Bilan Saison 2

Mom est la meilleure sitcom à la télévision actuellement. 

Bon, vous allez me dire, la concurrence n'est pas rude : on a des vieux mastodontes à la Big Bang Theory, des daubes comme Mike & Molly et des remakes nazes comme The Odd Couple (pauvre Matthew Perry, je n'ai pas dépassé le pilote). Quand aux comédies single camera, à part pour Veep et Louie sur le câble, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent sur les networks : il y a longtemps que j'ai abandonné Modern Family et des séries comme New Girl et même la sympatoche Brooklyn 99 commencent doucement à m'ennuyer. Parks & Rec et Cougar Town sont terminés et j'ai la flemme d'attaquer six saisons de The Middle. Alors oui, au bout de 44 épisodes et après l'avoir répété tant de fois, je le redis : amoureux de sitcoms, regardez Mom. Elle est dans un état de grâce où la qualité est constante et en attendant que ça redescende un jour, il faut en profiter. 


Voilà cinq raisons très simples pour achever de vous convaincre : 

1) Mom est drôle !

Oui je sais, pas facile de vous convaincre de ça quand on sait que Chuck Lorre (Big Bang Theory, Two And A Half Men) est aux commandes. Son nom peut donc facilement évoquer sitcom usinière avec gags gras à la chaîne et sexisme puant au tournant. Mais Lorre n'est pas seul : chaque épisode de Mom est crédité d'une poignée de scénaristes venant d'horizons différents et où règne la parité. Alors bien sûr, on retrouve à l'occasion des blagues bien crasseuses et en dessous de la ceinture, mais au fil de la série et à mesure que l'on apprend à connaître les personnages, elles deviennent de moins en moins gratuites. Grâce au talent des comédiennes, on peut donc facilement rire à gorge déployé, en particulier quand les vacheries entre la mère et la fille rivalisent d'inventivité ! 

2) Mom est triste !

Et c'est aussi ça qui la rend aussi drôle. Aussi lourdingues qu'elles soient, les blagues sont bien souvent là pour désamorcer intelligemment une situation dramatique. Et il arrive souvent que les larmes succèdent à un bon fou rire. C'est ce délicat mélange que la série parvient si bien à faire sans jamais tomber dans le pathos et avoir besoin de forcer le trait. Pas en tout cas dans cette deuxième saison qui a quand même réussi à enchaîner la mort d'un personnage clé (Kevin Pollak qui était très bon dans le rôle d'Alvin, rendant son décès encore plus douloureux), à faire retomber Bonnie dans l'addiction (ce qui était aussi marrant que tragique) et à éloigner Christy de ses deux enfants. Les scénaristes n'ont peur d'aucunes thématiques (on y évoque aussi le cancer, la prison, la religion et la pauvreté) et vont en général jusqu'au bout de leur propos, même si ça veut dire que les rires enregistrés seront muets l'espace d'une scène émouvante. Et quoi de plus touchant qu'une sitcom qui, d'un seul coup, devient silencieux et change de tonalité sans avoir besoin de changer sa nature. C'est comme de voir une excellente scène dramatique au théâtre, on entendrait presque la respiration de son voisin et la catharsis n'en est que renforcée. Prenez par exemple la scène où Christy décide que, pour une fois, elle n'ira pas aider sa mère à se sortir du pétrin, quand celle-ci l'appelle depuis une cellule de dégrisement. On se marre parce que Bonnie est outrée et on est touché par la décision courageuse mais difficile de sa fille et la solitude dans laquelle se retrouve sa mère. Chaque épisode parvient avec malice à nous parler de tout de toutes les manières et avec une fluidité folle. Oui, n'oublions pas que Chuck Lorre a également bossé sur Roseanne.


3) Allison Janney est géniale !

