Dylanesque et la Meilleure Série du Monde, épisode 3.
Et un troisième épisode sans surprises où je suis de nouveau bien obligé de reconnaître tous les mérites de The Wire. La série nous rabâche toujours la même chose (le changement n’existe pas) en tentant cette fois de se focaliser sur des personnages qui essayent quand même de changer la donne. Qu’il s’agisse de Bunny Colvin et de l’expérience Hamsterdam, de Stringer Bell qui raccroche les armes pour se concentrer sur le business ou de Tommy Carcetti qui, malgré son égo, essaye de changer la donne politiquement. Tout ça fait partie du « game », tout ça est lié et, comme d’habitude, nombreux sont les parallèles, les nouveaux personnages complexes et les scènes poignantes qui te font perdre tout espoir en l’humanité.
Alors même si le tout est plus didactique (bien que magnifiquement interprétés par un Robert Wisdom qui mérite mieux que de jouer dans Nashville, les tirades de Colvin sont du David Simon sans filtre), plus symbolique (l’allégorie de l’intervention en Irak à peine déguisée) et que j’ai moins vibré sur la longueur que lors des deux saisons précédentes, me voilà tout de même sur le cul devant autant de maitrise et de profondeur. Bien joué, les gars. Ce qui marque en tout cas, c’est la dernière ligne droite, qui aurait dû être la dernière ligne droite de la série et qui sonne comme une démolition en règle de tout espoir de reconstruction dans une saison qui nous y a fait croire à partir du moment où elle a démoli les tours de la cité (bah ouais, l’allégorie je vous dis). Je ne sais pas ce qui est le plus tragique : l’exécution de Stringer Bell (ça m’a fait du bien de voir Elba ailleurs qu’à Dunder Mifflin finalement), la chute de Colvin, la fin de l’empire Barksdale ou la montée de celui de Marlo. Dans une série « normal », c’est l’échec de cette nouvelle enquête qui aurait fait le plus souffrir. Là, la douleur vient de tous les angles et se répercutent partout dans un toutéliage ultime.
J’ai déjà parlé dans mon top 50 de ce montage final où, alors que Solomon Burke nous invite à continuer d’avancer, Baltimore continue d’être une machine bien huilée que rien ne changera jamais. Même si un seul homme monte au créneau, d’autres seront toujours prêt à l’écraser, que ce soit par intérêt politique, commercial ou par simple violence. L’éternel recommencement est annoncé et oui, malgré quelques légers défauts (et j’ai oublié de citer une romance Daniels/Pearlman dont je me fous et un Brother Mouzoune qui fait toujours aussi tâche), cette troisième saison ne démérite pas. Surtout qu’avant le discours de David Simon sur la société, elle puise ses tragédies et sa construction autour d’une amitié, celle d’Avon et Stringer, ce qui nous mène à cette scène sur le balcon, peut-être la plus forte de la série jusqu’à présent. Où j’ai réalisé que jamais je n’aurais pensé m’attacher autant à deux barons de la drogue.
Allez, de l’espoir, il y en a un peu finalement. Cutty, dont j’ai beaucoup aimé suivre la réinsertion cette année, parvient à avoir un peu d’influence sur les gamins du quartier (même si je ne doute pas que Marlo en a encore plus). McNulty a enfin trouvé sa place et je shippe pas mal sur sa potentielle relation avec Russell. Un type aussi fermé que Carver a peut-être changé de mentalité (même si l’acteur n’arrive toujours pas à me convaincre). Ce pauvre Prez a peut-être un avenir ailleurs que dans la loi et l’ordre, c’est en tout ce que je lui souhaite. Caroline aura découpé plein de coupons et payera ses courses moins chères. Enfin, tout ça, c’est ce qu’on pourrait croire si HBO avait bel et bien annulé la série. Mais je suis certain que la réalité va frapper tout le monde de plein fouet dès la prochaine saison tout comme celle-ci m’a frappé de plein fouet.
Encore une fois, merci à Alan Sepinwall qui a raconté tout cela mille fois mieux que ça sur son blog et m’a permis de m’y retrouver dans l’immense galerie de personnages, de mieux saisir certains enjeux de la saison grâce à ces analyses impeccables. Merci à la Fnac d’avoir soldé les coffrets DVD. Et merci à des types comme Colvin, Lester, Omar, Bubbs ou Bodie d’être de merveilleux personnages qui, malgré leur quotidien morose, illuminent un été bien morose. Oui, c’est redondant. Et alors ? The Wire vient de me prouver que la redondance, quand on la maitrise (et j’y arriverais un jour), ça peut fonctionner. Et t’embarquer dans un truc tellement ambitieux que j’ai pas fini d’y penser.
Qui a envie de réfléchir alors qu’il fait 35 degrés dehors ? Moi, visiblement. L’année prochaine, je m’attaquerais à True Blood, ça me calmera.
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