Une fois n'est pas coutume, c'est Drum de pErDUSA qui m'a fait découvrir une série. Et à l'époque, je n'avais même pas Internet et pas assez d'argent pour m'acheter de coffrets DVD. Alors je connaissais Frasier, j'avais envie de voir Frasier mais je ne pouvais pas voir Frasier. Des années plus tard, me voilà qui approche de la fin d'un long rattrapage de onze saisons et plus de 200 épisodes, débuté à l'automne 2011. Drum m'a alors contacté pour que l'on discute de ces ultimes épisodes ensemble et nous avons sélectionnés les plus marquants pour dialoguer durant l'été. C'est à lire même si vous n'avez pas encore vu la série. Et c'est un fort encouragement à voir la série !
S11E23/S11E24 Goodnight Seattle
Dylanesque : Et ainsi s'achève mon intégrale Frasier. Je me souviens l'avoir débuté à l'automne 2011, alors qu'il pleuvait et que je m'ennuyais. Drum, tu m'en avais vanté les mérites depuis longtemps sur pErDUSA et même si je n'avais jamais regardé Cheers, j'ai voulu donner sa chance à Frasier. Comme ce fut le cas avec Seinfeld et NewsRadio, j'ai signé un contrat avec la série : elle allait m'accompagner lors des froides soirées d'hiver, lors des déjeuners en solitaire et me réchauffer le coeur et les zygomatiques pendant au moins 260 épisodes. Presque deux ans plus tard, le contrat s'achève et la comédie de NBC a pleinement rempli sa mission. Elle a même réussi à se trouver une vraie place dans mon quotidien et elle va terriblement me manquer.
Drum : Surtout que la série trouve parfaitement sa place entre ces deux comédies. Seinfeld brille par sa structure et son aspect innovant et Newsradio pour l’humour absurde de la vie de bureau, Frasier apporte quelque chose que ces deux autres séries n’ont pas. Et quand on pense que leurs diffusions concordent avec celles de Friends, Mad About You, Just Shoot Me ! et 30 Rock, les années 90 pour les comédies de NBC étaient vraiment exceptionnelles.
Dylanesque : Mais avant de revenir à ces généralités, concentrons nous sur ce series finale. Qui est une réussite même s'il a mis quelques minutes à me convaincre. En effet, j'ai trouvé au départ qu'il jouait beaucoup plus sur l'humour que l'émotion. Ce n'est pas un mal car Frasier est bien entendu une série que j'aime car elle m'a fait beaucoup rire (comme me l'a rappelé l'excellent clip-shot "Analyzing The Laughter", diffusée par NBC juste avant) mais je m'attendais surtout à être ému par ces adieux. Pas à l'humour gras des Moon dont j'aurais pu me passer ni au mariage catastrophe. Mais c'est ça la puissance de cette ultime épisode (comme ce fut le cas à une certaine échelle avec celui de The Office) : il nous fait beaucoup rire en proposant un best-of des différentes sortes d'humour de la série : le mariage en question est digne des plus grandes catastrophes des Crane (souvenez-vous de l'ouverture de ce restaurant !), on a du gag visuel signé David Hyde Pierce et on a le droit également à un festival de quiproquos en tout genre. Même Bebe est là pour le plus grand plaisir de Drum, j'imagine (et on découvre son fils, interprété par Chris Marcil, l'un des scénaristes de la série) ! On rit alors de bon coeur avant qu'on finisse par nous prendre par les sentiments alors qu'on ne s'y attendait plus...
