On continue cette semaine hommage avec un nouvel invité : Tom, du site SmallThings, qui fut lui aussi un passionné de la série et revient à sa manière sur l'origine et le long déclin de cette passion. Tout en gardant espoir pour le final. Comme nous tous.
Les comédies sont les parents pauvres des séries, peu de monde en parle à part les plus connues et peu d'élus restent dans les mémoires. Pourtant il existe des perles et The Office en faisait partie. J'utilise le passé pour la simple et bonne raison que la série a perdu beaucoup de sa grandeur et de sa puissance depuis 3 ou 4 ans. Ce mois-ci, les portes de Dunder Mifflin vont se fermer pour des millions de téléspectateurs, l'occasion de revenir sur 8 ans de CDI.
Ma première approche fut par... la version française ! Eh oui, Le Bureau a été diffusée par Canal + et j'en ai gardé un souvenir très positif. Le type d'humour était vraiment original et, chose rare, me faisait rire ! Je me suis donc tourné vers la version américaine, plus glamour que l'anglaise toujours assez froide. Un puis deux épisodes et le charme était déjà là, l'humour aussi et la galerie de personnages était clairement atypique. Le coup de l'agrafeuse dans la gelée m'a achevé : j'étais addict.
Il y a clairement beaucoup de choses à dire sur la série. Commençons par l'humour.
Au-delà de la simple sitcom, The Office véhicule des blagues et des dialogues portés vers la honte, la gêne, le ratage, bref sur tout ce qui rend l'ambiance un peu pensante. Ca a été une boufée d'air frais pendant de longues saisons. Menée tambour battant par un Steve Carell parfait en Michael Scott, The Office a des séquences cultes. On ne compte plus les blagues entre Jim et Dwight, les tentatives désespérées d'attirer l'attention de Michael Scott qui sont les deux grosses mamelles de la série.
Au delà d'une écriture réussie, les personnages ont tous un physique totalement atypique, clairement moins glamour qu'un Grey's Anatomy par exemple. Ici on joue sur les tronches de monsieur ToutLeMonde et on va même plus loin que ça. Véritable décor eux-mêmes les personnages secondaires sont reléguées en figurants pour bon nombres d'épisodes. Avec ce genre de gestion des personnages, The Office rend hommage tous les employés qui sont une fois, peut-être par hasard, devenu le héros de la journée au taf ou au centre d'une attention particulière, en bref, la série rend un vibrant salut à la vie de bureau en open-space. Qui n'a pas tenté de faire des blagues à un collègue bon client (ou mauvais d'ailleurs) ? Moi le premier, je tentais de retrouver cette ambiance au boulot et il est vrai que chaque entreprise à sa propre galerie de personnages.
Vous l'aurez compris The Office est à la fois originale mais met le doigt dans le vrai. Au-delà des apparences, The Office est une vraie peinture de la société où la formule metro boulot dodo prend tout son sens. La partie boulot est une portion de la vie de chacun, on passe un quart de son temps si ce n'est plus sur son lieu de travail, lieu de vie !
A ce titre, le temps passé peut être aussi du temps gagné... dans sa vie sociale. Jim Halpert et Pam Beesly sont devenus de véritables icones du couple télévisuel par excellence. Voir leur amitié et leur histoire d'amour prendre forme sous nos yeux avec ces caméras indiscrètes quic aptent ces moments de complicité magiques ont fait de Jim et Pam des personnages d'une justesse incroyable. Leur histoire a été pendant longtemps le filigrane de la série et les voir évoluer n'a pas été de tout repos. De deux collègues amis ils sont devenus parents en crise. La logique voudrait que le couple se sépare à la fin de la série pour mettre un point d'orgue à ce que l'histoire soit en quelque sorte bouclée mais une happy end serait aussi bienvenue. Le simple fait de penser que cela pourrait mal finir serait inscrit dans une logique purement émotionnelle. Il ne peut rien leur arriver d'excitant et de nouveau qu'une rupture. Le spectateur a perdu beaucoup en voyant Jim et Pam se transformer en couple routinier sans magie. Finir sur une réconciliation serait presque paresseux.
Il reste quelques épisodes avant la fin et je me souviens d'une fin de saison 5 énorme avec un fait effet de groupe, on sentait les acteurs amis dans la vie, la folie engendrée la folie, Michael Scott citait Britney sur du Lady Gaga, les Dundies Awards offraient fou rire sur fou rire et Dwight offrait sa vision du monde à travers des us et coutumes bien à lui. Je me souviens de Jim et Pam sur le toit, des petits regards caméra de Jim, de cette fin de saison 2 parfaite, de la chauve-souris, des fax du futur... Bref The Office c'est aussi des tas de moments qui ont fait et feront toujours la série.
En lisant les dernières phrases, je parle d'un temps révolu. Scott parti, la magie Jim/Pam disparue, il ne restait plus de grandes fondations pour que la série parvienne à maintenir le cap. Ce n'est pas faute d'avoir un casting impeccable, non, c'est la faute à des scénaristes plus du tout inspirés. Certes Ed Helms tente de maintenir le navire à flot mais son Andy est plus irritant qu'autre chose. D'ailleurs j'ai tenté de me dire qu'Ed Helms jouait Michael Scott pour voir où se situait le souci. C'est vraiment une façon d'aborder la ringardise qui se pose là. Steve Carell avait le physique et la manière.
The Office se conclue dans une quasi indifférence, les audiences sont anémiques, la rumeur d'un retour de Steve Carell pour le final revient et on s'attend à ce que le principe originel de la série - une équipe documentaire filme Dunder Mifflin - trouve son apogée dans les 75 dernières minutes. Le principe de documentaire était effectivement une idée formidable. Nous étions les témoins des confessions de chacun et leurs impressions sur des scènes vues précédemment. Il y avait ce petit décalage charmant et rafraichissant qui permettait de renforcer l'aspect "réel" de la série.
Pourtant ce principe est devenu petit à petit envahissant et clairement bancal. Les angles de caméra se multiplient, les champ-contre-champs deviennent incohérents et chaque fait et geste de la vie des employés ont été mis en boite. Cette dernière révélation arrive en saison 9 quand le principe du documentaire va servir de prétexte pour terminer la série. A quoi s'attendre ? Va-t-on arriver dans une phase où la série va se regarder elle-même et proposer une histoire aux accents méta ? Déjà le 9x18 proposait un regard amer sur le parcours de la série et le spectateur ne sera pas surpris, mais déçu, si on ressort une sorte de best-of pendant le final...
9 saisons (quasi 8, la première ne faisant que quelques 6 épisodes) de bons délires mais qu'on aimerait voir cesser. Le spectateur a le droit de faire comprendre que la série n'a plus le même visage, ni la même énergie. Dès la disparition des "Dunder Mifflin This Is Pam" on savait que la série devait évoluer et allait avoir affaire à des challenges. Les bases évoluent mais le background reste le même à l'image des personnages secondaires ou tertiaires (d'ailleurs l'évolution de Ryan a été la pire chose de la série, comme un placement de produit à cause de sa place de producteur...) Oui la saison 9 a une qualité croissante mais elle est loin, très loin, du niveau d'avant. Ce remake d'une série anglaise avait trouvé son identité, son rythme mais s'est perdu en croyant un peu trop à son concept. Il va falloir être fort pour juger convenablement le final qui conclura une aventure humaine formidable. Les personnages ont évolué devant nos yeux et comme Jim et Pam, notre amour pour la série a évolué, comme Jim et Pam, nous sommes arrivés à des sacrifices, des choix et une routine qu'il va falloir combattre. Le sort du couple va-t-il sceller le sort du spectateur ?
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