De mémoire de sériphile, il doit bien s’agir de l’été le plus quantitatif et qualitative. Là où il y a quelques années encore, c’était un désert qui me forçait à regarder un truc comme Entourage, la télé a repris ses droits sur juillet-août. Je me souviens notamment des débuts de Mad Men puis de la diffusion estivale de Breaking Bad. Suivant l’exemple d’AMC, tout le monde diffuse maintenant quelque chose de potable mais, paradoxalement, je n’ai jamais aussi peu regardé de séries qu’en ce moment. Pas forcément que j’ai une vie très agitée – c’est prévu cela dit – mais, sans raison particulière, je n’arrive pas à trouver la motivation nécessaire pour me lancer dans quoi que ce soit. Je me contente mollement de reprendre mollement ce que je suivais déjà, sans excitation ou curiosité particulière. Ca sent la fin et ça tombe bien, c’est bientôt la fin. Alors voyons, avec cet avant-dernier épisode de Dylanesque TV, le peu de choses que je visionne encore.
7 Days in Hell
Putain je m’étais pas marré comme ça depuis au moins Broad City. Cet ovni, c’est un téléfilm écrit par quelqu’un que je connais pas et diffusé cette semaine sur HBO. Sous la forme d’un documentaire sportif (et reprenant parfaitement les codes du documentaire sportif), on y suit un match historique entre deux joueurs de tennis qui s’affrontent pendant 7 jours, à Wimbledon. Le premier, incarné par un Andy Samberg en roue libre assez jouissive, est le demi-frère des sœurs Williams et un cocaïnomane qui ne cesse d’enchaîner les comebacks et les outrages. Le second, incarné par Jon Snow – qu’il est bien plus agréable de voir dans une comédie - est un petit anglais très poli au QI très faible élevé à la dur par sa mère. Le tout est une parodie de 40 minutes qui arrive à placer un gag à la seconde – il se revoit au moins deux fois – et convoque une ribambelle de guest-star dont je ne vous spoilerait que Jon Hamm en guise de narrateur. On a rarement vu autant de corps nus sur HBO – en particulier des hommes – ou d’absurdité aussi crasse et réjouissante. Et j’aimerais que la chaîne, à l’image d’Adult Swim, se mette à produire plus de comédies de ce genre.
Falling Skies S05E02
Oui, je continue de m’infliger ça. Pour la dernière fois puisqu’il s’agit de l’ultime saison et qu’on approche de l’inévitable happy end où Tom Mason entraînera la race humaine dans la victoire contre l’envahisseur. Pour ça, il devra probablement survivre une bonne dizaine de fois de manière improbable – le mec est allé sur la Lune et en est revenu vivant – et sera sans aucun doute tiraillé entre son « inner-warrior » et sa compassion. Autour d’un Noah Wyle qui ne fait même plus d’efforts, il y aura des triangles amoureux, des retournements de situations qui sentent le réchauffé, une nouvelle race d’aliens sorties de nulle part histoire de pimenter un récit de moins en moins cohérent, un Weaver qui est peut-être la seule voie de la raison dans cette collection de personnages débiles et des dîners aux chandelles en plein rationnement. C’est un guilty pleasure qui n’apporte pas toujours du plaisir mais que je continue de regarder parce que ce serait con de s’arrêter si près de la fin. Et quitte à avoir une série de l’été bien couillonne, je préfère ça à « Under The Dome ».
Halt And Catch Fire S02E06
C’est devenu vraiment bien. La dernière fois, j’expliquais tout le bien que je pensais de la restructuration du récit et des choses excitantes qui se passent à Mutiny. Non seulement c’est toujours le cas mais c’est même de mieux en mieux depuis que Joe a trouvé un moyen de se revenir dans la vie de ses camarades. Plutôt que d’être le manipulateur sans relief et sans intérêt de la première saison, il agit ici avec un supplément d’âme qui rend ses agissements bien plus intéressants à suivre. Tandis que Donna continue d’être le personnage le plus complexe (Kerry Bishé vole la vedette sans arrêt), Cameron gagne en nuances, Bosworth est devenu une présence irremplaçable et le diagnostic médical de Gordon est une belle source d’émotions. C’est de toute façon la clé pour comprendre la réussite de cette deuxième saison : l’émotion. Elle n’est plus aussi gratuite, plus aussi fabriquée, elle devient de plus en plus organique à mesure que les personnages agissent comme des humains et ne sont plus au service d’une intrigue faussement complexe. Maintenant, c’est l’intrigue qui sert des personnages attachants et fragiles dont les projets sont tragiquement voués à l’échec. C’est devenu beau de les voir essayer malgré tout.