Drum : Je me rappelle avoir aussi été très déstabilisé par cet épisode surtout qu’il suivait un épisode drôle et touchant. Je m’attendais à une poursuite directe pour ce finale. Mais l’intérêt de l’épisode est de ne pas oublier qu’un series finale est aussi un épisode standard d’une série. Il joue sur les qui pro quo et les ficelles majeures de la série et est structuré à l’image de la dernière saison avec chacun des membres de la famille Crane qui a le droit à un tiers de l’épisode pour cloturer son arc : un mariage pour Martin, un bébé pour Niles et un nouveau départ pour Frasier. Et effectivement, il est aussi un prétexte crédible pour faire revenir un maximum de personnages marquants (dont Bebe !!) et des acteurs célèbres. Mais surtout il résiste à la facilité de montrer la fin heureuse en montrant un Frasier dans les bras de Charlotte qui n’apparaît même pas dans cet ultime épisode.
Dylanesque : Et pourtant, cette résolution est très prévisible : on sait dès le début que Frasier finira bien par aller retrouver Charlotte. On sait que c'est Roz qui va succéder à Kenny. Que Daphné va perdre les eaux à un moment ou à un autre. Que lorsqu'il déménagera à Chicago, dire au revoir à sa famille sera forcément émouvant pour Frasier. Seulement, les rires se taillent la part du lion pendant longtemps (avec tout le monde qui pense que Frasier est atteint d'un cancer) jusqu'à laisser la place aux larmes, juste au moment où Roz se retourne pour prendre son ancien patron dans ses bras. Et là oui, j'ai pleuré moi aussi. À mesure que chacun dit au revoir à Frasier, on dit adieu à chacun. À Roz, Daphné, Martin, Niles et même Ronnie, qui s'est parfaitement intégrée dans la petite famille (difficile à croire qu'elle n'est là que depuis cette saison). Au revoir à l'appartement (c'est le même type qui avait livré la chaise de Martin dans le pilote qui reivent ici) et à KACL (mais où est passé Bulldog ??). Et tout ce qu'on peut faire désormais, c'est sécher ses larmes et souhaiter bonne chance à Frasier pour cette nouvelle aventure. Car la série nous aura rabâché une chose durant 260 épisodes : il faut savoir aller de l'avant. Et cette nouvelle aventure, on ne le verra pas cette fois, il n'y aura pas de nouveau spin-off.
Drum : Et c’est la force de cette fin de série. Frasier était une série sur l’importance d’aller de l’avant et de ne pas se contenter de ce qu’on a. Martin n’avait pas à finir sa vie en maison de retraite, Niles n’avait pas à rester dans un mariage où il n’était pas vraiment heureux et Frasier ne veut pas finir sa vie seul. Il n’y pas de fin, c’est juste une page qui se tourne dans un livre où Frasier, la série, était un gros chapitre. Ce qui fait qu’on pouvait aisement imaginer un nouveau spin off tant la richesse de Frasier ne venait pas du personnage en lui-même, mais dans l’environnement dans lequel il se trouve. Je n’aurais clairement pas dis non à une série sur la vie de couple de Frasier et Charlotte.
Dylanesque : Alors on peut imaginer tout ce qu'on veut : du bonheur pour les Crane, un fiancé digne de ce nom pour Roz (Noel Shempsky ?)... On peut même imaginer onze nouvelles saisons si on le veut bien. Car Frasier aurait pu être éternelle et nous accompagner pendant encore des années. Malgré quelques saisons un peu plus faibles, elle a su garder une qualité incroyable au vu de sa longévité et je serais bien en peine de lister mes épisodes favoris (même si je vais le faire, ne vous inquiétez pas). La sitcom est un art et les scénaristes de Frasier peuvent se targuer d'un vrai chef d'oeuvre. Ils ont su en maîtriser les codes tout en imposant leur univers. Ils sont su raconter 260 histoires autour d'un postulat très simple et décliné à l'infini sans nous donner l'impression de faire du surplace. Ils sont su donner à un cast talentueux du matériel adapté. Qui aujourd'hui peut porter un personnage pendant 20 ans comme l'a fait Kelsey Grammer ? Comment se fait-il que David Hyde Pierce n'a pas retrouvé du travail à la télévision ? Qui n'a pas encore regardé la deuxième saison d'In Treatment ou le S13E03 d'ER pour y admirer John Mahoney dans un registre dramatique qui lui va à merveille ? Et Drum, tu m'as presque convaincu de regarder "Hot in Cleveland", c'est dire...