Et ça, si vous avez déjà vu un épisode de The West Wing ou de Masters Of Sex, vous n'en doutez pas (à moins d'avoir seulement vu un épisode de Mr. Sunshine...). Mais j'ai beau adorer C.J. Cregg, je crois qu'avec Bonnie Plunkett, l'actrice tient le rôle de sa carrière. Celui où elle peut en tout cas nous prouver l'étendu de son talent. Dans Mom, et en particulier dans une deuxième saison où son personnage gagne joliment en nuances, elle peut tout faire : humour physique (elle fait souvent deux têtes de plus que ses partenaires de jeu ce qui lui donne un avantage considérable pour ça), one-liners qui font toujours mouche, douce folie qui permet de rendre amusante les pires dérives du personnage et surtout, une capacité incroyable à jongler entre différentes tonalités. La descente aux enfers de Bonnie est le fil rouge de la deuxième moitié de saison, à partir du moment où Alvin disparaît jusqu'à l'énième chance que lui offre sa fille. Et durant la totalité de ces épisodes, Allison Janney est parfaite. 

4) Et le reste du cast aussi !

Mais Anna Faris est parfaite aussi ! Il aurait été facile de faire de Christy un personnage plus sérieux pour contrebalancer les excentricités de sa mère et de son entourage. C'est un procédé classique de sitcoms, le straight guy qui est plus là pour réagir que pour faire rire. Christy est, au contraire, une lead dynamique, touchante et dont les propres problèmes d'addiction rendent encore plus complexe la manière dont elle réagit aux excès de Bonnie. La peur de reproduire le schéma familial lui pèse de plus en plus, en particulier quand Violet emménage avec son fiancé (David Krumholtz, qui enchaîne les bons seconds rôles cette année) ou quand Roscoe veut vivre avec son père (un Badger de mieux en mieux utilisé). Autour de Janney et Faris, les scénaristes ont décidés d'étoffer les personnages féminins hauts en couleurs. On connaissait déjà Marjorie, la voix de la raison qui gagne elle aussi en nuances cette année. Et on retrouve Octavia Spencer qui forme cette saison un duo avec Jaime Pressly pour compléter le cercle d'amis proches indispensables. Un groupe de femmes alcooliques qui se soutiennent malgré tout leurs défauts (ajoutons aussi Caroline, la secrétaire de Roger Sterling, qui prend du galon). Et comme je le mentionnais plus haut, on a eu un très bon Kevin Pollak et des gamins pas trop insupportables (juste ce qu'il faut). 


5) Mom se réinvente !

Mais Dylanesque, tu nous avais pas dit l'an dernier que toute la partie au restaurant et les personnages associés (Gabriel et Rudy) ne servaient à rien et étaient complètement dissociés du reste ? Et bien problème quasiment résolu ! Quand Christy décide de reprendre ses études de loi, elle abandonne derrière elle le restaurant et des gens qui ne servaient plus à rien. Gabriel a le droit à une conclusion plutôt inspiré tandis que Rudy... et bien Rudy réapparaît à l'occasion, juste la dose qu'il faut. Je ne comprends pas pourquoi French Stewart ou même Spencer Daniels (l'ancien petit ami de Violet) font toujours partie des crédits principaux alors que ce n'est pas encore le cas d'Octavia Spencer et Jaime Pressly mais c'est un mystère qui est la marque d'une série qui n'a pas peur de se réinventer. Exit donc le décor devenu inutile du restaurant et voilà aussi que la maison des Plunkett (alors que le foyer est quelque chose d'intouchable dans une sitcom traditionnel) ne cesse de changer dès le début de saison, pour mieux illustrer le misère et la vie dissolue de notre duo principal. Dès que la relation de Bonnie avec Alvin devient trop confortable, exit Alvin ! Cette deuxième saison est une succession de prises de risques qui n’entachent pas pour autant la fluidité du récit (les thématiques sont suffisamment solides pour résister au changement) et sans nuire à la continuité. 

Souhaitons donc à Mom de garder cet équilibre très rare dans une sitcom et si c'est le cas, de durer aussi longtemps que possible !

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