La dernière fois, je reprochais à cette quatrième saison d’être un peu faiblarde, paresseuse et maladroite. Maintenant que je l’ai terminé, j’affirme toujours que c’est la moins réussie. Mais je reconnais également qu’elle a su me convaincre le temps de quelques épisodes. En voilà une sélection…
S04E15 The Triangle
Comme son nom l’indique, l’épisode est consacré à un triangle amoureux, celui formé par Sam, Diane et Frasier. Et dans le genre poncif du genre, le triangle amoureux se pose là. La scénariste Susan Seeger (dont c’est le seul crédit dans toute la série) s’amuse donc à tourner en dérision une situation qui dure déjà depuis longtemps. Son script est simple : pour que le psychiatre puisse aller de l’avant, Diane encourage Sam à lui faire croire qu’il est encore amoureux d’elle et bien entendu, de vrais sentiments et de bons gros quiproquos vont s’en mêler dans un huis-clos très théâtral qui, même si on a déjà l’impression de l’avoir vu mille fois, bénéficie ici d’un Kelsey Grammer en grande forme. Le Frasier alcoolique est étrangement un Frasier qui me plaît bien, peut-être car il me permet de voir une autre facette d’un personnage que j’ai déjà pu voir dans milles situations avec son spin-off. Et si le jeu chat et souris de Sam et Diane devient parfois bien relou cette saison, « The Triangle » est une variation plutôt réussie autour du couple phare.
À noter : James Burrows sera nominé aux Emmy Awards pour son travail dans « The Triangle ». À une exception près, c’est lui qui a réalisé chaque épisode de la série pour le moment et j’en profite pour saluer son indéniable talent.
S04E16 Cliffie’s Big Score
Diane: Sam, look at all the people who've fallen hopelessly in love with me with only the slightest encouragement: you, Frasier...
Sam: Yourself.
J’avoue avoir un faible pour les épisodes centrés sur Cliff. D’abord parce qu’ils sont rares (seulement un par saison en général) et aussi parce que c’est l’occasion d’exploiter tout le pathos du personnage plutôt que de le voir être l’éternel bouc émissaire de Cheers. C’est bien de se moquer mais c’est bien parfois aussi de compatir avec le facteur maladroit. Ce qui est chouette avec cet épisode, c’est qu’il permet aussi une combinaison plutôt inédite de personnages car Diane accepte d’accompagner Cliff au bal annuel des PTT. Cheers ne saisit pas assez souvent l’occasion de varier ses duos et c’est toujours excitant de voir ce que ça peut donner. Ici, on s’en doute, la soirée se termine dans la maladresse et l’humiliation mais ça reste mignon comme tout. En plus, sortir un peu du bar ne fait pas de mal. Les petites victoires de Cliff sont toujours de bons moments et quand il finit par échouer, c’est aussi drôle que touchant.
S04E17 Second Time Around
Candi: Anyone ever tell you you've got a cute forehead?
Frasier : Frankly no, but I've been told I have acute anxiety.
Je réalise que cette poignée d’épisodes réussies coïncident avec le retour de Frasier qui fut absent d’une bonne partie de la saison et dont le retour fait beaucoup de bien à la série. Le voilà accompagné ici d’une collègue que l’on connaît bien mais que les téléspectateurs de 1986 découvrent pour la première fois à l’écran : le docteur Lilith Sternin ! Lors d’une scène mémorable, Bebe Neuwirth fait une forte impression et on comprend aisément pourquoi elle sera de retour dans Cheers et son spin-off. Mais « Second Time Around » ne lui est pas consacrée : on y suit un Frasier en pleine dépression qui tombe amoureux de Candi, une jeune femme pas très futée qu’il se met en tête d’épouser. L’occasion pour Kelsey Grammer de s’en donner à cœur joie et, un peu comme avec « The Triangle », de raviver notre intérêt pour Sam et Diane lors de dialogues aussi savoureux que par le passé.
S04E19 Dark Imaginings
Carla: Sam Malone never ages. It's one of life's great truths. Let me tell you something Sammy, when you're 87 you'll still be a hunk to me. Of course I'll be senile and blind.
Sam: And pregnant.
Carla: Yeah, probably.
