5.04 Mystery Date


Oh Joan, j'aimerais tant te prendre dans mes bras et te réconforter... Tu es si belle dans cet épisode, si forte, tu illumines tout sur ton passage. Je te revoie avec cet accordéon dans les mains, fière et désireuse de croire en ce mariage condamné dès le départ. Depuis le jour où ce salopard de Greg t'as quasiment violée comme une brute. C'est dans un appartement étroit d'un New York plongé sous la canicule que la scène de ménage éclate enfin, alors que le chirurgien revient du Vietnam pour annoncer son intention d'y repartir aussitôt. Entre un gamin qui pleure, une mère intrusive et une chaleur insoutenable, tu garde la tête haute et tu fais le bon choix. Oui, "Mystery Date" est l'épisode de Joan. Christina Hendricks brille et mérite toute les déclarations d'amour. Toute la fragilité du personnage et toute sa force nous sont dévoilés lors de cette rupture parfaitement maîtrisée par les scénaristes, qui auront maintenant pour tâche de donner à Joan un nouveau départ. Connaissant un peu le fonctionnement de Mad Men, j'ai un peu peur de voir Joan reléguer au second-plan pendant un bon moment avant que l'on ne s'attarde de nouveau sur son parcours. Et c'est dommage car il s'agit du personnage le plus intéressant et le plus beau de ce début de saison. 

De son côté, Don continue de se battre pour ne pas retomber dans sa spirale infernale d'adultère. Lorsqu'il était fraîchement divorcé, cela avait peu de conséquences, mais désormais, il faut être fort. Sous prétexte d'une fièvre soudaine, Don se retrouve cloué au lit et trouve une solution efficace pour stopper son addiction aux femmes : le meurtre. Ce n'est qu'une hallucination mais j'y ai cru un moment et je dois avouer que c'était une putain de scène. À vrai dire, voir Madchen Amick se faire tordre le cou est un vieux rêve depuis que l'actrice a parasité la onzième saison d'ER ! L'intrigue de Don était donc un nouveau moyen de nous montrer son combat intérieur, celui d'un homme coincé entre un passé qui l'attire toujours en arrière et un avenir qu'il semble incapable d'appréhender. Celui d'un sociopathe en puissance. Et on nous rappelle à quel point Megan est une femme unique dans sa vie, seul capable de changer sa nature, ce qui semble être l'un des thèmes majeurs de la saison. 

Comme d'habitude, c'est surtout du côté de Peggy que s'installe la modernité. Qu'elle soit représentée par Michael Ginsberg, le nouveau créatif toujours aussi génial que lors de sa première apparition, plein de fraîcheur et de fougue, gardant son idéalisme même lorsqu'il se fait engueuler par Don (c'est toujours drôle Don en mode pas content). Ginsberg est décidément un homme très différent de ceux qui peuplent l'agence, possédant une vision très romantique de la femme qui semble même surprendre Peggy. La pauvre est pleine de bonnes intentions mais complètement à côté de la plaque lorsqu'elle vient en aide à Dawn, la secrétaire afro-américaine de Don. Pas la meilleure des confidentes, elle passe son temps à tout rapporter à sa petite personne, mais c'est comme ça qu'on l'aime Peggy, avec quelques verres de trop et une arrogance méritée. Ravi de voir que son duo avec Roger continue d'inspirer les scénaristes et d'offrir des scènes aussi drôles. Le petit voyage de Peggy dans un monde en pleine mutation est fraîs, léger et passionnant. 

L'intrigue de Sally illustre à merveille ce qui m'attire dans Mad Men et dont je vous parlais au sujet du season premiere : la capacité de retranscrire le passage du temps. Ici, c'est une longue journée de vacances, où il fait chaud, où l'on s'ennuie. Où la fraîcheur du grand manoir Francis et les nouvelles traumatisantes de la journée poussent l'imaginaire de Sally à se confronter à de sombres images. Le problème, c'est qu'elle n'est plus une enfant, tout le monde ne cesse de lui répéter qu'elle va devoir agir comme une vraie femme très bientôt. Et je crois qu'il n'y a pas de thème plus touchants à mes yeux que les derniers jours de l'enfance et la perte de l'innoncence. Et alors que Betty est coincée dans ses propres problèmes, j'ai trouvé très intelligent de la part des scénaristes de confronter l'innocence de Sally à la dureté de Pauline Francis, personnage qui est la révélation de l'épisode. On a tout de même affaire à une femme qui dort avec un couteau de boucher et administre des somnifères à une gamine qui a trop peur de s'endormir. L'image finale est belle et en dit long sur l'avenir de Sally, qui a encore un long chemin à faire avant de devoir abandonner son enfance. Quand ce sera le cas, elle risque d'arrêter de poser son père sur un piédéstal et ça risque d'être intéressant...

Un petit mot sur Pete qui n'a qu'une seule minute d'apparition mais m'a offert un gros fou rire. Rien qu'à le voir sortir de son bureau et souhaiter bon week-end à ses collègues de la plus arrogante des manières possible était un plaisir immense. La semaine prochaine, je veux un épisode consacré à Pete !

Le pouvoir de Mad Men, c'est que deux jours après l'avoir visionné, le montage final de l'épisode me hante toujours. Et je repense avec émotion à Joan, allongé sur son lit en compagnie de sa mère et de son enfant, brisée mais libre, alors que le monde s'agite à la fenêtre sous la canicule et à Sally, allongé sous le canapé, dormant tranquillement en laissant passer ces longues journées d'été qui marquent la fin de son enfance...

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