu peur en voyant Bobby Cannavale débarquer de nouveau, on a fini par arriver à une situation où Jackie peut souffler, sourire, vivre au présent.
C'est donc le moment qu'elle choisit pour retomber dans ses vieux démons. Juste comme ça. Et je ne sais pas quoi penser de ce retournement de situation. Est-ce un nouveau coup signé Showtime que cet éternel retour vers le status-quo ? Est-ce un moyen de conclure la série alors que le renouvellement n'était pas encore assuré ? Est-ce qu'il sera intéressant de voir Jackie détruire tout le bonheur qu'elle a accumulée et la voir faire souffrir son entourage ? Je n'ai jamais autant aimé Jackie que souriante et optimiste. Mais peut-être que le bonheur sur le long terme n'est pas un bon sujet à développer pour une série ? Je n'en sais rien mais je sais que j'attends de voir la suite, plus que jamais. Pas parce que la série est devenue géniale. Juste parce qu'elle n'a jamais été mieux et que je l'aime bien finalement.
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