C’est quand même bien plus intéressant quand Sam arrête deux secondes d’être l’alpha male primaire pour se montrer un peu vulnérable. « Endless Slumper » avait exploré son traumatisme d’ancien athlète vieillissant et reste l’un de mes épisodes favoris. « Dark Imaginings » est loin d’être aussi réussi mais en se penchant sur les fêlures d’un Sam qui n’est plus aussi jeune qu’il aimerait le croire, le script de David Angell permet à Ted Danson de livrer une prestation plus nuancée que d’habitude. L’amitié qui lie Sam à Diane est utilisé pas seulement pour tirer sur la corde du « will they won’t they » mais tout simplement pour nous offrir un peu de tendresse et de respect mutuel. Et la dernière image d’un Sam pensif qui regarde la pluie tomber à travers la fenêtre de sa chambre d’hôpital est aussi cliché qu’efficace. Ca faisait longtemps que Cheers n’avait pas arrêté les rires du public l’espace d’un moment d’émotion mérité. De toute façon, pour rigoler, il y a l’intrigue secondaire où Frasier devient le psychiatre de Cliff. Encore un duo rare mais gagnant !
S04E24-S04E26 Strange Bedfellows
Sam: Carla, has it ever occurred to you that Diane doesn't really belong here?
Carla: You mean this bar or this planet?
Comme je le disais la dernière fois, la plus grande victime de la disparition de Coach, c’est Diane. La quatrième saison aura bien malmené le personnage qui se retrouve très isolée et ne semble pas toujours à sa place dans l’univers de Cheers. Frasier lui en veut, Carla la déteste et Sam lui propose un amour vache. Seul ce brave Woody semble avoir une réel affection pour elle (un Woody qui finit enfin par me convaincre en cette fin de saison bien qu’il soit toujours dans l’ombre de son prédécesseur). Le côté snobinard de la serveuse la place donc bien souvent en opposition à ses amis et si ça peut être drôle avec un peu d’autodérision mais, sur le long terme, il devient difficile de croire que Diane a des raisons de rester ici (ce fut d’ailleurs le sujet de l’épisode à moitié réussi « Diane Chambers Day »).
Avec un nouveau triangle amoureux sous fond de politique locale (et la présence de Kate Mulgrew, que je fus heureux de retrouver juste après avoir dévoré la troisième saison d’Orange is The New Black), David Angell nous propose un season finale en trois parties qui a la lourde tâche d’aborder la place de Diane dans la série et de faire avancer sa relation avec Sam. Elle est loin l’époque où les sitcoms pouvaient se permettre des épisodes en trois parties et, bien que « Strange Bedfellows » souffre de quelques longueurs et d’une direction très prévisible, il tient quand même la route sur la longueur grâce à une bonne exploitation du casting, à du théâtre vaudeville délicieusement ringard (Diane qui surprend des conversations alors qu’elle se cache dans des endroits improbables !) et une répartition plutôt intelligente des différentes étapes de la relation entre Sam et Janet, la politicienne. Avec juste une demi-heure, il aurait été plus difficile de croire à ce couple forcément maudit et ainsi, le personnage de Mulgrew n’est pas juste une accessoire à une réunion Sam-Diane, il a le temps de prendre un peu d’épaisseur.
Ce qui me pose plus problème, c’est de voir pour la quatrième fois Diane quitter Cheers avant d’y revenir. Ce rebondissement a une lourde impression de déjà-vu (aussi drôle que soit l’adieu boursouflée de Diane à ses clients) et on se doute que ce sera rebelote la saison prochaine. Shelley Long ayant déjà annoncé à l’époque son intention de partir à la fin de son contrat, les scénaristes auraient pu imaginer quelque chose de différent. Quand au cliffangher de Sam qui demande en mariage soit Janet soit Diane au téléphone sans qu’on sache de qui il s’agit (même si tout le monde s’en doute), c’est pas non plus très inspiré. Durant l’été 86, les téléspectateurs pouvaient voter pour leur prétendante favorite et on se doute que le choix fut rapide. Moi, je voterais bien pour que, durant une cinquième saison qui sera sa dernière, Diane redevienne le personnage que j’ai tant aimé et que les scénaristes arrêtent de la réduire à une girouette qui fait du mal aux hommes, elle mérite bien mieux que ça.
Un final qui est donc à l’image de la quatrième saison : inégale mais ne manquant pas de charmes. Plein de potentiel qui ne demande qu’à être mieux exploité.
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