La quatrième saison de Mad Men confirme son sans-fautes avec cet épisode bien équilibré, étrange, où les personnages sont développés de la plus subtile des manières. Comme d'habitude.
Pour mon plus grand plaisir, et parce que ça faisait longtemps, Pete est à l'honneur. Lui qui apparaissait au début de la série comme un arriviste immature se transforme peu à peu en homme d'affaire intelligent, qui a appris à ne plus compter que sur ses pulsions. C'est enthousiasmant de le voir aussi doux avec Trudy, le voir devenir un père, tenir tête à son beau-père et s'affirmer comme une pièce indispensable à la nouvelle agence. Chouette intervention de ce bon vieux Kenneth Cosgrove, qui pourrait bien venir faire un tour à l'agence prochainement puisque le nom de l'acteur est au générique. En tout cas, cette année pourrait bien être celle de Monsieur Campbell. Les scénaristes profitent de la future paternité de Pete pour nous renvoyez à son aventure avec Peggy, et à leur relation particulière. Juste au détour d'une discussion touchante, d'un regard qui en dit long. Il n'en faut pas plus pour me bouleverser.
Justement, Peggy continue elle aussi son évolution. Je ne me lasse pas de la voir s'épanouir, s'émanciper de ses collègues et représenter le futur. Elle aussi est en proie à de nombreuses contradictions, elle aussi est parfois retenu par le passé, mais c'est bien le personnage qui est le plus ouvert envers son époque. C'est une bonne idée de la placer dans un milieu underground, d'en faire le témoin d'une société qui se bouleverse à travers l'art et la drogue. Et c'est toujours aussi drôle de la voir un peu défoncé, ou bien monter sur son bureau pour espionner celui de Don ! J'attends avec impatience de voir où ses nouvelles rencontres vont pouvoir l'amener, et comment elle va continuer d'évoluer vers l'avant.
De son côté, Don continue sa régression. Le voir aller de femme en femme et boire avec mélancolie dans son bureau vide pourrait devenir répétitif, comme une situation que les scénaristes sont incapables de faire évoluer. Mais le jeu de Jon Hamm et la complexité du personnage empêchent cette lassitude qui a causé tort à tant d'autres séries centré autour d'un personnage au comportement parfois discutable (House ou bien Dexter, dans des registres différents). Son histoire avec Allison trouve une conclusion pathétique, et la tentative d'excuse de Don ne l'est pas moins. C'est vraiment triste à voir et comme Don à la machine à écrire, on aimerait bien savoir dans quel état se trouve sa vie en ce moment. C'est un bordel immense et j'espère que les scénaristes pourront le faire évoluer dans une dimension différente. Pour l'instant, c'est parfait et bouleversant, mais attention à la redondance.
Réalisé avec finesse par John Slaterry, cet épisode nous laisse avec une question : qui est in, qui est out (comme dirait l'ami Serge). Qui est le "rejected" ? Don, qui s'enfonce dans une vie pathétique, comme le souligne la scène finale avec les voisins. Peggy, qui est loin devant tout le monde et se sent incomprise. Ou bien Pete, anti-social par excellence, et qui suit sa voie dans un mélange d'ambition et de frustration. Espérons que la suite nous apporte plus de réponse en continuant sur cette lancée et en gardant la même qualité d'écriture.
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