Mr Robot S01E02
“Vasy, comment il est génial ce pilote !”. C’était à peu près le consensus qui m’a poussé à regarder la nouvelle série d’USA Network (une chaîne dont je me contrefous depuis toujours) avec au casting un des rares soldats mémorables de The Pacific, un Christian Slater enfin guéri de sa malédiction – la série vient d’être renouvelée – le Cary n°2 de The Good Wife et le Dr Jeannie Boulet dans le rôle d’un Dr Melfi du pauvre. Rami Malek y incarne Elliot, un jeune homme pas très doué socialement qui, le jour, gère la sécurité informatique de grosses compagnies méchantes et qui, le soir, joue les justiciers en hackant les pédophiles, petits amis malveillants et dealers pas sympas. Jusqu’au jour où il est recruté par un Christian Slater cabotin qui supervise un groupe anarchiste en mode Anonymous et a l’intention de détruire le capitalisme via Internet. Mon gros problème avec le pilote, c’est que je n’arrêtais pas de penser à Dexter : la voix-off qui appuie sans subtilité les dilemmes moraux d’un personnage qui enfreint la loi pour assouvir sa vision du bien et dont le travail lui apporte une couverture sans que ses collègues ne se doutent de rien. En lui collant une psy, une addiction à la drogue et des troubles de la personnalité, je trouvais que les scénaristes faisaient d’Elliott une sorte de best of d’anti-héros du câble.
C’était sans compter sur le charisme de Malek, sur le rythme impeccable d’un pilote à la fluidité assez remarquable, qui a tellement confiance en lui qu’on ne peut s’empêcher de pardonner quelques grosses ficelles et une réalisation tape-à-l’œil collant parfois mal à la claustrophobie du propos. Le deuxième épisode est une redite moins réussie qui réintroduit l’univers et les personnages tout en offrant un deuxième « monster of the week » dont notre hackeur doit se débarrasser. L’aspect conspirationniste est un peu flou et grossier pour le moment même si ça permet d’exposer un discours anti-capitaliste et anarchiste assez rare à la télévision. J’attends de voir si le récit continuera de sortir des sentiers battues et des dialogues peu inventifs ou s’il tombera dans l’aspect plus convenu qui se cache derrière ses effets de style. En tout cas, je suis pas dupe : si un créateur voulait vraiment dire fuck à la société, il passerait pas par une chaîne de télé. À moins que ce soit une infiltration ? Le problème, c'est que l'été, les gens sont occupés à se prendre en photo via un selfie stick à la Baule alors la révolution risque de passer inaperçu. Restera le divertissement, je croise les doigts...
Masters of Sex S03E01
L’épisode, diffuse ce soir sur Showtime, a leaké il y a environ une semaine mais j’aurais attendu aujourd’hui pour le regarder. J’ai beau avoir apprécié la deuxième saison plus que certains, ma motivation n’était pas au plus haut pour retrouver Masters et Johnson. On se retrouve propulsé en 1965 avec un season premiere qui arrive plutôt intelligemment, en alternant une conférence de presse et un weekend mouvementé en famille, à replanter le décor. Si Virginia et Libby n’ont étonnement pas pris une ride, Bill a les cheveux gris, leurs enfants ont bien grandis et la radio prend bien soin de souligner l’époque, sur fond de Vietnam et de Martin Luther King. On est tout de même loin de Mad Men et les maladresses sont nombreuses : un ménage à trois un peu flou, des adolescents en bonne grosse crise d’adolescence, un gamin qui s’exprime aussi bien d’un adulte quand il s’agit de pointer du doigt les défauts de son père, une conclusion où les journalistes suspicieux des avancées de nos deux chercheurs finissent par applaudir leur génie… Mais Sheen et Kaplan ont suffisamment imposés leurs personnages dans mon cœur pour que j’ai envie de suivre leur évolution et de passer outre les raccourcis temporels ou scénaristiques. Leur étude est ce que la série nous raconte le mieux alors j’espère qu’elle va se recentrer dessus très rapidement sans accumuler d’intrigues secondaires qui ont parfois rendu la saison précédente un peu inégale.