Drum : Hot In Cleveland est loin d’être du même calibre. Je ne suis pas encore aussi enthousiaste que Jéjé de pErDUSA quant à la série, mais oui, la distribution masculine de Frasier était remarquable, et encore une fois, c’est une des marques de fabrique des sitcoms de NBC de l’époque où des castings très solide relevait un matériel déjà très bon à la base. Et effectivement, c’est un plaisir de voir Mahoney, un acteur de théatre membre de la troupe de Gary Sinise, John Malkovitch et Laurie Metcalfe, dans un registre dramatique.
Dylanesque : Ces gens-là vont beaucoup me manquer en tout cas. Même si je n'ai pas grandi avec Frasier comme j'ai pu grandir avec Friends, je peux dire clairement que c'est la plus grande sitcom de network que j'ai jamais vu, tant au niveau de la longévité, que de l'intelligence, que du cast, que de la drôlerie. Une drôlerie bien à elle et inimitable. Bonne chance Frasier, je penserais toujours fort à toi et à la famille Crane.
Drum : J’ai découvert la série lors des dernières saisons de Friends. J’avais suivi la série en parallèle de la fin de Friends, et Frasier lui est clairement supérieure dans sa constance. Si le materiel de base parle à son audience dès les premiers épisodes, alors la série ne déçoit pas sur le long terme. Friends est une série qui s’est renfermée sur sa distribution et s’est trop souvent reposé sur ses lauriers. Sa distribution efficace n’était pas des plus versatiles à l’exception de Lisa Kudrow…qui tenait le rôle de Roz dans le pilote de Frasier avant de se faire renvoyer pendant le tournage.
Dylanesque : Lisa Kudrow dans le rôle de Roz ? Je peux presque imaginer ça... Bon, chers lecteurs, je vous invite, bien sûr, à visionner la série. Voilà juste pour conclure, ma sélection des épisodes que j'ai préféré tout au long de la série.
S01E01 Pilot / S01E24 My Coffee With Niles / S02E24 Dark Victory / S03E13 Moon Dance / S03E18 Chess Pains / S03E24 You Can Go Home Again / S04E01 The Two Mrs Cranes / S04E06 Mixed Doubles / S04E12 Death & The Dog / S04E21 Daphne Hates Sherry / S05E13 Perspectives On Christmas / S05E15 Room Service / S05E20 First Date / S06E03 Dial M For Martin / S06E14 Three Valentines / S06E22 Visions Of Daphne / S07E12 Rdwrer / S08E19 Daphne Returns / S09E03 The First Temptation of Daphne / S09E04 The Return of Martin Crane / S09E07 Bla-Z-Boy / S10E08 Rooms With a View / S10E14 Daphne Does Dinner / S11E22 Crock Tales. Et ce final, bien entendu.
Frasier has left the building...
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Dylanesque : Je regardes quoi maintenant Drum ? En tout cas, merci d'avoir partagé cette ultime saison avec moi, c'était chouette de discuter ensemble. On remets ça à l'occasion ?
Drum : Pour moi, trois choix s’offrent à toi :
- Out Of Practice, une sitcom d’une saison dans la lignée de Frasier, elle est partage des scénaristes, sur une famille de médecin avec Paula Marshall, Stockhard Channing, Ty Burrel, Henry Winkler et Christopher Gorham. Une comédie courte, mais efficace,
- Just Shoot Me ! pour le talent de Wendie Malick. Une sitcom qui pèche un peu sur la longueur mais dont les meilleurs moments sont très drôles. Les deux premières saisons sont exemplaires de qualité (en règle générale, un mauvais signe pour une comédie),
- 3rd Rock From The Sun pour continuer tes intégrales des belles sitcoms de NBC. John Lithgow donne du fil à retordre à David Hyde Pierce.
Et bien sur qu’on remet, ça !
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