Rectify S03E01
La très belle série de Sundance Channel est de retour avec une troisième saison raccourcie – et déjà renouvelée – qu’il est bon de retrouver chaque été. Je dois avouer qu’au départ, il m’a fallu un moment pour me replonger dans son ambiance particulière et pour me souvenir des événements récents. Et puis, peu à peu, on reprend goût à un récit qui prend son temps pour étudier les blessures d’une famille qui se déchire de plus en plus autour d’un Daniel qui va devoir s’exiler après avoir plaidé une nouvelle fois coupable d’un meurtre sur lequel plane encore un vrai mystère. Et ce n’est pas important : ce qui est passionnant, c’est plutôt de suivre Daniel dans sa douloureuse quête de retour au monde des vivants. Ici, la lecture d’un livre dans un parc ou le souvenir d’un passage dans le couloir de la mort sont deux grands moments pour un Aiden Young toujours aussi hypnotisant. Et même si j’aurais aimé passer plus de temps avec Daniel dans ce season premiere à la structure un peu brouillonne parfois, le reste des personnages gagne en épaisseur. Teddy Jr, sur qui s’ouvre la saison, est même devenu une vraie figure tragique à sa manière. Une série humaniste, poétique et contemplative comme on en fait plus beaucoup.
The Worst Idea of All Time Podcast S1
En fait, voilà une des raisons pour laquelle je regarde plus trop la télé : je suis devenu obsédé par le podcast complètement fou de Tim Batt et Guy Montgomery. Deux comédiens néo-zélandais qui ont décidé naïvement de regarder l’horrible « Grown Ups 2 » d’Adam Sandler une fois par semaine pendant un an et de documenter leur inévitable descente aux enfers. J’ai plutôt l’habitude d’écouter des podcasts (Comedy Bang Bang, Maron, Mom On Pop et Talkin U2 notamment) mais rarement un concept et son exécution ne m’avaient autant séduit et presque hypnotisé. Il y a quelque chose de pervers à écouter deux hommes se forcer à regarder la même merde chaque semaine et les entendre devenir fou, visionnage après visionnage. C’est presque comparable à une ascension de l’Everest où chaque détail pour rendre l’aventure plus supportable est important et où la camaraderie permet de ne pas sombrer dans la plus totale dépression – ce qui manque d’arriver quand un voyage en Europe sépare les deux amis pendant quelques épisodes et que Tim doit célébrer son 27ème anniversaire seul en regardant « Grown Ups 2 » pour la 27ème fois. Parfois, un guest va venir les soutenir et leur permettre d’établir de nouvelles hypothèses sur le génie diabolique de Sandler.
En roue libre lors des heures les plus sombres de l’année, les deux compères font parfois du hors-sujet total mais on s’est tellement attaché à eux que c’est tout aussi sympathique. Tout comme les moments où un figurant du film devient un objet d’études ou quand une milliseconde ou un regard de Chris Rock deviennent des instants de bonheur. Il me reste une douzaine d’épisodes à écouter – ça dure une demi-heure et ça se mange comme des petits pains si on supporte l’accent kiwi – et j’arrive au fameux commentaire audio proposé par Tim et Guy afin de rendre l’expérience encore plus dingue. Il va donc falloir, pour savourer ça, que je me tape moi aussi « Grown Ups 2 », un film que j’ai déjà l’impression de connaître par cœur. Mais le pire est à venir… sortis vivant de leur folie, Tim et Guy consacrent en ce moment une deuxième saison à… Sex & The City 2 ! La vie est trop courte et mon temps très précieux mais je serais là pour les encourager à nouveau.
Sinon, Last Week Tonight est toujours aussi recommandable. J'avance tranquillement dans mon intégrale de Cheers et j'attends le retour de Review avec impatience. On en parle la prochaine fois, dans le dernier épisode de DylanesqueTV !
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